SRFC-OL (1-2) : La Gones Académie n’avait jamais vu ça

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Ici c’est pas loco, ici on gagne, Monsieur.

« L’important, c’est de ramener les 3 points » – Franck Ribéry. Mais aussi Bruno Genesio. Les grands esprits se rencontrent.

Salut les Gones,

Pour son premier match de la saison, disputé au Groupama Stadium, l’OL n’avait fait qu’une bouchée du RC Strasbourg-Alsace. Cependant, nombreux ont refusé d’accorder tout mérite à Bruno Genesio, sous prétexte que c’était trop facile. Personnellement, si battre Strasbourg à domicile devrait être relégué au rang de formalité pour une formation ayant les ambitions de l’OL, nous avions cependant décidé de saluer la performance… pour mieux fustiger le club lorsque les mauvaises habitudes de perdre contre Dijon, Caen ou Angers reprendront le dessus. Quant au niveau réel de l’équipe, le déplacement du jour à Rennes fera figure de premier test pour la saison. En effet, depuis maintenant plus de 20 ans le Stade Rennais joue en Ligue 1 un rôle de zéro hydrographique : plus haut que la 7e place ? La Ligue 1 est en perte de vitesse. Plus bas que la 7e place ? La Ligue 1 se porte bien. Plus bas que la 10e place ? Il a fait très chaud pendant la CAN. Par ailleurs, l’historique récent des rencontres entre les deux clubs étant très équilibré, la partie sera forcément riche d’enseignements. La question aujourd’hui sera donc double : l’OL version 2017-2018 peut-il s’imposer contre un adversaire moyen de Ligue 1 et si oui dans quelles conditions ? Premier élément de réponse, la compo.


La compo

Déclaré intransférable par Bruno Genesio quand une majorité des observateurs le décrivent comme la plus grande faiblesse dans le XI type de l’OL, Jérémy Morel officie en défense centrale aux côtés de Marcelo. Comme prévu. Le reste de la compo est également parfaitement identique à celle qui a battu Strasbourg. Cependant, les faits vont montrer que Bruno Genesio a innové et a marqué l’Histoire foot de sa patte tactique.

Lopes/Rafael-Marcelo-Morel-Marçal/Tousart/Darder/Traoré-Mariano-Fékir-Memphis.


Le match

L’OL donne le coup d’envoi et se procure rapidement une occasion, Memphis tente un centre un peu rock’n’roll dans la surface. Le ballon est dégagé mais revient sur Marcelo qui frappe. Gnagnon, dont le nom devient de plus en plus drôle à mesure qu’on le répète à haute voix, sauve son équipe du un à zéro. 7 minutes plus tard environ, Ramy Bensebaini reprend sa collection de chevilles lyonnaises là où il l’avait laissée la saison dernière, la victime du jour étant Bertrand Traoré. Cette fois, l’arbitre ne brandit pas le rouge mais seulement le jaune. Entre ça, le but de la main de Saint-Etienne et le but hors-jeu de l’OM durant le même week-end, on est en droit de se demander si la poigne de Jean-Michel Aulas sur la LFP n’a pas perdu de sa vigueur. Cette saison, il faudra donc très certainement passer par le jeu pour obtenir des résultats. Et justement, Bruno Genesio fait parler sa bosse de la tactique puisqu’à mesure que le match avance, sa nouvelle création se dessine avec toujours plus de force. Le Picasso du tableau noir nous a concocté un véritable 4-1-1-4, que nous n’avions encore jamais vu dans le football professionnel. Emerveillant de rareté, époustouflant de courage et désarçonnant de stupidité, le 4-1-1-4 genesiste consiste donc en une ligne de 4 défenseurs, Lucas Tousart devant cette ligne, Darder seul dans l’entrejeu, Memphis et Traoré collés à l’arrière latéral adverse et un duo Fékir-Mariano qui se marche sur les pieds quand Fékir ne décroche pas. Auquel cas Mariano se voit sollicité en appui et décide quasi-systématiquement de se retourner d’un contrôle orienté (4 mètres trop long) bien senti (par la défense qui récupère). Cette carte représentant les placements moyens des lyonnais pendant le match ainsi que les combinaisons de passes favorites de chacun nous permet de corroborer graphiquement le ressenti de cette première période.

Point infographie : Réponds à ça Marcelo Bielsa.

