Montpellier – Caen (1-0) : on s’éclate à Marineland

3

Preuve que la flotte c’est de la merde

Après moi, le déluge.

Anthony Gauthier.

 

La pluie qui tombe dans le Clapas ne le fait jamais à moitié, jamais à côté, toujours dans des cadences épisodiques mais furieuses, n’épargnant rien ni personne dans sa chevauchée dantesque. Elle vient frapper le visage de l’homme du Sud tel le fouet des Érinyes claquant sur Oreste acculé, ne répondant plus à rien là-haut qu’à leur propre conscience, leur propre route tracée au fusain par les mouvements nuageux.
La flotte qui s’abat sur la terre méridionale ne vient jamais pour humecter tendrement les feuilles camarguaises déshydratées par les chaleurs estivales, elle n’a jamais eu pour volonté d’irriguer doucement les terres des vignobles du Pays d’Oc. Non, elle pose sa patte démoniaque pour balayer, détremper, inonder tout ce qui appartient au plancher des vaches, écartelant la flore, chassant sous terre la faune, cloîtrant l’homme dans sa tanière.

Mais voici que certains pointent le bout de leur nez en ce dimanche où tout devient prolongement de Mare Nostrum, certains prennent même leur voiture pour aller voir si La Mosson a échappé à la mousson. Ce n’est absolument pas le cas, la pelouse régurgite à l’excès l’eau qu’elle reçoit par tonnes chaque seconde, certains endroits ayant d’ores et déjà mis deux genoux à terre devant Poséïdon. Pratiquer du football dans ces
conditions ? Personne n’y pense. Personne ? Non, un grand échalas sans un poil restant sur le caillou en a décidé autrement. Il croit bien qu’on va pouvoir pratiquer du beau jeu, de la taquinette de cuir, du florilège de toucher de pelote, de l’allegretto de ballon sur cette infusion géante de lucerne.

C’est une bonne décision, si on met de côté le fait qu’ici, c’est la Ligue 1 et qu’ici, c’est aussi une putain de piscine. Nous ne sommes même pas aux prémisses de l’été, et voilà qu’on colle 22 veaux dans une arène pour un toro-piscine, voilà qu’on lâche les otaries pour le spectacle de l’après-midi dans le grand bassin. On a bien ri, c’est vrai, en voyant Dabo se péter la tronche après avoir tenté une frappe, les passes en retrait pour le gardien qui se transformaient en ouvertures lumineuses pour la pointe (pas besoin de trombes d’eau tu me diras), en observant Roland prostré sous son parapluie, Garande se transformer petit à petit en fontaine. Un peu moins avec les glissades incontrôlées qui finissent en semelle sur le tibia, manquant de fracturer une cheville, avec les appuis qui se dérobent jusqu’à se tordre. Il y avait un réel danger pour l’intégrité physique de ces pitres qui n’ont jamais compris que le jeu à ras-de-terre n’aurait jamais dû être une option, que les grandes ogives par-dessus la défense étaient la seule et véritable solution pour se procurer des occasions pour ne pas perdre le ballon, systématiquement sur une trajectoire rendue hasardeuse par le trop-plein de flotte, pour ne pas hacher le jeu.
Déjà qu’on s’emmerde à sec, il aurait fallu faire en sorte que le jeu mouillé ne soit pas trop chiant. Raté.
Enfin, raté… Pour nous pas tellement puisque très vite, sur un corner bien tapé par Mounier, Capitaine Vitorino plaça sa boulasse polichée par les eaux, tel Moïse sur son kayak, pagayant pour sauver son peuple de la furie martiale de Chac, le dieu des pluies aztèque.

 

Les notes (excusez, l’encre a bavé) :

Jourdren, 2/5, a été bien sympa en faisant ripper quelques balles le long de ses mimines, histoire de rendre le match super chouette.

Daniel Congré, 2/5, a fait des glissades topitop et s’est bien lavé dans les flaques.

El-Kaoutari, 4/5, s’est présenté en patron, rolex et attaché-case, et a fait dans le plan social pour liquider les attaques.

Hilton, 3/5, bien placé, buteur, de grosses cagades en fin de match nonobstant.

Deplagne, 3/5, a réussi à bien défendre en sautant dans la mare pour éclabousser les ennemis de la cour de récré.

Martin, 3/5, revenu de blessure, mais pas à son niveau, ce qui est normal.
Et Lasne le remplaça, pour partir en apnée.

Saihi, 2/5, invisible, la nouvelle eau de toilette pour hommes du bled.

Mounier, 3/5, s’est démené pour éclaircir l’après-midi, décochant notamment ce corner amenant au but.

Bérigaud, 2/5, a pataugé, pataugé et encore pataugé. Voilà.
Il changea avec Marveaux, qui bétonna comme il se doit le milieu en fin de match.

Dabo, 3/5, mis à part son grand numéro digne des dauphins crétins, il a surnagé dans la mare aux connards. Chapeau. Tuba.
Il laissa sa place à Camara, qui tenta de faire de l’aquaplaning.

Barrios, 2/5, a fait énormément de remises pour pas grand-chose, tout tombait toujours à l’eau.

 

Le bisou vigneron,

Marcelin Albert.

3 thoughts on “Montpellier – Caen (1-0) : on s’éclate à Marineland

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.