OM-ASSE (4-0), La Canebière académie sonne

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Non à l’europhobie, oui à l’urophilie.

Jour de résurrection.

Aïoli les sapiens,

Lundi 10 avril 2017, La Commanderie. Il était 2h30 du matin. Muni de son badge obtenu en soudoyant le gardien, André-Frank pénétra dans le centre d’entraînement et se dirigea vers le placard à balais. Tout en tirant les plantes de pouvoir de sa poche, il révisa mentalement sa supplique à la déesse. Erzulie apparut. Nue comme à son habitude, elle affichait pourtant l’air étonné de l’ingénue que l’on aurait surprise au bain.

« André-Frank ? Je ne m’attendais pas à ce que tu m’appelles. Que puis-je pour toi ?
– Ce… c’est difficile à dire, déesse. Tu m’as offert ce sort de titularisation éternelle, et je t’en remercie chaque jour que vous, les dieux, faites. Je ne sais pas ce qui m’a pris mais hier j’ai eu… j’ai eu une vision.
– Une vision ? Toi, toi tu as encore égorgé un poulet. Je te l’avais interdit !
– Non déesse, je n’ai pas égorgé de poulet, je te jure, je… j’ai… La voix d’André-Frank s’étrangla devant la fureur qui commençait à emplir le regard d’Erzulie. On ne peut rien cacher aux dieux. Le joueur ferma les yeux, et inspira profondément.

D’accord, je n’ai pas égorgé un poulet. J’ai sacrifié Saïf-Eddine Khaoui, je savais que personne ne s’en apercevrait. Et ce que j’ai vu dans ses entrailles, enfin, je…
– ACCOUCHE !
– (Gloups) J’ai toujours eu confiance en ton sort de titularisation éternelle, je te l’assure, je te le promets, je te le jure, mais… mais ce que j’ai vu…
– Quoi, ne me dis pas que tu ne vas pas entrer en jeu dimanche, non plus. Allons, André-Frank.
– C’est ce que j’ai vu. Ce sera Maxime Lopez, le titulaire.
– Oui, mais tu sais qu’il y aura autre chose. Il sera remplacé. Un autre sera blessé, ou suspendu, qu’est-ce que je sais. Je n’ai pas encore eu le temps de préparer le sort de ce dimanche, mais tout se passera comme d’habitude, rassure-toi. Tu me fais confiance, n’est-ce pas ?

– Ô, déesse, je ne sais comment te le dire sans trop te fâcher mais cette fois… ce que j’ai vu… on va… dimanche on va bien jouer.
– Pardon ?
– Je l’ai lu dans les entrailles du poul… de Saïf-Eddine. Dimanche on va bien jouer. Maxime va être au taquet, personne ne va se blesser et je ne vais pas entrer en jeu.
– Allons. Tu n’as raté aucun match depuis Halloween dernier. Si si, tu peux vérifier, c’était contre Bordeaux le 31 octobre dernier. 25 rencontres en tout. Sans vouloir te vexer, c’est quand même que le vaudou y est quand même pour quelque chose, non ?
– Oui, mais là on va bien jouer.
– Ah, tu commences à m’énerver, hein ! D’accord, ce serait un défi inédit, mais je suis la déesse Erzulie, je te rappelle. Tu sais bien que je serai à la hauteur, n’est-ce pas ? HO, JE TE PARLE !

– On va bien jouer, se contenta de répéter André-Frank, accablé.
Ecoute, André-Frank. Tu m’as appelée. Tu m’as aimée. Tu m’as prise et nous avons scellé de nos chairs ce pacte indéfectible, qui veut que tu apparaisses sur le terrain quoi qu’il arrive. Briser ce vœu déchaînerait la colère des dieux, et celle-ci serait terrible. TERRIBLE. Des joueurs seront attaqués à la bombe sur le chemin du stade. Des hordes barbares dégraderont les plus beaux outils, avant que Jérémy Morel ne marque un but. Des individus fiers et indépendants laisseront leur cerveau régresser au niveau du pitécanthrope et descendront sur le pré pour transformer des têtes à claques en martyrs. Est-ce cela que les gens veulent ?
– Sans vouloir vous offenser déesse, je crois qu’ils s’en foutront. Du moment qu’on gagne.
– Chiche. Enfin, ne t’occupe pas de ces affaires, viens, je vais te consoler.