Juste avant la pause, Mariano réussit une bonne tête qui crée la confusion devant le but. Mexer, très agité se trouve à deux doigts de concéder le CSC mais le ballon est en définitive dégagé. Score nul et vierge à la pause. La purge est totale.

Au retour des vestiaires, Anthony Lopes prend un Baal perdu en position d’avant-centre et reste au sol. Ça ne l’empêche pas de sortir dans les pieds de Sarr, 30 secondes plus tard, suite à une grossière erreur du défenseur central gauche Emmanuel Mammana. L’OL décide malgré tout de protéger son gardien quelques minutes en jouant un peu plus haut et en cherchant ses ailes, et notamment Bertrand Traoré. Celui-ci percute une nouvelle fois et obtient un bon coup-franc dont Memphis se charge sans discussion, puisqu’à en croire ses stories Snapshat, Facebook, Twitter, Instagram, JeMeKiffeBeaucoupTrop.com, LinkedIn et Google+, il n’a travaillé que ça à l’entraînement cette semaine. Le ballon, pourtant pas très haut, plonge tel Bastia dans les tréfonds du foot français. Diallo est battu. 1-0. Lyon vire en tête : le 4-1-1-4 de Genesio est en voie d’être prolongé pour 15 matches. Un peu plus d’un quart d’heure plus tard, tandis qu’absolument rien de footballistiquement pertinent ne se passe, Fékir adresse un centre du droit vers la tête smashée de Mariano. Diallo est sans réaction face au boulet de canon qui transperce ses filets. 2-0. La puissance irrésistible d’El Bufalo piétine donc la Ligue 1 pour la 3e fois de la saison et quelque chose nous dit que Mariano Diaz terminera avec plus de buts marqués que de contrôles réussis cette année.

La fin de match approchant, Rennes s’essaie enfin à jouer plus haut mais pas de chance pour Christian Gourcuff, ses attaquants peinent dans la prise de décision. Pour preuve, Mubele a même cru bon de laisser les boîtes autour de ses chaussures, le logo Nike étant plus gros que sur la chaussure elle-même. Sergi Darder, bon joueur, laisse au Stade Rennais une dernière opportunité d’entretenir l’espoir en envoyant un coup de sécateur n’ayant rien à envier au maître de l’effectif en la matière : Jordan Ferri. Bourigeaud exécute le coup-franc, qui termine au fond. 2-1. Retenons-donc que Sergi Darder est responsable de ce but et remettons-en cause sa légitimité dans le XI titulaire comme tout homme qui regarde le football sans le voir. Le match se termine, le temps pour nous d’apercevoir Mariano Diaz tenter un dribble de 13 mètres de long, parfaitement perpendiculaire au sens du jeu, et bien entendu échouer lamentablement.

Quand Mariano gâche une remise en une touche sur Fékir au profit d’un dribble dont même Maxwel Cornet aurait honte.

Les notes

Lopes (4/5) : Ouvertement critiqué la saison dernière, il est reparti sur les bases de ses exercices 2014-2015 et 2015-2016 qui lui avaient permis de disputer l’Euro 2016. On espère que ça durera.

Rafael (3/5) : Offensivement précieux dans ses combinaisons avec Bertrand Traoré, il a été remplacé en fin de match par Kenny Tete qui a eu le temps d’envoyer un tacle millimétré à la hauteur de sa réputation.

Marcelo (3/5) : Il a fait le travail avec efficacité mais a l’air d’avoir déjà atteint l’âge du déclin physique. Rassurant et inquiétant à la fois. Le profil qu’on aime en défense à l’OL.

Morel (3/5) : Le joueur lyonnais qui a le plus touché le ballon. Le plan de Pep Genesio pour le replacer milieu relayeur à la place de Darder se déroule sans accroc.

Marçal (3/5) : Courir dans le vide pendant que Memphis a les yeux rivés sur le gazon ou sur la cage, c’est la vie qu’il a décidé de mener et même d’élever au rang d’art, Marçal.

Tousart (3/5) : Il tacle, il intercepte, il relance, il se projette. Petit problème, s’il défend à gauche, il ne peut pas défendre à droite donc on est vulnérable au moindre changement d’aile. Mais bon, le 4-1-1-4 est encore en rodage, ça doit être ça.

Darder (4/5) : Patron. Il a intercepté plus de ballons que n’importe qui, battu son record de duels aériens remportés (source : pifomètre) et il est tout seul pour créer de la largeur au milieu. Autant vous dire qu’on peut lui pardonner son charcutage de dernière minute sans problème.

