France – Biélorussie (2-1) : l’Académie française livre ses notes

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Un nouvel immortel

I am Didier Décampe and I do not approve this Acad’. I write it, that’s all.

La compo :

Après le piteux match en Bulgarie, La Dèche revient au 4-2-3-1, également appelé sapin-de-Noël-mais-bizarrement-touffu-au-milieu, un dispositif tactique auquel nous sommes habitués depuis 2013 et un match retour #dantesque face à l’Ukraine. On nous le vend comme un 4-4-2, mais on imagine davantage Coman et Lemar en ailiers et Griezmann tourner autour de Giroud. Enfin, moi je l’imagine comme ça :

On imagine également que Matuidi sera cantonné à la récupération et se projettera moins que samedi soir : Dieu nous vient donc en aide en nous évitant de voir ses frappes dignes de rassurer Stephen Hawking quant à la construction de son squelette. Ah, et d’après Eurosport, le changement de système est en partie dû au « profil moins offensif de cette Biélorussie ». C’est vrai que la Bulgarie, c’était digne d’une équipe d’un Bielsa des Balkans, toutes voiles dehors, à l’abordage de notre surface, qui abandonne tout derrière lui tel un vulgaire capitaine de Costa Concordia.

 

Le derrière :
Digne remplace toujours Tupac, éloigné des vestiaires de l’équipe de France peut-être aussi longtemps que Mendy-mercéé, mais pour d’autres raisons. A gauche, Sidibé est étonnamment reconduit, alors que Christophe Jallet constitue depuis 47 ans maintenant une alternative crédible.

Le milieu :
Le milieu en Bulgarie prédisait un match de merde, ce que nous avons eu. Aucun jeu, malgré la bonne partie de Tolisso, jamais aidé par le Prince Fragile dans la création. Face à la Biélorussie, Matuidi en vraie-fausse-demie-sentinelle doit ratisser large les ballons pour transmettre à Tolisso, ce dernier, nous l’espérons, devant combiner avec les 3 de devant (Giroud n’étant pas vraiment le genre à décrocher pour créer le jeu, et on l’en remercie d’ailleurs).

Le devant :
Lacagette ayant fait montre de tout son talent samedi soir, il s’assoit sur le banc. Pour rappel Alexandre, malgré tes 14 sélections chez les Bleus, tu as marqué moins de buts que Gomis en 1 seul match et juste autant que Julien Faubert. Ça classe un homme. Giroud prend donc sa place en pointe, avec Griezmann en électron libre autour de lui, assisté à droite par Coman-être-déjà-si-débile-à-21-ans et par Thomas Lemar.


Le match :

Une première situation française dès la 3ème minute où Lemar lance Giroud dans la profondeur, mais l’ex-Tourangeau préféré des Français(es) est hors-jeu. Quelques minutes plus tard, Digne est pris de vitesse par Kovanev, qui crochète devant Umtiti. Sa frappe ne passe pas très loin du poteau droit de notre Hugo national.
On est pas du tout dominateurs dans ces 10 premières minutes, certainement crispés par l’enjeu, paralysés par la pression, ou à côté de la plaque par manque de plan de jeu établi depuis cinq ans (l’une de ces explications, la plus importante, n’est pas du fait des joueurs, à vous de trouver et de lapider le responsable).
Le n°9 biélorusse effectue ensuite nonchalamment sa promenade champêtre hebdomadaire dans notre camp, ramasse une amanite comanoïde dont l’agressivité est proportionnellement inverse à la dangerosité apparente de son nom, puis renverse à droite sur un coéquipier dont le centre termine derrière les cages d’Hugo Lloris. Heureusement que c’est la Biélorussie en face quand même.
Giroud place quelques instants après une belle tête, mais est une nouvelle fois hors-jeu. « Fuck off ! » dit-il à l’arbitre dans un français parfait. Doit-on supporter un attaquant qui jure en anglais ? C’est un autre débat. Une tête de Varane à la 17ème oblige le gardien adverse à une jolie claquette. Plusieurs corners français à suivre. Enfin un peu de pression sur le but biélorusse. S’ensuit another header from Giroud qui se fracasse sur la transversale adverse, après une belle combinaison à droite entre Lemar et Coman.
Après une bonne passe de Tolisso qui casse le premier rideau adverse, Matuidi, ce paraplégique génial, ouvre vers Griezmann qui ajuste le gardien entre les jambes (1-0, 26e). Les Français continuent avec une belle action collective et une volée de Tolisso, directement dans les bras de Jean-Michel Aulas, venu en tribunes compter le nombre de Lyonnais sur la pelouse au cas où on lui aurait menti.