Erzulie caressa la tête du joueur et, se laissant glisser sur le dos, plaqua sa toison contre le visage d’André-Frank. La tête enivrée d’un parfum doucereux, il s’y abîma en songeant que, finalement, rien de tout cela n’était si grave. Les Dieux menaceraient cette semaine de déverser l’apocalypse sur le monde du football ? Et après ? De toute façon, nul ne saurait jamais que les jeux dangereux d’André-Frank Zambo Anguissa avec le vaudou en seraient les véritables responsables.

L’équipe

Ceci est l’équipe-type.

Le match

Même si les avis divergent sur le nombre de mouchoirs en papier souillés à partir duquel l’on peut s’autoriser à parler de match-référence, toujours est-il que cette soirée pascale fut belle. Certes, nos fragilités dans la transition défense-milieu sont toujours présentes et ont failli nous coûter cher en première mi-temps ; mais quand le ballon est parvenu à nos offensifs, mâtin ! quel festival ! Qualité individuelle et cohérence collective étaient au rendez-vous pour une prestation enfin aboutie.

On objectera certes que l’AS Saint-Etienne, c’est pauvre, laid et déprimant, au point même que les dirigeants ont songé à implanter une cité du design sur la feuille de match pour cacher la misère. Toutefois, dans la mesure où l’absence de qualité et d’ambition des adversaires n’a jamais représenté un gage de réussite pour nous, il serait bien triste de bouder notre plaisir.

Après donc quelques minutes authentiquement slipométriques, marquées notamment par une tête en retrait anale de Parice Evra amenant son gardien aux limites du pénalty concédé, l’OM se met en route et éprouve une arrière garde stéphanoise auprès de laquelle la charnière Rolando-Sertic passerait pour l’équipe jamaïcaine du 4×100 mètres. Ainsi, après un bel effort de conservation de la part de Payet, Morgan Sanson enrhume un adversaire et adresse un centre au point de pénalty que Thauvin reprend d’un fort bel intérieur du droit sans contrôle (1-0, 22e).

Moins de dix minutes plus tard, notre deuxième but vient anéantir par avance toute excuse future sur le prétendu faible niveau de l’effectif : sur une récupération autoritaire de Sakai et Sanson au milieu de terrain, ce ne sont pas moins de six Olympiens qui touchent le ballon au cours de l’action. A la conclusion, Thauvin perce et transmet à Gomis, lequel jongle avec son défenseur comme une prostituée avec les couilles d’un Européen venu à Pattaya enterrer sa vie de garçon. Essoré, vidé, merci, au revoir et n’oublie pas mon petit cadeau (2-0, 31e).

Quelques pertes de balle regrettables émaillent encore la fin de première mi-temps, sans autre conséquence que de nous préserver de tout optimisme béat quant à la fin de saison. Pour ce qui est du match, l’affaire est entendue dès le retour des vestiaires : à part la plaque Nord-Américaine, je ne connais personne d’autre que les Stéphanois capable de mettre autant de constance à s’éloigner de l’Europe jour après jour. Préparant leur cosplay pour la biennale du vier marin de Carry-le-Rouet, nos adversaires se montrent amorphes, désorganisés et surtout totalement inoffensifs. Suite à l’un des moult ballons récupérés par nous dans le camp stéphanois, Sakai lance Thauvin sur la droite de la surface. Florian accélère, vérifie que le chronostop de Géo Trouvetou n’a pas arrêté le temps par erreur, constate que non, aucune anomalie spatiotemporelle ne s’est produite et que son défenseur n’a simplement pas envie de courir, décide par conséquent d’y aller seul et ajuste le gardien (3-0, 58e).

L’OM s’amuse, à la différence du rabat-joie Ruffier qui ne fait rien qu’à nous empêcher d’inscrire le 4e but. Les toutes dernières minutes nous voient perdre quelques ballons par relâchement, mais ce ne sont là que fausses notes mineures. Du reste, Vainqueur se fend d’un beau tacle qui offre un dernier surnombre à l’OM. Njie transmet à Sanson qui ouvre joliment pour Payet, histoire d’embellir un peu plus l’anniversaire des South Winners (4-0, 93e).

 

Les joueurs

Pelé (3/5) : Une sortie à la limite de la faute mais finalement efficace en tout début de match, et quelques arrêts sûrs notamment en fin de match. Pour le reste, il aurait pu aller faire une chasse aux œufs dans le parc de Bagatelle sans que ça ne change grand-chose.

Sertic (3/5) : Solide dans les moments chauds. Enfin, chauds… tu me files Valérie Boyer, le canapé de Drucker et trois coquilles Saint-Jacques, j’arrive à te faire un truc plus bouillant que les attaques vertes.

