Salut les moches,
Il y a de ces derbies au charme éternel, à l’atmosphère surannée et à la crasse quasi-poétique. Le « New Firm » opposant les deux plus grands clubs de Copenhague, c’est presque ça.

De la haine oui, des voix usées, aussi, des fumigènes balancés, encore plus. Ceci étant, la rivalité entre le FC København et le Brøndby IF cristallise des rancœurs bien plus récentes que la norme des rivalités sans pour autant en altérer l’intensité. Je voudrais bien vous faire croire que je suis un observateur neutre et objectif, mais je laisse ça aux chantres de l’appâtage au clic et aux pseudo-analystes. Je serai d’une mauvaise foi totale et j’ai décidé que je m’en lustrerai les grelots avec un pinceau à beurre. Le FCK c’est de la merde, une fusion datant de 1992 pour la réussite sportive et financière d’un artifice qui ne semble pas gêner ses pleutres de supporters, le Brøndby IF, c’est le fanion d’une banlieue calme, ennuyeuse et sans histoire ; et en tant que Seine-et-Marnais endurci, je vous cacherai pas que ça me touche dans mon intimité la plus profonde.

Quoi qu’il en soit, la question n’est pas tout à fait là : que vaut le Brøndby Stadion dans le guide du parfait petit groundhopper ? Est-ce que le graillon y est goûtu ? Est-ce que le stade a de la gueule ? A quelle hauteur de décibels y vocifère-t-on ? Décryptage.

 

DU MÉTRO AU STADE : Banlieue pavillonnaire/5

Une fois n’est pas coutume, je ne me suis pas rendu au stade en transports en commun, mais avec un engin motorisé privé, puisque j’étais accompagné d’individus équipés de l’obsolète permis de conduire. Toutefois, on a garé la gova à la distance parfaite du stade pour goûter à l’atmosphère de ses alentours sans non plus être sur le parking.

Les résultats de l’analyse sont sans appel : des rues remplies de petites maisons d’un rouge caricatural de l’idée qu’on se fait de la Scandinavie et des toits impeccables aux tuiles d’un orange éclatant qui pique les yeux sa mère. Des trottoirs propres où les gamins peuvent faire du vélo et  les darons peuvent promener leur petite merde de chien. Des petits jardins pas chiants à tondre mais assez grands pour taper au ballon. Des gens qui font des barbecues avec leurs cons de voisins.

La banlieue pavillonnaire calme, agréable mais d’un ennui éternel, l’allégorie d’une classe moyenne heureuse mais sans histoire. Rien ne ressemble à chez moi et pourtant tout m’y ramène. Et quand le stade se profile enfin, on s’attend presque plus à voir se dresser un centre commercial à l’horizon.

Un peu éthéré à mon goût, mais pas désagréable non plus.

 

LA GUEULE DU TRUC : 2+/5

Quand justement le stade apparaît, le seul truc qu’on pense c’est  « bordel qu’est-ce que c’est laid ». LE stade typique des années 80, d’un gris sale et tâché, aux rondeurs informes qui lui donnent un côté bonhomme Michelin des stades ; rien qui ne le distingue, rien d’impressionnant, rien de bien excitant finalement.

Un club qui saura me donner des ailes, un club qui n’a pas peur qu’on l’aime donc si t’as les critères, mec laisse moi ton email.

Et puis on rentre. La première chose qu’on voit vraiment c’est le terrain, jusque là tout est normal. Puis on commence à errer dans les coursives ; et là ça claque les yeux : c’est pas un club comme les autres. Des tags. Partout. Et on parle pas de Jojo la Castagne de Noisy-sur-École qui graffe son blaze de pendard sur un RER délabré. Ça respire l’identité de supporters à qui on a laissé la liberté de l’exprimer comme ils l’entendent, sans la voir imposée et matraquée par la communication lourdaude du club.

Et puis on monte. Dans des cages d’escalier fermées qui puent la beuh, aux murs recouverts de stickers, aux gadjos encagoulés qu’on aimerait pas croiser au coin d’une rue la nuit.

Et puis on s’installe. Et là, on sait qu’on peut s’attendre un truc qui claque.

 

L’AMBIANCE : 99999×1019/5

Alors là, on va pas tourner autour du pot, j’ai pris une beigne dans la gueule, vocale, visuelle et émotionnelle comme rarement pour un club pour lequel à la base je m’astique le trombone. Et ce dès l’entrée au stade.

On s’est installé à nos places, juste au dessus des ultras locaux, à peu près 50 minutes avant le début du match. En bas c’était déjà plein à craquer bien avant l’échauffement des joueurs. Le même chant tourne en boucle, que je ne comprends bien évidemment pas mais j’ai appris plus tard que c’était un chant moyennement affable vis-à-vis du FC København, le rival honni.

