OM-Strasbourg (2-0), La Canebière académie a du caractère

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Gagner sur pénalty, c’est surfait.

Une victoire chevaleresque où nous fûmes ardents et nobles, méprisant les coups de pied de réparation qui ne sont qu’armes de lâches.

Aïoli les sapiens,

– Approche, Jacques-Henri, mon disciple, mon fils.

– Je ne serai jamais des vôtres, altesse.

– Petit présomptueux. Tu es fait du même moule que moi, mais tes pouvoirs sont insignifiants à côté des miens. Crois-tu réellement me vaincre sans recourir à la puissance du côté obscur du football ?

– Jamais, empereur Aulas !

– Tu vacilles, jeune Jacques-Henri. Ta faiblesse va te jeter dans mes bras. Regarde cet écran ; regarde les tiens tomber, tomber, et tomber encore dans les surfaces. Rien n’est sifflé, rien ne sera jamais sifflé, vous êtes perdus. Rejoins-moi du côté obscur si tu veux sauver ton Projet®.

– Non !

– Je sens ta haine des arbitres grandir. Oui, laisse-toi aller, empoigne ton téléphone et twitte, oui, vas-y, twitte ! Mentionne-moi ! Oui, parle de l’arbitrage, critique, réclame, lamente-toi. Sens la Force du Pénalty t’envahir. Les éléments t’obéissent. Les arbitres sifflent. Grâce au côté obscur ces mots vont retentir : Pénalty. Pour. L’OM. Oui, ça y est, il a sifflé ! Il a sifflé. Tu es désormais puissant. Tu es à moi.

– Jamais je ne serai comme vous, misérable, rétorqua Jacques-Henri avec un léger sourire en coin. Incrédule, l’Empereur vit sur l’écran de contrôle le chevalier olympien prendre son élan et rendre la balle du pénalty au gardien. Pire, quelques minutes plus tard, c’est sur une action construite qu’un autre soldat olympien frappait son adversaire du soir en plein cœur.

Mais… jeune Jacques-Henri, qu’as-tu fait ? Non ? Nooooooon !

– Adieu donc, empereur Aulas. Le Projet® triomphera sans recourir au côté lyonnais du football.

Interloqué, le vieillard regarda s’éloigner celui dont il espérait tant faire son égal. A voir l’Olympique vaincre en dédaignant l’arme du pénalty, l’empereur tremblait de découvrir en son adversaire une confiance en lui qu’il avait sous-estimée. Mais leur guerre s’annonçait encore longue et, d’ici au printemps,  ne manquerait pas d’être jalonnée d’autre batailles tout aussi incertaines. Le jeune Jacques-Henri devrait encore triompher de bien des embûches – et peut-être de lui-même – s’il voulait accomplir son destin.

(sinon ça n’a rien à voir, mais il y avait Star Wars à la télé hier soir. J’aime bien mais en le regardant avec ma fille, je me demandais quand même si ce genre de film ne risquait pas d’avoir une influence un peu trop forte sur des cerveaux immatures. A surveiller, quand même)

 

L’équipe

Mandanda

Sarr – Rami – Abdennour – Sakai

Zambo Anguissa – Luiz Gustavo

Thauvin – Sanson (Njie, 68e)  – Ocampos (Payet, 56e)

Germain (Bedimo, 85e)

Rolando et Lopez suspendus, Abdennour effectue son retour au sein d’une défense toujours remaniée du fait de la blessure d’Amavi. Un temps incertain, Sakai est bien titularisé à gauche. Payet, également touché, est quant à lui ménagé. Ceci conduit Garcia à avancer Sanson d’un cran, Zambo Anguissa reprenant place au milieu.

 

Le match

La première période laisse une impression mitigée, avec un OM dominateur mais se procurant assez peu d’occasions. Il faut dire que l’opposition est de belle nature, imposant un défi physique constant ; de nombreux arrêts de jeu pour blessure émaillent d’ailleurs ces 45 minutes. Bref, ça joue viril mais correct, le genre de duel qui fait pleurer les précieux au five mais qui est toujours apprécié par ceux qui n’oublient pas que le football est sport de contact. Les corners s’accumulent des deux côtés, mais les défenses tiennent le choc sans trop de frayeur. La mi-temps se conclut peu après une tête au-dessus d’Ocampos sur un très beau centre de Thauvin, notre meilleure occasion.

Se montrer patients sans tomber dans le piège d’un faux rythme, tel est l’enjeu qui s’impose à nous à l’orée de la seconde période. Peu après la reprise, deux Alsaciens seuls face à Mandanda se procurent une grosse occasion, mais le moins bien placé des deux vole la balle au second pour placer un coup de tête anémique. Au fil des minutes, on sent poindre chez les nôtres l’agacement redouté, qui les voit se précipiter, jouer moins collectivement, et finalement ne pas réussir grand-chose.