Rolando (3-/5) : A part quelques incartades sur mineures… à part quelques incartades mineures, pardon, rien de très répréhensible non plus.

Evra (3-/5) : Parti pour une performance analissime, avec relances hasardeuses, viols défensifs et tacles aléatoires, Patrice s’est repris et a même participé au festival offensif. Voici de quoi lui valoir la moyenne pour ne pas gâcher la jovialité ambiante, mis il ne faudrait pas que son début de match se reproduise trop souvent non plus.

Sakai (4-/5) : D’accord, il s’est vu encore trop facilement dépassé une ou deux fois, mais le plus pénible qu’il ait eu à gérer de la soirée reste Laurent Paganelli.

Fanni (80e) : Entre avec une belle envie de participer aux attaques olympiennes. Sans doute aussi avec une belle envie de participer à la défense, d’ailleurs, mais ça c’est plus difficile à déceler.

Vainqueur (3/5) : Des pertes de balles parfois slipométriques, mais des récupérations qui entraînent tout autant de danger chez les adversaires. Les Stéphanois étant les seuls pensionnaires de Ligue 1 à n’avoir pas encore compris qu’un pressing intelligent nous mettait aussitôt dans la panade, il n’a guère eu à souffrir.

Lopez (4/5) : Voilà, avec ce genre de match, au moins on n’a plus besoin de débattre de sa titularisation à la place de Zambo Anguissa, n’en déplaise aux dieux vaudous. Pourvu que ça dure.

Sanson (4+/5) : Retrouvez bientôt « la Ligue 1 chante France Gall », un CD au bénéfice des milieux de terrains violés par Morgan. Inclus le tube :
Chaque fois que l’on respire, il part nous cacher le ballon
Il nous fait tous passer pour des cons, des viers de cire : Morgan Sanson

Payet (4-/5) : Une prestation de belle allure gâchée par plusieurs mauvais choix au moment d’enfoncer un peu plus nos adversaires. Que voulez-vous, on devient exigeant.

Thauvin (5/5) : Pas besoin de description, quand il suffit de se masturber dans une feuille de laitue pour avoir l’impression d’être Florian Thauvin dans la défense des Verts.

Njie (85e) : N’a pas poussé l’humiliation des Ligériens jusqu’à convertir ses occasions, mais il s’en est fallu de peu.

Gomis (4/5) : Desservi par sa vitesse de Massey-Ferguson sur deux cylindres, il n’en a pas moins livré un match complet avec des occasions, un quasi-pénalty obtenu – ce qui mériterait en soi de faire partie d’une catégorie statistique à part entière – et surtout un fort joli but.

Sarr (91e) : Le matin du match, j’ai sorti mon matelas qui prenait la poussière pour le battre et le traiter à l’anti-acariens. Aucun rapport ? Voire.

 

L’invité zoologique : Jordan Vieretout.

Cela fait longtemps qu’elle n’était pas venue nous rendre visite, mais l’holothurie est par excellence l’invitée appropriée pour évoquer la performance de nos adversaires du soir. Voici ses observations :

– Les autres : C’est encore Roland Gromerdier qui en parle le mieux, et c’est ici que ça se passe.
– Les images : Les pessimistes y verront une raison de pleurer sur nos points bêtement perdus, les optimistes se contenteront de sourire en épuisant leur stock de Sopalin.
– L’envoyé spécianal : Le match vu d’un Virage Sud en fête, par l’ami Marwen.
– Le classement : Nous mettons notre adversaire du soir à 6 points, et consolidons d’autant notre 6e place synonyme pour l’instant de que dalle, sauf si le PSG ou Monaco remportent la coupe de France. Pour éviter tout doute, il nous reste 5 journées pour rattraper le point qui nous sépare de nos devanciers girondins.
– La page abonnement : Pour que vive l’Alterfoot cananal historique.
– Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook et sur Twitter. Kast&Deutsch remporte le concours zoologique, même si Roland Gromerdier n’était pas loin, mais alors là pas loin du tout de la victoire.

Oui.

Bises massilianales,

Blaah.

5 thoughts on “OM-ASSE (4-0), La Canebière académie sonne

  1. Et encore, Erzulie n’a pas parlé de ce qui s’est passé en Amérique. Entre l’international panaméen assassiné et le supporter argentin tué en plein stade…

  2.  » Pas besoin de description, quand il suffit de se masturber dans une feuille de laitue pour avoir l’impression d’être Florian Thauvin dans la défense des Verts. »
    Je plussoie

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