De notre envoyey spécianal à Gilbratar,

Résumé des épisodes précédents ici et .

Suite à l’aval de la FIFA, la double opposition entre Gibraltar et la Bretagne permettra bel et bien de remplacer une Russie exclue de dernière minute de la coupe du monde. Ouest-Mayenne, le quotidien régional qui est lu jusqu’à St Brieuc a donc suivi de près l’évènement.

En début de semaine la presque totalité de la sélection s’est réunie sur la presqu’île de Quiberon, pour un stage presque intensif. Manquaient à l’appel: Ronan Le Crom, qui récupérait des horsjeuïades, Yoann Gourcuff, toujours séquestré par son teckel-papillon, et Gonzalo Higuain, qui aimerait qu’on le laisse préparer sa coupe du monde avec l’Argentine tranquille. Le groupe a pu travailler sereinement pendant près de trois jours, avant de s’envoler vers Gibraltar. L’ambiance de travail paraissait satisfaisante, avec un groupe qui vit bien, des joueurs qui se retrouvent après les entraînement pour jouer aux palets bretons ou aux boules bretonnes, ou aux palets bretons sur PS4, ou aux boules bretonnes sur Xbox 360. La seule petite ombre au tableau, c’est le doute qui subsiste au sein du groupe sur les 7 ou 8 joueurs qui ne feront pas partie des 23 finaux pour Rio. Car même dans le cas où les 3 absents de la sélection en feront partie, il y a encore au moins 4 places indésirables à donner. Des premières hypothèses émergent sur les futurs exclus, mais la rédaction a choisi de ne pas les communiquer, car elles font le jeu du FN.
Pour le capitanat, Jérémy Toulalan aurait refusé, Jérémy Morel se serait proposé mais aurait été refusé. Guy Stéphan hésiterait entre Féret, Danic et Lemoine pour le rôle. Il profitera sûrement de cette double opposition pour se faire une idée. Ne voulant pas donner la moindre indication jusqu’à présent, il a donc choisi Romain Danzé comme premier capitaine d’Ar Skipailh (l’équipe en breton, expression utilisée sur quelques bancs de la faculté Di-Wan à Rennes, mais c’est tout).

Guy est apparu plutôt détendu en conférence de presse mais ne nous a rien appris de bien intéressant. On passera sur les « ce serait une énorme fête pour le football breton » et sur les « il ne faut pas sous-estimer cette équipe de Gibraltar » dont personne ne connaît pourtant le moindre joueur. Cette prudence bretonne l’honore, mais on a quand même du mal à imaginer dans les locaux de toutes les rédactions de la nation région que la défaite soit réellement envisageable.
Pour représenter les joueurs, Guy avait envoyé Anthony Le Tallec, laissant imaginer donc que le joueur serait l’attaquant numéro 2 derrière Gonzalo Higuain. « On règle les derniers détails. Gonzalo sera là pour le match retour. Je n’ai aucun doute là-dessus » a fait savoir Noël Le Graët. Les propos de l’attaquant valenciennois ont été moins notables dans leur ensemble, reconnaissant lui-même qu’il ne savait pas grand chose de l’adversaire. « Je n’y suis jamais allé. Mais je crois savoir que c’est très joli. En tous cas j’ai beaucoup aimé le film qui s’y passe avec les pingouins militaires » a-t-il dit, avant d’être plus évasif sur les questions tactiques puisqu’il « ne pouvait être à l’entraînement quand il (nous) répond. »

 

fsTmY8qEspérant encore un désistement de Gonzalo Higuain, Jérémy Ménez et Damien Le Tallec continuent à s’entraîner durement afin de rejoindre la sélection à la dernière minute

Chez les supporters, on sait à peu près placer Gibraltar sur une carte du monde, mais on a beaucoup plus de mal à bien saisir cette équipe bretonne. A Rennes, on regrette la présence de Nantais dans l’effectif alors que ce n’est pas la sélection des Pays de la Loire. A Guingamp on se dit que cette confrontation ressemble trop à une finale pour faire jouer des Rennais. Dans le Finistère, on déplore la présence de “Mayennais et de Sarthois”. A Brest-même, on critique la BFA pour ne pas avoir tenu compte de leur pétition “Donnons la nationalité bretonne à Bruno Grougi” et on trouve  ça bien dommage qu’il y ait des “Paysans trégorois et des enculés de Cornouillais” sans parler de “la Banlieue parisienne du 35”. A Lorient, on s’inquiète surtout de voir que ce n’est pas Christian Gourcuff le sélectionneur. A Saint-Malo, on préfère organiser la route du rock.

