Racing – Temperley (2-0) : Gracias Diego…

Le 22 Mai 2016 est le premier jour du reste de sa vie. Diego Milito en a terminé avec sa belle carrière de footballeur. Ils étaient tous à la hauteur hier en fin d’après en Argentine, dans la province d’Avellaneda non loin de Buenos Aires. Tous vibraient depuis plusieurs heures dans cette superbe enceinte qui respire le football à pleins poumons, où les chants vous donnent la chair de poule et vous rappellent ce qu’est supporter son équipe. On est là à se toucher en France quand il y a 20 000 supporters à Lens pour un match de merde en Ligue 2, mais si on regarde l’Histoire du Racing Club de Avellaneda, on peut se dire que les fidèles de la Academia viennent d’un autre monde.

Hier, au delà de l’espérance d’un bon résultat et de terminer la saison mi-figue mi-raisin du Racing sur une bonne note, ils étaient tous venus pour célébrer le Héros, la Légende, Diego Milito. Zlatan disait, il y a peu, « Je suis venu comme un Roi, je pars comme une Légende ». Comparé à l’Histoire de Milito avec son Racing, la légende de Zlatan paraît tellement petite. Milito au Cilindro est un conte qui sera raconté des milliards de fois. Il y a ce devoir de transmettre l’histoire chez les plus jeunes, et de faire perdurer l’amour pour les Grands. On sait rendre hommage en Argentine. On n’oublie pas.

Le Cilindro affichait complet, 60 000 à crier leur amour pour leur camiseta. Dans ces moments, pour cette dernière occasion de voir El Principe, le temps passe vite. Trop vite. On a envie que les minutes s’allongent pour profiter, pour le regarder, car demain ça sera trop tard. Les joueurs de football existent aussi pour laisser des souvenirs (bien que je sois d’accord avec vous, parfois ils laissent surtout des cauchemars). Combien de fois on peut se dire, lorsqu’on assiste à un événement « J’y étais »? Et on parle pendant des années. Hier, pour rien au monde je n’aurais raté les 90 minutes de l’enfant de Bernal. Lui que je suis depuis plus de 15 ans, que j’ai découvert sur Eurosport, dans l’émission Goals, quand il n’était pas encore en El Principe mais qu’il offrait le titre de Champion d’Argentine au Racing en 2001. Puis que j’ai perdu de vue à Genoa en Serie B et que j’ai redécouvert à Saragosse ensuite, puis au Genoa encore et enfin à l’apogée de sa carrière européenne à l’Inter. Parce que non, gagner la Ligue des Champions avec l’Inter n’est pas le toit de son Histoire, mais plutôt de finir avec le maillot qu’il aime. Et Diego c’est le mec simple. Jamais une vague dans les médias, jamais un coup de sang sur le terrain, toujours le respect des couleurs du club qu’il représente.

Sans enjeu, le Racing recevait Temperley pour la clôture de la saison régulière qui verra s’affronter Lanus (1^er du groupe B) et Godoy Cruz ou San Lorenzo (1^ers à égalité dans le groupe A) en finale du championnat la semaine prochaine.

Le match :

Jamais la défense du Racing ne fut mise en danger par les attaques de Temperley. Le match est sur une bonne dynamique, le Racing, en première mi-temps, porte le jeu à son compte. Puis à la 16^e minute, Aued transmet en profondeur à Pillud qui récupère, s’infiltre, entre dans la surface de réparation et s’écroule, déséquilibré par un Escobar totalement pris de vitesse. PENAL PENAL PENAL para Racing. Aucun doute pour l’arbitre Lamolina qui siffle. L’occasion est trop belle. Des tribunes descendent les « Diego Diego ». Milito s’empare du ballon. La suite, je vous la laisse la découvrir…

1-0 pour l’Acade, but d’El Principe. Les adieux s’annoncent beaux et inoubliables. Surtout que deux minutes plus tard…

La soirée aurait été encore plus belle si Diego avait réussi son second penalty. Ce n’est pas la première fois que Milito doit s’essayer à cet exercice deux fois dans un match. Il a deux manières de procéder. Le premier penalty est toujours frappé sur un côté du gardien et généralement à hauteur de tête. Le second est toujours frappé dans l’axe et… sous la barre. Ici, clairement, il rate sa frappe qui ne décolle pas, et Crivelli, resté à sa position initiale, peut repousser, mais Romero est en embuscade pour le deuxième but. Deux cadeaux pour le Racing en moins de 20 minutes. J’avoue que si ces faits de jeu ne s’étaient pas produits, on aurait pu rester à 0-0 un moment. Le Racing poussait sans se montrer dangereux.

