Canada – Salvador (0-1) : La Canuck Academy dérouille Morphée

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Une académie sponsorisée par Sandoz Zopiclone durant 70 minutes. Les vingt dernières : courtoisie d’Anusol.

On a laissé entendre que, dans mon dernier rapport annuel aux actionnaires, publié ici la semaine dernière, j’avais négligé de mentionner en quoi un match des Canucks pouvait s’avérer un excellent remède à la crise, ou du moins, un objet footballistique suffisamment excitant pour être enterré dans une capsule temporelle, entre la filmographie d’Ed Wood et les torche-culs d’Alexandre Jardin. En voici les raisons :

  • Si vous avez jamais pensé qu’Atiba Hutchinson était la meilleure chose qui soit arrivée au soccer canadien, bon, Octavio Zambrano vient juste de s’en débarrasser.
  • Je me rends compte que n’importe quel crétin aurait pu torcher cette sélection, y compris vous, moi ou Zambrano. C’est l’une des principales raisons qui font que j’aime à ce point le nouveau sélectionneur des Canucks. Il fait du coaching populaire.
  • Quand vous vous réveillez le matin avec la pire gueule de bois de votre vie, un match du Canada est le meilleur remède, non seulement pour nettoyer toute la merde que vous avez dans la tête, mais pour vous préparer à ce que le reste de la journée a en rayon pour vous.
  • En parlant de merde justement : pourquoi les gens vont-ils voir des films comme Birdemic, le remake de Teen Wolf ou bien encore cette saloperie de Mondo Cannibale? Pour se faire péter la tête à coups de battes de base-ball, se faire broyer les couilles pendant qu’on branche des électrodes sur leur moelle épinière et, de façon générale, pour se faire maltraiter une fois tous les quarts d’heure environ. Aujourd’hui, c’est ça qu’on considère généralement comme une distraction rigolarde, un passe-temps ironique censé justifier une existence morose. Alors il faut beaucoup de culot pour tomber sur les matchs du Canada. Au moins ici,  il n’y a pas quinze minutes de conneries en guise de rembourrage entre deux passages à tabac. Ceux qui aiment les plaisirs coupables du nanar décérébré, du gore, des explosions, des twists rocambolesques, devraient aimer les matchs du Canada. Les matchs du Canada sont un spectacle infiniment plus moral.
  • On m’affirme que CANMNT est devenu une sorte de culte secret parmi de jeunes pensionnaires d’asiles psychiatriques de tout le pays. Apparemment, les contrôles orientés de Junior Hoilett leur « apaisent les nerfs » et en définitive, les prestations de l’équipe sont une sorte d’exutoire plus efficace qu’une séance d’électrochocs. Si quelqu’un a les moyens de confirmer, qu’il me contacte sur le champ!
  • Un bon vieux Canada vs. Salavador : rien de tel pour tenir à distance les parasites. Beaucoup trop hipster pour intéresser les « snipers » du ballon, les aphtes sur la glotte du commentaire sportif, les singes hurleurs de la palette, les absurdes incompétents, les indolents infernaux. Comme l’autre tâcheron tiens. Son nom m’échappe. Mais si, il a un casque de mobylette en cheveux, un faciès de gestapiste et une voix proche du glapissement de hyène… Il se pointe chez toi à l’improviste comme un coursier Deliveroo et te flingue la cargaison en moins de deux, ne laissant dans son sillage que malaise et désolation. AH! Ça me revient! Patrick Montel!

 

Zambrano l’a annoncé lui même : le Canada a les qualités pour être « dominant » à courte échéance, parmi le ventre mou des nations CONCACAF (sic). Okay, Octavio, domine-moi, vas-y, réduis-moi en purée, pire, gouverne ma vie, fais tout ce que ton esprit peut concevoir ou que ton cœur brûle de faire… Est-ce moi qui ne peut l’accepter, ou toi? Quand tu ramènes l’équipe B+ pour ce match, est-ce un constat d’échec, de l’arrogance ou un coup de dés censé « tuer le père », pour imposer ta patte velue de tacticien burné?