Du côté gibraltarois, la confiance est de mise. Le capitaine de la sélection interrogé par la presse britannique a affiché même plus que de la sérénité, reconnaissant qu’il ne savait pas placer la Bretagne sur une carte britannique et qu’il ne connaissait aucun autre joueur de la sélection que Gonzalo Higuain. Il voit d’ailleurs logiquement cette absence d’un bon œil, considérant que « Gibraltar n’a rien à craindre d’une équipe inconnue d’un pays inconnu (ce qui fait deux fois inconnu).
Pour lui, son équipe est “la parfaite fusion entre le football britannique et espagnol “ en raison de l’emplacement géographique  et de la culture de Gibraltar. Il voit son équipe s’imposer tranquillement à domicile dimanche et même “causer la surprise au mondial”.

Le matin du grand jour, en catimini, Guy Stephan a effectué sa première causerie d’avant match et a dévoilé l’équipe qui démarrera la rencontre. Malgré plusieurs demandes auprès de la population locale, je n’ai pas réussi a trouvé la Catimini et ce n’est qu’en début d’après-midi que j’ai retrouvé le groupe qui se baladaient dans les rues de la capitale. J’ai pu échanger avec quelques joueurs, et c’est même Jérémy Morel qui m’a appris ce que voulait dire catimini. Il n’a, en revanche, pas souhaité me donner plus d’informations sur la composition de l’équipe.

Après une petite sieste dans mon hôtel “Las Mierdas” je décide de me rendre au stade. C’est assez champêtre, mais près de 2300 personnes sont déjà en place. Premier couac, la sono du speaker semble être tombée en panne. L’organisation est obligé de faire appel à un technicien pour résoudre le problème.

GE DIGITAL CAMERAMookie nous a confié qu’il s’agissait d’un problème d’isolation

16 heures 48, les joueurs rentrent sur la pelouse du Victoria Stadium, et une petite incompréhension se fait ressentir. En effet, aucun joueur de l’équipe de Bretagne ne chantent les paroles de son hymne. Il semblerait que la garde républicaine gibraltarronne ait confondu le Bro gozh ma zadoù avec la Tribu de Dana.
Petit malaise donc, mais les joueurs se dispersent sur la pelouse et laissent apparaitre le premier onze en match officiel de la sélection bretonne

 

COMPO

onze-bzh-gibraltar

C’est finalement Gaëtan Courtet qui a été choisi comme numéro 2 en attaque. Il semblerait que Guy Stéphan nous ait tous bien feintés en envoyant Anthony Le Tallec en conférence de presse pendant qu’il se livrait à une séance tactique. Le champion d’Europe des moins de 20 ans avec l’équipe de France n’est même pas sur la feuille de match :

Remplaçants : Perquis, Petit – Rose, Thomas, Montaroup – Ramaré, J. Marveaux, S. Marveaux, Pelé, Veretout – Kermorgant, L. Touré

Un début de match dominé par des Bretons qui peinent à trouver leur avant centre. En effet Gaëtan Courtet est bien cerné par Higginbotham et Chipolina. L’attaquant du Stade de Reims, qui attend toujours son premier but de la saison multiplie pourtant les courses et les appels, sans toutefois parvenir à trouver le bon tempo ou la meilleure position. Il n’y a pas beaucoup de rythme en ce début de rencontre, j’en profite pour échanger avec mon voisin. Il s’agit d’un stagiaire de l’Equipo, chargé du direct live sur le « Mejor sitio web en el word ».

tumblr_n11m43yV7t1r539hzo1_500Abu m’a notamment éclairé sur le schéma tactique des locaux (les fous en Llanito)

Oui, car le saviezvousarsene, en Gibraltanie, on parle le plus souvent l’anglais, mais il existe également une langue qui regroupe des mélanges d’Espagnol et d’Anglais qué s’appelerio pas Quézac mais qué s’appelerio le Llanito. Un exemple, qui peut vous aider en cas de pépin dans ce pays: « Ella said Ella was eighteen años »
Les visiteurs ne se procurent que très peu d’occasions et se contentent de bien faire circuler le ballon. Le milieu Lemoine-Didot-Féret fait remarquablement bien tourner le ballon et met au supplice le milieu adverse. Dommage toutefois que le ballon ne s’approche pas plus de 30m du but adverse. A la 45ème minute, c’est pourtant George Cabrera qui se procure la première occasion du match sur un bon mouvement collectif. Il faudra un grand Samassa (1m91 ou 2m, le joueur ne sait plus, il ne s’est pas mesuré depuis plusieurs années) pour claquer la tentative de centre-tir du local (el loco en espagnol). Dans les gradins, c’est la folie. On célèbre le premier corner obtenu en match officiel par l’équipe gibraltarienne. Un corner qui finira dans les bras de Samassa. C’est sur cette seule occasion que l’arbitre estonien siffle la mi-temps et je profite de la pause pour me glisser le long de la main courante, tout proche des vestiaires, pour aborder Cabrera. Le joueur le plus en vu sur cette mi-temps.

