A défaut du plan de jeu, nous avons trouvé le plan du vol de retour. La queue entre les jambes et des doutes plein la boule.

Salut mes amours,

Faisons l’autopsie de notre sélection pendant que le cadavre est encore chaud. Mes chéripounets d’amour viennent en effet d’achever leur Copa Oro il y a quelques heures, défaits par les Etats-Unis en demi-finale. Paradoxalement, c’est quand La Sele s’est mise à retrouver quelques couleurs, quelque cohérence à défaut d’un jeu chatoyant, que ses limites se sont vues le plus durement sanctionnées. Dans ce match longtemps indécis, on a pu longtemps croire que l’organisation collective compenserait les carences individuelles des défenseurs, on a pu croire au miracle qui pourrait naître d’un Bryan Ruiz, seul créateur d’une équipe prisonnière de sa tactique du petit cheval blanc (c’est-à-dire tous derrière et un avant-centre devant – oui, je connais quelques-uns de vos classiques). Comme lors de la dernière Copa America, les Etats-Unis se sont chargés de balayer nos espoirs naissants, nous boutant hors de cette compétition qui se refuse à nos assauts comme un étudiant timide à ceux d’une maîtresse femme (en l’occurrence ce petit Vénézuelien que je me mitonne depuis son entrée au laboratoire ; figurez vous qu’il vient aujourd’hui de boucler son deuxième doctorat sans que je n’aie encore pu approcher sa braguette : eh bien le Costa Rica et la Copa Oro, c’est pareil).

Bref, il est temps pour moi de vous livrer cette dernière académie, après quoi je partirai m’occuper brièvement de cette question d’éducation sexuelle des jeunes qui met le pays en émoi ces jours-ci. Il y a chez nous quelques grenouilles de bénitier qui n’ont rien à envier aux vôtres, je m’en vais calmer tout ça à coups de powerpoint didactiques, moi, ça ne va pas traîner.

Boules enterrées.

Le match

Notre globe-trotter Ariel Rodriguez s’ajoute à la loooooongue liste des blessés, ce qui incite d’autant moins Oscar Ramirez à l’audace : pour la première fois du tournoi, le onze de départ est intégralement reconduit.

Pemberton

Salvatierra (Azofeifa, 78) – Gonzalez– Waston – Acosta – Calvo

Ruiz – Guzman (Leiton, 80e) – Tejeda (Gutierrez, 74e)  – Ramirez

Ureña

 

14 secondes de jeu, et les Etatsuniens tirent déjà sur le poteau. Nous répliquons rapidement, laissant entrevoir – enfin – une opposition de mouvements. Le Costa Rica rappelle par moments la coupe du monde 2014, quand son schéma hyper-défensif se conjugue à un pressing volontaire et ordonné. Manquent cependant la participation offensive des latéraux et, surtout, une transition correcte entre milieu et attaque. Invariablement, nos longues préparations s’achèvent, par impuissance, sur une longue passe à destination d’un Ureña plus esseulé que jamais. Seule une inspiration géniale de Bryan Ruiz envoie notre avant-centre en position idéale, mais Tim Howard s’oppose brillamment.

Mes favoris montrent de meilleures intentions en début de seconde mi-temps, avec un Ruiz plus disponible et un bloc plus haut. Le match demeure longtemps indécis, puis bascule dans les vingt dernières minutes. Après un second face-à-face manqué par Ureña, le nouvel entrant Dempsey profite de notre mollesse au pressing pour s’infiltrer et servir Altidore dans le dos de la défense. Lui ne laisse pas passer l’occasion. Configuré pour subir et patienter, le onze costaricien se voit dans l’obligation de remonter un but, une gageure compte tenu de notre manque de créativité. Quelques changements opérés avec les moyens du bord et le passage en défense à quatre n’atténuent en rien notre impuissance. Dempsey a beau jeu de conclure la marque à dix minutes de la fin, d’un coup-franc puissant placé sous un mur particulièrement nigaud.

Boule enterrée plus profond.