Dédé, j’te le dis comme un ami : si Alex joue pas plus que Giroud, j’t’envoie les Bad Gones

Un défenseur central biélorusse tente ensuite une passe rarement couronnée de succès, puisque dirigée directement vers Griezmann, qui n’en demandait pas tant. Gros-Sourcils-Duvet-man ouvre vers Giroud, qui marque le plus beau but de ces éliminatoires avec un double contre à moitié contre-son-camp (2-0, 32e). But can he do it on a cold rainy night in Stoke ? N’empêche qu’il est là le Baptiste Giabiconi du foot, meilleur buteur de l’équipe de France avec Griezmann pendant ces éliminatoires.

Digne met ensuite Matuidi à contribution pour un une-deux. La demande, bien qu’amicale, finit par un ballon directement en 6m de Matuidi. Le groupe vit bien. Après un dégagement dans l’axe foireux d’Umtiti, Saroka envoie une lourde demi-volée des 20m qui passe juste au-dessus de notre transversale. Avec deux buts d’avance, les Bleus se prennent pour l’Espagne, ou l’Allemagne, ou le Brésil, ou pour n’importe quelle autre équipe meilleure qu’elle et qu’elle n’est pas.
Le relâchement coupable se paie cash, même face à des Biélorusses qui n’avaient mis que 5 buts en 9 matchs dans notre poule : Digne se fait manger par le n°10 qui centre à ras de terre. Varane nous gratifie d’une défense d’école, c’est-à-dire laisser l’attaquant qu’on marque à 3m de soi afin que ledit attaquant puisse tranquillement passer devant et couper la trajectoire du ballon au premier poteau (2-1, 44e). La mi-temps permet à Frédéric Calenge, ambassadeur officiel Kleenex auprès de l’Equipe de France, d’informer La Dèche qu’il y a 2-0 pour les Pays-Bas. Jusqu’ici, tout va bien.

Ecouter Calenge interviewer Deschamps ou Paganelli interviewer Balotteli ? Vous avez 4h

Pour bien reprendre le match, Tolisso se prend une jolie semelle et assume son statut de souffre-douleur international du football, les non-Lyonnais le saquant pour son ancienne appartenance, les non-Français le laminant pour sa tronche universelle de petit con. Le match entre dans un faux rythme, ou plus honnêtement, dans un rythme chiant, semblable au match face à la Bulgarie. La Dèche sort Coman pour Mbappé (61e). On espère que le Schopenhauer du foot français fera mieux qu’en Bulgarie, et mieux que Coman, dont personne ne sait ce qu’il fout là, lui compris.
A la 64e, une grosse occasion biélorusse entachée d’un hors-jeu nous permet quand même de voir Digne en position de défenseur central et Matuidi en position de latéral, sans sécurité aucune. Faute de savoir repérer où est le but adverse, Bixente en déduit que notre équipe « a perdu la boussole ». D’aucuns seraient tentés de dire qu’ils l’ont dans le cul, mais nous n’aimons pas la vulgarité.
Après un petit numéro, Mbappé simule pour obtenir un pénalty (75e). Malheureusement, n’est pas CR7 qui veut. Le score étant de 2-1 face à l’ogre de Minsk (seule ville que votre académicien connait dans ce pays), et La Dèche faisant partie de la nouvelle génération d’entraîneurs (modernes, tournés vers l’offensive, avec une dentition parfaite), Griezmann cède sa place à Sissoko, rappelons-le meilleur joueur français de la dernière finale de l’Euro, c’est dire l’abîme footballistique que 65 millions de paires d’yeux et moitié moins de balloches ont dû affronter pendant la finale.
On maitrise à peu près le dernier quart d’heure, ou plutôt on laisse aller. Soyons clairs : on se fait carrément chier, mais on a presque le sentiment que les joueurs se complaisent dans cet ennui. En y réfléchissant, c’est d’autant plus inquiétant. Une dernière occasion biélorusse fait passer des sueurs froides typiques des matchs où une équipe largement favorite gagne péniblement 1-0 face à une équipe largement moins bonne faute d’avoir joué à son niveau théorique. Rideau.


