Russie-Arabie Saoudite : Rico Di Mecouilles a vu le match d’ouverture.

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On vous annonce une belle Coupe du Monde.

Dans le cojon de cristal, on voit l’hymne russe, terrible, retentir dans le stade Loujniki tel le torrent de fureur slave qui bout dans les veines de Vladimir, jusque dans les vaisseaux irriguant son nombril. Pendant un mois, l’entière humaine condition va darder son regard envieux vers sa patrie adorée, celle qui a fait de lui un des hommes les plus puissants du monde, celle dont il a refait à la sueur de son front une des nations les plus puissantes à son tour.
Vladimir ferme les yeux et laisse vibrer sa poitrine. Nous les Russes comprenons quelque chose à la musique, au contraire de ces gazouilleurs pédérastes d’occidentaux, ou de ces charmeurs de serpents, là…Voyez comme ils tremblent. Effrayés. Tous prêts à tâter du sabre en cas de défaite. Tous apeurés à l’idée d’aller creuser à la main dans des mines de sable au Yémen. C’est pourtant ce qui les attend. Avec ces foutus contrôles anti-dopages, impossible de trouver une drogue légale (ni une illégale, d’ailleurs) qui s’avère indétectable. Ces salopards d’Européens sont prêts à tout pour pourrir l’image de nos scientifiques en prouvant qu’ils dissimulent mieux leurs produits que les nôtres. Qu’est-ce que les gens croient ? Ils s’en foutent, du dopage. Tout le monde est dopé à mort. Leurs Espingouins et leurs Schleus sont plus chargés qu’un troupeau d’Adayevskayas au prix Gazprom de Longchamp, tout le monde le sait. C’est la course à l’armement de ce foutu XXIe siècle et nous allons la perdre haut-la-main. Même s’ils me ramènent cette saloperie de tas d’or moche à la fin, j’envoie tous les joueurs à la mine. Personne, jamais ne devra les retrouver.

1 Le coup d’envoi est donné, la Coupe du Monde 2018 a commencé ! Sur la première passe, le Russe qui réceptionne le ballon se fait arracher la cheville par le ballon.

5 Le jeu est longuement interrompu car un Saoudien est au sol, sans connaissance après avoir intercepté un centre russe de la tête.

17 L’arbitre relance le jeu après que l’Arabie Saoudite a effectué son premier changement. Le roi Salmane ben Abdelaziz al Saoud est venu réclamer auprès de l’arbitre pour que celui-ci ne compte pas et que le nombre de remplacements disponibles pour son pays reste à trois. Gianni Infantino reçoit un SMS d’un numéro inconnu disant seulement « Un milliard ».

44 La Russie ouvre le score ! Un but spectaculaire, alors que le match ronronnait : d’un dégagement de volée depuis sa surface, Sergei Ignashevich trompe le gardien adverse ! 1-0.

C’est la mi-temps. Vladimir, satisfait, se dit qu’il est temps d’aller serrer quelques mains et qui sait ? Pourquoi pas tenter de faire boire une vodka à l’autre enculeur de chameaux.


46 Le jeu est relancé avec semble-t-il quelques changements à la pause. Sept joueurs saoudiens ont apparemment été remplacés par des bipodes mécaniques équipés de mitrailleuses à gros calibres et de mines anti-personnelles imitant des ballons de football. Dans les tribunes, un tifo des supporters saoudiens indique « 10 milliards » en italien.

47 L’arbitre demande la vidéo pour valider un but selon toute vraisemblance accordé à tort à l’Arabie Saoudite : plusieurs projectiles ont franchi la ligne de but, affolant la Goal Line Technology et démembrant Igor Akinfeev dans les grandes largeurs.

« Nous voici à armes égales plus tôt que prévu », se réjouit Vladimir en esquissant son premier sourire de l’année. D’un signe, il intime l’ordre à l’arbitre de faire jouer.

55 Au terme de quelques spots de publicité instants de réflexion, l’arbitre refuse le but, adresse un carton au tireur mais accorde un penalty à l’Arabie Saoudite, car Igor Akinfeev s’est rendu auteur d’anti-jeu. Un dirigeable passe au-dessus du stade avec force bruit d’hélice, tirant une banderole « 50 milliards ». Les stadiers évacuent Igor Akinfeev dans des seaux tandis que son remplaçant prend place dans les cages.

56 Sur le penalty, l’Arabie Saoudite égalise ! Le tireur saoudien a fait usage d’un stratagème inédit en soulevant seulement le ballon du bout du pied et en s’en écartant, laissant la place à un coéquipier lancé pour placer une demi-volée surpuissante. Le gardien russe a eu beau se tenir sur la trajectoire, l’impact du ballon l’a précipité derrière sa ligne. Bruno Constant tweete : « Coussin d’air sous la pelouse ? 1-1.

57 Sur le coup d’envoi, l’attaquant russe choisit de faire rouler prudemment le ballon en le brossant avec délicatesse sur le dessus, par égard pour ses coéquipiers.

65 Les Saoudiens ont pris le contrôle de la partie. Ils pilonnent le but adverse sans ménagement. Courageusement, les défenseurs russes se placent devant leur cage à tour de rôle afin de préserver leur gardien, quitte à y laisser beaucoup d’énergie et quelques organes vitaux.

72 Et c’est le but ! Fort logiquement, l’Arabie Saoudite prend le dessus sur son hôte à l’aide de la technique dite du « tapis de bombe panarabique » qui a fini par faire ployer la courageuse défense slave. Le bilan est de huit morts (dont trois côté saoudien). 1-2.

