Très chers lecteur avides de vous abreuver à un puits de connaissances, mes salutations du matin.

Il est certain que, considéré depuis la quiétude de ce bon vieux manoir blotti au fond du Bouchonnois, l’agitation mercantile de ces derniers mois a de quoi faire rire.
Comment ! Des sommes folles sont mises en jeu pour l’achat, quel vilain mot, pour s’octroyer le droit de voir évoluer sous ses couleurs des joueurs qui ont à peine fait leurs preuves. Quelle inconséquence de la part des dirigeants qui n’écoutent que la vox populi et n’ont aucun bon sens.

Pas sûr que ce soit cadré, je vous l’accorde

Mais pourquoi donc suis-je devenu un aficionado du football au lieu de me consacrer à de vrai sports d’homme tel le polo ou le golf ? Certes, le golf est trop galvaudé de nos jours et le premier turlupin venu vous parle de par 3 ou du birdie qu’il a fait au trou 17 de Saint-Nom.
Ce sport pourtant populaire voire populiste m’aura malgré tout procuré de grandes joies, ne soyons donc pas rancuniers, je vous les fais ainsi partager, pour peu que vous puissiez vous astreindre à me lire.
Bast, ne soyons pas pessimistes, je suis convaincu que parmi vous se trouvent de vrais amateurs qui vont se délecter de mes évocations du football des temps jadis, du temps où d’ailleurs ce sport était davantage appelé « foutballe »  au lieu d’adopter maintenant une prononciation que l’on veut anglo-saxonne et qui fait tant rire notre chère Elisabeth , elle me le disait encore il y a peu.
Bref , trêve de bavardage , cette chronique édifiante va vous présenter la première star de notre beau sport, le tout premier à s’être fait remarquer en Coupe du Monde par d’autres que ses coéquipiers ou ses adversaires directs.

On était loin de vous footixeries

D’aucun vont penser que je radote, car leur culture infinitésimale acquise au contact de mentors comme… (non, je ne puis me permettre de même citer le nom de ces cuistres, ce serait leur donner de l’importance), mais le joueur dont je vais vous narrer les prouesses n’a rien à voir avec un quelconque produit à base de cacao !
Brisons là, Léonidas fut le premier à faire parler de lui en tant que vedette. Non pas une starlette qui geint et trépigne pour tirer un penalty mais un vrai, un qui commande le respect mieux que vous ne commandez vos plats de pauvres au restaurant. Car sachez, mes chers petits ignorants, que l’on peut exiger le respect mais qu’il n’est accordé qu’à ceux qui le méritent. Ainsi –- pardonnez cet aparté historique et familial — les paysans du sud Bouchonnois se soulevèrent en 1789 , mais par respect envers mon aïeul Wenceslas, ce fut pour soutenir notre belle famille. Nos gens eurent vite fait de bouter les pseudo révolutionnaires fauteurs de troubles hors de nos terres , ayant bien compris les vertus de ces rudes invectives qui font le sel des relations viriles entre le pouvoir éclairé et les subalternes. L’égalité , quelle utopie ! Ces propos n’étant nullement discriminatoires envers nos chères compagnes, virile ici signifiant énergique. Voyez les filles du football et pensez à ce que seraient nos Bleus avec un leader tel que cette Demoiselle Abily pour les mener et bousculer un peu ces egos surdimensionnés . Mais revenons à notre propos initial .
Surnommé le Diamant Noir , n’en déplaise à mes lecteurs lusitaniens supporters d’Eusebio, Léonidas réussit à faire de la Coupe du Monde 1938 en France un succès populaire tout en lançant le Brésil sur la scène internationale. Il est aussi celui qui a popularisé la « »bicyclette » et même si sa couleur lui a d’abord rendu les débuts difficiles – fausse accusation, coup monté, prison –- son talent le rendit vite incontournable en sélection.
Après 1938, la réputation des auriverde est faite, nation d’artistes inspirés par les dieux du football en dépit de certains millésimes, tant il est vrai que la Seleçao a parfois présenté des équipes indignes.

France 1938, la 3è édition de l’épreuve va voir des matchs épiques, dont un Brésil – Pologne en huitième de finale de l’épreuve au cours duquel Léonidas va faire la pluie et le beau temps, à tel point qu’il marque 3 buts et qu’en seconde période, comme de lourdes averses ont détrempé la Meinau — oui , cela se déroulait à Strasbourg — notre champion se met pieds nus afin d’éviter toute glissade, mais l’arbitre au nom d’un règlement tatillon lui ordonne de rechausser les crampons, ce qui n’empêchera pas la victoire des artistes  6–5 après prolongations. Autre fait marquant de ces huitièmes, le forfait de l’équipe d’Autriche sous le prétexte fallacieux d’une invasion allemande. Mais les Allemands sont venus eux, avec des joueurs autrichiens en plus.

