Une saison avec le FC Renardin : Épisode 5

(l’épisode 1 est ici, le 2, le 3 ici et le 4, )

Lundi

Réveil difficile, je n’arrive pas à digérer l’attitude de mes joueurs lors du match de la veille. Dois-je pousser une gueulante ? Dois-je laisser couler en misant sur une prise de conscience collective ? Je vais miser sur la 2ème solution. Après tout ce sont de grands garçons.

Afin de décompresser, je décide de regarder pour la 5 ème fois « Bienvenue chez les Chtis ». Quel régal. Dany Boon est pour moi le meilleur réalisateur français. Juste au dessus Fabien Onteniente. Difficile de comparer les deux vous me direz. Les films d’Onteniente étant plus teintés de mélancolie.

 

Mardi

Je suis monté au terrain d’entrainement pour retracer les lignes blanches. En arrivant j’aperçois deux mômes en train de se faire des passes. Je m’approche d’eux. Ils sont habillés avec de vieux maillots de Patrice Loko et de Nicolas Ouédec.. Ils ont le teint mâte et les cheveux long très foncés. Le genre «  voleurs de poules » si vous voyez ce que je veux dire.

« Dites-donc vous deux, vous n’auriez pas école? », je leur demande. Le plus petit me répond: « Pas tapé missieur, pas police…Sitouplé…. ». Et d’un coup, ils partent en courant vers le bois. J’essaye de les rattraper mais ils courent bien trop vite pour moi. Je saisis leur vieux ballon dégonflé et le jette en direction de la tête du gamin qui avait l’air le plus faible. Il semble que je l’assomme car il s’affale par terre. Mais il se relève aussi sec et s’en va rejoindre son congénère.

Pas normal que des étrangers squattent les forêts de Renardin! Il est de mon devoir de prévenir les autorités et de les déloger. Il en va de la sécurité de LA VILLE ET DE MES JOUEURS!

 

Mercredi

6h du matin. Nous ne savons pas encore ce que nous allons trouver dans les bois de Renardin et c’est pour ça que nous nous sommes donnés rendez-vous en nombre suffisant pour intervenir proprement. L’expulsion des squatters doit être expéditive. Le maire nous accompagne, drapé dans son écharpe républicaine. Florent, toujours aussi bronzé de sa lune de miel, commande un escadron de 20 gendarmes. Il est splendide. Patrice reste à l’arrière, dans son camion de pompier, avec Laurent, pour s’occuper de nos gars s’ils se blessent. La plupart de mes joueurs sont là. Il est temps d’y aller.

Nous avançons progressivement dans la forêt, à la lumière des rayons du soleil naissant. On aperçoit assez vite au loin une bâche Monsieur Bricol’Tout, servant de toit à une espèce d’assemblage de vieilles tôles et de cartons. Des enfants en sortent, nous regardent et se mettent à crier en courant dans tous les sens. Nous accélérons la cadence et Daniel est déjà prêt à lâcher Anders, son fidèle berger norvégien. La forêt s’éveille au son de la cadence de nos pas.

Soudain, j’aperçois Julien qui sort de je ne sais d’où, avec une pancarte « Touche pas à mon roumain » au bout des bras. Ils semblent connaître la vermine qui se trouve là. Florent ne tient plus, il ne prend pas en compte qu’un membre de l’équipe se trouve dans les rangs ennemis, et il lâche ses hommes.

 

Jeudi

Nous sommes en Une du Renardin Libéré! Notre acte de bravoure a été reconnu à sa juste valeur. Les habitants ont défilé toute la journée sur la Place Charles Pasqua pour venir saluer ses nouveaux héros, dont moi et l’équipe faisons partie! Il faut dire que la mission était périlleuse: vivaient dans nos bois une famille de 13 roumains (sans parler de leurs animaux dont des poules, probablement volées). Après leur mise en garde à vue, Julien est venu camper devant le commissariat pour chanter des chansons de rasta et réclamer la libération des enfants. En voilà un qui n’est pas prêt de reporter nos couleurs.
Bref, la morale est sauve et nos rues sont désormais plus sûres. Après tout, Renardin n’a pas vocation à accueillir toute la misère du monde

