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Envoyé spécial

Liverpool, le 26 novembre 2016

Ce samedi, Liverpool se réveille dans le brouillard. Moi aussi. J’ai beau habiter au pied des montagnes, j’ai froid et je manque de glisser dans les rues givrées du bord de la Mersey. Non je ne veux pas glisser. Les glissades c’est interdit. Je répète, c’est interdit.

Il ne manquerait plus que je me casse un bras, à quelques heures du match à Liverpool, à Anfield, contre Sunderland. Des années que j’attends ça. Je répète, des années.

Depuis 2007 plus précisément. Un match nul entre les Reds et Wigan, un but marqué par Titus Bramble. La merde. Alors aujourd’hui je suis là, dans la ville qui a vu naître les Beatles et Steven Gerrard, et j’ai envie d’un beau match. J’ai envie de chanter, de crier et je veux des buts. Je répète, je veux des buts.

Le brouillard a laissé place à un soleil rasant. À Anfield je découvre le nouveau Main Stand. Immense, neuf, de couleur rouge brique. Il est magnifique. Je tourne autour du stade, je marche parfois dans le même sens que de centaines de fans, parfois à contre-courant, luttant comme un saumon remontant la rivière qui lui a donné naissance. Le défilé des écharpes rouges donne le tournis, plus que la ribambelle de voitures de luxe garées sur le parking attenant. La pression monte lentement (vous l’avez ?) et le sourire ne quitte plus mon visage.

Je gravis les étages qui me mènent à mon siège, dans le Kop. Ce fameux Kop d’Anfield qui a connu quelques-uns des plus grands moments de football moderne. Je suis heureux d’être là. Je savoure ma chance aussi. J’ai envie de chanter, d’être digne du siège qui m’est alloué ce 26 novembre. Si je suis là, alors je dois pousser mon équipe. Je répète, j’ai envie de pousser mon équipe.

La question est, en aura-t-elle besoin face à la modeste équipe de Sunderland ?

Jürgen Klopp (quel homme) dispose presque de son équipe type, avec la seule absence de Lallana à noter. La victoire sera une formalité je pense, mais dans quelle proportion ?

Et soudain Gerry and the Pacemaker retentit dans la sono. Levée d’écharpes. Levée de postérieurs. Je ne me rassiérai plus.
Vous croyez vraiment que je vais mettre des mots sur le You’ll Never Walk Alone ?
Mais mes compétences s’arrêtent ici, c’est une expérience. J’aurais aimé naître avec plus de talent mais mon clavier reste à quai. Nu comme un ver, aussi utile qu’un bulletin Copé. Si vous voulez savoir ce que ça fait un YNWA dans le Kop, je vous invite à l’expérimenter par vous-même. Je répète, allez l’expérimenter par vous-même.

Ci-dessous, quelques unes de mes photos et vidéos

Le match est en passe de devenir un classique à Anfield. Liverpool attaque et l’adversaire défend, recroquevillé devant son but et espérant convertir l’un des trois contres qu’il aura.

Mais le scénario de Southampton semble se répéter. L’équipe devient trop maladroite dans les derniers mètres, les situations de frappes ne sont pas franches. Il manque ce dixième de seconde d’avance sur le défenseur, celui qui permet de placer sa frappe hors de portée du gardien. On sent déjà les joueurs frustrés, comme s’ils laissaient le doute en eux s’immiscer sur la route du titre. Ils pourraient attaquer comme ça toute la Sainte Journée sans jamais marquer. (ok j’arrête avec De Palmas, c’est lourd)
Comble du malheur, sur un débordement côté gauche, la cheville droite de Coutinho tourne. Elle tourne beaucoup trop. Le magicien sort sur civière et sous les applaudissements sincères et inquiets d’Anfield. Origi est bien accueilli par les fans mais Liverpool est sidéré. Dans le Kop, pas de capo pour donner la « La ». C’est désorganisé, ça chante à gauche et à droite des chansons différentes. Ce n’est pas fluide. Comme si le jeu des Reds se reflétait dans l’attitude de ses fans. Ou peut-être est-ce l’inverse. Mais la connexion est évidente. 

 

La deuxième mi-temps est plus intense. Le Kop sonne plus fort, les Reds poussent et assiègent les buts de Pickford. Sunderland garde son calme mais Liverpool enchaîne les occasions, parfois magnifiques, mais qui ne trouvent pas le fond des filets. Sur chaque ballon, la bataille est féroce. Les duels sont âpres et font mal. Mais en Angleterre, ça ne se siffle pas. 

Cette fois la frustration est palpable. Sur le terrain comme dans les tribunes. Il reste plus d’une vingtaine de minutes à jouer et Klopp (quel homme) harangue le Kop, de son point rageur. C’est le signal. Comme si le 12e homme était le dernier atout qu’il pouvait jouer pour changer le cours de ce match.

