The Spooner décrypte la dernière découverte de la fooballogie

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Pelé est mort, vive Yohan

Mondial 2014: l’Allemagne qui démolit le Brésil, c’est Pelé qu’on assassine?
Par Geoffroy Garétier le 9 juillet 2014 10h54 | Réactions

 

A l’origine, je devais vous parler de Pays-Bas – Argentine. Mais à l’heure qu’il est,
TS : Entre 10h et 10h30, le monsieur vient de se lever et n’a pas encore révisé ses fiches. Plutôt que de parler de l’avenir, parlons du match d’hier soir, au moins au niveau de la ligne éditorial, il sera tout perdu dans 10 000 articles, au niveau du timing, il sera le dernier. Autant dire que seul un lecteur ignorant peut encore espérer apprendre quelque chose de ce papier, Tentons le décryptage.

savoir qui d’Arjen Robben ou de Lionel Messi jouera la finale de la Coupe du monde n’a plus guère d’importance. Pas après « ça ». Pas après ce « Brésil 1, Allemagne 7 ».
La répétition d’une même formule en début de phrase est une anaphore, cela ajoute du dramatique et fixe l’attention, la curiosité et l’intérêt du lecteur. Le Figaro est le support parfait pour mettre en évidence ce style normalisé lors d’un fameux débat politique.

Brésil – Allemagne, 1-7. L’Allemagne a battu le Brésil 7 buts à 1.
Mais pincez-moi, je ne rêve pas, c’est bien 7-1, 1-7 ! Etonnante information dont personne ne parle depuis avant-hier soir minuit dans la rue, à la radio, dans les journaux, à la boulangerie. SCOOP !

En demi-finale de la Coupe du monde. Au Brésil. Même douze heures après les faits, l’incrédulité se dispute à la stupéfaction en écrivant ces lignes.
S’étonner soi-même. C’est beau. Comme un plaisir onaniste à l’approche d’un orgasme toujours nouveau.

Dans l’hypothèse où je n’aurais pas vu le match, on m’annoncerait ce score que je ne le croirais pas. Je n’avais pas prévu cela, et je vous demande pardon.
Je me permets de développer l’hypothèse différemment, la phrase juste aurait dû être :
« Dans l’hypothèse où je n’aurais pas vu une demi-finale de coupe du monde à une heure agréable de fin de soirée d’été, je vous montrerai combien je me moque du foot comme du fibrome de ma coiffeuse et le premier qui m’annoncerait le score serait accueilli d’un mépris profond pour l’outrecuidance d’avoir pensé une seconde que cette information revêtirait à mes yeux la moindre once d’intérêt. Et serai désolé à la place de mon interlocuteur. Quant au score, à la limite, j’aurais peut-être soufflé, ou gratté un sourcil.

L’Allemagne qui démolit le Brésil, c’est Pelé qu’on assassine.
Belle punchline mais qui ne veut absolument rien dire. Rien, le néant. Ce qui correspond bien à l’hypothèse juste au-dessus à savoir que l’auteur ne s’intéresse pas à ce sport.

C’est l’évènement le plus important de l’histoire de la Coupe du monde.
Ouais. Alors les témoins des grands événements on toujours tendance à glorifier ce qu’ils ont vu pour se persuader eux-mêmes d’être un morceau de cette grande histoire. Le fameux « J’y étais » ou « j’étais résistant depuis 1941 » ou « j’y étais là le 1er mai 2002 », ça va deux minutes. Il faut manier l’emphase avec parcimonie pour ne pas décrédibiliser le discours par une formulation stupidement exagérée.

Jamais une demi-finale de Coupe du monde ne s’était conclue par six buts d’écart.
Ok donc dans le monde des demi-finales, elle est la plus impressionnante par l’écart de buts, c’est un bon point certes, c’est une condition nécessaire mais pas suffisante. Et donc ?

Enfoncés les Uruguay-Yougoslavie et Argentine-USA de 1930, l’Allemagne-Autriche de 1954 (6-1).
Ah oui enfoncés, c’est certain. Mais bon hein, peu sont ceux qui abordent les demi-finales en ayant ces matchs-là en tête. Mais il s’agit bien de demi-finales, admettons.

Jamais un pays organisateur n’avait subi une telle raclée. On ne parle pas des États-Unis, du Japon ou de l’Afrique du Sud, là. On parle du Brésil. Le pays du football.
Le pays du football n’empêche pas les mauvais joueurs et les accidents de parcours. C’est ce qui rend dramatique ce match, c’est la faiblesse de cette sélection que nombreux ont porté aux nues un peu trop rapidement après la coupe des confédérations l’an dernier. Notons au passage la caresse pour les derniers pays organisateurs (sauf l’Allemagne), en omettant néanmoins que la Corée du Sud, co-organisateur avec le Japon, est allé en demi-finale.

