Brest-OM (2-3), La Canebière académie vous retrouve comme on s’était quittés

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Curtains up.

Aïoli les sapiens,

Il y a quasiment six mois, nous prenions congé selon des formules très usuelles, c’est-à-dire en criant depuis notre salon des « ta mère la pute » à l’adresse d’à peu près tous les protagonistes de la rencontre contre Amiens, l’académie se terminant par un Monsieur Lapin de bon aloi.

On s’imaginait alors bien que malgré notre avance au classement, la course à la Ligue des Champions n’irait pas sans péripéties. Finalement, c’était rien de le dire. Un Chinois a enculé des chiroptères, Jean-Michel Aulas a enculé des mouches, à la fin ça fait bataille et le classement reste inchangé. Objectif atteint, donc.


L’OM entre ce soir dans le monde du foot d’après. Celui-ci semblant encore plus vilain que celui d’avant, notre club n’a pas pris la peine de revêtir des habits de cérémonie. Sans quitter les chaussettes-sandales portées la semaine dernière en soutien à l’OM du Nord, nous nous pointons au grand bal de l’Europe en bermuda et T-shirt troué rehaussés d’un bob Ricard millésime 1986. Qu’on se le dise : nous allons faire sensation. Pour le renforcement de l’effectif, indispensable dans cette saison qui s’annonce très lourde, la direction a employé la méthode Jean-Michel Blanquer : zéro euro, démerdez-vous. Manque de chance, une préparation exceptionnelle a permis à nos joueurs d’encaisser plus de charge virale que de charge de travail. Le soutien du public sera donc d’autant plus crucial, c’est pourquoi la jauge du stade Vélodrome ne dépassera pas 5000 spectateurs dans le meilleur des cas. 

Pour tout dire, le seul motif d’espoir à Marseille en ce mois de septembre vient de la mairie, c’est dire l’ampleur des bouleversements que l’on a connus ces derniers mois.

Sur ce, il est temps de claquer joyeusement les euros gagnés par un emploi inepte dans cette non moins inepte chaîne Téléfoot. Vous avez tout à fait le droit de parler d’embourgeoisement mais que voulez-vous, au bout d’un moment les streamings en russe avec 10 fenêtres de cul par minute, c’est comme tout, on s’en lasse. Allons-y.


L’équipe

Mandanda
Sakai – Balerdi – Caleta-Car – Amavi
Strootman (Rongier, 72e) – Kamara – Sanson (Gueye, 79e)
Thauvin – Benedetto (Germain, 79e) – Radonjic (Aké, 62e)

Il semble que la Ligue ait passé l’éponge sur les suspensions de Villas-Boas et Amavi qui étaient censées advenir après le dernier match joué la saison dernière. C’est heureux particulièrement en ce qui concerne Jordan, que d’efficaces prières à la déesse Erzulie ont miraculeusement préservé de toute concurrence à son poste depuis deux mercatos maintenant. À l’heure où s’écrit cette académie, l’arrivée semble probable de Yuto Nagatomo, dont l’on se fout éperdument de l’âge, de la nationalité, de la condition physique, du club d’origine, puisque seule compte sa qualité principale : « GRATUIT ». Au moins, sur ce coup-ci, notre nouvel expert de la donnée et directeur du football Pablo Longoria n’aura pas eu à s’ennuyer avec des tableaux croisés dynamiques et des triples fonctions imbriquées Excel-Football Manager.

Si Jordan est guéri, tout comme Mandanda, Rongier et Lopez, Payet, Sarr et Alvaro sont quant à eux forfait pour cause de coronavirus. Ces absences permettent entre autres à notre jeune recrue Leonardo Balerdi de faire ses débuts. Pape Gueye, en revanche, reste sur le banc, la priorité au milieu de terrain restant à Kamara et Strootman.


