France – Islande (2-2) : L’Académie française a failli perdre sa couronne

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Match à Guingamp, match chiant. Désolé amis bretons. Quoique non, vous devriez vous excuser.

La plupart des matchs de football, qu’ils soient de l’équipe de France ou non, s’accompagnent d’une pinte de bière, ou de plusieurs. Chaque breuvage houblonné pendant un match a une fonction propre, tout comme chaque personnage dans un bon film ou un bon roman (oui, y compris chez Pro… enfin, le moustachu sur lequel certains se plaisent à casser du sucre sur le dos à défaut de lui casser autre chose).

Il y a donc la bière classique, fraîche et tout juste ouverte, pour se mettre dans l’ambiance ; la bière précédente peut se coupler à la bière du vendredi soir, après une rude semaine de boulot, devant une rencontre des tréfonds de la Ligue 1 ; la bière de l’alcoolique, naturellement ; la triomphante, bue à grandes lampées dès lors que le match est devenu une formalité et qui accouche le plus souvent de petites sœurs ; la bière conviviale, pour accompagner un ou plusieurs êtres qui nous servent d’ami(e)s alors même qu’ils supportent une équipe honnie. Et puis il y a la bière subie, celle qui se commande pour calmer la colère qui monte et le chagrin qui se presse au bord du cœur, qui s’avale elle aussi avec entrain mais dans le secret espoir d’être ivre pour oublier ce qu’on voit.  Eh bien figurez-vous Arsène que je pensais enquiller bière triomphante sur bière triomphante, et que je me suis retrouvé à boire subie sur subie. Et même un Ricard. Soirée de merde.


La compo :


Alors qu’Umtiti et Mendy sont sur le flanc ou en cours de reprise, et que le pauvre Tolisso s’est fait les croisés, DD réserve des surprises à la con dans sa liste des 23. Mamadou Sakho est de retour “pour apporter de l’expérience” (et pour cause, on ne voit pas bien ce qu’il pourrait apporter d’autre) ; Kurt Zouma aussi (il joue quand même dans un club qui bon, hein, voilà) ; et Lucas Digne vient faire valoir sa position de joueur-sympa-pas-trop-mauvais-ni-top-niveau-qui-comble-les-trous-des-listes-avec-le-sourire. Un petit nouveau : Tanguahou Ndombele.

Le derrière :

Maestro Kimpembé prend la place d’Umtiti en charnière avec Varane. Benji Pavard est reconduit, alors que Digne est titularisé à gauche, histoire qu’on se souvienne pourquoi Hernandez est meilleur.

Le milieu :

Celui qui nous a permis de reprendre le contrôle du milieu de terrain face à la Croatie est titulaire aux côtés du joueur préféré de Mourinho en ce moment. Cette doublette devrait suffire face à l’Islande.

Le devant :

Mbappé est préservé et débute sur le banc. A droite, Flotov’ connaît sa première titularisation avec les Bleus. A gauche, Deschamps fait confiance à Dembél’est-où-mon-cerveau. Oliv’ en pointe, et Griezmann en maître du jeu offensif.


Le match :


D’emblée, rappelons que les Islandais s’en sont pris trois à domicile face à la Belgique, et six contre la Suisse. Sans marquer un but. Autant vous dire que du haut de notre statut de champions du monde, s’agirait de pas déconner et de rouler sur des mecs qui ne demandent que ça.

Caramba, encore raté ! Manque de justesse technique, précision aux pâquerettes : les Bleus sont mous. Dembélé perd un ballon, les Islandais contrent mais Lloris la sort. Une première frappe de Thauvin s’envole dans les nuages du ciel breton. Plusieurs tentatives bleues fuient le cadre, comme cette frappe de Pogba ou cette tête de Grizou de peu à côté sur un centre de Digne. Le match n’est pas franchement top, à l’image de la coupe de Giroud. 81% de possession au bout de 20 minutes, certes, mais rien à voir sur le terrain.

Une nouvelle frappe de Thauvin part visiter Vénus. Tauvinho en redemande, il tente sa spéciale pour la troisième fois en 25 minutes et la met pour la troisième fois dans les cieux. Sur l’action islandaise qui suit, Kimpembé fait son maestro : pris par son adversaire direct, il pratique la bien-nommée “roulade au sol visant à obtenir une faute juste parce que je me suis fait niquer par un attaquant islandais”. Mal lui en prit puisque l’arbitre ne siffle rien. L’Islandais s’avance, met en retrait. Un autre blondinet fait plat du pied enroulé sécurité, au ras du poteau de Lloris dont la main n’est pas exempte de tout reproche (0-1, 30e).

Piqués au vif, les Bleus réagissent immédiatement. Grizou feinte et laisse le ballon pour Giroud. En remise, Oliv’ lui refile, Grizou transmet à Dembélé à gauche dont la frappe est repoussée. Finalement pas du tout piqués au vif, les Bleus font n’importe quoi. Sur une action islandaise, l’air-défense française permet au moins de mettre en évidence Lloris. Hugo nous sort un triple arrêt sur une tête islandaise, suivie de deux arrêts réflexes à bout portant dans un cafouillage général. Dans les airs, c’était n’importe quoi, aucune tête bleue : vous voulez pas sauter bande de cons ? Mi-temps.

