Nous refuserons de jouer tant que nous ne rencontrerons pas un ancien champion du monde.

Privet mes amours,

Qu’est-ce que ça me fait plaisir de vous retrouver tous pour cette nouvelle Coupe du monde. Vous vous souvenez de 2014 ? Le groupe de la mort, l’Uruguzay éparpillé à coups de canon de Campbell, la caresse de mon Bryan à la barre de Buffon, des Keylorgasmes à foison dont ce tir au but contre les Grecs, et des boules, des boules partout. Qu’est-ce qu’on était bien, au Brésil.

Boule russe.

Mes amours, malgré toute la confiance qui m’habite en permanence et le fait que je n’ai guère de doutes sur le fait que nous allons châtier cette équipe de pleureuses brésiliennes, je crois de mon devoir de vous annoncer la possibilité que notre aventure commune risque fort de durer moins longtemps cette fois-ci. Et pourtant Dieu sait que je me plais en Russie, c’est un pays où il y a plein de boules en pierre que je n’avais pas à ma collection.

Dans une certaine mesure, la philosophie du jeu moche perdure, et c’est tant mieux puisque c’est la seule qui nous permette de magnifier les limites individuelles de joueurs, n’en déplaise à tous les Omar Da Fonseca qui préféreraient nous voir tendre nos fesses au nom du spectacle. Non mais, est-ce que je lui donne des leçons sur la manière de battre l’Islande, moi, à ce paltoquet ?

Le problème, c’est que notre jeu moche, normalement, n’est pas censé être une fin en soi. Le 541 a battu l’Uruguay et l’Italie avec des joueurs transcendés, ne lâchant rien au pressing et prêts à faire parler les talents en contre-attaque dès que la situation le demande. Le gros problème, repéré depuis longtemps dans cette sélection menée par Oscar Ramirez, c’est que notre jeu moche maîtrisé est devenu du jeu moche peureux : hormis quelques instants de grâce où l’on aperçoit un peu ce qui faisait nos qualités, dans la majeure partie du temps, on attend tout simplement que ça se passe. Et ça, c’est une attitude qui risque de nous être fatale ; elle nous vaut en tout cas une défaite très ennuyeuse dans ce qui était censé représenter le match le plus abordable de la poule.

 

L’équipe

Keylorgasme dans les buts, bien sûr

Les trois centraux : Acosta, Gonzalez, Duarte, rien à redire.

Les latéraux : Gamboa à droite, il n’est pas bon mais on n’a pas mieux. A gauche, Matarrita est blessé et forfait pour la coupe du monde. A sa place, Calvo est préféré à Oviedo, un choix plutôt défensif, donc.

Au milieu, Guzman récupère et Borges transmet, rien que de très classique.

Devant, Venegas et Ruiz permutent, et sont censés alimenter Ureña en pointe.

Les changements : Bolaños puis Campbell remplacent Venegas puis Ureña peu après l’heure de jeu, Colindres remplace Guzman à un quart d’heure de la fin.

 

Le match

Après leurs calamiteux matchs amicaux, mes Ticos d’amour semblent enfin avoir adopté l’état d’esprit mondialiste. Ils montrent davantage de jeu dans les deux premières minutes que dans les 180 dernières, avec notamment un contrôle orienté de Bryan Ruiz qui me fait des guilis tout partout. Hélas, Gonzalez rate par deux fois l’occasion d’ouvrir le score sur corner alors qu’il était seul pour placer sa tête.

Par la suite, nous abandonnons la possession aux Serbes, qui ne parviennent guère à nous inquiéter. Les rares fois où c’est le cas, de toute façon mon Keylorgasme fait bonne garde. Borges et Ruiz se chargent de transitions intéressantes, mais Ureña est vraiment trop seul en pointe pour profiter de leurs lancements. A gauche, Calvo et Venegas profitent des automatismes développés au Minnesota United pour élaborer quelques offensives mais bon, de la MLS à la Coupe du monde, il existe comme un petit écart de niveau, n’est-ce pas.

Bref, à la pause, si l’on excepte ces rageantes occasions ratées par Gonzalez, tout se déroule selon le plan prévu. C’est au retour des vestiaires, que patatras ! le dark side of the boules réapparaît. La Serbie accélère et nous sommes impuissants à hausser notre engagement. Keylorgasme fait passer mon canapé en alerte orange vagues-submersion cyprinique en remportant un face-à-face contre Mitrovic. Pour autant, nous perdons trop souvent le ballon dans notre camp, à l’image de Guzman pour le combiné classique : perte idiote + faute non moins idiote. La sanction en est un carton jaune et un coup-franc lointain, que Kolarov transforme de ce que mes camarades académiciens appellent dans leur jargon : une LOURDE. Mon Keylor d’amour ne peut rien et ça fait 1-0 à la 56e.