Le match

Les Brestois commencent comme on les connaît, avec un pressing qui se veut étouffant, l’intention de proposer du jeu, et une touchante maladresse dès qu’il s’agit d’être efficace face au but. Florjan Thaubben se charge de les rappeler à leur faible condition après une belle percée de Sanson : recentrage, enroulé avec la petite déviation du défenseur au passage, merci et bonsoir (0-1, 19e).  Vous avez demandé du réalisme ? Restez en ligne : Florian adresse un amour de coup-franc pour Caleta-Car, qui finit de près mais voit son but refusé pour hors-jeu. Par bonheur, les arbitres vidéos ont été réveillés en sursaut cinq minutes plus tôt pour juger d’un pénalty sur une main brestoise grossière devant Sanson (mais le temps d’ôter leurs crottes d’œil, ils n’avaient rien vu). Cette fois-ci, ils jouissent pleinement de leur vue et remarquent que Duje se trouvait en position licite : le but est validé (0-2, 27e).

La suite voit les deux équipes réaliser un pressing avec d’autant plus d’entrain que, de chaque côté, les défenseurs s’essaient au concours de la relance la plus ratée possible. À force de choix ineptes, nous ratons de quoi nous mettre à l’abri définitivement, si bien que la réduction du score dans le temps additionnel ne surprend personne : Amavi et Kamara sont pris de vitesse, Balerdi et Caleta-Car ne parviennent pas à intercepter le centre et Faivre peut reprendre avec application (1-2, 45e+1).


Dans le monde du foot d’avant, l’OM avait déjà l’habitude de passer son temps recroquevillé en attendant que le temps passe : avec l’endurance de tabagiques que nous a procurée cette préparation tronquée, il ne fallait pas s’attendre à plus d’ambition. On attend, donc, en espérant que le slipomètre n’atteigne pas trop vite des sommets trop élevés. L’OM subit, rate des contre-attaques, un peu, et des relances, beaucoup. Toujours maladroits, les Brestois n’en profitent pas ; Charbonnier a même la gentillesse de nous préparer aux affrontements contre Manchester City en nous gratifiant d’une magnifique Raheem Sterling à 5 mètres du but vide. Benedetto manquant la punition dès la contre-attaque, ce sont encore Thauvin et Caleta-Car qui se chargent de la dernière leçon de réalisme : coup-franc obtenu par Kamara, Galette de Florian pour la tête de Duje au premier poteau, merci de votre attention (1-3, 80e).

Victoire acquise ? Allons bon, le confinement vous a-t-il déjà tout fait oublier ? L’OM fait n’importe quoi défensivement, et Mandanda sauve un premier face-à-face de si belle manière que Jordan Amavi décide de s’asseoir pour mieux assister au suivant : laissé libre par Jordan, Faussurier remet pour Charbonnier qui échappe à Balerdi pour finir de près (2-3, 89e).

La fin du match est une torture, au sens figuré pour les supporters et au sens propre pour Marley Aké victime de son attentat traditionnel. Excepté pour nos slips, tout se finit en chanson, avec même la satisfaction d’avoir souffert ce qu’il faut pour nous préparer à la Ligue des Champions (où le tableau d’affichage aura plus de chances d’indiquer 4-0 mais n’ergotons pas sur des détails).


Les joueurs

Mandanda (3/5) : Un match presque parfait jusqu’à cette ultime action où il part à la pêche au risque de provoquer l’égalisation. Sans doute pour que ses défenseurs ressentent, à leur tour, ce que cela fait de subir une occasion parce que le copain a défendu comme un connard.

Sakai (3/5) : Un match anonyme. Hiroki s’illustrera plus sûrement dans le seul combat qui vaille : qui de lui ou de Nagatomo aura droit au surnom de « samouraï » dans les médias.

Balerdi (1/5) : Ne nous méprenons pas : le jeune Argentin a montré quelques promesses. L’ennui, c’est que personne ne sera plus là pour vérifier si elles se concrétisent, ses relances nous auront tous provoqué un arrêt cardiaque depuis longtemps.

