« Cette fois je n’ai pas envie de rire » a écrit Alain Orsoni juste après le coup de sifflet final. Ca tombe bien, nous non plus. Après cet Ajaccio-Sochaux, on pleure. On pleure toutes les larmes de notre corps. On chiale comme des merdes, comme si on venait de perdre l’être le plus cher de notre famille. Elle était la victoire, elle nous tendait les bras. On la touchait, du bout des doigts, on sentait déjà l’ivresse qu’allait être cette nuit du 25 au 26 janvier. Enfin, on allait pouvoir savourer. Nogueira en a décidé autrement. Nogueira a décidé de ruiner la soirée, la nuit, le week-end, la semaine, le mois, les années et la vie de tous les supporteurs acéistes, complètement abattus. Dans mon cas personnel, jamais je n’avais été autant touché par une contre-performance. Pourtant on en a vécu des matchs nuls pourris et des défaites cinglantes. Celle-ci fait mal. L’AC Ajaccio a creusé sa tombe seul. Forcément, ça laisse des traces physiques et mentales. Et au vu de l’état des joueurs au coup de sifflet final, on est en droit de craindre pour la suite de la saison. Pourtant, le match avait commencé sur des chapeaux de roue. Et dès la deuxième minute, Laurent Bonnart aurait pu obtenir un pénalty sur une incursion dans la surface adverse stoppée par un tampon illicite d’un défenseur sochalien.

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Peu importe, l’ACA allait ouvrir le score six minutes plus tard par l’intermédiaire de Benjamin André qui reprenait de près un centre de Mostefa. Un début de match qui se caractérisait alors par une envie incroyable des joueurs de Christian Bracconi, sans doute motivés à l’idée de ne plus être lanterne rouge. Et force est de constater que quand l’envie est là, tout va. Les Acéistes semblaient à l’aise, en combinant parfaitement au milieu et devant, en dédoublant, en courant partout et en se basant sur une défense solide. Putain, on voyait jouer une vraie équipe de foot ! Les Sochaliens, eux, étaient à la rue. A la mi-temps, le score était donc de 1 à 0 pour l’ACA et c’était mérité. Même si l’ACA n’était pas à l’abri, on voyait mal comment les Sochaliens revenir.

Mais la deuxième période fut tout autre. Les Acéistes si convaincants et conquérants en première période ont laissé leur place à des Acéistes craintifs et transfigurés. C’est ce que l’on appelle la peur de gagner. Du coup, on voyait 9 Ajacciens en défense, la peur au ventre et des visiteurs revigorés. Quant les deux équipes ne s’amusaient pas à se faire des amabilités et à se rendre le ballon chacun leur tour, les Sochaliens attaquaient. Nous, on tremblait. Une tendance encore et toujours plus forte dans le dernier quart d’heure. Plus d’ongles, plus de cheveux, un rythme cardiaque ultra-rapide, les jambes qui tremblent, la fin du match est un supplice. Et lorsque l’on croit que tout est terminé Vincent Nogueira sort de l’anonymat pour placer un extérieur du pied décisif à 2 mètres de la ligne, complètement seul…

Mais qu’est-ce qui a bien pu se passer pour craquer de la sorte ? Le premier tournant du match se déroule à la 38ème minute lorsque le milieu défense de Sochaux Ilaimaharitra pose sa semelle sur la cheville de Cavalli. Jusque là étincelant dans l’animation offensive, Johan Cavalli, blessé, doit céder sa place à Abou Camara. Un changement qui implique une redistribution de l’équipe : Eduardo passe en meneur de jeu alors que Camara occupera la pointe. C’est véritablement à partir de là que l’ACA commencera à sombrer du côté obscur. Alors que les Acéistes avaient la maîtrise du match et la possession du ballon, ils laisseront peu à peu leur adversaire revenir, si bien qu’en cours de première période, la possession et les occasions franches allaient changer de camp.

Deuxième explication, la fatigue physique et mentale. A l’image des trois milieux de terrain qui ont du chacun parcourir l’équivalent d’une dizaine de marathons, l’équipe s’est fatiguée. Au vu de la débauche d’énergie des premières minutes, c’était prévisible. Et à force de voir les Sochaliens martèlent le but, les Ajacciens ont fini par craquer. Un craquage complet également du à un état de fatigue mentale avancée. Si Christian Bracconi et ses joueurs jouent les optimistes en conférence de presse, nul doute que les défaites répétées minent le moral des troupes. Comme dit auparavant, la peur de gagner a pris le dessus.

Autre point à développer, l’inexpérience. Si sur le terrain place était faite aux habitués, mis à part Gonçalves 19 ans à peine, le banc, lui, était presque exclusivement constitué de jeunes pousses du centre de formation. Avec Joshua Nadeau, Julien Remiti, Nordine Aït-Yahia, Aboubacar Camara et Pierre-François Moracchini, le banc acéiste avait une moyenne d’âge de 21,57 ans si l’on ajoute à eux les plus anciens Oliech et Sissoko. Du jamais vu à Ajaccio, du rarement vu en Ligue 1.

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Pour finir, on peut pointer le manque de soutien de la part du public. Un manque de soutien normal sachant que les membres de l’Orsi Ribelli faisaient grève. Une absence logique et méritée expliquée par « le manque de respect vis-à-vis du public ». Sans l’élément moteur de Timizzolu, les joueurs n’ont pas pu compter sur l’apport du public pour s’arracher les tripes jusqu’aux derniers instants. Dommage.

