Bordeaux-OM (1-1), La Canebière académie s’en sort

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A frustrés, frustrés et demi.

« Zut, encore raté.
– Zut, nous aussi. »

Aïoli les sapiens,

Marseille, samedi 18 novembre, 23h48. André-Frank dort du sommeil du juste. Il rêve. Il est déjà au lendemain, à Bordeaux, là où l’OM n’a pas gagné depuis 40 ans. Un dernier ballon renvoyé par la défense lui parvient dans les pieds, à l’entrée de la surface girondine. Les défenseurs sont trop loin et semblent se mouvoir au ralenti, il s’apprête à caresser la balle de l’intérieur du pied droit. Dans son sommeil, André-Frank esquisse un sourire ; il visualise le but, les supporters girondins qui s’arrachent déjà les cheveux, le panneau indiquant « 0-0 » pour quelques secondes encore, les coéquipiers qui se tournent vers lui, héros du match, le regard empli d’espoir. André-Frank frappe enfin la balle, mais celle-ci reste plantée au sol. Il frappe, frappe et frappe encore, mais le ballon semble s’être enraciné, et pour cause : ce n’est plus un ballon, c’est un céleri-rave. Le temps de relever la tête et André-Frank est nu, au milieu du Matmut Atlantique Arena of Bordeaux. Le stade est désormais vide, seuls demeurent au milieu de la pelouse le joueur et le pied de céleri, donc les tiges s’animent, croissent et s’entremêlent jusqu’à prendre l’aspect d’un corps féminin. Soudain, au milieu d’un visage de feuilles s’allument deux yeux de braise.

– AAAAAH !, crie André-Frank en s’éveillant en sursaut. Toujours plantés dans les siens, les yeux d’Erzulie se font rieurs. A califourchon sur lui, elle lèche son visage comme une chatte venue réveiller son maître.

– Bonsoir, André-Frank. Tu n’es pas heureux de me voir ?

– Euh, si… si, bien sûr, déesse, balbutia-t-il, en proie à une crainte inhabituelle.

– Cela fait longtemps que tu ne m’as plus appelée. Tu me délaisses, André-Frank ?

– Non, non, ce n’est pas cela mais…

– Je viens pourtant de faire les choses en grand pour attirer ton attention. Regarde ce sort de titularisation éternelle que je t’ai concocté : Luiz Gustavo suspendu. Sertic et Kamara blessés. Tu es seul à ton poste, le pilier de l’équipe, André-Frank. Ca ne méritait pas un petit merci ?

– Beuh, c’est que… je ne savais pas comment vous le dire…

– Oui, André-Frank ?

– J’ai changé. Maintenant je… je sais être titulaire tout seul.

– Pardon ?

– Oui. C’est ce que tout le monde dit, hein. J’ai fait des progrès, et maintenant je sais être titulaire tout seul. Sans vaudou, sans sortilège, sans rien. C’est juste pour ne pas vous déranger que je ne vous appelais plus, hein, ne croyez pas que…

– SUFFIT ! Non mais pour qui te prends-tu, petit prétentieux ? C’est comme ça que tu remercies ta déesse bien aimée ? Celle qui t’a tout donné ?

– Non mais je ne voulais pas, je…

– Tais-toi. Ah, tu crois que tu es titulaire tout seul, eh bien tu vas voir ce que tu vas voir, je vais te laisser te débrouiller sans moi. Mais vraiment sans moi, cette fois ; je vais interrompre ce moyen discret, que j’utilisais pour être à tes côtés et te donner ma force, même quand tu m’ignorais.

– Que voulez-vous dire ? Quel moyen ?

– Tu n’as pas deviné ? Il suffit de peu de choses, pourtant… En prononçant ces paroles, Erzulie se passa le bout des doigts au-dessus des lèvres, y dessinant une fine moustache.

– AAAAH PUTAIN, LUIZ GUSTAVO ! AAAAAH ! AAAAAAAAH ! C’ETAIT VOUS, PUTAIN !

Erzulie n’avait pris le temps que de grimer son visage, sans apprêter le reste de son corps. La vue de son coéquipier dans propre son lit à minuit, et surtout doté d’une sculpturale paire de seins, terrorisa André-Frank. Celui-ci bondit et se réfugia sous le lit et, les mains sur les yeux, entendit la déesse prendre congé :

– Voilà André-Frank, tu vas donc faire sans moi demain. Mais puisque tu as fait des progrès, tu n’auras pas besoin de mon aide, n’est-ce pas. Sois apaisé, mon petit André-Frank, l’important maintenant c’est que tu passes une bonne nuit. Tu ne veux pas me faire un petit bisou ?

