La Lens académie note Lyon-Lens (3-0)

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C’est un cours magistral qui vous attend.

« Ca y est, chers élèves, on y est : Gervais Nostradamus Martel l’avait annoncé, il ne comptait pas prendre de points contre Marseille et Lyon mais envisage sérieusement de se sauver en jouant (et battant, forcément car il est aussi connu sous le nom de Gervais Ultimate Warrior Martel) tous nos adversaires directs.

Quoi ??? Ca proteste au fond de la classe ? Le ptit Sullivan au fond ? J’entends pas, répète !

Comment ça on a gagné 6 matches depuis août et on doit en gagner quasi autant en 8 matches, statistiquement c’est donc foireux ?
Hey ho, c’est qui le prof ici ? Tu faisais moins le malin au bac blanc, ptit insolent !!

– Hey M’sieur, M’sieur, Gervais Paco Rabanne Martel il avait pas annoncé en 2007 un plan quinquennal avec 3 qualifications en LDC, une coupe et un titre (en 5 ans, je précise pour la grosse Kelly qui sait pas que quinquennal = 5 ans) ? C’est pas un peu foireux de continuer à l’écouter nous endormir ?

– Delsart, 3 heures. Tu feras moins le malin en salle de colle, entouré d’élèves lillois qui se feront un plaisir de te mettre la misère. Insolent va.

Le gros Delsart (c’est vrai qu’il est gros) allait continuer à se plaindre ; lorsque le tragique pris le pas sur le comique footballistique qui nous caractérise tant. Une ombre s’est élevée au milieu des rangs, 2 pognes de mineur de fond se sont posées sur la table, relevant péniblement la masse charpentée du Kraken… euh non, de la grosse nénesse.

Silence dans la salle. Depuis 2004, personne n’a entendu la voix de la grosse nénesse. (Vanessa pour les intimes, … enfin, pour l’état civil). Depuis 2009, elle n’avait jamais daigné se lever avant la sonnerie de fin de cours et ses rares efforts physiques se résument à porter des casse-dalle de son sac à sa bouche.

Instantanément, cette étrange musique envahit la classe de la Terminale STT voie de garage. L’ homme a l’harmonica .

Lentement, Nénesse trimballa sa carcasse jusqu’au tableau, prit la craie dans la main de Mr Hippolyte, lui essuya le filet de sang qui coulait de sa narine gauche, sans doute de peur, et lui intima, d’un regard sans équivoque de retourner à son siège. La vie s’arrêta.

Des ballots de paille traversèrent la salle de classe. Slimane remit son lecteur MP3 sur sa table, la grosse Kelly cessa de mâchonner son Hollywood goût menthol et ce con de Descampiaux arrêta même de dessiner des bites sur sa table. Pire, ou mieux, on sait pas trop, on eût même l’impression que l’acné virulente d’Ingrid cessait d’envahir ses cuisses, faute de place sur son visage bouffi par 4 couches d’eau précieuse.

Dans un silence de mort, hormis l’harmonica, elle commença :

« Il nous restait 9 matches. 8 qui nous confronteront à des concurrents plus ou moins directs, qu’on va donc jouer avec les couilles croisées (de Playtex), qu’il faudra absolument gagner, … et qu’on ne gagnera pas.

En sus, il y avait ce match à Lyon.

  1. On n’y a pas gagné depuis 1872.
  2. On y a marqué 2 buts en 10 ans.
  3. Lille battu, Marseille accroché, Lyon avait là sa dernière chance de jouer autre chose que la 3e place.
  4. Gervais Flamby Martel et Lazlo j’ai appris le Français avec Jane Birkin Bölöni nous ont expliqué qu’ils avaient une tactique fondée sur 2 défaites initiales contre Marseille et Lyon, puis sur un rebond foufou face à toutes les autres équipes. Il est vrai que l’histoire militaire de ces deux derniers millénaires regorge de victoires basées sur 2 branlées initiales. Les Egyptiens à Actium, Abd El Rahman à Poitiers (face à l’aïeul de Gervais), la France en 40, les Ricains au Viet-Nam, tous ont montré qu’en général, les troupes sont plus enclines à aller au charbon quand la dynamique est mauvaise…

Dès lors, étant donné qu’on n’avait rien à perdre là-bas, quel était notre intérêt de jouer à 8 derrière, avec comme seuls mecs autorisés à passer le milieu de terrain, Jemaa, postulat de la relativité étendue à l’efficacité devant le but, Akalé et l’inénarrable Démont ???