Le championnat du monde de boxe, catégorie poids lourds, a accouché d’un K.O..
C’est souvent le cas quand même et c’est même l’effet recherché, le but d’un combat.

Au premier round, au premier direct. Ivan « Nationalmannschaft » Drago a démoli Rocky « Seleçao » Balboa. Démoli? Non. Tué.
Le rapprochement des Allemands avec le méchant boxeur soviétique de Rocky IV, et le Brésil avec le héros gentil américain sent mauvais pour la suite. D’autant que le sous-entendu est assez malvenu, j’en veux pour preuve la vidéo des entraînements d’Ivan Drago (à 5’19’’ et à 5’21’’)

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Le Brésil est mort hier soir et avec lui, une certaine idée du foot. Celle du football-samba, du football-art, du football-joie.
Alors le gars découvre visiblement ce sport et a vu le Brésil jouer depuis 30 ans uniquement dans les pubs Nike. Aussi ridicule soit le constat, la formulation se veut racinienne et tombe à plat complétement. Le Brésil n’est pas mort, il a été éliminé en demi-finale d’une Coupe du monde, la sienne, certes, mais nombreuses sont les sélections à qui auraient souhaité se prendre une telle valise à ce stade. Bien sur que c’est une surprise mais crier à la mort de cette sélection est un brin rapide.
Part ailleurs, le fait de véhiculer des stéréotypes d’une telle platitude, surtout pour cette équipe de 2014 est assez effrayant de bêtise. Cela vient d’où le football samba/art/joie ?? Sérieusement.

Sans Neymar, sans Thiago Silva, c’était mission impossible pour le quintuple champion du monde. Nous le savions tous. « L’Allemagne est favorite de ce match. Surtout maintenant qu’elle a cassé le mur des quatre demi-finales d’affilée. Elle est forte d’un grand gardien (Neuer), d’un grand buteur (Müller), d’une ossature (le Bayern), d’une expérience (dix d’entre eux étaient de la demi-finale 2010 face à l’Espagne) », écrivais-je hier en préambule du deuxième Brésil-Allemagne de l’histoire.
En Coupe du monde faudrait-il préciser mais admettons, bien que s’il y a une équipe de laquelle il est difficile d’extraire des individualités, c’est la sélection allemande.

Même sachant cela, même connaissant le rapport de force, même sachant que la présence en finale du pays hôte devenait une rareté (aucun entre Argentine 1978 et France 1998, aucun depuis), j’ai joué le Brésil gagnant.
Alors voilà, cela fait 20 min que le gars tente de nous démontrer que les Allemands sont plus forts, que le gars, il l’a écrit déjà lui-même, il se cite, il sait qu’il a raison pour le crier à tout le monde deux jours de suite. Mais non. Il met le Brésil gagnant. C’est bien, il ose tout, c’est à ça qu’on le reconnaît.

Au nom de cette « certaine idée du foot ». Au nom de Pelé, de Tostao, de Gerson, de Rivelino. Se débarrasser de son passé, d’une histoire qu’on vous a infusé, est une chose impossible: le passé vous structure, vous définit, vous limite aussi.
Mais qu’est-ce donc cette « certaine idée du foot » ? Il faudra bien cracher le morceau un jour, pour le moment, l’auteur a juste positionné des stéréotypes sur une équipe, sans chiffre à l’appui, ni même l’exemple d’un joueur, et nourrit son argumentaire à partir de ce postulat non vérifié. Du coup, il s’étonne de ne pas retomber sur ses pieds. Je suis curieux de savoir comment le passé de l’équipe du Brésil a structuré Dante ou Fred ?

Le football brésilien tel que nous l’avons connu n’existe plus.
Qui est « nous » ? Quelle est l’époque ? De quels joueurs parlons-nous ? Qui êtes-vous en fait ? Que demandez-vous ? Quelle formation avez-vous ? C’est pour quoi, là, Madame Vialla ?

Après une décennie de déclin inexorable (quart en 2006, quart en 2010, demie trompe-l’œil en 2014),
Je le coupe au milieu de la phrase. Si Ronaldinho n’est pas l’essence du football décrit plus haut, je ne vois pas. Si Kaka est un vulgaire joueur de basses tâches, il faut le préciser. Remarquons au passage la manière de qualifier la demi-finale de cette année : « en trompe-l’œil »… bien et donc placer le Brésil vainqueur, c’est pour dire que la qualification aurait été un scandale ?

il faut accepter la réalité dans toute sa cruauté: le foot-business, celui de la Ligue des Champions, celui de la science, du tout-physique, de l’importation précoce et massive des talents du monde entier, a eu raison de lui.
Si vous n’avez pas compris comment le monde va, demandez-lui, lui, il sait car il a analysé tous les mouvements et influences du monde, les a synthétisés et voilà la conclusion : le foot-business. La génération de 2002, championne du monde, elle a été composée comment ? Celle de 1994 ? Ils jouaient où ? L’accusation de la LdC est difficilement compréhensible.

