Nice-OM (2-4), La Canebière académie aime.

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Oui, bon, ce n’était que Nice, en face.

On a pleuré. On a crié. On a insulté. On a exulté. On a été Marseillais.

Aïoli les sapiens,

Du haut de Saint-Charles, il y a ceux qui embrassent la ville pour la première fois. Il y a ceux qui marquent un temps avant de se jeter dans le bruit du boulevard d’Athènes, un temps pour se dire qu’ici tout est possible. Il y a ceux en transit, qui sortent saluer Marseille comme on étreint une vieille complice. Tous ce soir auront une pensée pour ces deux jeunes femmes devant qui, au même endroit, comme eux, s’étalait toute une vie.

Le hasard voulait que l’OM se rende ce soir dans une ville qui ne sait que trop, elle aussi, ce que signifie le besoin de se tenir ensemble. Qu’à la fin des 90 minutes, l’on eût envie de féliciter nos joueurs ou de les insulter, cela importait finalement peu. Avec l’OM, c’est autour de Marseille que notre cœur continue de battre et là est bien l’essentiel.

Au fait, donc : goûtons ensemble ce bon moment dans un temps qui en est avare.

 

L’équipe

Mandanda

Sakai  – Rami – Rolando  – Amavi

Zambo Anguissa – Luiz Gustavo

Thauvin (Sertic, 69e) – Payet (Sarr, 84e) – Ocampos

Njie (Germain, 77e)

 

Après avoir préservé quelques cadres à défaut de notre dignité à Salzbourg, Rudi Garcia reconduit l’équipe victorieuse de Toulouse, pour ce qui représente le vrai premier test de la saison : loin des sous-fifres divers ou d’un Monaco inaccessible (encore que, en ce moment…), Nice représente en effet le premier rival correspondant à peu près à nos prétentions. Ce soir, nous allons en savoir plus…

 

Le match

… et en effet, nous ne mettons pas 5 minutes à être fixés. Sur un corner provoqué par Saint-Maximin, Balotelli se détache de Rolando comme un goujat d’une femme trop vieille. Le coup de boule de l’Italien perfore Mandanda et le peu d’espoir que l’on avait pour la soirée (1-0, 4e). L’OM ne se démobilise pas et occupe le camp azuréen, avec sans doute l’assentiment de nos adversaires prompts à la contre-attaque. Malgré quelques approches de notre part, c’est Mandanda qui doit s’employer sur un tir de Séri. Sur le corner qui s’ensuit, repoussé, Amavi réalise un contrôle abominable qui rend le ballon aux Niçois. De 25 mètres, Séri voit cette fois-ci son tir, dévié par Rami, surprendre Steve (2-0, 16e).

Alors que je monte dans la chambre de Dromadette réquisitionner Monsieur Lapin en vue de la présente académie, l’OM enchaîne les mauvaises passes, Luiz Gustavo les fautes, et notre côté gauche les courants d’air contre Saint-Maximin. Bref, on n’attend plus que de prendre les 3e, 4e et 5e buts, d’endurer les branlées contre les gros, de retrouver des équipes médiocres contre lesquelles se satisfaire de victoires au forceps, et surtout de voir la saison s’achever au plus vite.

En maîtrise, Nice laisse l’OM faire le jeu et s’approcher de son camp, un peu trop d’ailleurs. Payet récupère ainsi un ballon dans le coin, qu’il ressort pour Zambo Anguissa. Le petit centre d’André-Frank trouve Thauvin, qui se bat suffisamment pour dévier le ballon entre deux défenseurs. Plus vif que son vis-à-vis, Ocampos surgit et catapulte un ballon plein de hargne dans le but de Cardinale (2-1, 26e).

Inespéré au vu de notre entame, le score donne des envies à nos joueurs, parmi lesquelles celle de se battre n’est pas la moins appréciable. Quand l’OGC Nice s’amuse ainsi de notre milieu de terrain, c’est Rami qui vient mettre un terme à l’action d’un magnifique hippopotacle. Une contre-attaque fatale mais vendangée par Saint-Maximin est tout près de nous corriger, mais cela n’empêche pas le virus de la combativité de contaminer l’ensemble de notre équipe. Récupérant près de notre surface, Amavi passe en mode « contrôle d’identité à la Busserine » et démarre brusquement pour traverser tout le terrain à scooter. A la fin de la chevauchée, Jordan adresse un centre qui échoit à Thauvin grâce à une glissade de Malang Sarr. Florian attend que le latéral niçois se redresse, pour mieux le re-souiller d’un dribble soudain. Le centre en retrait de Florian est taclé en catastrophe par Lees-Melou, pour décrire une gracieuse arabesque finissant par courber les filets et mon slip (2-2, 40e).