On savait qu’en jouant le 0-0, on allait finir par perdre :

– Soit version petite bite, hein Kevin !!! (des ahahah étouffés semblent à ce moment ne pas oser pourfendre la chape de silence abattue sur la classe), où on finit par prendre un but à la 93e, nous permettant d’arguer «  qu’on était bien en place, et que sur un contre mieux négocié on aurait pu l’emporter…. Gnagnagnagnagna… »

– Soit version Siège de Constantinople, 1453. Les troupes de Mehmet II, 150-200 000 hommes, près de 130 navires, déboulant sur le râble de Constantin XI, 10 000 mecs et 20 navires. Le tout finissant en une boucherie totale. (Halal, pour les puristes).

Dès lors, un mec un peu couillu, aurait pu, sur un malentendu, motiver ses gars de la sorte.

Ou leur dire :

« Tout le monde vous voit perdre, moi le premier.

Mais, plutôt que de jouer à 11 derrière, attendant l’inéluctable défaite, on va provoquer, on va découper, on va planter des banderilles, on va leur rentrer dedans. On va jouer comme des crevards, comme si demain, ce putain de réacteur japonais allait péter et que la Terre allait exploser. Demain, il n’y a plus rien. Demain, c’est fini. Il vous reste une soirée, à vous de voir si vous voulez la passer en tremblotant près du feu ou si vous allez provoquer cette putain de mort et lui mettre une bifle provocatrice.

En face, ya une équipe qui joue mieux que vous. Mais en face, y’a aussi un public qui attend la 1e occasion pour dézinguer son général. Y a une équipe qui joue avec un slip encore tâché par leur fin de match à Nice. Y a une équipe qui joue avec Jimmy Briand. Putain les mecs, Jimmy Briand. Et vous allez avoir peur de ces gars là ? De Gourcuff ??? Un mec qui pourrait faire de la pub pour Hello Kitty ?

Moi je vois en face de moi 11 équarisseurs de la pire espèce, 11 hyènes qui crèvent la dalle, 11 cinglés qui feraient passer Hannibal Lecter pour un Bisounours. Je veux que sur le terrain, ce soit Saw, ce soit Hellraiser. On verra derrière si Gourcuff, Briand, ou Pjanic vont faire les mariolles, on verra qui aura peur de qui… »

A ce moment précis, Kevin a vomi.

La grosse nénesse a alors tourné son regard boursouflé par des années de chips au bacon, et toisé celui du prof d’histoire. Celui-ci, et c’est là qu’on se dit que la nature est quand même bien faite, ne faisait plus qu’un avec son mobilier. Mi siège en skaï, mi bureau en aggloméré.

« Vous savez néanmoins tous ce qu’il s’est passé. On a joué comme des tarlouzes, cul nu, regard bas et vide, face à une équipe qui s’était préparé à ça. Bien sûr, on a tenu une petite heure, histoire de se donner des regrets, mais on connaissait tous la fin de l’histoire. En restant derrière comme des cons, on en a quand même pris 3. Démont n’a pas réussi une passe et a même réussi l’exploit de faire passer Benny Hill pour un samouraï.

Alors, si quelqu’un ose me dire que la branlée qu’on a reçue hier, indique qu’on va soudainement se relever et désosser le tout-venant, je veux bien lui indiquer la route vers mon poing, celui-ci se fera un plaisir de lui déchausser 2 ou 3 incisives. »

Les tarlouzes :

Runje. 2/5. Bien caché derrière une putain d’échauguette, il a évité quelques (Michel) Bastos, mais n’a pu empêcher le naufrage. Son absence de coup de gueule inutile en dit long sur sa résignation.

Bédimo. 2/5. Tellement terrorisé qu’il a préféré se suicider plutôt que d’avoir à faire face au barbu d’en face. Au pays des Lions Indomptables, tu serais une gazelle qui tortillerait du cul face à la mort, et tu serais bouffé.

Aurier.  3/5. Briand marche encore, il lui reste ses deux jambes. Tu as échoué.

Touré. 2/5. Envoyé au front alors qu’il était encore tout jeune, il est rentré à la maison en victime expiatoire.

Yahia. 1/5. Féminin de Yoyo. Autant vous dire qu’à la guerre, ça en impose moyen.

Hermach. 2/5. Sorte de sentinelle chargé de veiller sur les remparts, il devait en outre mener les charges de cavalerie vers les territoires adverses. En somme, une sorte de Lawrence d’Arabie, mais joué par Pierrette Brès.

Varane. 2/5. Sorte de barrage castor au milieu de l’Amazone. Un truc plutôt bien bricolé, mais qui fuit de partout.

Roudet. 2/5. Marathonien du vide, ouvrier de l’inutile, sa phobie du sang l’a incité à combattre avec une épée mouchetée. Aussi dangereux qu’Alcor dans Goldorak.

Démont. 1/5. La stratégie pour les Nuls. Chapitre 1, paragraphe 2. « Lorsque vous voulez vérifier qu’une arme est chargée, nous vous déconseillons de pointer celle-ci vers votre pied afin d’en extraire l’éventuelle cartouche restée dans le chargeur. » A priori, Yoyo n’a pas encore fini le paragraphe 1.

