Saison 2016/2017 – La Forez Académie dresse le mi-bilan

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Le portrait tiré à mi-saison fait un peu la gueule.

Une moitié de saison s’est déjà écoulée, et il est temps de tirer quelques enseignements. En attendant les ajustements du merscato d’hiver, la Forez Académie fait le point sur ce qu’elle a vu jusqu’à présent.

  1. Le jeu passé à la verveine par Roland Gromerdier

Un schéma confus. Galtier avait parlé de 4-4-2, finalement il a démarré en 4-3-3. Puis il a remis son 3-5-2 au goût du jour, avant d’expérimenter un 3-4-3 plus original. Sauf que nous (et les joueurs), on est complètement paumés. Autre chiffre remarquable : 28 joueurs utilisés, c’est tout simplement le record en Europe si on ne considère que les 5 grands championnats. Le onze titulaire est renouvelé partiellement d’un match sur l’autre (seul Ruffier enchaîne les matches avec régularité), et certains joueurs sont utilisés à des postes inhabituels (Saint-Louis ou Monnet-Paquet en piston dans le 3-5-2, Dabo en défense centrale). La cause ? Les blessures ? Argument recevable, tant certains ont passé plus de temps à l’infirmerie que sur le terrain (Beric, Lemoine, Hamouma, voire même Søderlund). Seulement il est juste inconcevable qu’au bout de 3 saisons de suite en Europa League, le staff n’arrive pas à gérer la forme physique de l’effectif. La répétition des matches ne doit pas tout excuser, il y a clairement un problème à ce niveau-là. Pour moi, les soucis viennent aussi de ce schéma tactique indécis. Beaucoup trop d’hésitations sur la formation à utiliser et la désagréable impression que la formation est reconduite (ou pas) en fonction des performances du match précédent. Aucune ligne directrice, ni de projet de jeu : si on a gagné, on garde. Si on a perdu, on change.

Un jeu trop stéréotypé. Prenons comme exemple le schéma utilisé le plus souvent dernièrement : le 3-4-3 avec Malcuit en piston droit. M’Bengue ou Polomat étant beaucoup moins à l’aise offensivement sur l’autre aile, toutes les attaques passent donc toujours du même côté. Sauf qu’en cas d’absence ou de méforme de Malcuit, plus rien ne fonctionne. Les joueurs comme Saivet ou Veretout ne proposent rien et ne percutent pas assez pour déstabiliser la défense. Contre Anderlecht, les 3 buts sont venus du côté droit, et ça a souvent été le cas cette saison. Sans rééquilibrer l’attaque et sans varier les combinaisons, Sainté est devenue une équipe prévisible qui marque très peu. Des joueurs de la qualité technique de Veretout, Saivet ou Dabo doivent prendre leurs responsabilités et animer un peu plus le jeu. Surtout que dans un 3-4-3 ou un 4-3-3, si l’un des milieux axiaux se projette, il reste toujours le 2e pour couvrir, éventuellement soutenu par l’un des milieux de côté. Et pour arriver à cette configuration, il faut que le système très rigide de Galtier, avec beaucoup de couverture défensive et très peu de prise de risques se déride un peu : l’équipe a besoin d’avoir un cadre global sur lequel construire son identité, mais ce cadre ne doit pas inhiber les seuls joueurs créatifs que l’on peut avoir. Ou alors on revient à un milieu Clément-Lemoine-Pajot, très solide défensivement mais sans aucune imagination. Et ce n’est pas la solution que je préfère.

Une attaque inefficace. Si les ballons arrivent peu, les rares à se trouver dans les pieds des attaquants sont souvent mal exploités. Pour le dernier match face à Nancy, les Verts affichent le ratio terrible de 18 tirs pour 3 cadrés. Et bien sûr, 0 but au final. Beric, Roux, Søderlund ont tous loupé des occasions immanquables à un moment de leurs saisons, et ça pèse lourd au final. On peut toujours discuter de la qualité intrinsèque des joueurs, mais je pense quand même qu’un joueur comme Beric par exemple est loin d’être maladroit. Sauf qu’il est en train de le devenir par perte de confiance, et quand ton attaque repose sur un joueur maladroit et qui se blesse souvent, t’es pas au mieux. A titre personnel, je milite pour avoir un entraînement spécifique pour les attaquants, afin de les faire travailler sans relâche la finition. Et c’est là où je me questionne sur le rôle de Lobello, dont les effets sur l’équipe me semblent bien maigres par rapport à la saison passée (voire même, c’est pire). René, ton job pour 2017, c’est de faire bosser tes attaquants pour qu’ils tirent pour marquer et pas seulement pour la feuille de stats.

