Manchester United – ASSE (3-0) : La Raide et Vile Academy moissonne les b’lets.

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Et sans se baisser.

Parfois il faut savoir garder le triomphe modeste. Oui, il eut été tentant de se mêler au « peuple vert » de la Divette Montmartre et scruter un à un les sourires qui s’effacent, les gorgées de Pelforth trop chères qui s’enchaînent pour faire passer la résignation, le bruit et la fureur qui se meurent alors que l’on entend plus que l’horrible chasse d’eau de ces toilettes à la turque (qui a encore le droit de proposer ça en 2017 ?). Ô que ce spectacle eut été admirable et réjouissant.

Parce que Satan sait que cette semaine pré-match, subie de France, par un Mancunien fut épuisante. Entre les journalistes qui vous donnaient du « Man U » dans leurs papiers pensant que c’est un synonyme, un surnom, au même titre que Red Devils (alors que c’est un sobriquet à connotation négative utilisé par les supporters adverses), ceux qui essayaient de nous émouvoir d’un duel entre deux Pogba (il y en a un qui est international guinéen, c’est dire le niveau du duel) et enfin les pires : ceux qui nous vendaient un duel entre deux « grands d’Europe ». Ceux là… Avoir perdu une finale sur un « poteau carré » il y a 40 ans, ça ne fait pas de vous un grand d’Europe, madame, tout juste un mauvais perdant qui ressasse sa vie à qui veut l’entendre en espérant encore émouvoir quelqu’un de nos jours.  Non, un grand d’Europe madame, c’est quelqu’un qui a roulé sur le Benfica d’Eusebio, qui fait encore pleurer les supporters du Bayern quand on évoque son nom, qui a empêché l’oligarchie russe de remporter le titre suprême le plus longtemps possible, qui a même réussi à faire marquer Gabriel Obertan dans une coupe d’Europe.
Voila ce que c’est un grand du continent madame.

J’aurais pu donc, m’en aller leur prouver à ces joyeux drilles de Lamarck-Caulaincourt. J’aurais pu monter sur une table en plastique devant l’écran géant, la fin du match sifflée et, le doigt pointé successivement sur leurs mines stéphanoises (vous l’avez ?) déconfites leur hurler « C’est bon, vous avez bien rangé vos rêves d’exploit ? Vous avez compris maintenant ? On ne fait pas jouer Kevin Malcuit impunément dans le théâtre des Rêves ! Non messieurs, vous l’avez voulu, vous l’avez eu, une belle grosse désillusion dans vos fûts » ou quelques choses du genre.

J’aurais pu oui.
Mais j’aime bien les Stéphanois.
Et la vie de châtelain a de merveilleux que parfois elle plombe largement le compte en banque. On a donc suivi ce « choc » depuis le salon.

Permettez moi de remettre ce costume de sinistre prétentieux car il me plaît bien.

Cette défaite, le club Saint-Etienne est allée la chercher tout seul comme un grand et le supporter pourra sans doute passer de longues soirées d’hiver à raconter, autour du poêle, à ses petits enfants, ce match où les Verts ne sont « pas passés loin » de faire flancher l’ogre mancunien commandé par José Mourinho. A l’instar des poteaux carrés, la panoplie d’excuse est déjà prête : « Ah si Hamouma avait cadré cette frappe en début de match. Ou Saivet en fin de première. Ou Roux à la fin. » « Ah si Jorginho était un joueur de foot », « Ah si Malcuit et Veretout ne furent pas aussi mal coiffés », « Ah si Fellaini n’était pas sorti à la mi-temps »… Sers toi peuple du Forez et narre à la France ce que tu as vécu avec les trémolos qu’il faut.

La version moins glamour, celle que l’on contera brièvement ici est simplement que Manchester a réalisé un très beau match de jean-foutre. Nous sommes encore bien trop loin d’une hypothétique finale à Solna pour que les joueurs en aient quelque chose à cirer de cette compétition. Ils ont donc fait le dos rond face à des Stéphanois qui jouaient « le match d’une vie » puis Ibra a marqué par accident sur coup-franc. A quoi bon se forcer à jouer si ça rentre tout seul ?
Et si Lingard entré à la mi-temps pour remplacer Fellaini a entretenu trois minutes l’illusion d’une « rébellion » face à ce visiteur décidément bien agité, nos chers Red Devils ont finalement continué à ne rien faire. Saint-Etienne après 75 minutes de sprint a fini par exploser, pour encaisser deux buts dans le dernier quart d’heure, signés Ibra évidemment. Avec un penalty plus que discutable, cela va de soi. Si le Suédois peut-être agaçant, on ne peut que se prosterner devant son talent de dramaturge. Susciter autant l’admiration et la haine, il le fait sans pareil.

