Il a fallu que tu meures à Nîmes, purée.

 

 

« Mes joueurs, je les paie plus cher que mes maîtresses. Et mes maîtresses au moins, elles me régalent la chique. »

 

C’est bien toi qui as prononcé cette phrase, en 2007 lors d’un entretien avec Midi Libre. La dernière de tes conquêtes est donc arrivée, sage, posée, elle t’a enveloppé de son drap noir pour t’emmener là-bas au paradis, “en micheline”, comme tu le voulais. As-tu payé cette ultime maîtresse avec des billets célestes ? Ta chique a-t-elle bondi à l’approche de la belle, celle qui allait t’emporter dans un dernier soupir vers les nuages ? As-tu reconnu la mort lorsqu’elle s’est avancée près de ton lit d’hôpital ? Lui as-tu éructé un de tes borborygmes poétiques dont toi seul possédais le savoir ancestral ?

Regarde. Regarde-nous, tous, tes enfants de La Paillade, du haut de ton trône cumulusien, regarde-nous pleurer. Regarde-nous, nous sommes tristes.

Ah mon Loulou, mon Gargantua tempétueux, mon Gulliver féroce, mon Bibendum magistral. Ton destin funeste était peut-être tout tracé. Tu es arrivé en 74, tu repars de même. Tu as tout fait pour ce club, tout. Tu as crié, tu as pleuré, tu as chanté, tu as doublé, triplé les primes. Tu as lâché ton flouze, tes entraîneurs, tes potes, tes joueurs. Tu as aimé tes entraîneurs, tes potes, tes joueurs.

Montpellier, la ville que tu as choisi d’aimer, parmi toutes tes maîtresses. Le club que tu as choisi de bâtir, pierre après pierre, erreur après erreur. Pour pas toujours gagner, parfois descendre, souvent remonter. La ville que tu as faite reine en 2012, que tu as faite coupe en 1990. La ville que tu as envoyée en Europe. La ville que tu laisses orpheline.

Ton nouveau stade, tu l’auras. Tu as fait exprès de caner maintenant pour qu’on lui donne ton nom, c’est ça ? On fera aussi visiter ton musée de maillots aux touristes, ils casqueront et ça paiera les barbecues qu’on fera en ton honneur.

Je n’ai connu que toi dans ce club que j’aime tant. J’ai toujours défendu tes sorties, avec ou sans traces de freinage. J’étais un de ceux qui se levaient d’indignation quand on vilipendait  ton physique ventripotent, tes saillies vulgaires, tes flirts avec la ligne blanche. Je t’ai attaqué aussi. Tu virais des entraîneurs après les avoir plantés dans le dos dans la presse, tu leur menais une vie impossible, tu t’emportais trop, sans demi mesure.

Mais maintenant, tu n’es plus là, putain. J’ai l’impression d’avoir perdu un proche. Je suis sonné, abasourdi parce qu’il y a des gens qui m’annoncent que tu es mort.

Je sais que tu vas encore emmerder des gens, là-haut. Tu vas reprendre l’AS Archanges ou même le FC Saints Patrons, tu vas faire revenir Stéphane Paille et Valéry Mézague, tu vas remettre Kader Firoud sur le banc, et ça va fonctionner du feu de dieu. Et ne t’inquiète pas, tu ne rempliras pas ton stade, ça te changera pas d’ici.

Adieu Loulou, génial Loulou Nicollin, tes enfants chantent ton nom ici-bas. La Paillade est meurtrie, La Paillade pleure toutes les larmes de son vaste corps. Mais La Paillade entière te dit merci, merci Loulou d’avoir construit ce club, de l’avoir porté sur tes épaules de colosse. On en a fait du chemin grâce à toi. Et maintenant c’est ton fils, ton Laurent que tu as façonné, qui va tout gérer. Je lui fais confiance, il a eu un bon professeur.

Alors il s’en va, le Nicollin père, il est encore sur le chemin du Paradis. Parce qu’il s’essouffle vite le bonhomme. Mais il y va. Et à jamais il nous scrutera de tout là-haut, et pour sûr qu’on entendra encore ses cris titanesques.

Adieu président. Gloire à toi.

 

 

11 thoughts on “Une fin de Loulou

  1. Montpellier c’était Loulou, et Loulou c’était Montpellier. Il avait beau être Lyonnais et nous pisser à la gueule à chaque fois qu’il le pouvait, il restera quand même un personnage mythique de ma culture foot.

    Ciao le Pailladin, à coup sûr ça va se mettre bien avec Frêche et décrocher le contrat de ramassage de poussières d’ange là-haut.

  2. Saurel maire de Montpellier , à l’idée saugrenue de vouloir donner le nom de « Louis Nicollin # à un hypothétique futur nouveau stade ,pas avant 2022
    (alors que l’actuel stade de La Mosson n’est plus inondable avec les 5 bassins de rétention des eaux construits à Grabels , et les portes rehaussée fermant hermétiquement sur le bâti béton _une simple expertise confirmerait celà _et avec 50 M€ on peut couvrir la grande tribune et faite un parking silo de 5000 places, au lieu d’un nouveau stade de seulement 25 000 places qui coûterait au bas mot 200 M€, accès et parkings compris (soit plus que la 5ème ligne de tramway qu’attendent 60 000 utilisateurs potentiels / jour ). Il est évident qu’on doit rebaptiser immédiatement le stade de La Mosson en stade « Louis Nicollin  » lieu mythique de l’épopée Pailladine depuis 1974 !

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