Pourtant, il arrive aux joueurs des deux camps de parfois déserter le milieu de terrain, pour des séances d’attaque/contre-attaque qui rendent le rythme plaisant, à défaut d’apporter des certitudes quant au résultat final. Des centres moyennement ajustés ainsi qu’un Germain bien pris par la défense ne nous aident guère à mettre en danger le gardien.

Deux événements viennent bouleverser cet équilibre. Le premier est l’entrée de Payet à la place d’Ocampos, soit le pari d’apporter davantage de technique dans ce combat. Le second, bien moins planifié, est la sévère blessure de Sanson dans l’un de ses nombreux duels. Sortant avec son genou droit sous le bras et nos le poids de nos inquiétudes sur ses épaules, Morgan doit laisser sa place à Njie à vingt minutes de la fin.

Malgré ce coup du sort (on parle ici de la blessure, pas de l’entrée de Njie, bande de mauvaises langues), l’OM repart de l’avant sans attendre et se procure une occasion sortie par Oukidja. Strasbourg craque sous nos efforts, et quand Zambo Anguissa lance Thauvin sur la droite, celui-ci réalise un beau dribble pour envoyer ensuite Payet dans la surface. Sachant que l’OM a obtenu un pénalty au dernier match et que, selon les statistiques, nous n’obtiendrons pas le suivant avant la prochaine chute de neige, Da Costa se sent confiant pour accrocher Dimitri comme un gros bourrin conscient de son impunité. Manque de bol pour lui, l’OM nouveau est arrivé et le pénalty dû est bien accordé par l’arbitre.

Heureusement pour Strasbourg, et comme évoqué dans l’introduction, si l’OM a tant réclamé de pénaltys, c’était dans le seul but de prouver au monde que nous, nous n’avons pas besoin de cela pour gagner. Comme Florian Thauvin samedi, Germain est mû par le même honneur intransigeant (à moins que ce ne soit pas le plaisir de nous faire passer pour des cons) : son tir tout juste passable est détourné par Oukidja.

Et c’est à compter de ce moment, les amis, à compter de cette 72e minute, que l’on se dit que peut-être, quelque chose a changé dans l’OM tel qu’on le connaît. Subissant coup sur coup une blessure grave et l’échec d’un pénalty, combien de fois par le passé nous serions-nous effondrés, combien de fois nous serions-nous résignés à abandonner deux ou trois points sur l’autel des « faits de jeu défavorables même si l’on a vu des choses intéressantes ». Eh bien en ce début 2018, nous semblons avoir compris que les faits de jeu contraires ont un point commun avec Manuel Valls : le mieux est de les envoyer se faire foutre. L’OM ne laisse pas les Strasbourgeois reprendre espoir, conserve la même intensité dans les contacts et la même intention de produire du jeu.

C’est le moment rêvé pour l’intervention de notre facteur X, l’imprévisible Clinton Njie. A la réception d’un long centre de Thauvin, il commence par exécuter un ciseau aussi ridicule que lamentable, qui s’explique aisément quand l’on connaît le phénomène : quand il a le temps de réfléchir, il est nul. En revanche, dès lors qu’il s’agit de faire parler l’instinct, notre attaquant sait être un tueur, à l’image de cette action Zambo Anguissa-Thauvin-Germain conclue par un tir contré de Valère, et que Clinton reprend d’une volée trézéguesque dans la lucarne (1-0, 80e).

Fort de cet avantage, l’OM ne recule pas pour autant et s’efforce d’achever la bête à l’agonie. L’entrée prévue de Mitroglou se fait attendre, puis est ajournée du fait d’une blessure musculaire – encore une – dont l’on ne sait pas trop s’il l’avait contractée dès l’échauffement ou plus bêtement en fêtant le but marseillais. Finalement, suite à un dégagement de Sarr, Njie lance Payet seul face au gardien. Notre meneur de jeu exécute froidement Oukidja – au sens presque littéral malheureusement puisque sur le dribble de Dimitri, le gardien se donne apparemment la même blessure que Sanson quelques minutes plus tôt (2-0, 87e).

Si cette victoire fut plus laborieuse que notre démonstration à Rennes, je ne suis pas loin de penser qu’elle m’a procuré plus de plaisir : le jeu reste solide, et surtout l’attitude et la combativité des joueurs ont été exemplaires du début à la fin, malgré la tournure délicate du match et face à une opposition accrocheuse. Evidemment, le gros point noir reste l’accumulation de blessures plus ou moins graves, surtout bien sûr celle de Morgan Sanson dont nous attendrons aujourd’hui les résultats des examens avec la plus grande angoisse.

 

Les joueurs

Mandanda (3/5) : Deux sorties douteuses sans grande conséquence : peu sollicité, il s’est contenté de rassurer une défense qui n’en avait de toute façon guère besoin.

