Aïoli les sapiens,

L’OM gagne et la vie est belle. Veuillez donc attendre encore un peu avant de réclamer la tête du maestro Rudi, voulez-vous.

Je crois que vous nous devez quelques explications, maintenant…

– D’accord, je vais vous raconter comment cela s’est produit. J’y pensais depuis quelque temps déjà, vous savez, mais j’avais des scrupules, vous vous en doutez. J’y pensais, mais jamais je n’aurais cru être capable de l’oser vraiment. En fait, c’est à cause de mon neveu qu’on en est arrivé là. Dans son cahier de vacances, il avait un exercice qui parlait du «J’accuse », d’Emile Zola. Il prétendait que de nos jours, on ne voit plus de dénonciations aussi brillantes, que les journalistes n’ont plus ni courage ni talent… enfin, bref, je vous passe le cliché.

Ni une ni deux, j’ai sorti ce qu’il faut pour le moucher, le morveux, j’ai attrapé La Provence et je te lui ai mis sous le nez. « PSG-du-Qatar » sur cinq colonnes à la une, bam. Il a rien dit sur le coup, mais quand je lui ai précisé qu’à cause de ce titre, les auteurs avaient reçu les attaques de Riolo et Ménès, il est pas venu la ramener avec ses antidreyfusards, hein. Et là, je l’ai achevé, paf, deuxième numéro de La Provence avec l’édito intitulé « PQSG ». Fouillé, le texte, c’était le patron qui portait ses couilles, et tout, qui disait que jamais on ne musèlerait la liberté de la presse, et que s’il fallait répéter que le Qatar c’est des méchants, on en reparlerait autant de fois qu’on veut, d’abord. Je sais pas où ils en sont du Pulitzer, mais le texte, il a fait au moins 350 RT. C’est pas rien.

Bref, le neveu il est reparti la queue entre les jambes et c’est là que, tout bêtement, j’ai un autre article qui m’est tombé sous les yeux. Apparemment, ils ont fait des fouilles à La Corderie ; ça n’a pas raté, ils ont trouvé des vestiges grecs. Vous voyez le genre : patrimoine, histoire de la cité, sa place est dans un musée, tout ça… Et là, j’ai vu la réponse de la mairie et de Vinci : « Rien à foutre, on envoie les tractopelles et on construit une résidence de standing là-dessus. »

C’est à ce moment que j’ai eu l’illumination : si dans cette ville on peut couler 10000 tonnes de béton armé sur un site de 2500 ans, personne ne verra d’objection à ce que je remplace Sanson par Zambo Anguissa dans ma composition d’équipe. Et donc, je me suis lancé.

– Ce… cela n’a ni queue ni tête. Vous êtes grotesque, Monsieur Garcia.

– D’accord. J’avoue, en vrai je me suis cagué dessus. L’an dernier ils nous avaient roustés, ces sauvages. Sergio Conceicao, il avait la bave aux lèvres, les petits Sanson et Lopez, ils avaient fini en gigots. J’en tremble encore quand j’y repense. Alors j’ai mis André-Frank. Il me fait penser à mon doudou de quand j’étais petit, il me rassure.

 

L’équipe

Payet blessé est remplacé par Njie, et c’est donc un solide 4231 qui s’oppose aux Nantais. Mon PC estival m’a par ailleurs fait aimablement comprendre que pour ce qui était des compositions d’équipe animées, je pouvais me brosser, pour rester poli.

Mandanda

Sakai – Rami – Rolando – Evra

Luiz Gustavo – Zambo Anguissa (Sanson, 57e)

Thauvin – Lopez (Cabella, 87e) – Njie (Ocampos, 61e)

Germain

 

Le match

D’accord, à l’heure où l’on voit débouler plein d’entraîneurs étrangers bardés de principes de jeu en veux-tu-en-voilà, Rudi nous a proposé du blocquéquipe estampillé « IGP Ligue 1 ». Du à l’ancienne, du nourri au grain, du robuste élevé sous la mère. C’est pas fin, c’est même parfois franchement indigeste, mais au moins ça tient au corps. Et surtout, rendons justice à notre entraîneur, tout ceci eût parfaitement fonctionné sans celui que les supportrices nantaises prénomment déjà Cyprine Tatarusanu. Le gardien roumain fête son recrutement récent en écœurant successivement Zambo Anguissa, Thauvin, Germain et de nouveau Zambo Anguissa par quelques réflexes et envolées bien sentis. Comptant trois blessés dès les  25 premières minutes, Nantes se trouve proche de la rupture même si, paradoxalement, la domination olympienne est tout sauf flagrante. Du reste, nos adversaires montrent quelque adresse sur leurs montées de balle, à l’occasion desquelles le slipomètre connaît des soubresauts certains.