Perturbés, les Niçois peinent à retrouver leur jeu, et proposent d’ailleurs peu après une somptueuse relance anale plein axe. Plein axe, c’est le secteur où rôde Luiz Gustavo qui, lorsqu’il n’est pas occupé à commettre des fautes, sait se montrer particulièrement malin et adroit. Le Brésilien subtilise la balle aux défenseurs puis, après un relais avec Payet, déclenche une frappe en rupture qui surprend Cardinale. Avec sa tête à jouer une molécule de cholestérol dans des spots télévisés, l’homme aux mains de margarine rate complètement son arrêt, ce qui en soi ne serait pas un drame si jamais ne surgissait pas Lucas Ocampos. Oui, le décrié Lucas Ocampos lui-même, celui qui dans une vie antérieure lestait l’équipe de ses Madjer abusives, de ses retournés aléatoires et d’environ vingt choix de jeu ineptes par match. Ce Lucas Ocampos-là, qui revient transfiguré, la simplicité au cœur et les couilles comme des coucourdes, l’Argentin grintesque qui jaillit, couteau entre les dents pour donner un gros coup de boule qui emporte la balle, les joueurs, le gardien, tout ça bien ficelé au fond de la cage. Malheur à nous, nous avons désormais quelque chose à perdre (2-3, 44e).

La soudaine poussée de caractère olympienne laisse rapidement la place à une autre surprise, non moins agréable : il existe une équipe capable de saborder ses matchs aussi joliment que nous. Sur un ballon venant de l’arrière, Séri attend, statique, que la balle lui parvienne. La suite peut faire l’objet d’un conte édifiant à lire dans les écoles de football : « si tu n’attaques pas ton ballon, mon petit, le grand méchant Luiz Gustavo va venir te sauter dessus et te bouffer tout cru ». Celui-ci comble 5 mètres pour déposséder du ballon le naïf Nissart puis, constatant que toutes les forces défensives du département sont occupées à casser du basané dans la vallée de la Roya, profite de l’hospitalité locale pour adresser une lourde. Voici Cardinale transpercé, lui qui démontre au passage un cul aussi lourd que ses mains sont malhabiles (2-4, 48e).

Les rôles sont inversés : c’est désormais l’OM qui attend une main dans le slip que ses adversaires viennent le titiller, pour lancer ensuite des contres. Le fait que Mandanda doive s’employer à plusieurs reprises, et que notre côté gauche continue à se faire violer par ce diable de Saint-Maximin, tempèrent cependant la sérénité qui commence à naître. Un autre match débute lorsque, suite à une relance risquée de Zambo Anguissa, Luiz Gustavo fait un gros effort pour tacler proprement mais se retrouve néanmoins à imprimer ses crampons sur le tibia de Lees-Melou. Aussi sévère sur ce coup qu’il a été indulgent en première période, l’arbitre sort un carton rouge tout de même un petit peu mérité sur les bords.

Dans l’attente de la commission de discipline, nous pouvons déjà chiffrer les dégâts à un sertic immédiat (entrée pour Thauvin), un sertic automatique contre Strasbourg voire, dans le pire des cas, un sertic supplémentaire contre le PSG. Présentée ainsi, la sanction apparaît déjà bien plus vertigineuse qu’un simple carré écarlate ; je me demande d’ailleurs si la LFP ne devrait pas imprimer la figure de Grégory sur ses cartons, pour mieux sensibiliser notre brutal brésilien à l’importance de maîtriser ses tacles.

Bon, d’accord, j’avoue, on pourrait dire que cette académie s’acharne sur le pauvre Grégory, qui n’en peut mais. Qu’elle se livre à un délit de sale gueule. Que les critiques sur son recrutement sont exagérées, voire injustes. C’est vrai, et je dois à la vérité de signaler que Sertic s’est remarquablement conduit pendant les 13 premières minutes qu’il a passées sur le terrain, avant certes de se fendre d’un magnifique tacle d’empaffé valant pénalty sur Saint-Maximin. Signe qu’il y a quelque part un dieu pour les gueules de raie, Mandanda vient absoudre la faute de Grégory en repoussant le pénalty, au demeurant horriblement tiré par Pléa. Une fantastique figure sur le corner qui s’ensuit vient rappeler à tous qu’Il Fenomeno est de retour, et qu’il n’a pas l’intention de voir cette bonne performance salopée par les erreurs des uns et des autres.