Les Ticos doivent alors faire le jeu et, comme on pouvait le craindre, se liquéfient à cette idée. Seul Bonaños, puis un peu plus tard Colindres, secouent un peu notre paralysie, mais le constat est affligeant : personne dans notre défense à trois n’a l’idée de se projeter un minimum à l’avant, de même que les latéraux dont l’activité était pourtant une clé essentielle de notre jeu par le passé. Nos offensives sont donc vouées à l’échec, et Keylorgasme doit encore sauver la patrie devant Mitrovic.

Malgré un temps additionnel outrageusement rallongé par les interventions de Clément Turpin jouant avec la VAR comme un gosse avec son tout nouveau jouet, mes Ticos doivent s’incliner. Un match serré se jouant sur un coup de pied arrêté, mais où nous avons surtout payé notre frilosité et notre incapacité à changer de rythme, à la différence de nos adversaires.

Boules nostalgiques.

Les boules  :

Navas (4 boules) : Rhâââârrghaaaââârlaf. Oh mon Keylorgasme, qu’est-ce que tu nous as fait encore. Je t’aime. Bon, j’avoue que quand je t’ai vu prendre ton élan sur le coup-franc de Kolarov, j’étais sûre que tu réussirais à le détourner, je me suis trouvée un peu bête avec mes doigts revenus un peu trop vite ici mais bon, tu ne peux pas non plus tout faire tout seul.

Jhonny Acosta (2 boules) : Correct sur les phases défensives, mais avec sa qualité de passe j’aurais aimé qu’il se sorte un peu les doigts de là pour participer davantage au jeu offensif en fin de rencontre.

Giancarlo Gonzalez (2 boules: L’inconvénient du jeu moche, c’est qu’il ne procure pas beaucoup d’occasion. Et là, Giancarlo, cette tête sur le gardien à la 11e minute, elle nous fait beaucoup de mal, mon garçon.

Oscar Duarte (3 boules) : Allez, c’est un peu arbitraire mais lui je lui mets la moyenne, car il n’a pas plus mal défendu que les autres et il m’a semblé le voir tenter des choses dans le jeu.

Cristian Gamboa (2 boules) : Un match solide et sans erreur. Le fait qu’il n’ait quasiment rien tenté en est sans doute la principale explication.

Francisco Calvo (2 boules) : Ah, lui il a tenté, en revanche, c’est certain. Ça ne nous a guère plus avancés, mais il a tenté.

David Guzman (2 boules) : Ah là là, quand je repense à mon Tejedounet en 2014, qui avait marché sur tout ce qui se présentait à lui… Non que Yeltsin eût forcément fait mieux que David hier, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Mais, cette grosse faute qui nous coûte le but… soupir.

Remplacé par Colindres (73e) : Un milieu remplacé par un joueur offensif, c’était un vrai choix de la part du sélectionneur, et avec quelques résultats en plus. C’est dommage que le reste de l’effectif n’ait pas saisi le message sous-jacent à ce changement : « il faudrait peut-être se mettre à aller attaquer ».

Celso Borges (3 boules) : J’ai bien aimé son entente avec Bryan Ruiz, on aurait dit que les deux seuls joueurs qui aiment le football et que le football aime s’étaient blottis l’un contre l’autre pour se rassurer.

Bryan Ruiz (3 boules) : Beau comme un prophète, et d’ailleurs à peu près aussi seul.

Johan Venegas (1 boule) : Très actif, mais comme on dit chez moi, « le moustique a peu de chances de piquer une boule en pierre. »

Remplacé par Bolaños (60e, 3 boules) : Grande nouvelle, Christian a remis son bandeau magique : cela éteint mes envies masturbatoires, mais il se remet à bien jouer ; l’un dans l’autre, on est gagnant.

Marco Ureña (2 boules) : Il a beau se démener pour exploiter les rares ballons qui lui arrivent, il n’a jamais réussi à prendre le dessus sur le charnier la charnière serbe.

Remplacé par Campbell (67e) : La cuvée 2018 est très loin de la 2014, avec cette entrée poussive et sans grande influence sur notre jeu.Il faut qu’il se reprenne, sinon Arsenal ne va pas savoir où le prêter cette année.

Boule dans le déni.

La suite

Prochaine étape, le Brésil. La logique voudrait que les favoris se reprennent après leur match nul contre la Suisse et nous infligent une fessée, mais vous me lisez depuis assez longtemps pour savoir que les Ticos et les champions du monde, c’est comme moi et les stagiaires de licence : on s’en croque deux au petit-déjeuner. Une victoire face aux pleureuses en jaune, on s’arrange le nul qui va bien contre la Suisse ensuite, et hop, à nous le 1/8e contre le Mexique. C’est imparable.

Kimberly GutiérrezYigüirro

1 thought on “La Ticos Académie a le démarrage poussif

  1. Elle est peut-être plus faible mais au moins cette sélection est bien présente et ce n’est pas le cas de l’Italie. BAM. Ce qui replace cette performance tout de même. Une victoire contre le Brésil assurerai presque le ticket rasé gagnant.

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