Un revers cinglant, donc ; outre les regrets de laisser échapper un trophée qui paraissait si accessible en début de tournoi, reste l’urgence de trouver des solutions en vue de la revanche prévue en septembre. Avec des équipes cette fois-ci au meilleur de leur capacité, c’est la qualification en coupe du monde qu’il faudra cette fois-ci aller chercher contre nos rivaux nord-américains.

Les notes :

Patrick Pemberton (2/5) : Qu’est-il arrivé au digne substitut de Keylorgasme pour devenir soudain si fébrile ? Aucune photo dénudée de moi n’a fuité récemment, que je sache ?

Giancarlo Gonzalez (3/5) : Une partie correcte, même s’il est pris dans son dos par l’appel en profondeur d’Altidore.

Kendall Waston (2/5) : Pas trop sale non plus, même si son enchaînement coup franc concédé + saut dans le mur au-dessus du ballon m’a quelque peu contrariée.

Jhonny Acosta (2/5) : Responsable d’aucun des deux buts mais néanmoins à l’origine d’un certain nombre de courants d’air préjudiciables à ma santé. Et Dieu sait que je suis robuste, pourtant.

José Luis Salvatierra (2/5) : Selon les lois du football, toute personne battue à la course par un homme prénommé Jozy ne peut prétendre à la moyenne. Or donc.

Remplacé par Randall Azofeifa (78e) : Alors, mon petit Randallou, si tu me permets de t’appeler ainsi, soyons clairs : ce n’est plus la peine d’arborer ta tête de soudard velu si c’est pour sauter dans le mur comme Michel Serrault dans la Cage aux Folles (vous n’imaginez pas, chers Français, les recherches que je dois effectuer dans votre fonds culturel pour parvenir à vous livrer de telles comparaisons).

Francisco Calvo (3/5) : Son jeu comme latéral me cause aussi peu d’émoi qu’un strip-tease de Donald Trump. Va pour un 3/5 tout ce qu’il y a de plus anonyme.

David Guzman (2/5) : Note sévère au vu de son indéniable activité, mais il a incarné ce manque de liant entre défenseurs et créateurs, cette fonction que le beau Celso Borges assume à merveille.

Remplacé par José Leiton (80e) : Compte tenu des blessés, ce ne sont même plus les fonds de tiroirs que nous parcourons, ce sont les dessous de meubles.

Yeltsin Tejeda (2/5) : Homme de l’ombre assurant les basses œuvres pour que le reste du bloc puisse jouer plus haut. Une perte de balle dangereuse et surtout son manque d’ardeur à stopper Dempsey sur le premier but entachent sévèrement sa performance. Je préfère nettement quand sa performance entache mes dessous.

Remplacé par Gutierrez (74e) : Nous n’avons pas trop compris le sens de son entrée, mais au moins l’on pourra dire que nous avons tenté quelque chose après l’ouverture du score.

Bryan Ruiz (3/5) : Alleluia, nous avons enfin vu le vrai bon Bryan Ruiz. Pas d’une folle régularité, mais une disponibilité, des fulgurances, une élégance… qui n’ont finalement servi à rien. Mais l’Art se doit-il d’être utile ?

Boule en noir et blanc avec flou artistique.

David Ramirez (2/5) : Excellent sur le plan de la combativité, même s’il a souvent paru jouer une partition dissonante par rapport au reste de ses camarades. Et la musique concrète, si vous me permettez, c’est déjà suffisamment ennuyeux pour en plus la transposer au football.

Marco Ureña (2/5) : Un match de pivot de handball, consistant essentiellement à recevoir des coups et à en donner, en apercevant certes le ballon de temps à autre. Dans ces circonstances, on serait bien injuste de le blâmer pour avoir manqué de lucidité au moment de convertir ses deux occasions. Ce qui ne m’empêchera pas de me fracasser la tête contre une boule en granit si je revois le ralenti de son premier face-à-face contre Howard.

 

La finale

On s’en moque. Donnons-nous plutôt rendez-vous en septembre, pour la suite des éliminatoires de la coupe du monde. Je vous souhaite d’ici là de très bonnes vacances, mes coquinous.

 

Kimberly GutiérrezYigüirro

 

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.