OM-Angers (1-1) : La Canebière académie ne regarde pas en arrière dans Angers

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« Qu’est-ce que l’audace ? L’audace, c’est ça. »

« Il n’y a qu’une chose qui n’a pas marché : on n’a pas cadré. » Rudi Garcia.

Aïoli les sapiens,

S’il est un moment de télévision que je ne raterais pour rien au monde, c’est bien celui qui se tient chaque dimanche à 20h15 sur France3. Entre Tout le Sport et Zorro, plus précisément. Il s’agit de ce créneau où le service public, n’assumant pas tout à fait d’avoir rétabli la publicité, offre cet espace aux annonceurs « citoyens » porteurs d’un message d’utilité collective. Un peu comme le Barça s’était mis à floquer son maillot autrefois vierge aux couleurs de l’Unicef, une manière un peu faux-cul d’amorcer le changement mercantile.

Profitant de ce petit quart d’heure d’exposition, voici donc toutes ces associations et fondations y allant de leur message, à tour de rôle, pour exposer les situations poignantes d’enfants malades, d’enfants de chômeurs, d’enfants abusés, autant de justes causes qui réclament toutes notre soutien. Sans présumer de leur efficacité, ces spots ont le don de transformer instantanément le paysage audiovisuel français en cour des miracles, où chacun défile en exhibant ses tares. On imagine avec jubilation toutes les agences de pub ainsi commanditées passer leur temps en brainstorming pour trouver les slogans les plus humanistes possibles, afin de convaincre le chaland de donner son pognon ici plutôt que chez les enculés d’en face. D’où un quart d’heure ininterrompu de ptits gnenfants mignons racontant leurs infirmités physiques ou sociales respectives, avant de lever immanquablement le même œil de cocker en tendant la papatte vers la carte bleu du téléspectateur. Parfois, l’insertion d’un nounours qui pleure vient égayer la soirée, en rappelant à tous les gosses qui attendent Zorro de penser à se méfier de leur papa potentiellement violeur.

Pour tout dire, ce bonbon hebdomadaire est d’une telle saveur, que je songe sérieusement à acquérir un écran HD pour mieux profiter des cicatrices de nichons en gros plan pendant Octobre rose. Visiblement, l’autre personne qui apprécie ces publicités, c’est Rudi Garcia. Lui qui n’arrivait plus à se faire comprendre de Jacques-Henri Eyraud à propos de ses besoins en effectif, il a suivi la recette qui marche : on va faire dans le larmoyant le plus racoleur.Et c’est plutôt bien trouvé : après avoir vu Sarr arrière droit et Njie à la place de Germain, je ne vois pas qui préfèrerait encore donner des sous contre la drépanocytose. Je veux dire, la petite fille est bien gentille avec ses intestins qui éclatent, mais il y a des gens qui souffrent, merde.

 

L’équipe

Blague à part, si la composition d’équipe évoque l’appel le plus désespéré à la charité chrétienne, la logique sportive n’en est pas absente. Sans considérer Angers comme des viers marins, reconnaissons qu’il s’agissait ici du dernier moment pour reposer des joueurs-clés avant l’enchaînement des matchs contre Domzale (abordable mais néanmoins crucial) et Monaco (moins abordable mais dont l’on aimerait néanmoins ressortir en marchant droit).

Sarr pour Sakai ? Le Japonais n’est pas (encore) au meilleur de sa forme, le remplacement est un pari qui se tente. Njie pour Germain ? Il faut absolument trouver des plages de repos pour notre avant-centre. Zambo Anguissa pour Lopez ? Maxime n’y arrive pas en ce moment, il faut bien essayer autre chose. Ajoutons à cela la blessure persistante de Payet et – car il faut au moins une bonne nouvelle – la première titularisation d’Amavi en lieu et place du géronte, et cela donne :

Mandanda

Sarr-Rami-Rolando-Amavi (Doria, 64e)

Luiz Gustavo-Zambo Anguissa

Thauvin-Sanson(Cabella, 77e)-Ocampos

Njie (Germain, 38e)

La seule petite déception, c’est de ne pas voir Sertic dans ce tableau, cela aurait permis à cette composition d’équipe de passer à la postérité : il ne manquait plus que sa tronche pour qu’on se croie tout à fait dans Notre-Dame-de-Paris.

 

Le match

Passé le traditionnel slipomètre de début de match (un alignement mal négocié sur coup-franc), la rencontre s’installe dans un rythme pépère. Nos trop rares accélérations entament à peine le bloc angevin, jusqu’à ce que Morgan Sanson se saisisse de la balle et place un débordement incisif à droite. Son centre atterrit au milieu d’Ocampos, Njie et deux défenseurs. Clinton s’extirpe de la mêlée et, d’un joli sombrero, évite le dernier obstacle pour placer un petit pointu au fond (1-0, 17e).