Ce début de match est parfait au niveau du score et des émotions. La plus belle s’annonce à la 22^e minute. El Minuto « 22 »

A dire vrai, il ne s’est pas passé grand chose sur la pelouse d’un point de vue footballistique. Le Racing a marqué sur deux buts par penalty offerts par une faible formation de Temperley. L’essentiel était ailleurs. Le temps était venu de dire Adios y Gracias au Principe. Le rêve est terminé, une époque également. Aujourd’hui nous sommes le 1^er Jour de l’An 1 après Diego Milito. Les fans de la Academia vont pouvoir continuer à lutter pour que Milito ait une rue à son nom à Avellaneda. Une nouvelle aventure démarre pour lui, certainement très près de son club de toujours, le Racing. Mais en attendant, Diego a un autre rôle à jouer, et celui là est sans doute le plus important de sa vie, celui de Père. Hier matin, la petite Morena a vu le jour.

Les notes :

Saja (3/5) : Peu inquiété. Sobre dans ses arrêts.

Voboril (3/5) : Alors lui, à un moment, il m’a épaté. Coup du sombrero, amorti, passe en profondeur, tout ça en 10 secondes. J’ai attendu des dizaines de matchs pour voir ça ! Il a choisi sa soirée. Peu inspiré sur un débordement en début de rencontre, mais c’est la seule ombre à son tableau. Pourtant, promis, quand Voboril joue, je me sens comme un lépreux qui tente une branlette. Je suis pessimiste sur le résultat.

Grimi (3/5) : Bon travail avec Sanchez en défense centrale.

Pillud (4/5) : Le VOILA BORDEL !! Pillud que j’aime !!! Percutant, bon placement, efficace, rapide, déborde Escobar à la 16′ et obtient le penalty qui permettra à Diego d’inscrire son but. Remplacé par Gaston Diaz à la 46′.

Sanchez (3/5) : A tout pris de la tête, toujours bien sur ses appuis. Bon match.

Acuna (3/5) : Gros début de match avec ses accélérations qui ont foutu un sacré bordel sur le côté gauche de la défense de Temperley, a un peu disparu de la circulation par la suite. Remplacé par Cerro à 71′.

Aued (4/5) : Grosse débauche d’énergie pour Luciano au milieu du terrain. Fin techniquement et intelligent tactiquement. Fait le geste parfait pour lancer Pillud en profondeur à la 16′.

Videla (3/5) : Tampon entre la défense et l’attaque. Videla c’est simple, il récupère, nettoie le ballon, lève la tête et donne. C’est simple, facile.

Romero (4/5) : Moins en vue techniquement que sur la majeure partie du temps cette saison, mais toujours dangereux. Suit parfaitement la parade de Crivelli sur le second penalty de Milito et transforme de la tête pour le 2-0. Une belle saison.

Lopez (4/5) : Aurait mérité de marquer un but. Rapide, affûté, le Lisandro qu’on a pu connaître par le passé en France et au Portugal quand il portait les couleurs du FC Porto. Fauché par Crivelli alors qu’il l’avait contourné, et donne par la même occasion un deuxième penalty à Milito. Remplacé par Bou à l’heure de jeu.

Milito (5/5) : Cinq sur cinq. Comment pouvait il en être autrement? La soirée fut parfaite, du début à la fin. Ce match résume le joueur qu’est Diego, tout dans la grinta et dans le professionnalisme. A 2-0 à 5 minutes de la fin, il prenait encore le temps de replacer ses équipiers et de donner des consignes. Une sortie parfaite. Auteur du premier but et d’une magnifique carrière.

J’éprouve une immense tristesse aujourd’hui. Diego Milito est mon idole (vous ne saviez pas ?) et le restera toujours. J’ai du mal à croire que je ne le verrai plus sur une pelouse. Le rêve s’est terminé hier pour lui, et pour des millions de personnes aussi. J’ai hâte de le revoir dans un autre rôle, celui d’entraîneur du Racing bouclera la boucle. Cela me paraît évident…

Prochain match mercredi avec la réception de Gimnasia y tiro en Copa Argentina.

Gracias Diego.

Gracias por todo.

Vamos Racing.

Besos anales. 

Diego