 

  1. Les recrues bues par Robert Binouzaret

Lacroix : six premiers mois plutôt positifs. Il a joué plus de matchs qu’on pouvait penser. Le grand Léo (pas Messi hein…) est costaud, dur sur l’homme. Le type de joueur dont on a besoin aux côtés de Perrin. On crache souvent sur les recruteurs stéphanois, mais ils ont été le chercher le dernier jour du mercato en Suisse et représente un bon investissement. A confirmer sur la deuxième partie de saison et surtout améliorer ses défauts : cartonite aigue (5 cartons jaunes en 13 matchs) et justesse technique encore trop hasardeuse. Enfin, il ne profite pas assez de sa taille sur les coups de pieds arrêtés.

M’Bengue : alors la… J’ai même pas les mots. Nullisime. Seule chose qu’on peut lui accorder : il a été blessé à deux reprises dès le début de la saison et donc pas évident de reprendre le rythme ensuite. Dans le jeu offensif, il n’apporte rien et défensivement c’est très léger. La bonne nouvelle a été de le voir partir à la CAN avec le Sénégal. Une recrue à gauche et vite. Ça sent à plein nez l’erreur de casting. Si Rennes l’a laissé partir libre, c’est bien qu’il y avait une raison.

Veretout : je suis un peu partagé sur son cas. J’aurai tendance à dire que c’est une bonne recrue et qu’il correspond clairement aux valeurs du club. Il se bat, mouille le maillot, il a beaucoup joué sur cette première partie de saison. Mais le bémol est que son impact sur le jeu est trop faible : on lui a demandé, sans doute à tord, d’être le passeur décisif de l’équipe avec Saivet. Il reste selon moi un simple milieu relayeur, efficace dans ce rôle. Je suis persuadé qu’il va monter en puissance sur la seconde partie de saison.

Saivet : il est avec M’Bengue l’autre déception parmi les recrues. Il paraît lourd et incapable d’accélérer le jeu de l’équipe. Il bénéficie d’une très bonne technique balle au pied, ce qui lui permet quelques gestes de classe, mais c’est insuffisant. Il va partir à la CAN avec le Sénégal et devrait donc rentrer à Saint-Etienne déjà bien épuisé. Difficile donc de savoir s’il sera dans de bonnes conditions pour son retour avec les Verts.

Dabo : il l’a dit lui même, il s’attendait à jouer plus. Mais Galtier lui a bien fait comprendre qu’on ne devenait pas titulaire comme ça à Saint-Etienne. Et oui mon grand, le MHSC c’est pas les Verts. Il avait fait une pré-saison prometteuse avant de se blesser. Cependant, ses dernières sorties avant la trêve ont été encourageantes car il commence à se lâcher un peu plus. S’il revient avec les mêmes intentions, on devrait le voir un peu plus en 2017. Les six mois d’adaptation sont maintenant terminés, et on fera le bilan en fin de saison.

 

  1. Les compétitions fumées par Gruger Rocher

Coupe de la Ligue : Lors de son entrée en lice, en 8ème de finale, Sainté joue Nancy. Correa tient un discours défaitiste, les médias s’attendent à une qualification, surtout que Galette aligne Perrin, Beric. Les supporters ? Ils avaient peur puisqu’ils regardent les matchs. Au final, Sainté se plante et perd Ruffier. Tout ça contre un promu, dans une coupe qui offre une place européenne en 4 matchs.

Coupe de France : Sainté jouera son premier match ce dimanche 8 janvier 2016. Ce sera contre l’Iris Club de Croix, une équipe de CFA. Un match à notre portée. La Coupe de France devrait sans doute devenir un objectif majeur du club. Pourquoi ? Parce que éliminée en Coupe de la Ligue et distancée en Ligain, l’ASSE doit trouver un moyen d’être européen l’an prochain. C’est une question de budget mais aussi d’image.

Europa League : Il s’agit clairement de la satisfaction de la saison. L’ASSE a bel et bien gagné en expérience et le prouve en terminant première de son groupe. Plutôt une bonne performance, vu l’opposition de Mayence et Anderlecht, et compte-tenu du voyage en forme de piège contre Qäbälä. Pourtant, ce fut laborieux. 1-1 chez Mayence, 1-1 contre Anderlecht, Sainté se réveille à Geoffroy avec une première victoire 1-0 contre Qäbälä. Au retour à Bakou, Sainté se lance définitivement avec une seconde victoire (1-2). Mais les Verts ne confirment pas lors de la réception de Mayence. Compte-tenu de la physionomie du groupe, c’était se mettre en danger (Mayence aurait pu revenir à hauteur de point et nous passer devant au goal average). Mais lors du dernier match, les Verts vont s’arracher contre les Belges pour aller chercher une victoire épique et inespérée. On aura bien craqué nos slips sur ce coup. Mais voilà, la récompense est là : qualification assurée et un seizième de finale contre Manchester United. Deux matchs de gala, mais il ne faut pas oublier qu’il faut viser la victoire et s’arracher, dans la plus pure tradition stéphanoise. Les Mancuniens sont en train de trouver la bonne formule (aucune défaite depuis novembre). Pas dit qu’on aura réglé nos problèmes de jeu d’ici là…

