Manchester United – Brighton (1-0) : La Raide et Vile Académie s’analyse

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Première consultation

Chateau de Luke Seafer, bureau, intérieur nuit
Les épais rideaux de velours sont tirés, laissant la pièce dans la pénombre. Seule les vives flammes crépitant au coeur de la cheminée permettent de distinguer la scène qui se tient devant nos yeux curieux. L’habituel imposant fauteuil du maître des lieux a disparu, troqué pour une méridienne, d’un velours rouge en parfait accord avec la pièce. Une méridienne dans laquelle on retrouve Luke Seafer, allongé, les bras croisés. Il parle. Et pas tout seul pour une fois. Non, derrière lui, installée dans un fauteuil, une femme. Oui. Carnet de note et stylo en main, elle griffone, sporadiquement, à mesure que les mots de son interlocuteur dressent le fond de sa pensée… Mais rapprochons-nous discrètement pour savoir de quoi il en retourne…

 

« -Alors oui bien sûr, je sais, ça pourrait être pire, ça peut toujours être pire. J’aurais pu naître à Thionville et m’être senti obligé de supporter le FC Metz toute ma vie… Mais quand même. Vous comprenez, on est le club le plus cher du monde, le plus beau club d’Angleterre et quatre ans et demi après le départ du plus grand coach du Royaume-Uni, on en est encore à se faire peur contre le Brighton & Hove Albion Football Club. Je veux dire, bon ça serait arrivé sous David Moyes, je dis pas, il y aurait eu les excuses. Mais là aujourd’hui, c’est quoi ce cirque ? C’est quoi ce bordel José ? Excusez-moi, je deviens vulgaire.
-Ne vous excusez-pas, laissez aller.
– Oui bon. Enfin voila ce qui me rend fou, c’est que ça fait quatre ans et demi que l’on reconstruit et on en est là.

Non mais quand même, vous vous rendez-compte ?
– De ?
– Ah oui flûte, la compo’ elle n’apparait que pour les lecteurs.
– La ?
– Laissez tomber… Enfin on m’enlèvera pas de l’esprit qu’être le club le plus riche de la planète pour aligner des latéraux qui sont des ailiers de métier, Mata en meneur et une défense centrale avec un ex-espoir inconstant et un mec dont on a toujours pas saisi le potentiel… Ca commence à me courir.
– Vous n’avez pas toujours dit ça concernant certains de ces joueurs.
– Oui mais fatalement la dépression ça remet les choses en perspective.
– Dépression, vous avez conscience du sens de ce mot ? Vous pensez en être atteint ?
– Ecoutez je pense qu’il faut se faire une raison à un moment. Comment expliquez-vous l’heure passée en position latérale de sécurité après le coup de sifflet final ? J’en peux plus de voir cette équipe stagner, d’être deuxième du classement par miracle et d’entretenir les espoirs de tout un peuple alors qu’on sait que tout va se casser la gueule. Tout est voué à l’échec. Tout. On avance pas putain. C’est bien beau de vendre l’image de son club pour faire de la promo de chips à Taiwan, mais si ça sert pas à recruter malin sur le terrain… Quand je lis qu’on veut prolonger Fellaini et Mata… Il y a un moment où je décroche. C’est quoi la stratégie ?  Vous avez vu la gueule du match de samedi ? Hein vous l’avez vue ?
– C’est une vraie question ?
– Oui.
– Non.
– Tant mieux pour vous. On a passé 90 minutes à se faire trimballer par un promu frappé d’un emblème à la mouette. Nous. Les Red Devils. Et on gagne sur une vieille frappe en saucisse de Young détournée par une jambe qui traînait. J’ai honte. Bon sang que j’ai honte. On était presqu’aussi nuls que les mecs d’en face étaient maladroits devant le but.
– Vous en voulez à quelqu’un ? On peut revenir sur ce José dont vous me parliez au début de l’entretien.
– Oui… Non… Enfin… Je lui en veux, oui, c’est sûr. Il est pas le seul responsable, mais va falloir m’expliquer ce qu’il a apporté par rapport à un van Gaal. Plus de victoires dégueulasses peut–être et moins de match nul. Ok. Mais qu’est-ce qu’on est prévisibles et ennuyeux… Quand je pense à l’avenir… Je… J’ai…
– Vous avez peur de quelque chose de particulier.
– Oui.
– Formuler sa peur, c’est déjà vouloir la combattre.
– Je vous paie combien de l’heure pour entrendre ce genre de formule ?
– Allez-y essayez.
– Bon. J’ai… Je… J’ai peur qu’on devienne une sorte d’Arsenal moche. Ou pire… Qu’on devienne un Liverpool sans âme. 25 ans sans gagner de championnat ? On a déjà fait un cinquième du chemin. Ca va vite, ça va trop vite. Et pendant ce temps-là les Cityzens roulent sur à peu près tout ce qui se présente à eux. Et gneugneugneu record de point en championnat, et gnagnagna Gabriel Jesus revient parmi les siens, gnugnugnu Pep Guardiola réinvente le football en couv’ d’un livre des Démanagers… Ca va quoi, bordel.
– Il y a un peu de jalousie donc, aussi.
– Vous pensez ? Mais comment faites-vous pour me percer à jour ? C’est incroyable.
– Ne rejetez pas votre frustration sur moi, je ne suis pas le problème. Je suis là pour vous aider. Au premier abord, et c’est un premier diagnostic, je dirais que vous avez peur que votre club, celui qui vous a tant apporté ne vous trahisse, ne gagne plus, ne vous permette plus de briller en société, vous gâche vos week-ends après des semaines pas reluisantes à damner des âmes pendant vos pénibles heures de bureaux. Vous avez peur que Phil Jones ne revienne jamais de blessure, vous avez peur qu’on n’ait plus peur de vous, vous avez peur de ne plus avoir d’excuse pour cacher votre alcoolisme footballistique, vous avez peur que l’on se détourne de vous pour une voisin plus jeune et plus sexy, vous avez peur d’être has-been. On a du travail monsieur Seafer. On reprendra ça la prochaine fois. Je… Non. Je connais la sortie ne vous dérangez pas, séchez vos larmes plutôt, méditez un peu sur tout ce que l’on vient de se dire et servez vous un verre. Un seul. »

