La Gunners Academy fait le bilan du mercato – Partie 1

8

L’un des grands thrillers de votre été. Brrrr. Rien que d’en parler…

La poussière est retombée. Asseyez-vous près du feu, je vais vous raconter une nouvelle histoire dans le grand album des moments tristes de l’Arsenal Football Club.

Salut les croquants. On va pas commencer à se faire des petits salamalecs, vous savez tous pourquoi on est là. A la Gunners Academy, on a des principes : les exercices ne se jugent que quand ils sont terminés. Bon bah voilà, il est temps de parler un peu de ce mercato estival, dont le cadavre est désormais un peu tiède. La saison dernière a probablement été le low-bottom de ces dix dernières années. En termes de jeu d’abord, mais aussi en termes d’attitude, de management et de résultats. Après avoir abandonné le titre à un promu en 2016, Arsenal s’est joyeusement inscrit en Europa League, pour la première fois depuis vingt ans. Un échec retentissant mais prévisible, qui a même fait trembler les fondations de l’entente jusqu’ici inébranlable entre Wenger et les plus hauts responsables du club, à commencer par Ivan Gazidis. La prolongation extrêmement tardive de Tonton est le premier échec du club cet été. Le choix de l’homme prête toujours à débat. De mon côté, et ce même si je le soutiendrai jusqu’au bout par respect et par amour, je maintiens qu’Arsène a perdu quelque chose ces deux dernières années, quelque chose qu’il ne retrouvera pas en dépit de ses efforts désespérés. Il est toujours difficile de savoir quand s’arrêter et il y a un risque désormais élevé qu’il se soit trompé en refusant de partir par exemple après la victoire en finale de Cup 2015. Mais au-delà de ça, la négociation elle-même a encore une fois été très mal gérée par le club, qui a laissé les joueurs dans l’expectative, permettant à des plaies telles que la prolongation d’Alexis et d’Özil de s’infecter encore un peu plus. Alors qu’Arsenal n’a de cesse de prôner la stabilité et de vanter la sienne, la direction a en partie hypothéqué les chances de son équipe en refusant de régler la question d’Arsène assez tôt.

UNE AMORCE DE CHANGEMENT

Mais soyons francs, cette histoire de prolongation, c’est presque un moindre mal quand on connaît la suite des évènements. Après une saison pareille, le club avait besoin de changement en profondeur, et le fait qu’Arsène reste aux manettes n’était pas franchement de bon augure de ce côté-là. De subtils aménagements ont cependant été amorcés. Lehmann a été intégré à l’équipe de coaching, répondant ainsi à une demande lancinante de voir certains membres des Invincibles dans l’encadrement. Aucun doute là-dessus, le Jens a été appelé pour apporter son expérience et bosser sur le mental de nos gros fragiles, dans la mesure où il était lui-même le plus taré d’une équipe de monstres. Dans le même temps, Arsenal a tenté un truc fou : combiner l’anticipation et le passage de témoin dans une décision intelligente. Ce cher Per Mertesacker a ainsi été confirmé dès le débuts du mois de juillet comme celui qui prendrait la direction de l’Academy en fin de saison prochaine – annonçant au passage la fin de sa carrière pour 2018. C’est à mon sens un excellent choix. Pas besoin de répéter ce que je pense de lui niveau football, mais il est indéniable qu’il possède une expérience colossale, que c’est un garçon vraiment intelligent avec une analyse du jeu bien au-dessus de ce que laissent croire ses interventions sur le terrain. Il est, et a toujours été, un pilier dans le vestiaire et – point capital – il porte le club dans son cœur. Assurer la continuité avec un bonhomme aux qualités humaines telles que celles-ci, c’est la preuve qu’Arsenal est capable, parfois, d’un certain discernement.