Laborieux, l’OM concède une occasion peu après, bien sortie par Mandanda, avant de poursuivre une domination aussi ténue que stérile. Angers monte d’un cran, et met en évidence les manques d’automatismes dans notre milieu de terrain, trop facilement franchi. Après la blessure de Njie, dont j’attends encore qu’on me prouve qu’elle n’est pas due à un coup de sarbacane de Rudi Garcia pour montrer la fragilité de notre effectif, l’OM regagne les vestiaires. Le jeu montré est alors toujours aussi pauvre, mais toutefois récompensé. Pour une équipe habituée à montrer de meilleures secondes périodes après avoir patiné en première, nous sommes à ce moment-là en droit d’être optimistes.

Du reste, l’OM revient en montrant enfin une supériorité digne du Projet®. Angers est oppressé, et voit nos tentatives se multiplier. Les noir-et-blanc s’en sortent en concédant moult corners, dont la caractéristique commune est d’être surtout dangereux pour nous sur contre-attaque. Sanson régale comme rarement, et sert à ses partenaires des offrandes mal exploitées (coucou, Lucas). Quand l’heure de jeu approche, nous sommes tentés de dire « enfin ». Enfin l’équipe montre des progrès réels dans tous les domaines, enfin l’OM parvient à mettre les clubs sous-fifres à leur place, et ceci avec une équipe très remaniée qui plus est. Nous sommes enfin sur le bon chemin, pensions-nous, naïfs que nous sommes.

Ce quart d’heure de rêve finit aussi brutalement qu’inexplicablement. La menace s’approche de notre surface d’abord sur une contre-attaque, puis sur un coup franc lointain à la tombée duquel Amavi ne doit qu’à la cécité arbitrale de ne pas inaugurer son contrat en concédant un pénalty. L’OM éprouve des difficultés à construire, et finit par s’en voir sanctionné. Toko-Ekambi démarre ainsi de notre côté gauche, où Doria était récemment entré pour apporter plus de fraîcheur. En guise de fraîcheur, le tractopelle de Botafogo prend deux mètres sur l’accélération de l’Angevin, qui prend acte de la volonté de Luiz Gustavo de ne pas s’opposer à une frappe. L’attaquant envoie un joli tir de l’entrée de la surface ; surpris, Mandanda part trop tard (1-1, 70e).

Le match gagne en intensité, et les slips claquent des deux côtés. Steve doit encore s’employer par deux fois, tandis que Thauvin ne parvient toujours pas à cadrer ses essais. Ocampos hérite d’une balle servie par Germain sur un plateau, ornée d’un ruban et avec deux hôtesses qui l’éventent de feuilles de palmier : ce cuistre d’Argentin voit sa conclusion gâchée par le sauvetage d’un défenseur. Le remplacement de Sanson par Cabella à un quart d’heure de la fin n’ajoute pas à notre maîtrise dans l’entrejeu, on s’en doute. L’on assiste alors au paradoxe de cette équipe, si frileuse dans la manière d’aborder ses matchs, et dont les joueurs se mettent soudain à attaquer comme des caluds en oubliant toute notion de prudence. Par deux fois, c’est Bouna Sarr qui se trouve seul çà enrayer des contre-attaques angevines – une phase de jeu dans laquelle les Slovènes de Domzale se montreront moins finis à la pisse que les Angevins, je dis ça en passant.

Le suspense est total jusqu’à la dernière minute. Celle-ci se déroule dans la confusion quand, au sortir d’un nouveau dribble foiré, Ocampos se jette et exécute une terrine de rotule du plus bel acabit. S’il ne procède pas d’une intention méchante, le geste aurait pu envoyer des morceaux de genou dans le virage Nord : l’expulsion est logique et conclut ce triste match nul.

 

Les notes

Mandanda (3+/5) : Une relance approximative et un cul semblant peser huit tonnes au moment du but ternissent un match marqué par plusieurs beaux arrêts.  

Rami (2+/5) : Une qualité de relance indéniable, et une manière appréciable d’aller chercher l’adversaire au duel assez haut sur le terrain. Quelques retards, un dribble subi en pleine surface, m’incitent à cependant à ne pas participer à cette mode qui tend à l’exonérer de toute responsabilité dans nos faiblesses défensives.

Rolando (2/5) : A l’inverse, voir autant de monde tomber sur Rolando, en lui faisant porter les fautes de tous en plus des siennes, a un petit côté injuste. Nous le réhabiliterons donc. Modérément. Un peu comme Patrick Dils, ce n’est pas parce qu’on l’innocente de certaines choses qu’on va non plus se mettre à le considérer comme Gaspard Ulliel.

