Costa Rica – Uruguay (3-1) : La Ticos Académie livre ses boules

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Kimberly se livre un peu plus.

Alors, vous faites moins les malins ? Qui est-ce, la victime désignée du « groupe de la mort », là ?

Pour les amateurs de périphrases éculées, la « Suisse de l’Amérique centrale » rencontrait « la Suisse de l’Amérique du Sud » à Fortaleza, dont il ne m’étonnerait pas d’apprendre qu’on la surnomme « la « Venise du Nordeste ».

 

La composition

Dans les buts, descendu du Ciel pour nous : Keylor Navas

En défense centrale, Umaña, González et Duarte ; sur les côtés, Díaz et Gamboa.

Au milieu : Bolaños (Barrantes, 88e), Borges, Tejeda (Cubero, 74e), Ruiz (Ureña, 83e).

Devant, au milieu, partout sauf dans mon lit hélas : Campbell.

 

L’avis préliminaire d’Eduardo

Eduardo, c’est mon stagiaire salvadorien. Je l’ai recueilli lorsqu’il avait 12 ans, après l’avoir trouvé sous une boule lors d’une séance archéologique sur la plage. Son teint basané traduisait une origine vaguement métisse et des convictions catholiques moyennement assises. Des tares qui l’ont conduit à accepter sans difficulté un modeste emploi non rémunéré, si ce n’est par l’apprentissage de la Civilisation qu’il aurait difficilement pu trouver ailleurs en Amérique centrale, et certainement pas dans son pays de sauvages.

Bref, son pays n’étant pas qualifié pour le tournoi vu que le quota de truands sanguinaires était déjà occupé par le Honduras, je l’autorise donc à assister aux rencontres du Costa Rica à mes côtés. Voici son avis sur la rencontre tel que je vous le livre :

« Costa Rica – Uruguay ? C’est bien, tu vas retrouver la sensation de se faire défoncer par tous les orifices, ça te rappellera la guerre civile de 1948, salope. »

Ne sois pas surpris du ton leste d’Eduardo, c’est un petit jeu entre nous. Je ne déteste pas me faire taquiner gentiment par les gens de peu, ça me fait des petits frissons d’imaginer que ces inférieurs pourraient être mes égaux. Et après, on joue au Conquistador : je le piétine gentiment avec des talons aiguilles avant de lui uriner dans la bouche, ça lui rappelle qui détient la Civilisation. Mais je m’égare et voici que je te dévoile tous mes petits secrets… mais qui n’en a pas, n’est-ce pas ? Hi hi !

 

Le match

En tout cas, pour paraphraser l’un de vos grands auteurs, vos avis sur la faiblesse supposée du Costa Rica, je vous prierai désormais de ne les utiliser qu’en suppositoire. Avec un plan de jeu certes prudent mais certainement pas peureux, et appliqué avec une rigueur extrême, Jorge Luis Pinto a donné à l’Uruguay une leçon en trois temps.

1°) No one shall pass (ou presque).

Une ligne de 5 derrière, une ligne de 4 devant eux, et quand on récupère le ballon, on n’attaque pas à plus de trois en comptant très fort sur les exploits de Campbell et Ruiz. L’Uruguay s’empêtre dans nos lignes et ne parvient guère à nous mettre en danger, même si autour du quart d’heure de jeu, des erreurs individuelles coûtent à notre équipe des occasions, et à moi quatre culottes en dentelle et une housse de canapé. L’erreur de trop arrive lorsque, sur un coup franc de Forlan, Diaz ceinture Lugano et concède le pénalty. Malgré une belle détente, Navas ne peut pas sortir le tir de Cavani et nous voici menés.

Aucun affolement pour autant dans nos rangs. Les consignes sont appliquées avec la même rigueur qu’avant l’ouverture du score, et nous empêchons toujours nos adversaires de créer du jeu. Quant à en créer nous-mêmes, c’est une autre histoire, mais deux facteurs nous permettent d’espérer : l’hyper-activité de Campbell (avec entre autres un amour de missile au ras de la cage) et la nullité apparente de la défense adverse sur coups de pieds arrêtés. Nous sommes victimes d’un ou deux ceinturages tout à fait sanctionnables, mais notre droiture morale sans égale sur le continent interdit à nos héros d’accentuer la faute comme le premier Lugano venu.

 

01_Arrêt Navas

Keylor Navas, lui, se contente d’accomplir des chefs d’œuvre. Tout en simplicité.

 

 

2°) On avance.

Peu à peu, le Costa Rica avance de quelques mètres sur le terrain, sans se départir de son plan de jeu.

En quelque sorte, nous ne perdons pas la boule. Hi hi !

 

Imperceptiblement, les pertes de balles uruguayennes se rapprochent de la ligne médiane, tandis que la défense Celeste est éprouvée par des coups de pieds arrêtés plus fréquents et surtout plus dangereux. Schéma défensif oui, mais certainement pas fermé : lorsque le bon moment survient, les Ticos montrent ce dont ils sont capables en termes de jeu collectif. En un mouvement, la défense sud-américaine s’éparpille plus vite qu’un bataillon argentin devant un strip-tease de Margaret Thatcher ; le mouvement se conclut par un coup de canon de Campbell, qui montre bien que seules les nations d’homosexuels ont besoin de recourir à la Goal Line Technology.