Le passage des jaunes en 442 à la pause nous oppose un coup d’arrêt. Non seulement notre jeu est toujours aussi avare de prises de risques, mais cette fois-ci notre incapacité à approcher de la surface nous prive d’occasions. Au contraire, les Nantais placent quelques contre-attaques, avant de nous faire subir une franche et constante pression. Sanson et Ocampos entrent, un quatrième canari s’explose et demeure sur le terrain faute de remplaçants, mais rien n’y fait. Ce n’est qu’à l’approche des dix dernières minutes que l’OM reprend enfin pied. Lancé par Sanson, Thauvin marque, mais est signalé hors-jeu. Rami est ensuite à quelques centimètres d’ouvrir le score sur corner, avant que Rudi Garcia ne tente son dernier changement, en la personne de Cabella. Celui-ci récupère et transmet à Thauvin, qui adresse un centre plongeant. A la lutte avec Germain, les défenseurs laissent échapper la balle, qui parvient à Ocampos. Un contre favorable sur le gardien nous offre ce but aussi précieux qu’immonde (0-1, 87e).

Bien sûr, les quelques minutes restantes suffisent à nous transformer en sosies intestinaux de Yohann Diniz, mais avec l’aide de la barre transversale, notre cage reste inviolée. Une victoire sale, mais une victoire quand même : une victoire estampillée « IGP Ligue 1 », vous disions-nous.

Les notes

Mandanda (3/5) : Toujours vigilant et qui plus est doté d’un jeu au pied appréciable… dont il s’est senti obligé d’abuser jusqu’à produire des relances franchement approximatives. Je veux dire, si l’on fait du blocquéquipe frileux avec ceinture plus bretelles, ce n’est pas pour se priver de tataner en touche lorsque le danger l’exige.

Rami (3-/5) : Encore une clineshiteu pour notre défense, ce qui en soi est remarquable. Je me sens un peu comme au moment où l’on a reçu le nouveau ferry-boat, il est séduisant mais on va quand même attendre de le voir fonctionner un jour de mistral pour voir ce que ça donne.

Rolando (3/5) : Un peu l’inverse du précédent : la confiance qu’on lui accorde au départ est limitée, et c’est un euphémisme ; force est cependant de reconnaître qu’il a colmaté bien des brèches, certes souvent à l’arrachée. Une ardeur au combat récompensée de 5 points de suture à la cheville, et donc ici d’ucarne bonne note, ce qui était bien le moins.

Sakai (2+/5) : Un peu frustré en attaque, où sa disponibilité n’a pas servi à grand-chose, et parfois étourdi en défense. Un peu à contretemps, en quelque sorte, à l’image de ses compatriotes venus passer leurs vacances à Valensole pour folâtrer dans la lavande, avant de se rendre compte qu’en cette période, il n’y a déjà plus une seule fleur dans les champs.

Evra (2/5) : Décidé à revisiter le mythe d’Orphée, il va passer la saison à monter sans jamais se retourner. A ceci nous rétorquerons que :

1°) Orphée n’a jamais la contrainte du replacement défensif, lui.

2°) Il faut être sacrément myope pour confondre Rolando avec Eurydice.

Luiz Gustavo (3-/5) : Souvent placé où il faut et quand il faut pour avorter des attaques nantaises qui eussent pu se montrer menaçantes. Une intelligence de jeu nuancée par son combiné perte de balle sur touche+coup-franc dangereux+ carton jaune à la 94e minute ; celui-ci, même Jordan Ayew aurait pu le faire.

