Saint-Etienne – Lille (0-0, TAB 7-6, Coupe de la Ligue) : la LOSC Académie note

C’est comme les toutes premières secondes d’un crash d’avion. Le moment où un passager voit que le réacteur déconne. Et le nez de l’appareil qui pique, lentement. Inexorablement. Et la panique qui noie les voyageurs, rang par rang. Toujours aucun message du commandant de bord. Et puis, sur la fin, au bout de deux heures, une forme de résignation. Après tout, « jusqu’ici tout va bien ».

St-Etienne-Lille, c’était un peu ça. Avec un bon gros barrel roll deux secondes avant de toucher le sol. Embourgeoisé, engraissé, de la margarine plein les artères. Mon ami le Losc semble cette saison être au bord de l’infarctus.

Formation habituelle. 4-3-3. Béria qui joue arrière droit. Martin ailier droit, pourquoi pas. Millieu: Pedretti-Mavuba-Balmont.

LE MATCH: 

0. Coup d’envoi sur un terrain un peu givré. Direct ballon dégagé par Chedjou. Balmont obtient un corner quelques dizaines de secondes plus tard.

1. Corner de Payet, dégagé par la défense. Beria tente un tir over-dévissé, du gauche, en dehors de la surface.

3. Bam Yohan Mollo fauché, pousse un cri de crécelle. Galtier gueule. Balmont auteur de la faute qui n’en est peut-être pas vraiment une. Un coup franc est donné. Mollo qui tire. Rebond hasardeux dans la surface. Elana détourne en corner.

5. Corner stéphanois, repoussé par Balmont. Les Verts récupèrent immédiatement la balle. Ils attaquent depuis le début du match. Pendant ce temps, les commentateurs nous disent qu’il neige. Cool.

Le truc qui m’emmerde, c’est que d’habitude, on fait une entame de match vraiment bien, avant de chier en seconde mi-temps. Là, le schéma de deuxième mi-temps semble arriver en premier. Pourquoi pas. Pour le moment, on fait preuve d’un bon sens du pressing, donc ça va.

09. Coup franc indirect tiré par Payet, dégagé dans la surface.

12. Brandao joue physique. Après s’être engueulé avec Chedjou plus tôt dans le match, il fout un coup de coude à Basa. Curieusement, j’aime bien.

15. Martin cherche régulièrement la faute. Mais être une crevette ne suffit pas, Marvin.

Comme lors des matches précédents, on a un peu de mal à construire quoi que ce soit au niveau offensif, et on est inutilement crispé défensivement, proches de la panique. Chiant chiant chiant chiant.

20. Coup franc côté fauche pour Payet, repoussé par Guilavogui. Il y aura une autre faute sur Payet, quelques moments plus tard. Mais rien.

23. Coup franc pour StE, repoussé en deux temps. On aurait pu partir en contre, mais on choisit de faire tourner. Une incompréhension entre Payet et Roux réduit l’offensive à néant.

24. Attention au contre des Verts, qui combinent plus que bien. Brandao qui réclame une faute dans la surface. Mollo sur la gauche qui passe en retrait pour Lemoine. Frappe limpide, arrêt parfait d’Elans, qui plonge sans élan un truc de fou pur force du cuissot. Magnifique. Vraiment, je suis admiratif. Faut avoir une sacrée puissance physique pour faire ça.

27. Digne fout le dawa sur le côté droit. Son centre est malheureusement détourné avant que Digne n’arrive dessus.

28. Mollo, encore lui, fait une merveille de centre flottant depuis la gauche pour Brandao, qui rate sa tête. On était très près de s’en prendre une.

30. Elana sort au contact sur Guilavogui qui foutait le bordel dans la surface.

31. Corner de Mollo repoussé par Basa. Nouveau corner ne donne rien. Payet part en contre, stoppé par la défense. Petit moment d’attaque défense sans construction. L’état du terrain n’arrange rien. Ils jouent avec plus d’engagement que nous.

33. Pendant ce temps, Mollo saigne.

34. Belle combinaison côté gauche de Lille, pour une fois. Digne qui perce le côté gauche. Pedretti qui tire, frappe détournée en corner. Qui ne donnera, devinez, rien.

35. Pendant ce temps, on bande Mollo.

36. Contre stéphanois. Frappe d’Aubameyang, arrêt d’Elana. Toute la défense sur lui n’a pas été foutu de stopper sa course de plusieurs dizaines de mètres. Bon.

