Au courrier du coeur: Les Bleus, ces Enculés

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Fais une célébration rondelle dilatée avec tes mains.

Et tout a changé pour ces quelques lignes…

Cela fait maintenant trois coupes de la ligue gagnées par l’OM, que le monde a failli imploser pour quelques mots plus hauts que les autres, quelques mots affichés en plus gras que les autres sur un journal qui a décidé de prendre le virage le plus glissant de la presse monopolistique. Que s’est-il passé dans le vestiaire de l’équipe de France en cet été 2010 ? Quels mots ont été échangés pour faire éclater un groupe et mettre un pays contre un joueur ? Peu de secret dans notre ère moderne ont fait couler autant de sang encore chaud. Oui parce que ces quelques mots ont laissé des cicatrices et seules de longues années pourront nous permettre un jour d’arrêter un qualificatif légitime pour les événements de Knysna. Le même processus a été observé pour les « événements d’Algérie » et les « événements de mai 68 », or à l’époque, il s’agissait bien de deux guerres civiles, c’est vous dire quelle postérité attend ces quelques minutes dans un vestiaire. Tous les ressorts d’une intrigue guerrière étaient présents, le général, les lieutenants, les soldats, les déserteurs, les agents doubles, les dirigeants, les nations étrangères, une médiatisation extrême. Et tous les sentiments qui font que la plupart d’entre nous voudrait arborer fièrement devant le regard admiratif du monde nos slips kangourous aux couleurs de notre divine nation.

Nous nous sommes retrouvés à poil, dans le froid, à chercher du regard un repère, un souvenir, des images qui nous diraient d’une voix douce et chaude, « tu sais personne n’oubliera que vous avez fait de grandes choses, mais tout le monde saura maintenant que vous avez plus de facilités à tout gâcher et à vous rendre ridicule. Honte à vous qui avez souillé les beaux souvenirs. »

Le plus grand de cette histoire, c’est que personne n’a jamais vraiment su quels ont été les mots employés, jamais personne ne saura vraiment ce qui s’est dit, parce que le rouleau compresseur de la presse à scandale est passé par là et qu’il sera à jamais plus facile de se souvenir de cette Une putassière plutôt que de comprendre comment la situation a pu dégénérer jusque là. Qui veut vraiment savoir en fait ?

Deux ans après et un sélectionneur plus loin, voilà qu’on nous remet dedans et qu’on veut nous donner à manger la vérité. La même overdose consentante qu’à Noël. J’en suis au 4è repas de fêtes enchaînés en quelques jours, mon corps n’en peut plus, je suis dégouté du foie gras que je mange de manière automatique, et pourtant je l’engloutis et j’en redemande. Jusqu’à plus soif, jusqu’à plus faim, plus loin que le dégoût d’avoir à manger sans plaisir. Et on veut nous resservir encore cette histoire, cela fera toujours un sujet avec la famille, un sujet commun plutôt qu’un sujet qui rassemble, un symbole de discorde. Et j’en redemande, je veux qu’on me dise ce qui s’est passé putain. Je veux savoir qui est con, non, en fait je le sais déjà. Je veux le relire une fois de plus, être persuadé que je peux juger ces gens plus jeunes, plus riches, plus talentueux, mais plus simples et le reflet de ce que personne ne veut devenir mais de ce que nous sommes tous ensemble, un agrégat complexe de personnalités.

Il faudra extrapoler ces mots, étirer leur sens, détourner leurs synonymes, en faire des exemples à ne pas suivre, parce que c’est la tendance du football, il faut fuir ce que le football montre, les succès ne sont que faciles, les défaites ne sont que méritées, les scandales, plus ou moins créés et amplifiés médiatiquement, montrent la déviance de ces êtres moches, repoussants. Ils seront à la manière d’un coup de boule, d’une relation tarifée, dans la droite lignée de cette absence de valeurs qu’il faudrait trouver dans le sport. Finalement c’est tout aussi bien.

Jamais ces mots n’ont été aussi proches, jamais la vérité n’a été aussi proche. J’ai peur d’être déçu par ces mots, qu’ils ne soient pas à la hauteur de que les histoires, les dires, les rumeurs, les exagérations ont fait naître dans l’imaginaire collectif. Le timing est bon, demain je vais avoir un cadeau, quelque chose à laquelle j’ai pensé pendant des mois, demain c’est le moment où l’excitation est à son comble, condamnée à redescendre dès que le papier va commencer à se déchirer avec ce sentiment ambiguë : le charme sera définitivement rompu quand j’aurai lu ces mots. L’espoir de les avoir lus sera toujours plus excitant que la vérité, qui n’a jamais réellement excité l’homme. Le fantasme est tellement plus sauvage et libre.

Voilà, quelques mots non maîtrisés ont transformé l’histoire, la petite, la nôtre, celle du football. Le football français a mis 80 ans à ne plus prendre de valises à chaque sortie, 80 ans pour avoir un palmarès plus grand que de nombreuses grandes nations du football, comme l’Angleterre, l’Espagne ou les Pays-Bas, et il a fallu une dizaine de gars et une quinzaine de jours pour tout ruiner sans même laisser son public en profiter une dizaine d’années. Les enculés.

 The Spooner.

5 thoughts on “Au courrier du coeur: Les Bleus, ces Enculés

  1. Mais dans l’objectif de construire l’équipe de 2016, Deschamps devrait déjà virer tous les joueurs de plus de 28 ans non? Comme ça au moins les cas Evra-Ribéry sont réglés pour de bon.

    Nasri? C’est une petite pute.

  2. C’est bon et juste mais à quoi ça sert ?
    Comme B(u)RP et son indignation fallacieuse à propos de Valbuéna tu t’attardes sur un non événement (ou du moins sur un petit événement qui n’a d’importance que pour les médias que nous raillons tous ici).
    Tu use ta plume pour pas grand chose.
    Tu devrais plutôt disserter sur le silence de la presse sportive à propos de la sublime place de leader de Lyon.

  3. D’accord pour Lyon, mais virer tous les résidus de 2010 ça serait bien non? Après il y aura vraiment aucune raison d’en reparler encore, ou du moins ça ne concernera pas l’équipe actuelle. Et vive l’OL.

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