Reprise (oui, il s’est rien passé pendant la mi-temps, étonnant hein ?). Un magnifique débordement de Dembélé me met en émoi, lequel retombe immédiatement lorsque la frappe du génie part tout droit en tribune. A noter que Zouma a remplacé Varane, apparemment touché. Et c’est la bonne pour Flotov’ ! Rentrant intérieur pour la énième fois, sa frappe enroulée est parfaite et termine au-dessus : il débloque ainsi le succès “Tenter la même chose cinquante fois pour un résultat inexistant”. Une nouvelle tête de Grizou sur un centre de Dembélé est, elle, cadrée, mais sortie par le portier adverse.

A peine le temps de se réjouir de ce petit sursaut qu’on retombe dans la tristesse. Sur un corner islandais, notre passivité et notre nullité s’illustrent. Kimpembé croit qu’il joue à PRV (poule-renard-vipère, pour ceux qui n’ont pas eu d’enfance) : bien conscient qu’il doit attraper son attaquant, il le suit à la culotte. Ah ça, pour courir derrière, il y a du monde. Mais il a oublié qu’il fallait l’attraper pour gagner. IL NE SAUTE MEME PAS CET EMPAFFÉ. La tête est belle. (0-2, 60e).

L’heure de jeu donc, la France perd 2-0 à domicile face à l’Islande, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, comme disait Jeanne Mas. Moment choisi par DD pour faire entrer Dieu Lemar à la place de Tauvinhhozéro et Kyky à la place de Grizou. Puis c’est Ndombélé qui étrenne ses deux étoiles en remplacement de Pogba, et Payet entre pour Dembélouze.

Plein de changements de joueurs, peu de changements dans l’intention, l’intensité, le jeu. Menés de deux buts, on sent les Bleus presque résignés ; ça trainasse, ça chialasse, c’est molasse. Et puis heureusement, ça aulasse : Ndombélé met un tant soit peu de volonté et chipe un ballon près du poteau de corner ; le Lyonnais donne à Mbappé qui percute suite à un magnifique contrôle orienté-talonnade, déborde, frappe en angle fermé. Le gardien islandais repousse, le ballon rebondit un défenseur et entre dans le but (1-2, 84e).

La légende est en marche : peut-être ne va-t-on pas perdre face à un pays si peu enviable que Dany Boon a fait un film dessus. Se disant que bon, on sait jamais, sur un malentendu, les Bleus retrouvent un minimum de dignité. Giroud s’embrouille avec un défenseur sur un corner, puis sur le corner suivant, un Islandais fait main. Péno, Mbappé (2-2, 90e). Un miracle, confirmé par le sauvetage en tacle de Pavard dans les arrêts de jeu.

On est sur un niveau tellement élevé de saloperie que j’ai plus les mots. Oui, oui, CHATTADÉDÉ, mais putain, quel match de merde.


Les notes :


Lloris (3/5) :

Une main pas très ferme sur l’ouverture du score, commun symbole de Philippe Croizon. Mais un triple-arrêt magnifique.

Digne (3/5) :

« Poker : jeu qui semble se jouer avec des cartes et dans un but que le lexicographe ignore absolument« . Deschamps est très friand de ce jeu, et personne ne sait pourquoi.

Kimpembé (0/5) :

Varane (3/5) :

Plutôt propre pendant la première période, plutôt dans les vestiaires lors de la seconde. Remplacé par Zouma (2/5, 45e), plutôt sur le banc pendant la première période, plutôt pas rassurant pendant la seconde.

Pavard (2/5) :

Heureusement qu’il sauve un peu la mise en toute fin de match, parce que le reste était très loin d’être glorieux. Il aurait gagné à jouer dans l’axe tiens, à côté de Varane, à la place de la catastrophe mentionnée plus haut.

Nzonzi (2/5) :

Un bon 6, mais il ne fait pas plus pour le moment. J’ose espérer que ce sont juste les consignes, pas une incapacité.

Pogba (2/5) :

Quand Paul n’est pas bon, ça rejaillit sur toute l’équipe. Trop effacé et frileux, alors que le peu d’ouvertures et de risques qu’il a pris ont été judicieux. Remplacé par Ndombélé (66e, non noté), généreux, avec de l’impact. N’en faisons pas trop non plus, vu le niveau de l’équipe en face et le niveau des Bleus, un peu d’envie te fait ressortir dans le marasme.

Thauvin (1/5) :

Thauvinho or not Thauvinho ? There’s no question. C’était même pas un bon Thauvin. La répétition du geste est censée améliorer la qualité dudit geste au bout d’un moment. Et ben essaye encore Flo, mais avec l’OM, pas ici, parce que ta spéciale je m’en tamponne l’oreille avec une nouille quand tu l’expédies cinq fois dans les tribunes. Un point pour ta disponibilité et ton envie de bien faire, quand même. Remplacé par Lemar (64e, non noté), que j’étais content de revoir, si tant est qu’on l’ait vraiment vu.

Dembélé (1/5) :

Moi j’veux bien hein, mais a-t-il progressé depuis qu’il joue en Bleu ? Je ne vois pas les changements depuis son arrivée au Barça. Il provoque toujours aussi bien, il dribble, mais après, que de déchets. Remplacé par Payet (70e, non noté).

Griezmann (2/5) :

Le futur Ballon d’Or dans sa tête, il en oublie d’être gentil avec le ballon en cuir sur le terrain. Des coups de pied arrêtés étonnament mal frappés et une influence peu remarquable. Remplacé par Mbappé (60e, non noté), dont le talent pur, sans forcer, suffit à réduire l’écart et à finalement offrir le nul avec le péno. Et sans faire 30 minutes d’hyper haut niveau hein.

Giroud (1/5) :

Difficile de te mettre plus mon Oliv’. Rien à relever si ce n’est ta bonne déviation en première période.

Le Mont Térubio est mort, vive Didier Décampe.

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