Et alors… Et alors mes amis, mes chers lecteurs, je vous jure que la tribune a fait du bruit. Tous ensemble, en même temps, les Scousers ont chanté. Comme si un autre match commençait. Les « LIVERPOOOOOOOL » sont descendus forts des tribunes pour tomber lourdement sur les épaules de Sunderland. Pickford, impérial jusque là est incapable de se détendre pour arrêter le tir enroulé d’Origi. 1-0 ! Anfield a hurlé de joie, soulagé et heureux. Comme si la justice du foot avait rendu un jugement enfin équitable. Le plus dur est fait.

Sunderland n’a plus la force de revenir dans le match. Mané, tout en vitesse, obtient un penalty indiscutable, transformé par Milner.

Il y aurait pu y avoir encore quelques buts mais l’arbitre siffle la fin du match. Le temps pour Klopp et quelques joueurs de nous applaudir. Il faut se résoudre à quitter le stade, à laisser cette place à un autre qui dans quelques jours, viendra à son tour soutenir les Reds. J’espère qu’il les poussera comme je les ai soutenus aujourd’hui.

Comment finir cette journée sans faire une halte dans un pub ? A quelques pas de là, ça se bouscule pour commander une pinte, ça célèbre le but de Tottenham face à Chelsea. mon voyage chez les Scouse prend fin.
Il ne me reste plus qu’à remercier l’incroyable association de supporters français de Liverpool. La Liverpool French Branch, sans qui je n’aurais pas pu être là, pas pu vivre cela. Que ces lignes servent à les remercier pour leur travail désintéressé, leur passion et leur sens aigu du partage. Partager des bières ou un repas avec quelqu’un qui vous raconte comment il a vécu la finale d’Istanbul ou le match retour contre Dortmund l’an dernier, c’est un délice pour les plus fins gourmets. YNWA lads.

 

THE LOCAL HEROES

Karius (2/5) Deux arrêts plein d’autorité mais encore une faute de concentration improbable. Vraiment un point à travailler pour ce jeune gardien.

Clyne (2/5) Impeccable défensivement. Vraiment jamais pris à défaut mais il a été beaucoup gêné dans son apport offensif par le placement de l’attaquant adverse.

Lovren (4/5) Ce me fait mal de le dire car je n’aime pas beaucoup le personnage, mais il a été excellent de bout en bout. C’est celui qui a affiché le plus de maîtrise dans toutes ses interventions. Très costaud dans les duels, excellent dans l’anticipation jusqu’à cette talonnade merveilleuse dans la surface pour Mané. Par contre on oubliera ses frappes de loin.

Matip (3/5) Super fiable dans les relances, mais moins à l’aise dans les longs ballons aériens dans son dos. Il découvre encore les gros duels aériens de Premier League.

Milner (3/5) Le sans faute continue. Il a plus pesé que Clyne offensivement. Un pénalty transformé avec son habituel sang-froid pour couronner un nouveau bon match.

Henderson (3/5) La plaque tournante de l’équipe. Il prend, il oriente, il replace, au pire il intercepte, dans le meilleur des cas il joue long en une touche de balle. Il a joué dans un fauteuil.

Can (2/5) Très volontaire et engagé mais il a encore été maladroit devant le but, comme contre Southampton. Il doit régler ça rapidement s’il veut garder sa place dans l’équipe.

Wijnaldum (1/5) Gini a été décevant en 1è période avant de disparaître complètement en seconde mi-temps alors que l’équipe avait la possession complète de la balle.

Mané (3/5) Vraiment imprécis et maladroit en 1re mi-temps avant de tenter sans succès des gestes de grande classe face au Kop. Il obtient le penalty du break, mais je m’attendais à un peu mieux quand même. Remplacé par Woodburn qui a fêté son premier match pour Liverpool. J’y étais.

Coutinho peu en vue avant de se blesser et de laisser sa place à Origi (4/5) qui a alterné les déplacements sur l’aile et la présence aérienne devant le but. Ses efforts et sa patience ont été récompensés par un but salvateur. Les 3 points sont pour lui !

Firmino (4/5) Techniquement c’est un monstre (son touché de balle, quel régal). Mais en vrai, sa vitesse d’exécution est encore plus incroyable. A ce titre et sur ces deux qualités là, il est vraiment dans la lignée de Torres et Suarez. Lui aussi n’a pas marqué mais c’est un danger permanent et il a offert quelques situations de buts à ses coéquipiers. J’adore. Remplacé par Lucas, fidèle au poste.

YNWA
JustWide

 

La Reds Academy ne marche pas seule, on a plein de copains au sein de la French Branch : liverpool-france.com

5 thoughts on “Liverpool – Sunderland (2-0) Bons baisers d’Anfield

  1. N’Dong, c’est donc 20 M€ pour poser des tacles dégueulasses dans la surface à la 89e.

    Comment tu veux lutter face à des clubs qui posent des valises de billets sur des burnes pareilles ?

    1. T’as regarder le match au moins? Parce que je sais pas si t’es au courant mais il a été énorme tout le match, le meilleur joueur de Sunderland de loin à Anfield.

  2. Super résumé, comme à chaque fois.
    Pour une première dans le Kop elle n’est pas mal celle-là.

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