37. Plusieurs fautes de part et d’autre non sifflées; éphémère impression d’être en Angleterre.

39. Roux centre pour Martin qui obtient le corner. Un contre stéphanois s’en suit. Passe trop en profondeur pour Mollo, alors que Brandao était démarqué.

41. Faute de Chedjou sur Mollo qui roule sur une vingtaine de mètres. Pas de carton. Simu, mon pote, simu. Pas d’indulgence. Coup franc ne donne rien, heureusement. Elana stoppe une volée foire d’Aubameyang.

43. Conversation des commentateurs sur le temps, que décidément y fait vraiment froid par ici

44. Lemoine fauché, carton pour Chedjou. C’pas une faute grave en elle-même, mais il en a fait plusieurs avant. Pas bien.

45. Une seule minute de temps additionnel. Martin à terre après qu’un stéphanois lui ait pourri la cheville. Roux sifflé hors-jeu.

Mi-temps. Indécis, trop indécis. Je dirais qu’on a limite été passif. Peu voire aucun temps fort pour nous. Et, soit dit en passant: un mini-reportage sur Landreau avant la reprise du match, c’est pas cool, France 3. C’est pas cool. Du tout. Sinon, il parait que c’est les 800-850 ans de la cathédrale de Notre Dame. C’cool hein? Perso je m’en branle.

2e mi-temps, coup d’envoi. Et déjà, on se rend compte qu’ils sont -beaucoup- plus physiques que nous dans le jeu. Et on se contente de dégager de longs ballons devant dès qu’on a la balle. Mon dieu, quelle productivité.

46. Centre d’Aubameyang repoussé en corner. Ne donne rien.

49. Centre pour Aubameyang, qui aurait marqué sans problème sans la superbe sortie d’Elana. Je sais pas vous, mais je crois qu’une très bonne notes est possible, sauf s’il se prend trois buts en deux minutes. Ce qui n’est pas impossible, justement.

51. Basa presse bien Brandao. C’est à saluer.

55. Carton jaune pour Bayal pour une faute pas évidente. sur Roux sur la gauche. Coup franc obtenu. Payet qui tire, Basa qui tête, Roux qui tente un Shaolin retourné asthmatique. Sans intérêt.

57. Putain. Heureusement que Brandao ne sait pas jouer avec les pieds. Un de ses inimitables ratés, alors qu’il était seul devant un but grand ouvert. Défense à la ramasse.

On ne mérite pas de gagner. Chiant de dire ça, mais, dans l’état actuel des choses, on ne mérite pas de gagner.

61. Elana seul face au pressing de deux stéphanois. Mais que fout la défense?

64. Pedretti sort sous les sifflets, Gueye rentre. Brandao laisse sa place à Cohade, et rentre direct aux vestiaires

65. Aubameyang, replacé dans l’axe, loupe une frappe de pas loin pas loin.

Alors que Martin a été positionné côté droit depuis le début du match, il continue d’essayer de jouer comme un axial. Possible qu’il se fasse remplacer par Rodelin. Se passe pas grand chose, sinon. Stat révélatrice: Ruffier n’a pas eu le moindre arrêt à faire. Elana en a eu huit. Je vais faire caca, je reviens.

72. Digne sur la gauche, obtient un corner. Ne donne rien.

74. Centre dangereux de Lemoine pour Aubameyang, trop court pour concrétiser l’occase. On est mouleux sévère.

75. Cohade qui frappe de volée dans la surface. C’est cadré. Encore un putain d’arrêt d’Elana. La contre-offensive lilloise se conclue par une frappe de Roux, facile pour Ruffier.

77. Belle combinaison offensive des stéphanois. On est obligé de concéder le corner.

80. On a un coup franc sur la gauche. Même pas la peine que je vous détaille l’issue, z’aurez deviné. Sinon, possible que ce soit Roux qui sorte au profit de Rodelin, apparemment. Bon. Pourquoi pas.