Avec l’entrée de Germain puis Sarr, l’équipe s’efforce de contenir les Niçois en 441 ce qui, malgré les tourments endurés par Amavi sur son aile, limite plutôt bien la casse. Mieux, sur un corner repoussé par Bouna, Adil retrouve ses jambes de pucelle pour franchir 80 mètres de terrain et adresser un caviar à Germain. Hélas, toujours pas en confiance, notre attaquant offre au gros lard d’en face sa seule occasion de briller autrement que par ses cheveux tartinés à l’huile d’arachide. Solidaire, l’équipe gère habilement le temps additionnel pour achever ce qui ressemble bien à un match référence, au moins sur le plan de l’état d’esprit. Si leur mission était d’apporter un peu de légèreté dans ce sombre week-end, nos héros s’en sont parfaitement acquittés.

 

Les joueurs

Mandanda (5/5) : Crystal Palace, c’était son Viêt Nam à lui. Il a mis un peu de temps pour revenir à une vie normale, mais maintenant c’est bon, il est arrivé au stade Rambo III.

Rami (4/5) : Le début de match catastrophique de l’équipe lui a donné la motivation pour achever l’écriture de son ouvrage : « l’envie de niquer des mères pour les nuls ». Et il s’est bien appliqué à en donner lecture à ses coéquipiers, visiblement.

Rolando (3-/5) : Ridiculisé dès la 4e, il n’a pas sombré pour autant et a livré son quota de sauvetages autoritaires.

Sakai (2+/5) : Pas habitué à voir ses équipiers se battre autant que lui, il a paru du coup relativement réservé, et s’est parfois trouvé en difficulté. Même sans sortir du rang, un bon soldat néanmoins.

Amavi (1+/5) : Quand on se fait pourrir à ce point par son vis-à-vis, les diversions sont de deux ordres : soit publier une vidéo Instagram, soit s’illustrer par une action d’éclat. Pour notre bonheur, Jordan a choisi la seconde option avec ce raid qui amène l’égalisation.

Luiz Gustavo (3+/5) : Il est si habitué à se démultiplier sur le terrain qu’il nous a offert trois Luiz Gustavo très contrastés ce soir : le premier, qui commet faute sur faute en échappant miraculeusement à son tiers-de-sertic hebdomadaire. Le second, toujours placé là où il faut pour gratter des ballons et les transformer en lourdes à l’origine de deux buts. Le troisième, qui nous met dans la panade avec ce tacle plus maladroit que méchant, mais hautement serticogène tout de même.

Zambo Anguissa (3+/5) : La déesse vaudou Erzulie vient de lui faire une scène de jalousie : « Dis donc, mon petit André-Frank, heureusement que tu commets encore quelques relances abominables, sinon je finirais par croire que tu n’as plus besoin de mes services pour être titulaire ».

Thauvin (4/5) : Il a débuté doucement, mais c’était juste pour laisser le temps aux lyonnais d’écrire qu’il n’avait rien à faire en équipe de France.

Sertic (69e, 2/5) : Je n’ajoute rien, vous allez encore dire que je ne l’aime pas.

Payet (4/5) : De même, une entrée en matière très progressive mais qui s’est achevée par une implication dans trois de nos quatre buts. On l’a même vu faire preuve d’ardeur à la récupération, ce qui ne lui était pas arrivé depuis qu’il avait déboîté Cristiano Ronaldo à l’été 2016.

Sarr (84e) : Une entrée de belle facture, qu’il s’agisse des efforts défensifs ou de la relance.

Ocampos (5/5) : Il a tout bouffé, et encore il fallait le retenir sinon il allait lui-même calmer les gars qui se battaient en tribune. Jouant simple et combatif après des années à se prendre pour le Messi qu’il n’est pas, Lucas semble avoir enfin compris Marseille.

Njie (2-/5) : Une part appréciable du travail collectif, mais un manque de lucidité qui désespère. S’il était dans un film d’horreur, il jouerait le rôle de la pétasse qui choisit d’affronter le serial killer seule dans le noir après avoir jeté son fusil.