Le débrief :

On est à la Coupe du Monde. Youpi ! Youpi ! Malgré des matchs pour se préparer dès novembre puis en mars et juin, Bixente trouve qu’il n’y en a pas assez. Très franchement, je ne sais pas si je préfère qu’il y en ait davantage, c’est assez chiant comme ça à regarder, je suis pas maso, et on sait très bien que peu de nouvelles choses positives émergeront de la philosophie de La Dèche. « On a une équipe de mecs qui en ont » chantonne Giroud le poète ; « on finit avec 6 buts encaissés sur 10 matchs » reprend notre sélectionneur. Tout est dit.


Les notes :

Lloris (3/5) © : Ne peut pas grand-chose sur le but, pas aidé par Varane. Par contre, il n’a pas fait d’arrêt réflexe comme face à la Bulgarie. Pas bien ça Hugo.

Digne (3/5) : Une activité offensive pas trop mal, malgré quelques centres ratés (5e) ou qui tardent à arriver (79e). Se fait manger tout cru deux fois par les attaquants adverses, ce qui est trop, même quand on fait 1,78m.

Varane (1/5) : A la ramasse sur le but, et des relances au pied toujours moyennes. Il devrait demander conseil à Mats Hummels, mais je crois qu’il l’évite depuis 2014…

Umtiti (2/5) : A peine mieux que son compère, mais il répond au moins physiquement. Compense le trou d’air que se prend Sidibé à la 37ème. L’Ahou de notre défense peut et doit mieux faire.

Sidibé (1/5) : Je trouve qu’il ressemble de plus en plus à Matuidi dans sa façon de se mouvoir. Ce n’est pas un compliment. Il se troue plusieurs fois, notamment à la dernière minute, sans compenser ses bévues par un apport offensif conséquent.

Matuidi (3/5) : Une passe décisive pour Griezmann, une passe pour Digne directement en sortie de but : les rouages de notre pantin désarticulé n’étaient pas tous bien huilés. Ses synapses non plus. Il a ratissé et couru, comme toujours et dit à l’arbitre qu’il était con.

Tolisso (4/5) : Sur la lancée de son très bon match en Bulgarie, l’ancien Lyonnais a montré ses qualités techniques, avec notamment un bon jeu long, ce qui est rare dans cette équipe. Il est à l’origine du premier but. Plus intelligent dans le jeu que sa gueule le laisse deviner.

Lemar (3+/5) : Quand il joue pas, je gueule. Du coup quand il joue, je suis exigeant. Plusieurs mauvais choix, malgré quelques bonnes combinaisons avec ses compères d’attaque. Il manquait de rythme, certes, mais un chouille en-deçà de mes attentes. Remplacé par Payet (non noté), qui a prouvé qu’il n’avait rien de plus que Lemar, et même l’inverse.

Coman (2/5): Beaucoup de grigris, de chichis, plus jolis qu’efficaces. De bons appels, mais globalement pas assez tranchant. Remplacé par Mbappé (non noté) qui a montré beaucoup plus en 30mn que samedi en un match face à la Bulgarie. Une bonne baffe sur le banc pour qu’il redescende un peu sur terre et il avait aussi faim de ballon que Pierre Ménès d’un gigot après son opération.

Griezmann (4+/5): Un but, une passe décisive, c’était le Griezmann qu’il fallait à cette équipe dans ce match de merde. Son entente avec Giroud est revenue toute seule. La Dèche voudra-t-elle de nouveau tenter le 4-3-3 avant la Coupe du Monde ? Remplacé par Sissoko (…).

Giroud (3+/5) : Une barre transversale puis un but dégueulasse pour le footballeur catholique. Toujours aussi fort dans les airs, il était moins dedans en 2nde période. Dieu l’a nommé 7e meilleur buteur de l’histoire de l’Equipe de France. Habille Bill.