Le quart de finale est très attendu car la Tchécoslovaquie était déjà finaliste en 1934 aussi le Brésil qui ne joua qu’un match alors — pour un premier but de Leonidas déjà — est encore la surprise du tournoi français. Opposition de style entre des Tchèques disciplinés et plus âpres au combat que des ratiers atrabilaires et des Brésiliens qui tentent de produire du beau jeu malgré une pelouse défavorable. Curiosité de l’époque, le match qui n’a pas choisi son vainqueur après prolongations ( 1 – 1 ) est rejoué 2 jours plus tard, seulement, et la technique va alors l’emporter sur le physique, les blancs (eh oui ) gagnent 2 – 1 . Leonidas marque un but lors de chacun des matchs et dès lors le monde va suivre ces adeptes du beau jeu avec intérêt. Leurs adversaires savent qu’ils ont laissé filer leur chance mais ignorent qu’ils n’auront pas de sitôt la même occasion de briller, et que leur bourreaux du jour n’ont pas fini de les faire souffrir. Un juste retour des choses car si les Tchécoslovaques ont fini le premier match sur les rotules, c’était sur celles de leurs adversaires . La partie fut si engagée qu’à un moment il n’y avait plus que 7 brésiliens sur la pelouse. Ce fut également la dernière apparition de l’arbitre hongrois !!!

Pour la demi finale, le j’en-foutre qui s’occupe du Brésil ne trouve rien de mieux que de laisser au repos son attaquant vedette car les deux quarts l’on vidé et on aura besoin de lui en finale. Voilà bien le bel optimisme de ces Sud-Américains ! Déjà qualifiés avant que d’avoir joué . Il est vrai qu’en face, l’Italie ne présente pas le meilleur des parcours : 2 – 1 Norvège puis 3 – 1 France, rien de phénoménal . Et ce en dépit de leur titre à domicile en 1934 , car la victoire en finale 2 -1 contre les Tchècoslovaques avec le but victorieux à la 95è sent sa largesse arbitrale à plein nez , n’en déplaise à nos voisins Italiens .
Toujours est-il que l’inconséquence de leur entraîneur laisse les Jaunes démunis et c’est Guiseppe Meazza qui n’avait pas encore marqué à ce stade qui donne la victoire à ses couleurs 2 – 1 en transformant un penalty qui fait encore parler ….. Dans l’autre demi la Hongrie ne connaît aucun problème et massacre les Suédois 5 – 1 pour une finale qui sera à nouveau une opposition de styles. Dans un Stade Olympique de Colombes garni le score de 4 – 2 pour les Azzuri importe peu , les Hongrois sont maudits en Coupe de Monde et reviendront prouver à la planète football que la plus belle équipe ne gagne pas toujours .
Ce qui nous intéresse n’est pas ce réveil de l’attaque italienne et de Silvio Piola , enfin , mais le match pour la 3è place qui donne à Leonidas bien reposé , merci coach, l’occasion de scorer encore deux fois pour finir meilleur buteur ( 7 ) et donner des regrets à toute une nation car la Seleçao possède aussi la deuxième attaque .

Pas de barbe, juste une moustache élégante de « vrai » homme.

Parmi les chiffres que l’on peut donner pour cette petite épreuve avec seulement 18 matches :
3 parties rejouées et chaque fois le vainqueur sera éliminé au tour suivant, pas de pitié pour les joueurs d’alors. 84 buts de marqués ce qui fait un ratio de plus de 4,5 buts par match .
La Hongrie et le Brésil sont pour plus du tiers des buts marqués ( 15 + 14 ) et sur ce total de 84 il n’y eu que deux penalties, réussis car les tireurs n’ont certainement pas eu à lutter pour le ballon avec des coéquipiers égoïstes. Jeunes paltoquets, va !
Quelle belle époque c’était , les directeurs de jeu ne sifflaient que très peu et expulsaient encore moins –- 6 rouges pour les 4 premières éditions . Même les avertissements étaient distribués avec parcimonie et bien sûr, nul n’aurait songé à se rouler par terre sauf crise d’épilepsie ce qui n’est mentionné nulle part. À l’extrême limite, si le sang coulait beaucoup ou un bout d’os saillait de la plaie il fallait sévir, n’en déplaise aux jeunes délicats actuels que vous prenez, et qui se prennent donc, pour de grands footballeurs.
Voyez où mène cette chronique , mes velléités culturelles vont se heurter à vos mauvaises habitudes . Je poursuivrai donc mon apostolat et ne m’estimerai récompensé que lorsque je verrai X ( pas de nom, il y en a trop ) serrer la main de l’entraîneur qui le fait sortir ou Y ( pas lui, l’autre ) aller ramasser le ballon pour que son partenaire tire un penalty. La route sera très longue !
Sur ce, mes très chers , je dois vous laisser car j’ai une vraie existence qui m’appelle hors de ces réseaux sociaux qui sont l’alpha et l’oméga pour beaucoup trop d’entre vous. Surtout ne faites pas de rejetons qui vous ressemblent.

Bise annale (comme l’on m’oblige contractuellement à signer)

4 thoughts on “Le foot expliqué à Kylian #2 : Première étoile

  1. « 6 rouges pour les 4 premières édition » : moi qui pensais que les cartons rouges avaient été introduits après 66.

    1. Diantre , une erreur signalée !
      Si fait mon cher ami , le carton rouge en tant qu’objet signifiant à un joueur qu’il était temps pour lui de rejoindre le vestiaire est apparu en 1966 . J’avoue , dans mon désir de simplifier afin que les jeunes lecteurs ne trouvent pas ma prose trop absconse que j’ai usé d’un raccourci . Je bats ma coulpe encore une fois .

  2. Merci de remplir parcimonieusement les puits sans fond de notre ignorance et de notre curiosité cher Dominique.

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