LACAKOLA ENJOY

Allez, c’est vrai, il faut l’avouer, ce début de mercato était vraiment pas mal. Encourageant, grisant même. Les premières recrues débarquent assez vite. Sead Kolasinac, meilleur latéral gauche de Bundesliga l’année passée avec Schalke 04, arrive en fin de contrat avant même l’ouverture de la fête. La rumeur Mbappé – à laquelle nos petits cœurs se sont accrochés malgré eux parce que bon faut bien rêver – a beau revenir régulièrement, c’est finalement Alexandre Lacazette qui signe lui aussi dans les premiers jours de juillet. Un très bon deal. Le Lyonnais apporte un profil différent, dont Arsenal manquait cruellement jusque-là : celui d’un véritable buteur, adroit dans la surface, clinique, technique. Chouette, d’autant que les dirigeants adoptent enfin la bonne attitude vis-à-vis des stars dont les envies d’ailleurs deviennent trop déplacées. Arsène ferme la porte au départ de Sanchez. Là encore, le choix est bon. Arsenal n’a pas davantage besoin d’argent que de renforcer un rival. Sanchez partira à City s’il le souhaite, mais après avoir respecté son contrat. Et Arsenal n’aura joué aucun rôle dans ce mouvement. L’option sportive donc, l’option de l’autorité aussi : il était temps de faire valoir les intérêts du club ainsi que l’importance d’une signature de contrat. En ce 15 juillet, on est plutôt pas mal et il nous reste du temps pour corriger d’autres problèmes : le recrutement d’un milieu axial, d’un ailier sympathiquement tripoteur ou encore l’allègement de la masse salariale. En ce 15 juillet, on est optimistes.

DÉRAPAGE MOYENNEMENT CONTRÔLÉ

C’est à peu près à ce moment-là que Docteur Arsenal devient Mister Arsenic. Sans qu’on comprenne vraiment pourquoi, le mercato londonien se fige. Plus rien ne bouge. Ni la situation contractuelle d’Özil (pour lequel, contrairement à Alexis, il reste un peu d’espoir), ni les arrivées, ni les départs. La question de l’attaquant étant réglée, quelques rumeurs continuent de planer concernant le poste d’ailier : Thomas Lemar d’abord, pour qui Arsenal négocie petit bras depuis le début de l’été, puis un peu plus tard Draxler, quand l’arrivée de Neymar et Mbappé au PSG se fera plus crédible que jamais. Mais les discussions peinent. Monaco nage dans ses thunes, mais construit aussi pour la suite et réclame le PIB d’un petit pays pour son milieu offensif, tandis que Draxler se fout d’Arsenal comme de sa dernière läger coupée à l’eau. Quant à Jean-Michaël Seri, qui est évoqué régulièrement pour le poste de milieu relayeur, Arsenal semble ne pas aller au-delà d’un simple intérêt (ce qui est borderline criminel quand on voit que le garçon n’a finalement pas bougé). Bien entendu, tout cela commence sévèrement à inquiéter quand, à la mi-août, personne ne s’est ajouté à Kolasinac et Lacazette sur la liste des arrivées. Mais il y a un peu plus grave : non seulement Arsenal n’amène personne, mais visiblement les perspectives de départ se multiplient. Après avoir vendu Szczesny à la Juve, Gabriel met les voiles du jour au lendemain vers Valence, sans qu’on ait eu le temps de se demander si ça allait se faire. Utilisé comme la dernière roue du tout dernier carrosse, Lucas Perez a le mal du pays et veut – légitimement – rentrer en Espagne. Sortie de nulle part, une rumeur surprenante mais vraisemblablement fondée nous évoque le départ de Mustafi vers l’Italie. Arsenal ouvre la porte à Giroud et Wilshere. Et alors même qu’on lui propose un contrat dont il ne mérite pas le tiers, Chamberlain se découvre assez de talent pour négocier et demander un bon de sortie.