 

Vendredi

Dernier entrainement de la semaine. Julien est plein d’envie. Lors d’une petite opposition, il tacle Emilouinovic de manière assez appuyée. Emilouinovic n’apprécie pas et décide de coller quelques claques à notre ailier. Je décide de m’interposer. Émilouinovic m’adresse un coup de coude de manière involontaire. J’ai le nez en sang, je fais comme si tout allait bien. Il faut que je préserve mon image. Pourtant j’ai mal, très mal.

 

Samedi

Mon nez a triplé de volume, je ressemble à Pierre-Alain Frau. Yvonne veut absolument que j’aille chez le médecin pour faire examiner ma blessure. Ça attendra Lundi. Je suis un dur au mal. Je ne suis pas comme toutes ces fiottes qui à la première douleur appellent les pompiers. J’en ai vu d’autres.

 

Dimanche

Premier match officiel de la saison. Nous entrons en lice en coupe de France. Notre adversaire du jour est l’US Propascale club évoluant en DHR. Un gros morceau. Malgré la défaite de la semaine passée, j’ai décidé d’aligner la même d’équipe.

1ère mi-temps
On mesure tout de suite la différence de classe. La DHR c’est le haut niveau. Les passes arrivent dans les pieds. C’est impressionnant.

34 ème minute : Festival du numéro 10 adverse, qui après avoir éliminé Kévin puis Florent trompe Didier d’un plat du pied droit. 1-0 Les joueurs adverses se réunissent au bord du terrain pour célébrer le but, visiblement ils fêtent une naissance.

Daniel et Emilouinovic profitent de ce moment d’euphorie pour engager rapidement. Je vous laisse regarder la suite


1-1 partout, mes joueurs sont malins

2ème mi-temps

Nous souffrons physiquement, on sent la différence de niveau.

À la 54 ème minute Propascal prend l’avantage suite à un corner. 2-1

Plus les minutes passent, plus ça devient difficile pour mes joueurs. Malgré ça, ils ne lâchent rien, ils font preuve d’un excellent état d’esprit.

Score final 2-1, nous n’irons pas au Stade de France cette année.
Alex C. et JM Thoma

8 thoughts on “Une saison avec le FC Renardin, épisode 5

  1. Renardin à l’air d’être une ville agréable à vivre !

    Une place Charles Pasqua, des bergers norvégiens, c’est par où qu’on signe le formulaire d’immigration?

  2. Je ne suis pas pour que les joueurs étalent leur conscience politique au grand jour. Mais là il s’agissait de sauver un village dont le trait marquant est sa tranquilité et sa joie de vivre. Cette équipe a encore montré du caractère en dehors du terrain et sur le terrain malgré la défaite. Je suis fier d’être un fan du FC Renardin qui a déjà marqué l’histoire du Football Vrai.

  3. Bonjour Patrick
    Je crois très honnêtement, au vu de votre narration, que le coup de coude de votre nouveau transfuge, Emilouinovic, était volontaire. Il va falloir serrer les boulons si vous ne voulez pas que la cohésion de votre équipe parte en saucissonnade.

  4. Et raser moi cette saleté de bitnik de Julien!
    d’ailleurs si vous pouviez me transmettre son nom pour que nous puissions mener de plus amples investigations sur ses activités et ses relations.
    Longue vie au FC !

  5. Allez Renardin !
    Je me disais bien aussi que des poules avaient disparue.

    Cherchez bien en prison, on sait jamais sur un coup de bol, l’un d’entre eux s’appelle Moldovan, il aurait été vu trainant il y a quelques temps sur le parking de la Beaujoire, mais a été chassé par le président.

    Il pourrait rendre de fiers services à une équipe enthousiasmante comme la votre !

  6. Peut-être dans le tas y avait-il un roumain ma foi d’un fort gabarit, car il est connu que ce genre de peuple est très technique

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