Traoré (5/5) : « Votre suggestion de renommer l’Olympique Lyonnais en Bertrand Traoré FC a bien été reçue, nous vous tiendrons au courant de l’avancement de votre requête. La Direction. »

Fékir (4/5) : La passe décisive est là, la gestuelle est facile et la confiance est revenue. C’est sa saison et rien ne l’arrêtera. Sauf peut-être Mariano.

Memphis (3/5) : Un coup-franc très astucieux qui fait mouche. Nous avons hâte de voir ce que ça donnera quand il se décidera à rejouer au football.

Mariano (3/5) : Une chimère, mi-homme mi-béton renforcé, les pieds n’ont pas récupéré les bons gènes mais tant pis, pour l’instant ça fonctionne.

En conclusion, ce 4-1-1-4 totalement inédit dans le 69 est évidemment criblé de défauts mais a eu le mérite de nous rapporter 3 points. En bon spécialiste de l’ambiguïté causale, Genesio va certainement en déduire qu’il va dans le bon sens tactiquement. Nous sommes à présent à des constellations au-dessus de ce débat qui n’aura jamais lieu : seuls les résultats seront évocateurs, pour Bruno Genesio comme pour Jean-Michel Aulas. 6 points sur 6 possibles, nous ne sommes pas en position de nous plaindre d’autant que Marcelo Bielsa lui-même a concédé la défaite 3-0 au RCSA et que Lucien Favre est à 0 points sur 6. Autant d’indicateurs ne peuvent pointer que dans une seule direction : Bruno Genesio est évidemment à l’heure actuelle le meilleur entraîneur de Ligue 1.


BA,

LN&PI

9 thoughts on “SRFC-OL (1-2) : La Gones Académie n’avait jamais vu ça

  1. Ah putains j’ai autant rit devant l’académie que j’ai pleuré pendant le match. D’ailleurs, Je le subodorai en voyant le match, mais la passmap le confirme : Morel est le Bonnucci ou le Matt Humels pour Pep Genesio…

    1. Étonnamment, le rapport académie/match m’a fait l’effet exactement inverse.

      Il vous faut quoi exactement pour être satisfaits d’une victoire à l’extérieur?
      À part à imaginer un triplé de Darder sur des ouvertures de Mamana et autant de passes décisives de Aouar, tous trois coachés par Heitor/Esteban/JuanPaco Garcia, fantasme ultime du mec qui s’y connaît en foot, vous arrivez à trouver des motifs de satisfaction à regarder jouer OL?

      1. L’ironie semble masquer le fait mais nous sommes satisfaits de la victoire. Cependant les pistes d’améliorations qui sont les mêmes depuis des années pourraient être corrigées assez facilement et c’est en cela que Bruno nous émerveille ou nous ulcère selon les jours.

  2. On sent bien que la thématique récurrente de la saison va être la Génésite aigüe.
    Vivement la première défaite

    1. Mmmm…
      L’an passé LA piste d’amélioration que vous réclamiez c’était de sortir Gonalons du « double pivot » du 4-2-3-1 et de le remplacer par Darder.
      Soit exactement ce qui a été fait.
      Darder étant moins défensif que Gonalons, il joue plus haut que lui. Il me semble que c’est exactement que c’est ce que vous souhaitiez, ben non, vous tournez ça à votre sauce avec cette buse Genesio qui aurait inventer le 4-1-1-4.

      Le vrai problème, c’est que ça devient assez penible à lire, parce qu’on sait que quoi qu’il se passe (par exemple 2 victoires probantes en 2 matchs) vous ne changerez pas votre credo.
      Et c’est assez dommage.

  3. Je sais pas si j’ai de la merde devant les yeux, mais je trouve pas Morel en DC plus dégueulasse que ça. Niveau qualité de relance c’est vrai que ça casse pas 3 pattes à un canard (RIP Mamana), mais niveau récup ça me semble tenir à peu près la route.
    Non par contre Depay… La saison dernière j’étais indulgent parce qu’il venait d’arriver, etc… Mais putain la quantité de déchet dans le jeu…
    Pour Mariano, vu son jeu de tête et son absence de jeu au pied je crois qu’il faudrait vraiment qu’il se contente de planter sa tente dans la surface adverse et d’attendre patiemment les centres de Fékir et consort.

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