Heureusement, si on suit la logique des choses, après des défaites sans gloires, des défaites pas méritées et des matchs nuls pourris, l’étape suivante devrait être la victoire. Enfin.

ANNUTAZIONI

Memo Ochoa 4/5 : Abandonné par sa défense sur le but de Nogueira, Memo avait longtemps repoussé l’échéance, comme d’habitude. Point d’orgue de sa prestation, un arrêt magnifique du bout des gants sur une frappe croisée sochalienne à la 16ème minute.

La palette high-tech de la télé mexicaine sur l'arrêt décisif de Memo
La palette high-tech de la télé mexicaine sur l’arrêt décisif de Memo

Mehdi Mostefa la moyenne/5 : Que retenir de sa prestation ? Son travail offensif qui paye enfin avec une passe décisive parfaite pour Benjamin André ou son erreur de marquage flagrante sur l’égalisation ?

Cédric Hengbart 3/5 : Toujours présent, il n’est jamais en marge, Cédric Hengbart Simpson.

CedricHengbartSimpson
Cédric Hengbart Simpson

Ronald Zubar 3/5 : Il revient fort et bien. Dans deux semaines, s’il continue comme ça, il redeviendra le meilleur défenseur de l’île. Et de Ligue 1.

Denis Tonucci 3,5/5 : S’il y a bien un joueur qui mérite les applaudissements ces dernières semaines, c’est bien Tonucci. Solide sur l’homme, puissant dans les airs et au sol, l’Italien s’impose comme la base de la défense acéiste.

Laurent Bonnart 3/5 : Un match normal pour un latéral normal qui a toutefois fait montre d’une belle gnaque, comme à tous ses matchs. Il aurait même pu obtenir un pénalty dès le début de la rencontre.

Ricardo Faty 3/5 : Le milieu de terrain Faty/André/Gonçalves est sans doute le trio qui a le mieux fonctionné depuis le début de la saison. Faty en était l’homme de base, la tour de contrôle qui récupérait les ballons qui s’offraient – ou non – à lui.

Claude Gonçalves 4/5 : Si Ricardo Faty a joué le rôle de milieu récupérateur à merveille, Claude Gonçalves, lui, a été un parfait milieu relayeur. Quand un moteur de Ferrari rencontre un corps aussi gros qu’une 103 SP, ça donne un Gonçalves capable de répéter les courses à l’envi. Alors qu’il avait déjà couru un marathon au bout de cinq minutes, le petit milieu n’a jamais relâché ses efforts par la suite. Et si l’ACA n’a pas gagné ce soir, lui a gagné un surnom, Claude « mobylette » Gonçalves. A force de courses et de récupération, il y avait forcément un peu de déchets dans ses transmissions et de fatigue à l’heure de jeu, c’est pour cela que Bracconi a préféré le remplacer par Nadeau.

Benjamin André 4/5 : Dans le triangle du milieu de terrain, Benjamin André jouait le sommet le plus avancé, le plus offensif. Alors que ses deux coéquipiers se chargeaient de la récupération et des prémices de la construction, lui était là pour conclure. Buteur dès la 8ème minute, Benjamin André s’est beaucoup tourné vers l’offensive. On l’a d’ailleurs beaucoup vu tenter dans la surface ou aux abords des 16m50. Mais il ne s’est pas contenté que de cela puisqu’il a lui aussi multiplié les courses un peu partout sur la pelouse.

Johan Cavalli 4/5 : Aussi en feu que les paillottes après leur explosion. Positionné assez haut, Cavalli a une nouvelle fois régalé ses partenaires tout d’abord en étant à l’origine du but, auteur d’une passe millimétrée dans l’intervalle pour Mostefa. Ensuite, il a énormément joué dos au but, se retournant à sa guise pour distribuer le jeu. Si ses partenaires s’en sont léché les doigts, ses adversaires, eux, s’en sont aiguisé les crampons. Johan Cavalli a, en effet, subi énormément de fautes. L’une d’elles lui sera fatal et il sera obligé de laisser sa place. Le début de la fin.

Eduardo 2/5 : Moins en réussite depuis deux matchs maintenant, Eduardo n’a jamais su se mettre en position pour mettre en danger Pouplin. Une tendance qui s’est encore accrue lorsqu’il est passé en numéro 10 à la place de Cavalli. Un poste qui n’est pas le sien. Et cela s’est ressenti.

I RIMPIAZZANTI

Aboubacar Camara la moyenne/5 : Entre un travail défensif non-négligeable et des gestes techniques aussi réussis que superficiels, Abou n’a jamais su se procurer d’occasions. Rentré à la 38ème minute à la place de Cavalli blessé, il est lui aussi sorti sur blessure à la 89ème minute.

Joshua Nadeau, 66ème minute, NN : Bien qu’il fut accrocheur, son entrée fut toutefois assez quelconque, devant lutter contre les offensives de plus en plus nombreuses des jaune et bleus.

Dennis Oliech, 89ème minute, NN : L’histoire retiendra qu’il était sur le terrain lors de l’égalisation sochalienne. Rien d’autre.

Perfettu Erignacci

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