Caleta-Car (4/5) : Traditionnellement, quand on a besoin d’argent on vend les bijoux de famille, sa deuxième voiture, ses BD de collection… nous non, on va plutôt céder le mur porteur de la maison, ça rapporte davantage. Qu’est-ce qui pourrait mal se passer ensuite ?

Amavi (2-/5) : Tellement approximatif que Didier Raoult l’a proposé au comité de lecture de sa nouvelle revue scientifique.

Kamara (3+/5) : Notre IGPN à nous a parfaitement couvert les bavures de ses camarades.

Strootman (2/5) : Le supplément d’âme néerlandais, celui qui n’oublie pas d’ajouter une charge de brute quand il arrive en retard, histoire de ne pas être venu pour rien. Satisfaisant et indispensable, mais néanmoins insuffisant.

Rongier (72e) : Note de service : avec le passage à 5 remplaçants par matchs, la Canebière Académie sollicitera une prime s’il faut trouver une blague pour chaque joueur.

Sanson (2/5) : Cette passe décisive pour Thauvin vient gâcher son grand chelem de contre-attaques enterrées. Nemanja a été constant, lui, au moins.

Gueye (79e) : Juste le temps de s’illustrer en allant faire un câlin à Caleta-Car lors du 3e but au mépris des gestes-barrières. Notre camarade Kimberly nous rappelle que dans le championnat costaricien, cela vaut une amende.

Radonjic (1/5) : La personne qui lui a fait le prélèvement nasal a sans doute enfoncé l’écouvillon un peu trop profondément.

Aké (62e, 3/5) : Entré dans un temps faible collectif et donc peu mis en valeur, il s’est une nouvelle fois fait Aké menu sans que l’arbitre ne sorte le carton rouge. Notons qu’Amaury Delerue s’est fait pousser la barbe comme les hommes politiques quand ils veulent faire croire qu’ils ont changé, et comme avec les hommes politiques personne n’y croit un seul instant.

Thauvin (4+/5) : Doté à la fois d’un physique fonctionnel et de talent footballistique, une denrée rare par les temps qui courent.

Benedetto (2/5) : Toujours ses remises et décrochages aussi délicats que bien sentis, mais qui semblent un tantinet maniérés lorsque tout dans les boulevards ouverts par les Bretons invitait à les prendre tout entiers sans la moindre délicatesse.

Germain (79e) : Pas eu besoin de défendre sur les centres, Duje s’en chargeait très bien. Pas eu besoin de placer une tête au premier poteau, Duje s’en est très bien chargé aussi.


L’invité zoologique : Gaésange Charbonnière

La mésange est un charmant petit oiseau au chant mélodieux. Mais bon, depuis que j’ai vu la publicité des chasseurs de France, je n’ai qu’une hâte, c’est de tomber une bouteille de rouge et prendre mon 4×4 pour attraper ces saloperies dans un piège à glu. Les joueurs de l’OM l’ont vu aussi, d’ailleurs.

– Les autres : C’est mignon. Sans ces deux satanés rectangles de 665m² à chaque extrémité de la pelouse, on pourrait même dire qu’ils sont à leur aise sur un terrain de football.

– Le classement : 3 points d’autant plus importants que l’on n’est jamais bien certains du moment où l’on rejouera. Mieux vaut rester au chaud dans le peloton, pour reprendre une métaphore chère à Luke Seafer.

– L’appel : Je ne sais pas si tu as remarqué, mais notre Éditeur, ce bel quoique virtuel homme, a publié un très bel édito dans lequel il invite toutes les forces vives du foot anal à nous rejoindre. Tu as la fibre ? Tu as des idées ? Viens.

 – La découverte : D’ailleurs, je ne sais pas si tu as aussi remarqué, mais les nouveautés de notre mâtin quel site méritent qu’on s’y attarde : le retour du comité, une nouvelle footballo-dystopique signée Gervais Marvel, et des académies d’un fort beau gabarit. Viens.

– Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, et sur Twitter. Sylvain C. remporte le concours zoologique déjà très relevé.

Bises massilianales,

Blaah.

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