Sarr (4-/5) : Oui, vous avez bien lu, non je n’ai pas bu (trop) de Crozes-Hermitage. Si, manque d’expérience au poste oblige, ses interventions défensives sont parfois à la limite de la faute slipocide, Bouna s’est montré irréprochable et pourvoyeurs d’innombrables débordements sur son côté droit. De là à le titulariser contre Monaco, il reste un pas que je m’autoriserai à juger excessif : on a déjà eu Alessandrini l’an dernier, et ce genre de choses devrait se répéter moins souvent que les éclipses solaires.

Amavi (2+/5) : Une heure de jeu dans le moteur, qu’il a occupée à produire des choses correctes et sans fioritures. Remplacé un poil trop tard, il clôt sa performance par un avertissement récolté puis, sur le coup-franc qui s’ensuit, par un gros ceinturage de rustre en pleine surface. Seul la clémence de l’arbitre lui évite d’entrer dans notre hall of fame des débuts anaux.

Doria (64e, 2/5) : Dans la mesure où son entrée n’a pas contribué à assurer sa place dans la hiérarchie des défenseurs par rapport à Tomas Hubocan, je crains hélas que son statut d’espoir ne soit appelé à se prolonger dans les proportions d’un tennisman français.

Luiz Gustavo (2/5) : Imprécis voire dangereux, il reprend ses esprits dans le temps fort olympien, avant de souffrir de nouveau. Là encore, le manque d’automatismes collectifs joue pour beaucoup dans cette impression mitigée, et dans l’immédiat on peut déjà se satisfaire qu’il ait pu essayer de comprendre le placement de Zambo Anguissa sans en ressortir avec une dépression nerveuse.

Zambo Anguissa (2-/5) : Car oui, le sort de titularisation éternelle fonctionne enfin à plein régime, et nous permet de voir André-Frank en action 90 minutes durant.A ce propos, la déesse Erzulie l’a sans doute tenu par les pieds pour le plonger dans les eaux sacrées : on sent bien que cette partie du corps n’a pas été irriguée de fluide vaudou aussi bien que le reste.

Sanson (4/5) : Décisif en première période, artiste en seconde. Il y avait malgré tout un peu de Champions Project® sur la pelouse hier après-midi.

Cabella (77e) : Entré dans le cadre de l’opération « poulet sans tête » qui, sans ironie aucune, lui réussit souvent bien. Pas cette fois-ci.

Thauvin (1+/5) : Mystères du corps humain : s’il est connu qu’un nœud coulant autour du cou accroît l’érection, on découvre que le port inopiné d’un brassard de capitaine peut diminuer l’afflux de sang au cerveau. J’attends de Michel Cymes qu’il nous fasse un schéma didactique nous permettant de comprendre ce carton jaune précoce, ces tirs précipités et surtout cette dizaine de corners mal branlés incapables de dépasser le premier poteau.

Ocampos (1/5) : Gentil et enthousiaste garçon, mais salopeur d’occasions de première. Chaud du teston jusqu’à manquer par mégarde d’amputer un défenseur, on attend sa maturité avec la même impatience qu’un Norvégien espérant sa première récolte de dattes.

Njie (3+/5) : Un somptueux contrôle du genou laissant craindre le pire, avant de faire taire d’un but astucieux les mauvaises langues que nous sommes. Se blesse à point nommé pour éviter à Jacques-Henri Eyraud de répondre « Clinton Njie est notre second avant-centre » lors de sa prochaine interview.

Germain (38e, 3/5) : A donné des passes à Lucas Ocampos comme l’Education nationale a donné le bac à Christophe Castaner. Sans illusion.

 

L’invité zoologique : Gilles S’Unau.

Le paresseux ne branle rien, et attend que les choses passent, tout en cueillant une feuille de temps en temps si elle n’est pas trop difficile à attraper. L’unau était donc bien l’invité approprié pour évoquer ce match contre une équipe qui devrait se’ maintenir sur sa branche sans trop s’employer.

– Les autres : Heureusement pour nous qu’ils ne savent pas négocier une contre-attaque correcte, sans quoi Monsieur Lapin était rapatrié d’urgence dans cette académie.

Le classement : Ces premiers points perdus nous font tomber à la 5e place, avant le premier gros test de la saison, contre l’AS Monaco.

– Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook et sur Twitter. Babas remporte le concours zoologique et nous offre en outre le titre de cette académie.

 

Bises massilianales,

Blaah.

4 thoughts on “OM-Angers (1-1) : La Canebière académie ne regarde pas en arrière dans Angers

  1. Merci pour toutes ces académies si bien rédigées !
    La « terrine de rotules » m’a complètement tué ! J’en pleure encore XD

  2. Angers, Angers,

    When will those clouds all disappear?

    Angers, Angers,

    Where will it lead us from here?
    With no lovin’ in our souls and no money in our coats
    You can’t say we’re satisfied

    But Angers, Angers,

    You can’t say we never tried

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