Une égalisation qui récompense notre sérénité, à l’inverse de l’Uruguay dont le vernis d’élégance propre à séduire les ignorants craque pour révéler la vraie nature : une nation qui fait passer pour un excès de virilité ce qui n’est qu’un manque de nerfs. Trois minutes après le but de Campbell, un bleu découpe Ruiz au milieu de terrain. Sur le coup-franc qui s’ensuit, la défense a l’obligeance de laisser Duarte retenter avec succès la même tête qui avait mis en danger Muslera quelques minutes plus tôt. Exceptionnellement ce soir, mes muqueuses n’auront pas recours aux soins glossiens d’Eduardo pour pallier la sècheresse qui les tiraille depuis dix ans.

 

3°) On punit

Notre avantage ne change rien à notre bloc, toujours autant en place. Déjà peu enthousiasmant, le jeu uruguayen s’effrite encore, tandis que Navas continue à faire le nécessaire pour anéantir les rares menaces adverses et que Campbell se démultiplie toujours. Découragés, les Uruguayens semblent n’avoir que pour seul objectif que de remporter enfin un duel aérien dans leur surface [SPOILER : ils n’y parviendront pas].

A cinq minutes du terme, Campbell adresse un amour de passe pour Marco Ureña, en forme d’invitation de la défense uruguayenne à tenir un stand au salon international de la caravane. Notre joueur devance également la sortie de Muslera et envoie d’une trajectoire improbable le ballon rouler dans le petit filer opposé.

L’Uruguay a-t-il tout perdu ? Non : ce génie de Maxi Pereira se dit qu’il pourrait également commencer à saloper le match suivant et gagne sa suspension par la grâce d’une belle balayette d’handicapé mental. Définitivement une belle soirée.

Boule floue.

Les notes

(et je vous préviens tout de suite, un soir comme celui-là, pas question de mettre moins que la moyenne)

K. Navas (5 boules en lévitation) : Les gens qui croient qu’Andrea Pirlo est la réincarnation de Dieu sur terre, faut-il les mépriser ou les plaindre ?

M. Umaña (3 boules un peu fêlées) : Pour que le match soit historique, il faut aussi que l’on ait l’occasion de serrer les fesses, si vous me permettez l’expression. Donc, merci Michael.

G. González (3 boules solides) : Il a souffert, mais il a bien tenu. Comme Eduardo, quand on joue à la pyramide Maya.

ó. Duarte (4 boules, dont une grosse paire) : Grâce à lui, la simple évocation d’un duel aérien suffit à provoquer des terreurs nocturnes aux Uruguayens.

J. Díaz (3 boules, dont une moche au début) : Tendu comme une débutante à son premier bal, il choisit assez illogiquement de danser le tango avec Lugano en pleine surface. Du mieux ensuite.

C. Gamboa (4 boules propres) : Un match sérieux. Sa passe décisive pour Campbell représente la cerise sur le gâteau, ou plutôt la boule sur le jardin, comme on préfère dire chez nous.

Des boules au jardin.

C. Bolaños (3 boules qui roulent) : Son placement plus avancé en 2e mi-temps nous a allégés en défense et donné plus de marges de manœuvre en attaque. En plus il a un joli nom, je trouve.

C. Borges (3 boules aussi) : De même que le précédent, une deuxième mi-temps mieux maîtrisée que la première.

Y. Tejada (3 boules qui taclent) : Sa mère l’a prénommé Yeltsin, mais Joseph aurait été plus approprié. D’une part, c’est moins voyant, d’autre part, tant qu’à faire dans le Russe, cela aurait été plus adapté à sa façon de tacler.

B. Ruiz (4 boules tardives) : Noyé en première mi-temps. Par contre, dès que le bloc s’est trouvé plus haut, il a mené tout son monde comme il le souhaitait.

J. Campbell (5 boules en or massif) : Il a fait resurgir des réserves de cyprine enfouies en moi plus profondément qu’une nappe de pétrole dans le golfe du Mexique.

 

Les remplaçants : Mention spéciale à Ureña, dont le but nous permet de passer les dernières minutes à tranquillement savourer l’exploit

 

La suite

Cette victoire brillante dépasse déjà nos espoirs, du coup l’on ne peut que se prendre à croire à la qualification. Et maintenant, l’Italie. Les erreurs individuelles dues à la maladresse ou la naïveté seront à proscrire, encore davantage que lors de ce premier match. La solidité du bloc, l’espace resserré entre les lignes, seront cruciaux pour gérer les décrochages des attaquants azzurri, tandis que Tejada se chargera de crucifier Pirlo (ça va, ne pleurez pas, puisque vous pensez tous qu’il ressuscitera sous trois jours). Je ne cache pas une petite appréhension sur les ailes en revanche. Petit espoir : Italiens et Anglais ont disputé leur match dans des conditions particulièrement appropriées au marsupilami, moins à des joueurs de football. Vu leur épuisement à la fin du match, pas sûr que trois jours de récupération leur suffisent, ce qui pourrait nous profiter si l’on parvient à les laisser s’épuiser sur nos lignes. Petite crainte : l’Uruguay s’est montré particulièrement décevant, non seulement en défense mais aussi dans le jeu ; nous risquons de devoir franchir une marche considérable en affrontant deux adversaires d’un niveau très supérieur en apparence.

En attendant, on savoure, et je vous quitte en allant siroter un guaro tout en regardant les paysans Honduriens se faire souiller par votre équipe.

 

Bises Kimberly

Bises les coquins,

Kimberly Gutiérrez Yigüirro

 

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