 

Les Diables

Romero (3/5) : On ne peut même pas dire qu’il a bien protégé son but, les Stéphanois ayant tout fait pour ne surtout pas l’atteindre.

Blind (3/5) : C’est sans doute celui qui s’est le moins laisser déborder. Et qui sait le mieux relancer. Après quand c’est Jorginho en face de toi, c’est sans doute un peu plus facile.
Ah et tant qu’on y est sur cette histoire de penalty non sifflé : c’est le Portugais qui a commencé.

Smalling (1/5) : Chris a vendu son âme pour passer une saison dans la peau d’un très bon défenseur central. Depuis il rembourse. Et ça coûte hyper cher apparemment.

Bailly (2/5) : Quand ton voisin et capitaine fait n’importe quoi, forcément, c’est contagieux.

Valencia (2/5) : Au delà de ses ruées de panzer dans le camp adverse, il s’est étonnamment fait secouer par Monnet-Paquet. Et quand on est « le meilleur latéral droit du monde », ça ne passe pas aux yeux du public.

Fellaini (1/5) : On a retenu de sa première mi-temps son sublime but signalé horsjeu.

Herrera (2/5) : Ca surchauffe sans doute un peu. Il profitera de sa suspension au retour pour souffler.

Pogba (4/5) : C’était assez rigolo quand les mecs d’en face voulaient lui prendre la balle. Paul a été partout, a tout fait et ne s’est pas embêté à devoir compter sur les autres. 97e poteau touché cette saison, par ailleurs.

Martial (4/5) : Kevin Malcuit a une pneumonie.

Mata (2/5) : Euh.

Ibrahimovic (5/5) : C’est fabuleux cette relation avec Saint-Etienne. 17 buts en 14 oppositions. Le mec pourrait vouloir dégager en touche que ça finirait en lucarne. Ne vous méprenez pas sur la note, il a fait un match moyen. C’est simplement qu’un triplé en jouant comme ça, ça confine au génie.

Les Suppôts de Satan

Lingard pour Fellaini, 46′ (2/5) :  L’envie, il l’avait. Après, c’est difficile de courir tout seul sur un côté.

Rashford pour Mata, 70′ (NN) : Une entrée, une passe dé. Propre.

Young pour Martial, 84′ (NN) : Ca c’était juste pour expliquer à Galtier qu’on ne craignait plus rien.

 

Une coupe en chassant une autre, ce week-end, ce sont la Cup et un déplacement à Blackburn dimanche qui attendent nos Red Devils. En espérant qu’ils y mettent un peu plus de coeur. 

La bise inféranale,

Luke Seafer

 

 

5 thoughts on “Manchester United – ASSE (3-0) : La Raide et Vile Academy moissonne les b’lets.

  1. « c’est quelqu’un qui a roulé sur le Benfica d’Eusebio, qui fait encore pleurer les supporters du Bayern quand on évoque son nom, qui a empêché l’oligarchie russe de remporter le titre suprême le plus longtemps possible, qui a même réussi à faire marquer Gabriel Obertan dans une coupe d’Europe. »
    Il manque « qui a lancé la légende de Mourinho un soir d’élimination sur un but de Costinha à la dernière minute un soir de mars 2004 »

  2. Bravo cher confrère pour avoir rappelé d’où chacun venait.

    J’ajouterais qu’en mission d’infiltration dans la parcage visiteur de la Divette, je suis reparti à moitié sourd, couvert de bière et quelque peu gêné d’avoir assisté à une victoire si peu mâtinée de panache. C’est peut-être d’ailleurs ce qui m’attriste le plus quant au niveau de nos gagneuses en ce moment : c’est pauvre, bordel.

    Bien sûr le score valide les choix de Mourinho de ne jouer que sur courant alternatif. Mais quand on voit les difficultés derrière dès que le pressing est un peu vénère en face, on n’ose pas trop se projeter face à, par exemple, un club basque dont on ne prononce plus le nom dans cette académie…bref, les Stéphanois peuvent avoir des regrets, mais de notre côté, on ne sera pas sereins lors des prochains matchs.

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