14 thoughts on “France – Biélorussie (2-1) : l’Académie française livre ses notes

  1. Zappant de temps a autre sur le Portugal Suisse le même soir, je n’ai pu qu’être effrayé par la différence. Ce n’est pas que je ne réclame pas au portuguais de rendre le dernier Euro, loin de la.
    Mais la quand même, le portugal, à 2:0, ils continuent de faire dejouer la suisse en allant les chercher au pressing, pour mettre en evidence le fait que les 6 de derrière sont pas hyper habiles avec la balle. Et qund Shakiri redescendait aider, il avait le droit a un petit traitement de faveur. Resultat : ils n’ont pas concédé la moindre occase (dans le temps ou j’ai regardé)
    Nous, on fait un demi pressing sur la ligne mediane, et les mecs arrivent a s’installer sereinement dans notre camp, et a trouver 3 fois des mecs, en centrant a ras de terre au 1° poteau (pour 1 but, mais ca aurait mérité plus…)
    Ca plus le fait que Tolisso et Lemar prenaient la balle plus bas que le premier rideau adverse, laissant le seul Matuidi attaquer les espaces… Pffff pfffffffffffff….

    Bon, sinon, merci pour l’acad, Décampe. Mais elle a fait remonter trop de mauvais souvenirs, putain…

      1. hmmmmm…. Je n’ai pas vu autant de match du portugal que toi Homerc. Mais j’ai quand même l’impression qu’après avoir fait des trucs absoluments deguelasse pendant un bout de temps. A l’Euro, c’etait quand même assez moche défensivement par moment (je veux pas dire, par exemple, la charnière Galloise, elle domine la charnière Suisse niveau pied carré qund même). Vous vous êtes réveillé champions d’europe sur un malentendu, puis vous vous êtes dit : mais un champion d’europe ne peut pas jouer comme cela !

        1. Je t’invite à lire mes académies j’ai fait toute les qualifs et l’euro.
          Donc non, on a mis en place un nouveau système sous Santos, abandonnant le 433 pour un 442 avec 4 offensifs.
          A l’Euro on est l’équipe qui fait le plus d’occases et de frappe au premier tour. Résultat? Ratio catastrophique, tu te qualifie à la zob et tu dois jouer des équipes maîtresses en contre Croatie et Pologne. Donc Santos, met en place une équipe pour faire déjouer l’adversaire et se servir du talent offensif en contre. Mais on a un vrai fond de jeu. La différence c’est que Santos renouvelle les cadres, les intègre dans système connu, rodé avec en plus la confiance et le déclic d’avoir enfin gagné une grande compet.

    1. Désolé pour les mauvais souvenirs. Nul doute que l’Allemagne en novembre saura en raviver d’autres bien meilleurs. Ou pas.

  2. Bonjour Didier, peut-on dire que l’équipe de France a tragiquement souffert de la blessure de Pogba et de la non-convocation de Martial (qui pourtant ne tape pas sa femme et court plus vite et dribble mieux que Payet)

    1. Pour ce qui est de Martial, je n’ai aucun avis. Jamais été fan du petit, et je ne suis pas ses performances à United. Mais il n’aurait pas faire moins bien que celui qui tape sa femme, c’est certain.
      Pour Pogba, oui, il manque, car au-delà de ses grigris et de son apparent j’m’en-foutisme, il en impose physiquement ET techniquement. Il sait se positionner dans les intervalles, il fait souvent les bons choix dans le bon timing, et aux bons moments. Ce qui n’est pas le cas de tous nos milieux… Et ses plus mauvais matchs en EDF étaient majoritairement ceux où il n’était pas à sa place.

  3. Pourrait-on avoir l’explication de la locution « le Schopenhauer du foot francais » svp ? Je ne pige pas et ça m’énerve.

    1. Simple rapprochement entre un philosophe et celui qui agite les rézosocio et estomaque les ‘experts’ car il parle et raisonne mieux que 90% de ses collègues. Rien de plus.

      1. Oui, mais alors pourquoi Schopenhauer ? Pourquoi pas Platon ? Ça aurait mieux correspondu à ses offensives.

        1. Parce que je me suis figuré Mbappé avec la coupe de Schopenhauer, et ça m’a bien fait marrer.

  4. J’étais au stade, et vu des tribunes, le but Bielorusse aura au moins eu un mérite : celui de couper une tentative de Ola.

    Sinon, je serais heureux de revoir Martial galoper sur le flanc gauche, à mon sens il a tout à fait sa place dans cette équipe, surtout quand on connait son très bon début de saison. D’autant plus quand il sort du banc à la 60e.

    Bien à vous.

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