Pas de fumée sans fumi

Quand l’échauffement commence, des chants à la gloire de chaque joueur commencent à retentir. On découvre bien assez tôt qu’en réalité ils appellent TOUS les joueurs de Brøndby présents. Chaque joueur se pointe, salue le kop, et lance un cri de guerre. Quoi de mieux pour une communion entre joueur et public ? Quoi de mieux pour se mettre en forme pour un derby qui s’annonce pimenté à souhait ?

Pendant le match, pas un blanc. Pas un seul. Chaque seconde est ponctuée d’un chant qui résonne fort, très fort dans l’enceinte du stade de 30 000 places. A l’entrée des joueurs, 50 types aux cagoules jaune-et-bleue débarquent et craquent tout autant de fumigènes ; fumigènes qui n’arrêteront pas d’illuminer le stade et de nous piquer délicieusement le nez d’une odeur de soufre. D’ailleurs j’ai compté le nombre de craquages : 18 (DIX-HUIT) dans le kop domicile, 11 dans le parcage.

Et puis, évidemment, c’est parti en sucette. Les locaux marquent à la 89e et la tribune visiteurs pète un câble, balance un fumi en latérale et commence à s’y mettre à 50 pour péter la rambarde pour provoquer une baston avec la maréchaussée. Au bout du compte, plus de peur de mal, sauf pour le pauvre stadier qui a pris une mandale de l’espace d’un lascar de 2 mètres de haut. La presse danoise annoncera 46 arrestations, dont une bonne partie d’Allemands du HSV.

Mais en sortant du stade, c’est comme si rien était arrivé. Police compétente ? Apparemment ça peut exister.

 

LE MATCH : 3/5

Même si ce sont deux équipes qui jouent très régulièrement l’Europe, on rappellera que le championnat danois n’est pas le meilleur de la planète et que le FCK s’est considérablement affaibli pendant le mercato. Résultat, on a quelques séquences de 2-3 minutes où c’est littéralement du Benny Hill, la balle part dans tous les sens sans direction aucune, mais bon c’est fun.

En tout cas de la part du Brøndby IF, qui tente systématiquement de jouer vers l’avant et a quelques joueurs devant qui caressent la gonfle avec une délicatesse pas désagréable (notamment Mukhtar, Pukki et le jeune international Kosovar Halimi). Malgré une inefficacité congénitale devant le but pendant tout le match, Simon Tibbling délivre le stade en se jetant sur un ballon ayant heurté le poteau.

Pas une symphonie footballistique mais on s’est quand même pas mal marré.

 

LE POINT GUIDE DU ROUTARD : Non noté/5

Alors que je m’impatientais de tailler le bout de gras local en l’arrosant d’une bière bien fraîche pour me désaltérer après le long voyage, je me suis très clairement ravisé en voyant les prix.

Vous n’êtes pas émir ? Vous ne payez pas l’ISF ? Évitez d’acheter quoi que ce soit à Copenhague. 50 kr (6€70) la pinte de Carlsberg, je suis désolé mais ça pique très clairement l’anus. Sans compter les 45 kr (6€05) pour un hot-dog à la Copenhagoise (avec des oignons grillés et des concombres marinés, plutôt goûtu, je conseille).

Quand la bouffe et la binouze sont clairement les deux seules raisons pour lesquelles je me rends au stade, je vous cache pas que j’étais légèrement chafouin. Enfin bon le reste a compensé.

Allez viens on est bien

Une chose est sûre, même s’il est déjà acquis d’un commun accord chez les amateurs de tribune que le derby de Copenhague et les clubs impliqués sont pas des rigolos, clairement je recommande plus que vivement d’y aller faire un tour si vous en avez l’occasion. Les billets sont pas donnés donnés (j’ai payés 22 piastres pour le mien) mais rien ne l’est sur place de toute façon et ça reste dans le spectre de l’à peu près acceptable.

Et si vous avez l’occasion particulièrement d’aller au Brøndby Stadion pour le New Firm, faites le. Vraiment. En terme d’ambiance, d’atmosphère, d’émotion et de ressenti, je pense qu’il a sa place parmi le gratin mondial.

Que votre chemin soit pavé de bienveillance bande de vermines communistes,

Laezh Dour

4 thoughts on “J’ai testé pour vous : Brøndby Stadion

  1. Quand je vois que les prix que tu annonces ne me choquent pas, je me dis que Paris c’est d’la merde. Belle immersion en tout cas

      1. Vous yoyotez de la touffe les garennes, je suis à Londres et ça m’a choqué dans mon for intérieur

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