Quoi qu’il en soit ma grande, c’est loupé.


Du parpaing et du jeu.

Pas de Borjan, de Hoilett, de Ledgerwood, de Davies, de De Jong… « Chérie? Apporte-moi mes clopes et deux prozacs, s’il te plaît! »

À l’heure (tardive) de la rédaction de ces lignes, le monde du foot s’écharpe sur le concept de « projet de jeu » en équipe nationale, ce nouveau problème de riches que les sofootix© en tous genres se balancent à la gueule pour se sentir exister. Soyons clairs, ces gens sont un cancer. Les adeptes du « toque chilien » comme les cyniques satisfaits, les analystes de salon (après deux victoires en LdC avec Stormstrogets sur Football Manager) comme les Jean-Michel « Célafôteagiroud » mériteraient de se faire claquer contre un mur comme un chaton syphilitique. Ces jean-foutres se permettent de donner dans la diatribe, qu’elle soit pragmatique ou romantique, en se caressant la gorge, alors que leur équipe se qualifie sans trop de soucis pour la Coupe du Monde. Venez pas faire chier un supporter canadien au bord du gouffre. Après ce match contre le Salvador, il en est à regretter 1986, le temps où « au moins, ils étaient rigolos », quand ils ne fantasment pas un « projet de jeu » qui consisterait à faire trois passes successives dans les pieds, face au 99e mondial. Vous viendrez chouiner quand vous devrez vous infliger 90 minutes d’un trou noir sportif relevant plus du cours de zumba que de football à proprement parler.

Un amical perdu au milieu de la course à la qualif des « grosses écuries » de la CONCACAF, en pleine saison MLS, dans un stade « neutre », sous un soleil de plomb, face à un adversaire déjà battu 3-1 lors du précédent tour de qualification. Pour l’enjeu évidemment, on repassera. Mais c’était là une excellente occasion d’acquérir quelques certitudes sur la stratégie instaurée par Zambrano depuis sa prise de fonction, et pourquoi pas capitaliser sur une convaincante victoire 2-0 face à la Jamaïque, quelques semaines plus tôt. Mais pour pérenniser ce temps fort, il faudrait commencer par SÉLECTIONNER LES MÊMES PUTAINS DE JOUEURS et pas bricoler un line-up bancal composé de seconds couteaux et de jeunes binationaux. Car à force d’essayer de se constituer un cheptel de 450 joueurs sélectionnables en les piquant aux petites nations européennes, Zambrano dilue sa philosophie et son identité. Pas de quoi péter trois pattes à un grabataire, hein : un bon vieux 4-3-3 qui se mue en 4-1-4-1 quand les circonstances l’exigent. Le truc qui a fait ses preuves au Costa-Rica, Honduras, Pérou… Ce cercle d’équipes « biens mais pas top » que le Canada pourrait rejoindre sans trop souffrir, si elle disposait d’un peu plus de burnes, d’envie, de don de soi, d’abnégation, de courage, de patriotisme primaire et de papédé©.

Mais pour toutes les raisons énoncées plus haut, sous le torrent d’insultes, de dérision, de condescendance critique, et même de franche hostilité, se larve l’espoir. OK, le numéro scénique est toujours de la sale copie, grain à moudre pour les descendre en flammes mais le Canada a encore une carte à jouer : le temps. Beaucoup de temps. Assez du moins pour aller piocher sans vergogne dans ce qui se fait de mieux pour qui n’a pas de pognon mais des idées. Regardez ces connards d’Islandais. Et bien le Canada a deux ans sans pression pour se construire un onze à même de partir à la guerre. Un onze qui fourbit ses armes et les exploite au mieux. Un onze émancipé de la MLS, cet infâme creuset à médiocres qui a propulsé l’équipe nationale US dans les limbes du ridicule.

Un onze qui se fait pas taper par le PUTAIN DE SALVADOR.


Le Flim du Machte

Plus de trois heures de vidéo, dont cinquante-trois minutes de stade vide. On pourrait ergoter trois plombes sur la qualité du jeu, mais le « lâcher prise » total du monteur vaut les plus longs discours (et ça m’arrange pas mal).