Akalé. 2/5. A voulu revivre les épopées militaires du Moyen-Age. Sauf que 1000 ans plus tard, il est devenu complètement idiot de jouer le bélier face à un mur en acier. S’est donc pété une corne.

Jemaa. 1/5. Mr et Madame Lamoncu ont un fils : Jemaa.

Les planqués.

Maoulida. N’a pas voulu lire les règles du jeu. Ne sait donc pas qu’un hors-jeu profite à l’adversaire.

Sow. Seul mec un peu impliqué dans le combat, il n’a malheureusement pas pu planter son cure-dents dans le char d’assaut adverse.

Pollet. Ce match étant une vulgaire supercherie, il ne pouvait finir que par une bonne blague belge.

La grosse Nénesse repartit à sa place. Le prof ouvrit son tiroir, y vomit, le referma.

Le gros Delsart, c’est vrai qu’il est gros, trempé de sueur, tournait de l’œil. Il eût juste le réflexe d’ouvrir son sac US, et d’y quérir son sandwich à la mortadelle. Malheureusement, la 2e couche d’alu eût raison de ses forces, il s’évanouit sur la table, le visage blafard collé à la bite dessinée au Tip-Ex par Descampiaux.

Kelly ne mâchonnait plus, ses dents s’étant déchaussées.

Il ne restait plus qu’à attendre la fin du cours… et la descente à l’étage d’en dessous, pour une insipide récré.

Pour ceux qui voulaient parler un peu de foot : www.rclensois.fr

24 thoughts on “La Lens académie note Lyon-Lens (3-0)

  1. Exceptionnelle académie. Bravo. Vraiment.

    (seul bémol: mettre un lien vers du Al Pacino doublé en français est normalement passible de peine de mort. Mais pardonné cette fois-ci, au vu de la qualité du texte)

  2. Je ne sais pas quoi penser exactement de cette défaite. D’un côté j’ai les paroles optimistes de Martel, de l’autre, le trou qui se creuse au classement. Je reste persuadé que le maintien ne se jouait pas sur ces deux matches contre des candidats à la LDC, mais en même temps, grappiller des points aurait pu être possible. L’avenir sera décidé la semaine prochaine contre Brest, et ce petit Nolan, que Gervais n’aurait jamais dû laisser partir, puis à Auxerre si on obtient un résultat positif à Bollaert. Mais j’ai comme le sentiment que ça risque de se transformer en croisade contre des moulins, pour reprendre ta métaphore des guerres perdues d’avance. C’était y a 6 mois qu’il fallait mettre les couilles sur la table les gars.

  3. Superbe académie ! On visualise la scène comme si on y était. On aurait bien aimé vous filer un coup de main en battant Auxerre, mais même ça on y arrive pas.

    Courage pour la fin de saison.

  4. Tellement j’ai kiffé, je me mets en boucle le clip de Shéryfa Luna  » Il avait les mots »

  5. Fantastique. Et pourtant je suis nourri aux académies de Claude Pèze, mais là, chapeau.

  6. Superbe académie,

    J’ai ris, j’ai eu peur, j’ai pleuré. Comme les Lensois devant une prestation de Demont.

    Courage (mais est-ce que ça suffira?)

  7. Putain, y’a pas à dire, la déprime ça vous inspire. Continuez comme ça !!!
    Un grand moment académique.
    Courage !!

  8. Formidable, j’espère vraiment que Lens ne sera pas au niveau de son académie sur le match contre Brest !

    Quoique si on joue au niveau des académies de Roazh on aura un match de gala, un vrai, avec Messi et Iniesta sur le terrain et…

  9. Chapeau bas. Luissette, tu (je peux te tutoyer?) m’as emmene bien loin, pas loin d’un Petit Nicolas rehausse a la sauce Mayo, grand moment, c’est pour des eclairs pareils que horsjeu merite d’exister (ca et les vannes de moke).

    Et desole pour Maoulia, c’est pas nous qui vous l’avons refile.

    Une bonne saison en D2 pour epurer un peu tout ca et on vous revoit en forme en 2012?

  10. Merci les gens, plaisir de me rendre compte que mes délires peuvent être appréciés.

    Ca sauvera sans doute pas le Racing, mais m’évitera au moins la dépression…

  11. En près de 26 ans, j’ai jamais autant rigolé devant un article (si, si, ce n’est pas le premier de l’académie que je lis). Des rires, des pleurs, des frissons…et en bonus, j’ai appris plein de truc. Si les Lensois étaient aussi fort que vous l’êtes dans le registre satirique, il jouerait le Barça à l’heure qu’il est. Je vais devenir accro!!!!!!!!!!!!

  12. Magnifique, ta poésie contraste bien avec celle du RC Lens, communsymbole blanc sur fond noir.

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