Germain (77e) : Avec son intelligence coutumière, il a vite pris la mesure de la situation en décrochant ce qu’il faut pour aider à la récupération et à la conservation. Seul point noir, cette réussite qui le fuit encore malgré un authentique cadeau servi par Rami.

 

L’invité zoologique : Dantedrobate

Hautement venimeuses, les dendrobates terrifient leurs prédateurs ; ceux qui n’ont pas la présence d’esprit de fuir à la vue de leurs couleurs agressives sont frappés de paralysie dès le premier contact avec leur peau toxique. Du moins, pendant un temps : une fois capturée, la dendrobate ne trouve plus dans son alimentation les alcaloïdes qui lui servent à sécréter ses toxines, et devient aussi inoffensive qu’une indignation de Lilian Thuram. Vouée à finir au mieux dans un bocal comme baromètre ou au pire comme balle à pouêt dans la gueule du chien, la dendrobate est donc l’invité appropriée pour parler avec moi de cet adversaire pas si terrible qu’il en a l’air.

– Les autres : Généreux dans l’effort, généreux dans les balles de but offertes à leurs adversaires. Un peu comme nous, une équipe encore difficile à cerner, finalement.

– Le classement : C’est souvent moche, c’est tiré par les cheveux, mais en attendant ça monte à la troisième place, à la faveur des performances anales de Saint-Etienne, Lyon et Bordeaux (mais en ce qui concerne ces derniers, on va peut-être attendre encore une vingtaine de jours avant de se moquer).

– Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook et sur Twitter. Babas remporte le concours zoologique.

 

Bises massilianales,

Blaah.

14 thoughts on “Nice-OM (2-4), La Canebière académie aime.

  1. 1) je voudrais mea culper. Sur Sertic, tu avais raison, même en venant du banc, il n’apporte que désolation
    2) Le simple fait qu’il y ait de superbes arrêts (pour les rageux) et pas de clineshite (pour les idolâtres) prouve que Pelé n’y était pas

  2. Ah les cris, les coups de poing dans le canapé, l’hélicobite…

    Un vrai dimanche comme il nous manquait !

  3. Que de changement entre les 2 trêves international, Roudy va pouvoir améliorer le collectif! Non je déconne, mais on est tranquille 15 jours.

    1. Je sais pas, j’ai pourtant pas grand chose contre lui, en fait. Moins que contre Sertic en tout cas. C’était juste une envie de méchanceté gratuite, faut croire.

  4. crier comme un malade un dimanche aprèm (ici à Montréal) alors que tout le monde soit somnolait soit rentrait de messe…j’ai du faire peur à plus d’un..mais cela valait la peine

  5. Ce match a en plus eu le mérite de nous permettre de comprendre davantage le système des sertics. Si je comprends bien, un tiers-de-sertic à venir correspond à un demi-sertic pour le match actuel, mais seulement de façon potentielle. Aussi, dans la mesure où les menaces de suspension ne sont pas permanentes, faut-il, afin de ne pas réduire l’actuel au potentiel, donner des coefficients aux tiers-de-sertic en fonction du nombre de matchs pendant lesquels Luiz Gustavo doit se garder de prendre un tiers-de-sertic ? Je ne suis pas certain d’être bien clair. Peut-être un dessin explicatif de Padls résoudrait-il certaines perplexités.

  6. Le truc c’est que ça exagère même pas pour Sertic je trouve.
    Recit du match : Coup d’envoi j’allume mon stream et je mets la radio : je l’éteins à 0 – 2 … J’allume la télé 45 Minutes plus tard et sur l’équipe21 je vois Sertic – Anguissa dans un 4-4-1 et on mène 4-2. Je me dis incroyable on tient le coup, Sertic a du faire le taff pour une fois, je remets le stream tout enthousiaste et le slip à moitié trempé, 2 minutes plus tard je le vois faire ce tacle et provoquer le Péno …

    Il est même trop gentil de lui faire l’honneur d’en faire un running gag sur des papiers d’une aussi bonne qualité, c’est l’infiltré de l’ennemi Bordelais qui va nous carrer toute la saison, si on finit pas devant les Vignerons, on saura pourquoi.

  7. Un score flatteur.
    Comme tu dis saluons la combativité et le « talent » de cardinal. D’ailleurs. A-t-il réussi une fois au moins à contrôler une frappe marseillaise ?
    Après soyons de bonne fois. J’ai crue comprendre qu’il est natif de Marseille.

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