Le Brésil de 2002, déjà coaché par Luiz Felipe Scolari, n’était déjà, dans son expression collective, que l’ombre des grands mythes auriverde; les gagnants (Zagallo, Pelé, 1970) comme les maudits (Santana, Zico, 1982). Mais il y a avait trois Ballons d’Or sur le terrain, le 30 juin 2002, lors de la finale de Yokohama contre l’Allemagne: Rivaldo, Ronaldo, Ronaldinho; un quatrième, Kaka, était sur le banc.
Donc il y a eu des équipes bonnes qui ont gagné et des équipes bonnes qui n’ont pas gagné, et puis il y a les équipes pas bonnes qui gagnent et donc les pas bonnes qui ne gagnent pas. Je ne vois pas en quoi cela est étonnant.

Les Auriverde de 2014? Plaqué-or et vert-de-gris. Peut-être la pire équipe du Brésil de l’histoire. Avant-centre de l’équipe du Brésil: Fred. Il faut se pincer pour y croire. Leonidas, Ademir, Pelé, Careca, Romario, Ronaldo… Fred. Meneur de jeu: Oscar. Remplaçant: Jô. C’est du Louis de Funès, une comédie grotesque, un gag abominable.
Non, toute la mauvaise foi du monde ne suffirait pas à essayer de le contredire, il a raison.

Cette équipe de bric et de broc, sans autre souffle que la ferveur évangélique, au projet collectif cousu de fil blanc comme un trait de bombe sur le short bleu des héritiers de Pelé, ne méritait même pas d’être en demi-finale de la Coupe du monde. Sortir dès les huitièmes de finale face au Chili (rappel: la frappe sur la barre du Chilien Pinilla à la dernière minute des prolongations) était ce qui aurait pu lui arriver de mieux. Toujours mieux, en tout cas, que cette humiliation, ce suicide, ce cataclysme.
Rappelons le pronostic du monsieur pour cette demi : « j’ai joué le Brésil gagnant ». Précision marginale étant donné la hauteur du débat mais le Brésil a beaucoup joué avec un short cette année, sauf hier soir.

L’implacable loi du foot est de vous faire payer vos erreurs au centuple. En 2010, la France avait payé à Knysna l’addition salée de la main de Thierry Henry contre l’Irlande en barrages. En 2014, le Brésil paie au prix fort une Coupe du monde non désirée, mal pensée, mal née.
Le karma les gars, le karma, c’est aussi cela le foot. Tu fais pas gaffe, tu fais une connerie et bam tu perds la coupe du monde. Ca ne pardonne pas à ce niveau, c’est cash direct, puisqu’il te le dit ! Alors putain Battiston avait dû être SS dans sa jeunesse pour se prendre Schumacher en pleine gueule.

Je suis né au foot quelque part entre le Brésil – Italie de 1970 et l’Allemagne – Pays-Bas de 1974. J’aurais du me méfier.
Voilà encore un exemple d’un type qui se dit fan de foot mais qui ne regarde que les coupes du monde.

L’Allemagne, cette briseuse de rêve.
C’est un peu léger de parler de 50 millions de morts de cette manière, mais pourquoi pas.

Cette révélatrice de faiblesse. Cette metteuse en faillite.
Là, il doit parler de son ex-femme.

On a longtemps dit que le football était un sport qui se jouait à onze et où à la fin, ce sont les Allemands qui gagnent.
C’est clairement du foutage de gueule et il compte bien sur ses lecteurs pour être des demeurés qui ne savent pas que l’ON doit cette citation à Gary Lineker . Le « longtemps » est relatif », le « on » est abusif. Ou alors il ne sait pas ce qu’il dit. Ah ?

Cela sera peut-être vrai à nouveau dimanche soir, dix-huit ans après le titre européen de 1996.
Ce qui prouve à quel point les Allemands gagnent tout le temps. 18 ans sans titre, 24 sans coupe du monde, 18 ans sans ballon d’or, l’Allemagne est cette machine qui mange ses adversaires et collectionne les compétitions. Non l’Allemagne traîne juste des stéréotypes au moins aussi ineptes que ceux du Brésil et elle est présentée comme un ogre seulement quand elle s’approche du titre.