 

Les Diables

De Gea (3/5) 
Il ne demandait qu’à briller sur des fusillades à six mètres, par des parades épiques, malheureusement les attaquants-mouettes se sont évertués à lui tirer dessus.

Young (2/5) : 
A sorti quelques flamboyants dribbles pour destabiliser la défense adverse avant de rendre sagement le ballon sur des centres raté. Je ne peux même pas offrir de bonus clément pour le but, tellement ce ballon ne méritait pas de rentrer.

Smalling et Lindelof (3/5) :
A peu près propre (ce qui n’est pas simple à répéter 10 fois très vite). Viktor a oublié sa traditionnelle boulette (suédoise) qui coûte un but, preuve d’une bonne volonté manifeste.

Valencia (2/5) :
On aime le capitaine, mais il commence à nous gonfler. Sans maîtrise du centre, la puissance du débordement n’est rien. Pitrelli.

Matic (2/5) : Il a passé deux mois à travailler pour deux au milieu de terrain, normal qu’il ait un petit coup de moins bien. Moins tranchant, moins visionnaire, mais tout de même appliqué.

Pogba (3/5) : 
La main ferme il a saisi le témoin tendu par Matic pour permettre de tenir la baraque au milieu de terrain et éviter de sombrer dans le pathétique.

Martial (2/5) :
Inimitable quand il s’agit d’aller s’emplâtrer face à trois défenseurs.

Mata (1/5) : 
« Oui alors je veux finir ma carrière à 40 berges comme Giggs »… Ben c’est très bien ça. Et tu veux pas commencer ta carrière mancunienne, aussi, un peu ?

Rashford (3/5) :
Un peu plus utile que Martial quand il s’agissait d’aller se perdre dans des situations inextricables.

Lukaku (2/5) : 
Pas facile d’exister quand on se fait arroser de centres pas très bien ajustés, entre deux tours de contrôle qui plus est. La rédaction en convient. Mais le jeu général manque un peu d’audace Romelu.

Les suppôts de Satan 

Ibrahimovic pour Mata, 62e (NN) :
Il fait peur aux équipes d’en face et c’est un sentiment particulièrement agréable. Auteur des seules actions dangereuses du match (même la frappe de Young qui « amène » le but l’était moins)

Mkhitaryan pour Martial, 71e (NN) :
Qu’est-ce qu’on va faire de toi ? Reprends toi Rico.

Fellaini pour Rashford, 80e (NN) : 
Je sais plus, j’avais passé le point de non-retour de l’ennui.

 

Prochain match ce soir (!) face à Watford. Et compte tenu des performances récentes, il y a fort à parier qu’on se fasse rincer. 

Bonsoir.

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