Zambo Anguissa (2+/5) : Il est un peu tard pour que la zumba du zambo devienne la danse de l’été, ce qui est dommage au vu de son potentiel auprès du grand public : du rythme, des mouvements chaloupés, et une chorégraphie assez incompréhensible pour que le n’importe quoi paraisse passable.

Sanson (57e, 3-/5) : Ne nous voilons pas la face, son entrée ne s’est pas traduite par une mainmise olympienne sur le ballon, loin de là. Mais on ne va quand même pas blâmer Rudi Garcia d’avoir fait entrer un joueur de football sur le terrain.

Njie (2+/5) : Stéréotypé mais néanmoins intéressant, avec le défaut de s’être dissous plus vite qu’une lueur d’intelligence dans un discours de Christophe Castaner.

Ocampos (61e, 3+/5) : Peu en vue à l’exception de l’ouverture du score, ce qui demeure l’essentiel. Certains ont jugé son but irrecevable, compte tenu d’une main dont le caractère involontaire saute pourtant aux yeux à moins de s’appeler Keanu Reeves dans Matrix. Lucas ayant fait partie de ce fameux printemps 2015 au cours duquel les défenseurs de Ligue 1 jouaient au volley-ball devant nous sans que les arbitres ne nous octroient le moindre pénalty, je pense que – pour rendre hommage à un grand acteur – vos opinions sur la loi XII, il vous invite à ne les utiliser qu’en suppositoire.

Lopez (2/5) : S’est baladé un peu partout sans jamais trouver le bon positionnement : à deux mois près, il devenait député En Marche.

Cabella (87e) : Participe à la construction du but une minute après son entrée en jeu. Certainement pas de quoi le transformer en titulaire indiscutable, toujours est-il que cela m’ennuierait que l’on s’en débarrasse.

Thauvin (3-/5) : Maryse Joissains n’aurait pas réussi moins de dribbles que lui ce soir, et pourtant il est dans le coup d’un bon nombre d’occasions olympiennes, but y compris. Curieux.

Germain (3/5) : Un match difficile malgré une superbe tête sortie non moins joliment par le gardien. Sa science du placement l’a aussi amené à venir tacler dans notre propre surface pour couvrir les dégâts d’une contre-attaque, ce qui m’amène à craindre qu’à ce rythme-là, il finisse carbonisé plus rapidement que la Haute-Corse.

 

L’invité zoologique : Nicolas Palourde.

Misant sur sa solidité pour pallier un manque évident de mobilité, la palourde se tient en bancs serrés sur les fonds vaseux en espérant ne pas être du prochain chalut, ce qui en fait l’invité approprié pour parler du FC Nantes de Waldemar Kita. Voici ses observations :

– Les autres : Tatarusanu a aspiré l’énergie vitale de ses copains pour parvenir à sa performance de haut niveau. Bilan : quatre blessés dont trois remplacés avant la demi-heure. On leur souhaite ceci dit de montrer la même solidarité et les mêmes intentions dans leurs joutes de bas de tableau (nda : songer à effacer cette remarque s’ils sont à la lutte avec nous pour l’Europa Ligue en mai prochain).

– Le classement : Il est optimal.

– La page abonnement : Pour que vive l’Alterfoot cananal historique.

– Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook et sur Twitter. Le concours zoologique reçoit une bonne réponse collégiale, comme on dit chez Philippe Bouvard. Antoni R. casse sur la ligne pour s’assurer la victoire.

Bonus du concours zoologique : Claudio Ranierisson, avec nos félicitations à Côme.

Bises massilianales,

Blaah.

6 thoughts on “Nantes-OM (0-1) : La Canebière académie engrange

  1. Tu sais que le Saint-Joseph a été bon quand Blaah commet « et donc ici du bonne note » et « il finissent carbonisé ».

  2. Punaise pour être passé sur le plateau de Valensole il y a un mois à peine, je me suis fait la réflexion que les touristes annuels étaient plus du type subsaharien que du grand Est lointain …
    Tout change sauf la qualité de tes acads …

  3. A l’image des discours de Patrice Evra, la page abonnement ne marche plus en fait. En tout cas, belle victoire, puisque c’est face aux Nantais.

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