« Déjà, se dit Vladimir. Je ne pensais pas devoir m’en mêler si tôt. » Le président-premier ministre-empereur-Fürher-hyper-hiérarque russe se lève et avance au fronton de la monumentale tribune officielle ; quelques femmes éplorées se jettent à ses pieds dans des postures de dévotion délirantes, tortillant leurs membres, arrachant leurs cheveux par poignées entières. Grâce à un habile jeu de lumière, l’ombre projetée de la sagace calvitie du seigneur-commandant-général-timonier-amiral-mère-des-dragons soviétique descend du promontoire jusque sur le terrain et projette sa menaçante noirceur sur les 22 joueurs.

« C’est un T-14 ! » crie-ton dans tout Moscou ; « C’est un Soukhoï ! » s’enorgueillit-on à Volgograd. « Non, c’est Super-Vlad ! » s’exclament toutes les rédactions russes à l’unisson.

Le torse de bronze de Vladimir se tend vers le milieu du terrain après que le président-super-slip a sauté de la tribune d’un bond matrixien. L’arbitre approche, craintif, mais n’a pas le temps de prononcer le moindre son qu’une froide voix métallique fend le silence du stade comme un couperet : « changement, monsieur l’arbitre ».

73 Pied sur le ballon et mains sur les hanches dans une pose stakhanovienne, l’oberstürm-chef-de-l’occident-de-l’est engage. Il reste moins de vingt minutes à la Russie pour égaliser.

79 Et c’est chose faite ! Egalisatioooooooon ! Après quelques longues minutes de tergiversations, les modules blindés saoudiens finissent par céder sous les coups de boutoir de Super-Vlad. De ses pieds d’airain, le Guerrier d’acier de Léningrad a propulsé une frappe chronométrée à Mach 2 qui a empalé le gardien adverse ! Assourdi au dernier degré par le bang du mur du son, le peuple du stade Loujniki pousse un cri de liesse que l’on entend jusqu’en Sibérie. 2-2.

82 Les joueurs russes font tourner le ballon dans leur camp tandis que Super-Vlad, placé en pointe, essuie un sévère tir de barrage déclaré « diplomatiquement amical » par le roi Salmane.

84 Les mechs saoudiens sont à court de munitions, les Russes se ruent de nouveau à l’attaque !

88 Nouveau but pour la Russie ! Un avantage au score logique tant les joueurs du pays hôte étaient parvenus à inverser le rapport de force dans ces dernières minutes. Logique surtout dans la mesure où ils ont joué avec leurs armes, dans la limite de leurs moyens : en se plaçant dans les cages adverses et en imitant le cri de l’ours, un attaquant russe a enclenché le mode berserk de Super-Vlad, qui s’est jeté dans le style « paysan géorgien » sur la cible identifiée. D’un maître centre placé au millimètre sur le front lisse comme la glace du lac Baïkal de son président-dieu,  un ailier a transformé l’attaque en une tête plongeante d’anthologie qui crucifie littéralement le gardien saoudien.

Mais coup de tonnerre ! L’arbitre visionne le ralenti et refuse le but, jugeant que l’attaquant russe faisait action de jeu au moment d’imiter l’ours et se trouvait donc en position de hors-jeu. L’impartial officiel venait d’être rappelé à son rôle par l’heureuse intervention du rayon laser d’un canon à ion qui avait fendu le ciel (et un malheureux juge de touche) pour tracer sobrement à ses pieds dans la pelouse : « 1000 milliards ».

90 Les officiels restants se concertent pour réduire le temps additionnel, le 4e arbitre ayant en effet comptabilisé 17 minutes d’arrêts de jeu. Il est finalement décidé que l’on jouera 7 minutes de plus, « ou plus, enfin le temps qu’il nous faut pour marquer », selon Vlad.

92 Après déjà deux occasions chaudes pour les Russes dans ces arrêts de jeu, le ballon heurte violemment l’équerre saoudienne qui se délite sous la puissance de l’impact. La cage doit être changée mais faute de matériel de rechange, on commande un usinage à partir de morceaux de tribune promptement soudés derrière le terrain, qui oblige l’arbitre à accepter le retour des poteaux carrés.

94 Une frappe tendue de Vlad passe à côté du but mais sous l’impact, c’est la tribune fragilisée qui s’écroule entièrement. Vlad fait signe à l’arbitre de laisser le jeu se poursuivre, l’arbitre fait signe aux joueurs de poursuivre le jeu.

96 Les tirs russes s’enchaînent tandis que les Saoudiens, figés dans leurs armures métalliques par l’oxydation due à l’intense sudation de Vlad -seul adversaire à trouver l’énergie pour encore se démener- n’opposent plus qu’une résistance toute symbolique.

97 Enfin le but tant attendu par tout un peuple ! Sur sa seconde frappe cadrée (après 13 tentatives), Vlad trouve l’ouverture. Le poteau carré a bien failli renvoyer le ballon, mais l’angle saillant du montant a finalement laissé entrer le cuir. La pitoyable vessie qu’est devenue la sphère en crevant n’émeut pas l’arbitre : un ballon crevé, c’est un ballon quand même, et celui-ci est entré dans le but. Les diamants gros comme des balles de tennis qui roulent à ses pieds depuis depuis la tribune officielle n’y changent rien : 3-2, score final.

Le score en reste là pour ce match d’ouverture dont l’arbitre siffle la fin avec un certain soulagement. Le cojon de cristal indique d’ailleurs que dans quelques jours il trébuchera malencontreusement sur un piège à loup lors d’une excursion en Sibérie et que le piège à ours sur lequel son visage choira lui sectionnera la moitié de la tête. Mais ceci est une autre histoire, à vous le présent.

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