Rami (4-/5) : Un Arabe qui stoppe l’arrivée des Alsaciens une main dans le slip, si Stéphane Ravier a vu le match il va avoir du mal à trouver le sommeil.

Abdennour (3+/5) : Eh bien figurez-vous que contre toute attente, Aymen a réalisé un très bon match. N’ayant pas eu trop de balles en profondeur à négocier (il s’en est d’ailleurs plutôt bien accommodé), il a pu tranquillement jouer les videurs de boîtes devant les puceaux qui essayaient d’entrer dans sa surface.

Sarr (3+/5) : Le vrai test serait de voir sa performance contre Monaco, mais en attendant Bouna laisse de moins en moins de trous, Bouna va au carton quand il faut, et Bouna n’oublie pas de porter le danger devant. Bref, Bouna ne prête plus à rire.

Sakai (3/5) : Après « Sakai sur un côté inhabituel », découvrons « Sakai sur un côté inhabituel, et blessé ». Au prochain match, on devrait assister à « Sakai sur un côté inhabituel, blessé, et avec un justaucorps rose », juste pour voir jusqu’où il peut aller sans craquer.

Luiz Gustavo (4/5) : Encore un peu de temps, et ce sera à Dieu que les journalistes demanderont pourquoi il porte un tatouage « Luiz Gustavo ».

Zambo Anguissa (3+/5) : Forcément, passer au même poste de Sanson à Zambo Anguissa c’est comme se baigner dans le lac Baïkal après les Caraïbes, on constate une légère rétractation du volume. Il n’en demeure pas moins qu’André-Frank a correctement fait le boulot, et s’est même un peu lâché sur les ballons offensifs à la fin du match.

Thauvin (4/5) : Tous les éducateurs de France se sont agenouillés en fondant en larmes, aux cris de « eh ben tu vois, quand tu passes ta balle, bordel ! »

Sanson (2/5) : Définitivement pas à l’aise au poste de meneur de jeu. Quoi qu’il en soit, Erzulie est priée de lui rendre l’usage son genou dans les meilleurs délais.

Njie (68e, 4+/5) : En revanche, Clinton est prié d’utiliser son cerveau le moins possible : un but et une passe décisive sur des gestes en première intention, quand on a un instinct aussi sûr on ne le gâche pas à vouloir réfléchir.

Ocampos (3/5) : Teigneux comme Elise Lucet, précis comme Pierre Ménès.

Payet (56e, 4/5) : A attendu que les picadors fatiguent la bête avant d’entrer et d’en faire des alouettes sans tête.

Germain (2/5) : La confiance du buteur c’est comme les convictions à la République en Marche, c’est souvent instable et fragile.

Bedimo (85e) : Le retour en grâce se poursuit à pas comptés.

 

L’invité zoologique : Jean-Eudes Aholoutre

Animal surestimé par excellence, la loutre fait le bonheur de tous les amateurs d’animaux mignons et rigolo, alors que cette escroquerie n’est rien d’autre qu’une sorte de fouine avec les pattes palmées. Sortie de son enclos ou de sa rivière, la loutre est infoutue de parcourir 200 mètres sans se faire ratatiner par la première voiture qui passe. Il s’agit donc bien de l’invitée appropriée pour commenter avec nous ce match contre une équipe considérée séduisante, mais somme toute très inoffensive.

– Les autres : Un bon partenaire de baston – mais toujours correct cependant, équipe que l’on désigne sous le vocable usuel de « casse-couilles ». C’est déjà bien d’avoir pris quatre points contre eux cette année, même le PSG ne pourra pas en dire autant.

– Le classement : Monaco tenu en échec contre Nice, nous sommes désormais DEUXIEMES en attendant le match des lyonnais. Espérons que nos blessures ne viendront pas fausser la course qui s’annonce passionnante (si la course est faussée par les blessures chez nos rivaux, en revanche, ça peut nous convenir).

– Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook et sur Twitter. Marc D. remporte le concours zoologique.

 

La Dolorès O’Riordan marseillaise est en pleine forme, merci pour elle.

 

Bises massilianales,

Blaah.

7 thoughts on “OM-Strasbourg (2-0), La Canebière académie a du caractère

  1. J’ai un souvenir ému d’une académie qui commençait d’un solennel « ô traitre » qui restera à jamais top 1. Mais celle – ci s’insère facilement quelque part dans les deux places de derrière.

  2. Autant j’ai dis assez de mal de votre club dans mon académie du soir, autant je vous prie de ne pas trop m’en vouloir : c’est toujours un immense plaisir de vous lire, mon cher collègue camélidé.
    Bien entendu, toute cette agressivité se situe dans ce merveilleux état d’esprit qu’illustre une action d’Anthony Gonçalves, une même virile envie de se foutre sur la tronche, de ne pas faire de cadeau, tout en respectant l’adversaire !

  3. Zambo m’a semblé moins slipocide techniquement que d’habitude. Ou alors il a simplement fait moins de passes.

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