Bienvenue dans un monde où les masques chirurgicaux côtoient les fanions, plus ou moins défraîchis par le soleil, de clubs de foot pendus aux rétroviseurs. Bienvenue dans un monde où les ramasseurs de balles portent des gants en latex et désinfectent les ballons avec des lingettes. Bienvenue dans un monde où l’AC Ajaccio est 18e de Ligue 2.

Ce déplacement à Clermont a réservé son lot de tracas habituels en cette période de coronavirus. D’abord ouvert à 5000 personnes, le match a vite revu ses ambitions à la baisse. La cause ? La métropole de Clermont-Ferrand est passée en zone renforcée au COVID-19. Résultat : seulement 1000 personnes autorisées et donc aucune place grand public en vente pour cette rencontre. Seuls les abonnés et les partenaires auraient accès à la magnifique enceinte Gabriel-Montpied. Mais heureusement, je ne suis pas du genre à baisser les bras, surtout quand ça concerne l’ACA. J’ai la chance d’être proche de certains joueurs et l’un d’eux m’a proposé de me mettre de côté des invitations pour ce match. J’ai donc accepté, bien évidemment. Merci Ben !

Clermont-Ferrand n’étant qu’à une heure de chez moi – j’y ai d’ailleurs fait une partie de mes études – le départ a été tardif. La 106 a brûlé l’asphalte de l’autoroute avant de prendre la direction du parking ‘Tout Public’ du stade clermontois. Pas de parcage visiteurs ce jour-là, vous l’aurez donc compris. Pas de bâche non plus. Ni de mégaphone. Ni rien. Juste une doudoune pour braver le froid et une volonté de fer pour croire en la victoire ajaccienne.

On ne va pas s’éterniser sur la rencontre, mais il y a eu du mieux côté ajaccien. Le dispositif en 4-2-3-1, avec Barreto en 10/9,5 a apporté plus de fluidité dans le jeu offensif, même si l’attaque a parfois manqué d’animation, laissant Gaëtan Courtet un peu trop seul. Vincent Marchetti apporte une véritable plus-value au milieu de terrain, avec une projection vers l’avant intéressante. Derrière, Joris Sainati est synonyme de solidité et de sérénité, important pour la défense et pour son gardien. Si l’on ajoute à cela la bonne prestation du feu-follet Mohamed Youssouf en latéral droit et l’activité de Mounaïm El-Idrissy, toujours très actif sur le côté droit, où il charbonne, on voit du mieux chez les Acéistes. On peut regretter une chose : on a beaucoup joué côté droit, mais c’est également là que les Clermontois attaquaient, avec les très remuants Dossou et N’Simba.

Dans les tribunes, on a assisté à du beau spectacle. Le Clermont Foot a présenté sa nouvelle mascotte, un Vercingétorix 2.0 surnommé Torix et le speaker poussait pratiquement les spectateurs à contourner le couvre-feu, à base de déclarations au micro comme : « les policiers sont des gens intelligents, ils ne seront pas à la sortie du stade », sous-entendu : « vous pouvez rester jusqu’à la fin et traîner, personne ne vous contrôlera ». En deuxième période, quelques ultras clermontois iront craquer des torches en dehors du stade, pour fêter le couvre-feu, et parce que « ça fait toujours plaisir de craquer », selon les principaux intéressés. On n’oubliera pas non plus le « Vive la vie » du speaker après la minute de silence pour Samuel Paty et Bruno Martini.

Bref, pour ce rapide compte-rendu, allons à ce qui vous intéresse le plus : les chiottes et la bouffe. Commençons dans l’ordre logique, la buvette.

Les + :

  • Il y a beaucoup de choix de boissons.
  • Il y a du choix au niveau des sandwichs, et surtout la possibilité de prendre un repas chaud.
  • Il y a visiblement de la bière.
  • La formule frites, hot-dog, boisson est à 7euros90, ce qui est, encore une fois, plutôt raisonnable.

Les – :

  • Le pain du hot-dog n’est pas du pain à hot-dog. Et il est à moitié rassis.
  • La saucisse n’est pas correctement calibrée : le bout rouge ressort et au niveau du croûton, il n’y a que du pain (et une piscine de sauce). T’aimerais bien manger un bout rouge qui dépasse toi ?

Note sur le guide Michelin/Perfettu des buvettes de Ligue 2 : 3,25/5. Comparée à la buvette du parcage visiteurs, où l’on nous sert… rien du tout, la buvette de la tribune d’honneur du stade Gabriel-Montpied est plus qu’honorable. Ce n’est pas la meilleure du monde, ni du pays, mais leur système est bien agencé, avec des moyens humains et technologiques (une tablette pour commander et payer), quelques sourires, du choix, du chaud, de bonnes frites de stade… C’est quand même l’occasion de remarquer qu’il y a deux poids deux mesures entre l’accueil des supporters locaux et des supporters visiteurs. C’est peut-être utopique, mais j’aimerais l’égalité à ce niveau-là, partout.

En parlant d’inégalités, en voici une autre : les chiottes. Rappelez-vous des chiottes du parcage visiteurs clermontois : des pissotières de festival en plastique, en plein air. Ici, dans la tribune principale, les toilettes sont bien évidemment plus luxueuses. C’est grand, il y fait chaud, c’est propre, un peu vieilli. En d’autres termes, c’est plus que potable. Surtout qu’il y a du PQ, de l’eau, du savon. Ça mérite un 3,5/5.

Et le score dans tout ça ? L’ACA lance enfin sa saison à l’extérieur en l’emportant 2-0 grâce à deux pénaltys de Courtet et Nouri. Clermont a dominé, Clermont a eu les occasions et la possession, mais l’ACA a fait le dos rond et a su se montrer d’un sang-froid inégalable dans les rares contres à mener. Mention spéciale à Bevic Moussiti-Oko, qui a obtenu un pénalty (généreux) en fin de match après avoir éliminé plusieurs joueurs. Il aurait bien voulu se faire justice lui-même, cela lui aurait peut-être permis de sortir la tête de l’eau, lui qui est en manque cruel de confiance. Mais c’est finalement Riad Nouri, après concertation avec les joueurs et les dirigeants, qui a envoyé le cuir au fond des filets. 0-2. On applaudit les joueurs, on remballe, on contourne le couvre-feu (ouhlala mon Dieu, je suis un hors-la-loi), on savoure. Et on se dit à bientôt pour de nouvelles aventures dans les stades de Ligue 2. Ou pas. Bienvenue dans un monde où le Covid fait sa loi.

Perfettu

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