ET ARSENAL REDEVIENT ARSENAL

Quelque chose cloche. Et à la fin du mois d’août, le flou laisse place au ridicule. Aligné titulaire lors du naufrage à Liverpool, auteur d’une performance imblairable, Oxlade finit par obtenir quelques jours plus tard son transfert… à Liverpool ! Comment. Comment a-t-on pu accepter de le titulariser sachant que la transaction était dans les tuyaux ? C’est incompréhensible, mais c’est surtout inacceptable. Et le mystère s’épaissit encore quand, en toute fin de mercato, apparaissent de nouveaux éléments susceptibles d’expliquer l’impuissance d’Arsenal sur le marché : le club serait bloqué par sa masse salariale. Surprise. Effroi. C’est en effet assez peu connu, mais la Premier League possède une forme de salary cap, baptisé « short-term cost control ». Son rôle est le suivant : au-delà d’une masse salariale de 67£M, les clubs de PL ne peuvent utiliser chaque année que 7£M provenant des droits TV pour augmenter ladite masse salariale. Autrement dit, si vous augmentez d’une année sur l’autre votre masse salariale de plus de 7£M, il faudra financer cette augmentation autrement que par les droits TV, par exemple grâce à une hausse de vos contrats commerciaux (comme l’a fait City en se foutant royalement de la gueule du monde en 2013). Un règlement intéressant, qui a pu gêner le club dans son mercato mais qui n’excuse absolument rien : si le problème était effectivement là, cela signifie que les conneries remontent simplement à plus loin dans le temps. Comment a-t-on pu laisser enfler la masse salariale comme on l’a fait ? Pourquoi Theo Walcott gagne-t-il 140 000£ par semaine en étant sur le banc ? Comment se fait-il qu’on doive attendre la fin de l’été 2017 pour laisser partir Kieran Gibbs à 7£M alors que Kolasinac arrive en juin, après des mois à demander une somme mirobolante ? Je veux dire, il y a un manque de clairvoyance qui est tout bonnement effarant dans tout ça. Où est la stratégie, c’est quoi le plan ? On lance pas des transferts comme on lance un plat au micro-ondes, bordel. Ca s’organise, ça s’anticipe. Où est l’anticipation dans tout ça, dans le fait de dire à Chambers de partir puis non, finalement de rester ? Pire que tout : à quel moment tu choisis de complètement faire péter ta dignité et ta ligne de conduite pour finalement laisser une porte ouverte à Sanchez ? Car c’est ce qui s’est passé dans les dernières heures. L’idée de retenir Sanchez pour que dalle tout en ayant un joueur possiblement moins concerné a peut-être fini par perturber la posture du board. Ou peut-être était-ce la volonté absolue de Wenger de mettre la main sur Lemar, dont la venue était visiblement conditionnée par le départ d’Alexis, pour entamer un nouveau cycle. Dans les deux cas, c’était du grand n’importe quoi, de bout en bout. On est passés pour des cons, et finalement le dossier Lemar est tombé à l’eau, possiblement par refus du joueur. Ce qui met un gros coup à l’orgueil et au moral.

EN ATTENDANT LE MIRACLE

Nous voilà donc à commencer la saison avec une équipe, soyons honnête, pas au niveau pour ne serait-ce que prétendre au titre. Il manque un milieu de qualité, que ce soit un organisateur digne de remplacer Cazorla, ou un défensif capable de compléter Xhaka ou Ramsey (si jamais le retour en grâce du Gallois se confirme, après deux ans de glandouille interstellaire). Il manque un milieu offensif de qualité, un percuteur, qui aurait relégué Walcott à la réserve et aurait laissé le temps à Iwobi de se développer. Il manque une doublure de latéral droit, au cas où Bellerin se pèterait – et il se pètera, soyez-en sûrs. Et on se retrouve avec un vestiaire dont la stabilité est toute relative, avec un Mustafi qui voulait se barrer (et dont le club ne voulait apparemment plus), un Wilshere qui doit prouver sa valeur mais devrait être relégué au banc, un Özil toujours très peu convaincu de son avenir à Arsenal et Alexis Sanchez qui va se barrer dès qu’il le pourra. Personnellement, je ne vois pas comment on peut rêver de quoi que ce soit dans de telles conditions. Même en 2007/2008, il y avait au moins un nouveau projet, le départ d’Henry avait libéré le vestiaire. Là, on est toujours dans la même merde, mais en version affaiblie. Je n’attends rien de cette saison. Je ne pourrai qu’être agréablement surpris donc.