Depuis hier, Miroslav Klose est le recordman des buts marqués en Coupe du monde (16). Qu’elle remporte ou non, dimanche soir, son quatrième titre mondial, l’Allemagne reste au centre (de la Coupe) du monde. Pour le meilleur ou pour le pire, la Mannschaft est associée aux évènements les plus marquants de l’histoire du Mondial.
Du coup je ne comprends plus, c’est l’Allemagne ou le Brésil le pays le plus du football. J’ai besoin d’explications. Vous avez passé beaucoup à montrer que l’Allemagne était favorite hier, mais c’est le Brésil sur lequel vous aviez misé. Vous avez pleuré ce Brésil perdu, le pays du football en maillot de bain, c’est génial, ça danse, c’est plaisir, c’est bonheur joga bonito &co, mais au final c’est l’Allemagne qui gagne tout le temps, qui a marqué l’histoire de la coupe du monde depuis les années 30 ??
Vous êtes combien exactement à l’intérieur ?

Tel est le Grand Huit de la Coupe du monde:
Vous permettez, j’en ai ajoutés, du coup.

1/Le forfait de l’Autriche au Mondial 1938 pour cause d’Anschluss.
2/Le miracle de Berne du Mondial 1954 sur lequel place le spectre du dopage.
On en parle du 8-3 que l’Allemagne se prend en poule ?

3/Le but fantôme de Geoff Hurst lors de la finale 1966 contre l’Angleterre.
Bravo, vous êtes les premier à déterminer s’il y est ou pas.

4/Le bras en écharpe de Beckenbauer lors de la demi-finale 1970 contre l’Italie.
Le match, non ? Les prolongations ? non plus.
La finale contre la Hollande de Cruyff en 1974, non ?

5/Le scandaleux Allemagne-Autriche de 1982.
6/Le dramatique France-Allemagne de 1982.
Le pénalty contesté de la finale 1990.
Les larmes de Maradona
La finale de 2002 perdue contre le Brésil ?? pour une équipe qui gagne à la fin contre un Brésil en baisse depuis 15 ans, ça fait tâche.

7/Le but refusé à Lampard en 2010.
8/Brésil 1, Allemagne 7.

Au fait, si les Pays-Bas éliminent l’Argentine à Sao Paulo ce soir (22h en France), un pays européen gagnera pour la première fois une Coupe du monde en Amérique. Robben ou Messi? Je vote encore Messi. Jusqu’à ce soir. Jusqu’à dimanche si possible. Mourir pour des idées d’accord, mais de mort lente…
Ca tombe bien, sans idée de votre part, ça ira donc beaucoup plus vite.

 

@TheSpoonerWay

10 thoughts on “The Spooner décrypte la dernière découverte de la fooballogie

  1. « Mais il y a avait trois Ballons d’Or sur le terrain, le 30 juin 2002, lors de la finale de Yokohama contre l’Allemagne: Rivaldo, Ronaldo, Ronaldinho; un quatrième, Kaka, était sur le banc. »

    il n’y avait pas 3 BO sur le terrain en 2002 vu que Ronaldinho a eu le BO en 2006 et pas non plus de BO sur le banc vu que Kaka l’a eu en 2007

    de toutes façons Garétier s’est inventé un nouveau métier alors qu’il est un de ces ex directeurs de rédac de l’Equipe qui a sauté

  2. Quel est l’intérêt de faire une analyse textuelle d’une telle bouse? On sait à la base que c’est de la merde, pourquoi vouloir l’analyser? Surtout sur ce site? Demain vous allez faire un texte de Balbir?

  3. Merci cher Spooner pour ce succulent décryptage !

    Comment fait cet idiot de Garétier pour écrire autant merde ??
    Le voir converser de ballon rond avec Christian Jeanpierre doit valoir des points…

  4. La Jô / De Funès, tu sens qu’il voulait la placer à tout prix, du coup ça fait un bon bide.

    Et sinon, le gars, il commence par « savoir qui d’Arjen Robben ou de Lionel Messi jouera la finale de la Coupe du monde n’a plus guère d’importance » et finit avec « Robben ou Messi? Je vote encore Messi. »

    Normal.

  5. L’intelligentsia bobo parisienne a encore frappé… Bien tenté le coup de la barbe, ça donne un air professoral, en cohérence avec le ton mais pas avec le fond. Quel fond d’ailleurs? le fond du fond, celui qu’il touche sans jamais rebondir. Qu’en pense Claude Askolovitch? On s’en fout et ce serait bien qu’ils finissent par s’en rendre compte. Tas de cons!

  6. Spooner, vous êtes bel homme. Mais je n’aimerai pas passer à la moulinette de votre relecture. Votre plume acérée et truffée de références historiques (Mme Vialla : génial) fait des ravages.

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