Les Notes

Simon Thomas (3/5) : Pas exempt de tout reproche sur l’unique but de la partie mais auteur d’un match plutôt propre dans l’ensemble. Quelques plongeons pour la photo, une bonne alchimie avec sa défense centrale sur les rares coups de chaud, Thomas s’avère être un suppléant capable à Milan Borjan, quand les circonstances l’exigent (comme un match amical sans enjeu, par exemple). 3/5, c’est bien payé mais aux vues de la prestation d’ensemble, tout est relatif. Comme ma bite.

Marc-Anthony Kaye (0/5) : Tellement inexistant dans son couloir que j’ai cru pendant 45 minutes que c’était Adekube

Steven Vitoria (3/5) : Le sosie poseur de crépis de Jim Caviezel est bien loin de ses années fastueuses à Estoril (il cire le banc à Gdansk) mais il a encore de bons restes, et pas seulement des restes de morue entre les chicots. Solide et relativement propre, dominateur sur coups de pieds arrêtés défensifs, bel homme.

Dejan Jakovic (3/5) : Malgré la giga-charrette qu’il se traîne au cul, il aura longtemps repoussé les avances des mobylettes en face. Frise la crise d’épilepsie sur le but mais on peut le comprendre : plus personne ne s’attendait à un centre enroulé dans la boîte après 70 minutes de parpaing en tribune.

Michael Petrasso (3/5) : A fait bouger ses jambes en rythme, ce qui a donné des enjambées, et parfois des courses, quand la fréquence desdites guibolles a dépassé les 3 hertz. Ça vous semble être un détail? Regardez le match.

Samuel Piette (2/5) : Efficace dans son registre (à savoir, casser les couilles des attaquants adverses en se collant dans leurs pattes) mais trop approximatif à la relance. Le Pitbull a gâché un paquet de contres de par son incapacité à lever un ballon.

Jonathan Osorio (3/5) : L’enfant prodige a mené la révolte. Bien plus en verve devant le but que l’ensemble du trio offensif réuni, avec deux tirs cadrés, ce qui donne une idée de l’infini. Remplacé à la 53e minute, par KEVEN ALEMAN (2/5) dont le blase est une ode au Caps Lock.

Scott Arfield (2/5) : Difficile d’enfiler le slip trop large d’Atiba Hutchinson. Malgré tout, le Frère Scott a montré de belles choses dans l’entre-jeu, capable de quelques éclairs de génie footballeur professionnel, et dispose de tous les atours pour faire un capitaine de charme, le joujou extra de nos nuits moites. Si les plus belles partitions naissent dans la merde, Arfield a largement de qui composer une symphonie. En attendant, il a le visage contrit d’un homme à qui la providence a refusé le suicide. Courage, grand.

Raheem Edwards (0/5) : Beaucoup plus inspiré quand il s’agit de faire chier les Montréalais, il s’est fait secouer comme une hongroise à un casting Pierre « Monsieur 100 000 volts » Woodman. Remplacé en fin de match par Kristofer Twardek qu’on est tous bien contents d’avoir piqué aux Tchèques.

Fraser Aird (0/5) : L’archétype du pote qui joue bourré au five : complètement à la ramasse et se permet en plus d’ouvrir sa grande gueule d’écossais. Remplacé à la 62ème minute par un Juan Cordoba (2/5) volontaire et intéressant techniquement. Par un ailier droit, quoi.

Cyle Larin (0/5) :  Du rien en barquette. Constamment dézoné tel un Benzema des grands soirs, il a passé sa soirée à traîner sa carcasse de phacochère entre le hors-jeu et la buvette, avec l’enthousiasme d’une mouette mazoutée. Remplacé à la 52ème minute par un Anthony Jackson-Hamel (1/5) inhabituellement fébrile, mais qui aura au moins eu le mérite de tenter des trucs.

1 thought on “Canada – Salvador (0-1) : La Canuck Academy dérouille Morphée

  1. Ah mais au fait, c’est vrai que vous êtes en Concacaf, vous. Je l’oublie toujours.

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