La bataille du milieu de terrain n’est pas qu’une phrase toute faite, c’est aussi une vraie réalité qui décide presque toujours de la physionomie d’un match (au-delà de l’évolution du score) et souvent de son vainqueur. Quand une équipe ne possède pas l’attaquant capable de récupérer les balles aériennes, ce qui permettrait de sauter les lignes, elle est obligée à un moment ou l’autre de passer par le milieu. Et si elle y est dominée, la tâche est beaucoup plus compliquée. Quand une rencontre met aux prises deux formations équivalentes, ici des 4-2-3-1, les duels sont essentiels.

 

 

 

Rakitic vs Xabi Alonso

Il n’y a pas forcément besoin d’être un excellent défenseur pour empêcher son adversaire direct de développer son jeu. Premier relanceur, avec une qualité de passe qui n’est plus à démontrer, Xabi Alonso faisait face à un Rakitic au talent surtout offensif. Inutile de chercher à faire la même chose que l’Espagnol en mieux ou de vouloir construire, surtout quand on mène au score, il faut détruire son jeu. Le Croate a donc passé son match à suivre Alonso partout sur le terrain, se jetant n’importe comment et courant comme un fou. Du grand n’importe quoi la plupart du temps, avec notamment un carton à la suite d’un tacle pas du tout maîtrisé, mais une grande efficacité : menacé en permanence, le Madrilène n’a jamais eu le temps de réfléchir et de contrôler le rythme de la rencontre. Comme une mouche ruine des nuits sans autre but précis que de voler dans la pièce, Rakitic a ruiné le match de Xabi en étant partout. Déstabilisant, surtout quand on est habitué à des duels conventionnels face à des joueurs qui ont l’habitude d’un tel rôle. L’improvisation a empêché la rationalisation et l’adaptation.

 

Trochowski vs Di Maria

Le 4-2-3-1 annoncé par Séville était en réalité tronqué. Tandis que Navas évoluait dans un vrai rôle d’ailier, Trochowski se trouvait légèrement plus en retrait, au cœur du triangle entre Arbeloa-Khedira et Di Maria. Arbeloa ayant à nouveau prouvé ses limites pour sortir du lot dans un collectif composé de grands joueurs, et Khedira recevant peu de passes de Xabi Alonso, la menace offensive sur l’aile venait surtout de Di Maria. L’Allemand a fait un choix délibéré : laisser Arbeloa tenter sa chance sur l’aile, et s’occuper plutôt de l’Argentin. Rarement capable de gagner des duels en un contre un, ses rares percées étaient bloquées par une compensation défensive de Navarro ou Maduro. Quand Di Maria ne prend pas de vitesse, il est contraint de faire la différence sur sa qualité de passe. Celle-ci étant assez moyenne dans le jeu court sur attaque placée, il a vite perdu toute utilité. A l’inverse, la capacité de Trochowski à également mener les contres déséquilibrait totalement l’aile, Di Maria ne courant que vers le but adverse. Quand la qualité individuelle offensive est inefficace, la polyvalence fait la différence. L’entrée en jeu de Modric, si elle tout bouleversé dans un premier temps, s’est rapidement heurtée à un Trochowski devenu définitivement milieu récupérateur. A un provocateur incapable de déséquilibrer, Mourinho a substitué un créateur sans solutions.

 

Maduro + Medel vs Ozil

Avec un seul homme, Rakitic, pour bloquer le lien entre Khedira et Xabi Alonso, Séville se donne un joker, un joueur en plus pour défendre sur les joueurs offensifs du Real. Ici, deux purs récupérateurs, Maduro et Medel, s’occupent de Ozil et sont prêts à jaillir à tout moment sur un Madrilène ayant éliminé son défenseur et commençant donc à prendre de la vitesse. Ce surnombre est la conséquence d’un travail énorme de tous les joueurs sévillans en position défensive. Le meilleur moyen de faire exploser un tel système de jeu est de forcer les prises à deux. Un Ronaldo intenable obligerait Medel à aider Cicinho, et donnerait une situation de un contre un entre Ozil et Maduro. Le manque de menaces offensives permet de ne rien changer, et les qualités défensives du duo Medel-Maduro compensent les rares approximations de la charnière Spahic-Botia.

 

La domination du côté droit

Dernier point, pas le moins important puisque c’est grâce à lui que Séville a pu dominer la zone de décision entre ses 30m et sa surface de réparation, la capacité de Cicinho et Navas à occuper constamment Ronaldo et Marcelo. Cicinho, auteur d’un match exceptionnel, n’a jamais été éliminé par le Portugais et constitué un danger offensif permanent, obligeant Marcelo à ne pas trop monter. Si l’on ajoute les accélérations de Jesus Navas dans la profondeur, cela donne une menace permanente pour la défense du Real. Navas étant surtout un joueur de profondeur, le but rapide et la possibilité d’évoluer en contre étaient une aubaine parfaite, à condition toutefois de ne jamais laisser Marcelo provoquer des situations offensives de deux contre un, et de ne pas perdre le duel contre Ronaldo en un contre un. Mission accomplie avec brio, et victoire parfaitement logique pour qui doit défendre un avantage rapidement acquis.

1 thought on “Séville – Real Madrid (1-0), l’apprenti footballologue livre son analyse .

Répondre à tyrone Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.