Cette première partie du bilan se termine, la seconde arrivera d’ici quelques jours, avec une petite revue d’effectifs.

8 thoughts on “La Gunners Academy fait le bilan du mercato – Partie 1

  1. C’est exactement tout ça.
    Quelle déprime…
    Avec le recul, même si je suis pas hyper fan, y avait quand même moyen de faire signer un Mahrez, par exemple. Tu aurais vu qui, en latéral droit et en milieu def ? La seule chose que j’attends de cette saison, c’est le retour en grâce de Jacky Boy (fingers crossed)
    COYG

    1. Un Mahrez aurait en effet été un gros plus, quand tu vois que derrière Özil et l’autre fanfreluche d’Alexis, on repose assez vite sur des joueurs comme Iwobi (que j’apprécie beaucoup, mais qui doit encore beaucoup progresser) ou Welbeck/Walcott qui n’ont rien à foutre là. J’espère en effet que Wilshere pourra suppléer derrière eux, il commence fort. C’est le moment où jamais pour lui.

      Honnêtement aucune idée pour les deux postes que tu cites. Les véritables 6 sont de plus en plus rares… Mais un très bon 8, pour remplacer Cazorla, c’était hyper important. Et en latéral droit, je ne comprends pas qu’on ne remette pas Debuchy dans le turn-over. Pour suppléer Bellerin, il était je pense largement au niveau.

  2. Sczczceczcesczeny (je sais pas comment ça s’écrit) est parti à la Juve ? POUR 12 M€ ?!! Là, par contre, c’est l’affaire du siècle. Enfin après Oxlade-Chamberlain pour 43 M€ !! Quarante. Trois. Putains. De. Millions. Mais Liverpool l’a jamais vu jouer ou quoi ?

    Sinon, c’est bien résumé, l’inactivité entre mi-juillet et fin août, avec le faux feuilleton Lemar (Tonton dit qu’il a voulu le signer, mais j’ai du mal à y croire vu comme il s’y est pris), est quand même flippante pour un club qui ambitionne plus que le maintien.

    1. Szczesny, c’est l’affaire du siècle pour qui d’après toi? Héhé.

      Quant à Chamberlain, Klopp est en train de comprendre l’ampleur du chantier (qui a mon sens, est irrécupérable). Je sais pas ce qu’il a vu en lui, mais je ne crois pas qu’il arrive jamais à ses fins…

      Pour Lemar, je pense que négociation il y a eu. Mais qu’on a joué petit bras. Parce qu’on est des billes, parce que la masse salariale pesait trop lourds (et donc qu’on est des billes) ou parce que Monaco a joué hard ball, ça je sais pas… Mais en effet, ne pas avoir plusieurs pistes avant un mercato, un véritable plan, pour un un club de ce standing, c’est incompréhensible.

      1. Monaco nous a bien mis dans le cul. Mendy (53M€), Bakayoko (40M€), Mbappe (180M€) mais Lemar ils voulaient 90M€ ! On a mis 50M€ ce qui était largement une affaire pour Monaco qui a acheté Lemar pour 5M€ a Caen ! Faut arrêter d’allumer a chaque fois Arsenal et regarder dans l’autre sens.

  3. Merci Père très bon résumé.

    Moi un truc qui me chiffonne aussi c’est que ça commence à faire une paye que Arsenal n’a pas sortie de bon jeune de l’académie (ce que l’on peut considérer comme une arrivée dans un mercato).

    De plus, j’ai l’impression que Wenger a perdu un de ces points forts qui était de faire progresser ces joueurs sur le plan individuelle.

Répondre à Tenken Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.