82. Bah merde, je verrai pas ça tous les jours. Une tête de Balmont. Failli marquer, en plus.

83. Rodelin rentre, Roux sort.

86. Centre de Balmont, reprise de Payet, poteau. Frustration, frustration.

88. Serait-on en train de se sortir les doigts du cul? On attaque fort bien, on obtient un corner. Ma parole.

89. La tête de Chedjou sur ce même corner passe dangereusement près du cadre. Allez, poussez, on voit la tête.

90. Attention au corner stéphanois. Attention. C’est repoussé. Jusqu’ici tout va bien.

Une prolongation sera nécessaire. On a fait un match plus que passable. Mais sur la fin, on s’est bougé. Je me surprends à y croire. Dès le coup d’envoi, c’est une vraie guerre de position, sans occasion réelle. Ca veut jouer les tirs au but. Dommage. A un moment, Béria se prend un jaune plus que sévère. Ca se donne un peu plus sur la fin, quand même. Une frappe de Cohade, et encore Elana qui nous maintient à flot. Et encore une fois en deuxième période, sur une attaque d’Aubameyang. Il va se choper un cinq sur cinq, les gars. Quoiqu’il arrive. Gianni Bruno entre à la 111e, à la place de Marvin Martin. Payet reste à terre un long moment, mais personne n’arrête le jeu, l’arbitre ne siffle pas. Sur une passe en profondeur pour Rodelin, Ruffier fait une sortie Blitzkriegdelamuerte. Et ça marche. Et encore un arrêt impec’ d’Elana sur une reprise de Mollo. Coup de sifflet. Tirs au but. On choisit de les faire en face de la tribune vide. Curieux. On voit Galtier motiver ses joueurs, Barel Mouko plaisanter avec Elana. Le stade entier semble derrière Ruffier.

Je vais vous avouer une chose: j’adore ces moments. Avant les tirs au but. Quand la pression monte. Ce duel à distance entre les deux gardiens. On passe en revue mentalement tous leurs arrêts. On se demande qui a été le meilleur au meilleur moment, qui a marqué le plus de points.

 Et puis ensuite, les choses sérieuses commencent.

Cohade prend Elana à contrepied; 1-0. 

Chedjou prend une tête de constipé et prend Ruffier à contrepied également; 1-1.

Mollo. Au-dessus. Il a voulu jouer trop vite et trop fort. 1-1, toujours.

Basa, calme. Panenka, réussie. Gonflé. Voulait-il provoquer, marquer le coup? 1-2.

Perrin. Petit pas, plat du pied, contrepied. 2-2.

Et maintenant, Gianni Bruno. Très calme. En puissance, bat Ruffier pleine lucarne, qui était parti du bon côté. 2-3.

Kévin Mayi. Dix-neuf ans. Il peut en prouver beaucoup sur ce péno. Plat du pied contrepied. 3-3.

Ronny Rodelin. Là, je vous avoue que je panique. Rodelin, quoi. J’ai presque envie de dire que c’est notre Brandao à nous. Mais en fait non. Il fait comme Bruno. 3-4.

Aubameyang. Oh, Aubameyang. Joue comme ses coéquipiers. Même tir. 4-4.

Florent Balmont pour la balle de match. Le stade le siffle; il tire en finesse. Il gratte. Poteau. 4-4. Retournement de situation. Au pire moment, je vous avoue. Mollo qui prie les dieux du foot. Ruffier était parti du mauvais côté, pourtant.

Guilavogui, maintenant. Tire comme ses coéquipiers. Elana part du bon côté, mais pas assez vite. 5-4.

La pression est sur les épaules du capitaine. Rio Antonio Mavuba. Il la met. Impérial. 5-5. 

Jérémy Clément. Silence dans le stade. Contrepied, du gauche. 6-5.

Frank Béria. Encore une panenka. Ruffier l’a touchée du pied. 6-6. On joue avec le feu.

François Clerc. Au ras du sol, à droite. Comme la plupart des autres stéphanois. 7-6. 

Idrissa Gueye. Le public scande Ruffier. Il ne prend que peu d’élan. Moment d’anticipation.

 Et Idrissa Gueye la met au-dessus. Saint-Etienne en finale de la Coupe de la Ligue. Depuis le temps qu’ils attendaient ça, on ne peut que leur dire bravo, et bonne chance. Galtier en triomphe. Le public envahit le terrain. Communion dans le vestiaire stéphanois. Yohan Mollo semble un peu largué, comme en-dehors du cercle. Ailleurs.

J’éteins la télé, j’éteins la lumière, je vais me coucher. En fait non. D’abord, je vais vers la cuisine. Bah oui, que voulez vous. Faut le cocktail de fin d’article. Pour aujourd’hui, ce sera pas un dégueulasse. J’ai déjà un moral assez pourri comme ça. Je porte mon choix sur le Porto Flip. De la glace dans un shaker. Ca réconforte de taper sur les glaçons avec un rouleau à pâtisserie. Une bonne dose de porto. Du sucre, genre une cuillère à soupe. Un jaune d’oeuf. On ferme, on secoue jusqu’à ce que les doigts gèlent, on verse, on observe la mixture rose et crémeuse. On boit, on savoure, on soupire.

On a perdu. Et le Losc est un club malade.