Ligain : Le dossier qui fâche et qui attriste le plus. Sainté traîne actuellement son spleen à la 8ème place du classement. Pire, la 4ème place est hors d’atteinte, et même Guingamp et Marseille commencent à nous distancer (+4 points). Et vu l’impact de Garcia sur l’OM, cela n’ira pas en s’améliorant… L’ASSE a pêché physiquement, certes. Une avalanche de blessés en début de saison, des absences handicapantes sur la durée (Perrin, Hamouma, Beric, Ruffier)… Cela n’a pas aidé, forcément, tant dans l’impact comptable immédiat que dans la mise en place d’un plan de jeu. On le voit, on le sent, si Hamouma et Beric sont là, on a plus d’air devant. Nous pourrions avoir, sans doute, 6 points de plus. Oui. Mais malheureusement, le constat reste le même : Sainté joue mal, on s’emmerde et l’équipe s’expose à l’usure des matchs au cordeau. Il y a aussi quelque chose dont personne ne parle dans tout ce que j’ai pu lire : Sainté a aussi pu briller ces dernières années, à la fois grâce au projet stéphanois, mais aussi grâce à l’absence d’une concurrence viable et durable. L’ASSE est régulière depuis plusieurs saisons, c’est un fait. Mais cette année, il y a plus d’adversité que précédemment. Monaco, le PSG, l’OL sont toujours là. Nice confirme en beauté. Et plusieurs équipes ont bien débuté la saison, telles que Toulouse ou Guingamp. Longtemps, Sainté a pointé derrière ces équipes, au coude à coude avec le Stade Rennais, qui propose enfin un projet cohérent. En ce moment, l’OM revient en force et cela ne devrait pas s’arrêter. Tout cela pour dire une chose : Sainté est dans un cycle de transition, et cela est toujours compliqué à gérer pour un club. Sainté fait face à une certaine usure d’un modèle qui a fait ses preuves, il faut toujours du temps pour se remettre en cause, se renouveler et insuffler une nouvelle fraîcheur. Galtier prend cette nouvelle situation de plein fouet. Mais indépendamment de tout cela, d’autres places fortes s’érigent dans le football hexagonal, à l’image de Nice, qui a fait rentrer des investisseurs sino-américains dans son capital de façon contrôlée, avec  un projet sportif qui tient la route, malgré des départs clés à l’intersaison (Ben Arfa, Germain, Puel, Mendy). Sainté va avoir de plus en plus de mal à s’exprimer dans un tel contexte, même si l’équipe recommence à bien s’exprimer. Pour le moment, l’urgence est de retrouver un fond de jeu. Un vrai fond de jeu, afin d’arracher ces victoires qui nous échappent, et de faire le break pour se mettre à l’abri dans ces matchs couperets qui tirent sur les organismes. L’avenir sur le long terme, c’est une autre histoire.

 


Roland et ses collaborateurs tiennent à remercier EVECT, pour ses infos quotidiennes sur le club, le site asse-stats.com, qui est une mine d’infos chiffrées sur les Verts, Furania Photos pour ses images des tribunes stéphanoises à domicile comme à l’extérieur, ainsi que Poteaux Carrés, où l’on trouve un peu de tout.

N’oublions pas aussi d’encenser la Divette de Montmartre, qui permet à Roland d’étancher toutes ses soifs (de victoires et de houblon).

Si tu veux te bidonner sur des images qui bougent, alors Fouillasse est ton ami. N’oublie pas d’aller voir sa boutique avec pleins de t-shirts faits maison.

Enfin la fine équipe est aussi présente sur les réseaux sociaux, alors n’hésite pas à venir nous voir et à tailler l’bout d’gras, la page FB de la Forez Académie est fort enjaillante.

Et tu trouveras Roland sur fessebouc aussi, et sur touitère. Il ne mord pas et certains le disant même plutôt sympa. Gruger est aussi  sur le sôchôl net-oueurk, tout comme Robert Binouzaret : viens donc les saluer.