George, como se pasa la primera perioda, lui demandais-je en espagnol ?
– Gofeuc urself, stupidcant, urnot in Madrid ! m’a-t-il répondu dans le patois local que je ne parle malheureusement pas. Mais il m’a semblé que ça ressemblait plus au catalan qu’au castillan.

Gaël Danic a choppé une insolation et doit céder sa place à Bryan Pelé pour le début de la seconde période, Sylvain Marveaux n’étant pas encore totalement remis de sa 27e blessure de la saison. Son entrée a quelque peu dynamisé le front de l’attaque et les Bretons se créent une grosse occasion à la 48ème par le biais de Féret à la réception d’un centre du jeune Lorientais. Son élégante reprise est repoussée laborieusement par le gardien local. La domination est de plus en plus grande et cette fois c’est Danzé qui prend sa chance, mais sa frappe est trop enlevée (54ème). Prenant de la confiance, le capitaine du soir enchaîne dans la minute suivante avec son premier dribble réussi depuis qu’il est professionnel. Malencontreusement son centre est un peu long pour être repris par Pelé. À l’heure de jeu, Le sélectionneur gibraltarien sent que son équipe a un peu baissé le pied et opère deux changements pour densifier sa défense et son milieu de terrain. A la 65ème, on retrouve Cabrera qui se défait de Toulalan et Kerbrat grâce à un magnifique jeu de corps, sans que cela soit sale… mais au moment de conclure, son pied frappeur vient heurter son pied d’appui. Blessé, il est contraint de sortir. Les organismes semblent un peu fatigués côté breton. Guy Stéphan choisit de faire entrer Sylvain Marveaux en lieu et place d’Etienne Didot (73ème) afin de tenter le tout pour le tout. Épuisé par toutes ses courses, Gaëtan Courtet est remplacé par Yann Kermorgant et s’allume une petite clope sur le banc.

A un quart d’heure de la fin Pelé est servi par Marveaux et peut déborder sur son côté gauche. Il trouve la tête de Yann Kermorgant qui est repoussée à bout portant par le portier adverse mais Kévin Théophile Catherine; qui ne savait plus son poste du soir, a suivi et adresse une lourde frappe qui ne laisse aucune chance aux locaux. 1/0 pour les Bretons. « On est au Brésil » chantent les 8 supporters bretons portant chacun avec fierté leurs drapeaux blancs et noirs.
Hélas. Trois fois hélas. Ce qui nous fait quatre hélas, l’euphorie sera de courte durée. Moins de 8 minutes 15 après, Jérémy Morel assure mal sa passe en retrait au gardien, et l’attaquant remplaçant de la sélection gibraltaise dont je n’ai pas retenu le nom en profite pour dribbler Samassa et frapper sur le poteau. Revenant en catastrophe, Jérémy Morel ne peut éviter le ballon qu’il dévie au fond des filets. 1 partout.

Les Bretons auraient pu refaire la différence par une tentative de lob de Féret, bien claquée par le gardien adverse en corner, une grosse frappe de Toulalan, passée à moins de 6m du poteau, et par un penalty que l’arbitre semble être le seul à ne pas avoir vu après un tacle de Chipolina par derrière et en dernier défenseur sur Sylvain Marveaux qui a dû quitter le terrain, poussant les Bretons à finir la rencontre à 10 et à chercher plutôt à préserver le score.

Score final donc 1 partout. Un score qui laisse encore toutes ses chances aux Bretons pour le match retour qui aura lieu jeudi 5 juin au stade Fred Auber. Malgré la déception qu’offre le score final, le rêve d’une participation bretonne à la prochaine coupe du monde reste encore accessible pour tout un peuple un pays entier les gens.

 

Jacques Cuhaler pour Ouest-Mayenne

6 thoughts on “Gibraltar-Bretagne (1-1), Le dernier barrage de la CDM 2014

  1. Je pardonne d’autant plus volontiers le dénigrement de Jérémy, que nous savons tous qu’il sera le héros du match retour avec son but de la 88e minute.

  2. C’est vraiment pas sympa d’avoir mis Samassa en noir. Vous faites le jeu du FN messieurs

  3. Sûr que Jacques Cuhaler a dû donner une très bonne note à Romain Danzé. Vivement le match retour à Fred-AuberT

  4. je comprenais pas comment on ne pouvait faire que match nul, puis j’ai vu « morel »…

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