– Allez vous-en. Je vous en supplie, sanglota André-Frank.

 

L’équipe

Mandanda

Sakai (Sarr, 80e)  – Rami – Rolando – Amavi

Zambo Anguissa (Germain, 73e) – Sanson

Thauvin – Payet (Lopez, 45e) – Ocampos

Mitroglou

 

Hormis les soucis évoqués plus haut au poste de milieu défensif, et qui voient Sanson titularisé aux côtés du Camerounais, notons le retour de blessure de Payet, qui reprend donc sa place comme meneur de notre 4231.

 

Le match

Fébrile (on se demande bien pourquoi), André-Frank met à peine trois minutes à se mettre en évidence, célébrant ses responsabilités nouvelles par une passe latérale analissime. Préville se saisit du ballon devant un Sanson pas encore dans le match, et avance de quelques mètres avant d’envoyer une frappe qui chatouille l’intérieur du poteau (1-0, 3e).

Profitant du fait que le final de leur saison a lieu dès novembre, les Bordelais se livrent à fond et nous font complètement déjouer. L’absence de Luiz Gustavo est pour quelque chose dans le manque de liant collectif, c’est un fait. L’avancer comme explication aux duels joués comme des moules et aux passes ratées à cinq mètres, c’est un peu exagéré. Enfin, je crois… rassurez-moi, chers Olympiens, au quotidien, si Luiz Gustavo n’est pas là pour vous la tenir, vous ne vous pissez quand même pas sur les chaussures ?

Quoi qu’il en soit, nous sommes nuls : une mention spéciale s’impose pour Payet, fossoyeur (entre autres nombreux déchets) d’une contre-attaque telle qu’on n’en avait jamais vue depuis Jo le Sconse. Bordeaux montre également un niveau de viers marins, ceci dit, mais eux ont l’avantage de mener au score et de se procurer quelques contre-attaques. Un raté de Sankharé, puis un pénalty tout près d’être sifflé contre nous après un contact de Rami, affolent le slipomètre. La mi-temps s’achève sur un florilège de cartons jaunes qui reflète assez fidèlement la teneur de nos échanges de bourrins.

Représentant la même chose pour le football que la gastro-entérite pour les dessous chics, le match de Payet s’arrête dès la mi-temps : Lopez entre en jeu à côté de Zambo Anguissa, et Sanson monte d’un cran. Quelques centres de Morgan et des dribbles tranchants de Thauvin nous procurent des semblants d’occasions, dans un match marqué par une pauvreté technique et surtout collective toujours aussi abyssale. Renonçant totalement au jeu, les Girondins se contentent de nous contenir, sans trop de peine d’ailleurs. Il ne reste plus qu’à attendre le slipo-time pour découvrir celui des deux protagonistes qui finira puni d’avoir trop insulté le football. C’est tout d’abord Sankharé, encore lui, qui ne cadre pas une situation pourtant idéale à cinq minutes au terme. Il est imité au début du temps additionnel par Mitroglou, qui satellise ce que l’on croit alors être l’ultime occasion d’égaliser.

Fort heureusement, Malcom ginolise la dernière contre-attaque bordelaise en allant s’empaler sur Rolando au lieu de conserver le ballon. Alors servi dans le rond central, Thauvin obtient un coup-franc, que Mandanda se charge d’expédier dans le paquet : Rolando, Sarr puis Germain gagnent successivement leurs duels, avant qu’un défenseur n’exécute un renvoi tout pourri dans les pieds de Sanson : Morgan ne se fait pas prier et enfonce cette fameuse quarantième bougie bien profond dans le gâteau girondin (1-1, 94e). Comme l’on pouvait s’y attendre, chacun repart de ce rendez-vous rituel à peu près aussi frustré l’un que l’autre.

 

Les joueurs

Mandanda (3/5) : Très peu de choses à faire, la plus marquante étant ce coup-franc qui amène l’égalisation. Vu qu’il s’agissait à peu près du seul coup de pied arrêté offensif bien tiré de notre part, peut-on suggérer l’hypothèse de voir à l’avenir Steve tirer les corners ?

Rami (2-/5) : A la différence de Rolando qui semble souffrir sa mère sur chaque accélération sans finalement de gros dommage, Adil donne l’impression de gérer les adversaires une main dans le slip mais finit tout près de causer un second but, sauvé soit par la clémence arbitrale soit par la finition à la pisse de l’attaquant adverse.