4 thoughts on “Saison 2016/2017 – La Forez Académie dresse le mi-bilan

  1. Voyez bien que nous finirions par être d’accord au sujet de Galtier…Serait-ce la saison de trop ? Jusqu’à maintenant elle reste potable mais comme vous le pressentez, la seconde partie de saison risque d’être compliquée, très compliquée, à moins que…
    Toutefois vos dirigeants seraient bien inspirés s’ils commençaient à préparer la saison prochaine dés maintenant car il n’y aura pas que l’entraîneur à renouveler. Sainté connait une puberté difficile et a du mal à passer le cap pour faire parti des grands à l’échelle nationale. Il vous faudrait trouver votre Lucien Favre. Et des joueurs qui ont les crocs.

    1. Galtier jouait gros dès le début de la saison : il a demandé les pleins pouvoirs sur le recrutement, un staff élargi, et la direction lui a donné. L’effectif est façonné comme il l’a voulu. Après, est-ce qu’il a fait les bons choix ? On sent clairement une usure des 2 côtés à son sujet (direction et supporters), alors qu’il a souvent fait le coup de la réflexion en fin de saison et durer le suspens (moins la saison dernière, il sentait peut-être déjà le vent tourner) : ça sent la fin de cycle.

      Maintenant, ça serait stupide de le gicler en cours de saison : à part se tirer une balle dans le pied, je ne vois pas à quoi ça sert. Ce qui me semble plus problématique, c’est que le ménage doit être fait sur plusieurs niveaux à mon avis : communication, formation, staff médical,… Il faut réinstaller des personnes compétentes dans tous les domaines car un entraîneur seul ne pourra pas s’en sortir. Et pitié, qu’on ne nous ressorte pas les éternels Antonetti, Gillot, Girard, Fernandez (Luis et Jean), Lacombe, etc… Tu parles de Favre, mais Nice a des moyens financiers bien plus conséquents que Sainté et ne l’a pas attiré avec des miettes. Un peu comme Garcia chez vous. Un bon entraîneur ça coûte cher, et je ne sais pas si on a les moyens de s’en payer un.

      Sainté peut encore jouer sur sa stabilité, mais ça ne durera pas éternellement. Il faut un vrai projet, et pas seulement des effets d’annonce comme Caïazzo sait le faire : socios, miser sur la formation, etc…

  2. Bravo messieurs pour cette analyse très lucide. Cependant il me semblerait que vous ayez omis un autre souci qui a une assez forte répercussion sur ce que l’on voit sur le terrain : le centre de formation.Nous n’avons aucun jeune capables se mettre la pression aux gars de l’effectif.Nordin est trop febrile à mon goût et manque énormément d’impact dans le jeu et dans ses dribbles, Polomat ne montre rien et ne montrera rien de plus je pense il est seulement »correct ». Idem pour Karamoko et Pierre Gabriel.Et aucun milieu de terrain axial surtout issu du centre régulièrement appelé.Bref on se fait chier et peu de motifs d’espoir pour l’avenir si ce n’est Selnaes et Tannane.

    1. Merci pour le commentaire :). Tu as raison sur la formation, ça rejoint un peu ce que je disais au-dessus sans trop développer : il faut repenser la gestion du centre, et arrêter les effets d’annonce sur « on compte sur les jeunes parce qu’on a pas autant de moyens que certains ». Si je suis persuadé que certains jeunes pourraient percer, il faut aussi leur laisser le temps de s’aguerrir et pas les foutre au placard trop vite ou les cramer en CFA2 (championnat de bouchers) alors qu’ils ne sont pas encore majeurs. Pour Nordin, tu es trop dur dans ton analyse : laissons lui le temps. Il n’a que 19 ans ! On ne formera pas que des surdoués aptes à jouer en pro dès la puberté, il faut les accompagner, les faire jouer et leur donner confiance. Sans ça, on ne sortira plus rien.

      Autre point noir : les éducateurs. Bernard David qui est directeur du centre depuis 4 ou 5 ans n’a jamais fait ses preuves alors que c’était censé être un cador. Un mec comme Bouhazama qui est maintenant directeur du centre de formation d’Angers n’aurait jamais dû partir. Certains éducateurs devront sans doute faire leurs bagages si jamais Galtier s’en va et ça sera pas un mal, loin de là. Par contre, il faudra les remplacer par les bonnes personnes. On a des infrastructures au top, une équipe fanion qui marche bien, et des jeunes prometteurs (sans forcément annoncer que ce soient des cracks, attention) : reste maintenant à les faire éclore pour qu’ils puissent apporter un peu de sang neuf et de talent à l’équipe première, et ne pas juste jouer les utilités en cas de blessures.

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