Rolando (3/5) : Subit une ou deux accélérations assez humiliantes, mais produit encore une fois un match solide, et agrémenté d’une belle remise pour l’égalisation.

Sakai (2/5) : Entre dans le match comme une oie blanche au mouvement des jeunes socialistes : en se faisant souiller d’entrée puis en étant priée de rester discrète par la suite.

Sarr (80e) : Entré pour apporter ses dribbles, et c’est finalement sa remise de la tête qui contribue à l’égalisation.

Amavi (2+/5) : Sérieux mais poussif. Patrice Evra aurait mis de la folie dans ce match (selon Patrice Evra).

Zambo Anguissa (1/5) : Un chèvrefeuille sans son tuteur, une bite de Papou sans son étui pénien, Gérard Collomb sans son balai. Bref, il a du mal à tenir droit tout seul.

Germain (73e) : Pas de but mais il participe à l’égalisation. On prend aussi.

Sanson (4/5) : Hormis son manque de réaction sur la passe casse-croûte de la 3e minute, Morgan a montré abnégation et constance. D’abord associé à Zambo Anguissa, il a ensuite évolué plus haut avant de redescendre à côté de Lopez. Et puis je ne sais pas pourquoi j’argumente : son but fait taire les Bordelais, c’est 4/5 d’office.

Thauvin (3/5) : Il est permis de se masturber de la main gauche devant ses dribbles incessants, pourvu que la droite demeure libre pour noter les pertes de balle et les mauvais choix qui s’ensuivent, sans compter les coups de pieds arrêtés gâchés.

Payet (1/5) : Encore quelques matchs comme celui-ci, et si l’été prochain tu vois la Russie, ce sera pour ta signature au FK Krasnodar.

Lopez (2/5) : Le Smecta est toujours préférable à la diarrhée, mais il n’empêche que ce n’est pas très bon.

Ocampos (1+/5) : Une combativité certaine, mais son jeu a semblé étranger au match qui se déroulait : Lucas n’était pas loin de postuler au Guinness des Records, comme streaker resté le plus longtemps sur une pelouse sans se faire interpeller. Il aurait dû essayer de se mettre à poil, pour voir.

Mitroglou (1+/5) : Il faut assurément lui laisser encore du temps ; l’ennui est que chez nous, l’espérance de vie de l’avant-centre en manque de réussite avoisine celle d’un chat boiteux sur la rocade du Jarret.

 

L’invité zoologique : François Pikamano

Surnommé « lièvre criard », le pika est une sorte de lapin dégradé, qui compense son insignifiance en gueulant plus fort que la moyenne. Son activité se limite généralement à la période d’été montagnard ou arctique, soit la durée d’une saison standard chez les girondins : le pika est donc bien l’invité approprié pour évoquer ce club dont les raisons d’être au monde demeurent assez absconses.

– Les autres : Soyons magnanimes, il déjà assez cruel pour eux d’encaisser un but à la dernière minute de leur dernier match de la saison.

– Le classement : Le sur-place est général : nous restons donc quatrièmes. Comme d’habitude, ce déplacement à Bordeaux est aussi et surtout une formidable occasion manquée de progresser au classement.

– Les indélicats : Les Bordelais se sont tellement empressés de pleurer sur l’arbitrage que Rudi Garcia n’a même pas pu en placer une à ce sujet, ce qui n’a pas dû lui arriver souvent.

– Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook et sur Twitter. L’Ours à collier remporte le concours zoologique.

 

Bises massilianales,

Blaah.

3 thoughts on “Bordeaux-OM (1-1), La Canebière académie s’en sort

  1. Je trouve que Rolando à fait un match tout moyen moins perso.

    Sur le but qu’on prend il refuse de monter sur le joueur,
    Sur plusieurs attaque placées adverse il demande à Amavi de venir jouer plus dans l’axe pour l’aider,
    Sur les relances il à quasi systématiquement laisser Rami s’occuper du jeu long …
    Bref, vraiment pas en confiance je pense

    1. Toutafay d’accord sur sa (non-)implication sur le 1er but bordelais. Oui le rejeton d’Erzulie salope sa passe, oui Sanson laisse passer Préville, mais Rolando marche, n’agresse pas, et laisse ledit Préville avancer tranquillement.

  2. Que vous fassiez une fixation sur les attributs d’une certaine députée amatrice de yaourt, passe encore.

    Que ladite fixation déborde sur Saint Gustavo, alors là non ! Cette image mentale va me gâcher, je ne sais combien de matchs.
    Je ne vous remercie pas !

    Signé : le secrétaire du Mouvement des Jeunes Chrétiens d’Orient Socialistes.

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