La Jup’ anal-yse la saison du Cercle de Bruges

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Une saison inoubliable pour le cercle

Aujourd’hui, acad’ un peu spéciale. C’est l’heure du bilan. Je ne pense pas que celui de Waasland-Beveren ou de Oud-Heverlee-Louvain vous intéresse particulièrement. Problème, avec cette connerie de division des points au terme du championnat, il est difficile de faire des graphiques pour les meilleures équipes (également les plus suivies). Alors j’ai choisi de faire un petit essai, une contribution personnelle somme toute modeste, sur la saison anale du Cercle Brugge, dernier de la saison régulière. Pourquoi ? Et bien j’vais vous l’dire. Parce que le Cercle a battu des records de médiocrité alors qu’on attendait une confirmation de leur belle saison 2011-2012, mais il a également été la première équipe de D1 à remporter le tour final. Par conséquent, on les reverra avec grand plaisir la saison prochaine parmi l’élite.

 

De 1899 à 2012

Le Cercle est l’autre club de Bruges. Il est vrai qu’on pense plutôt au Club Brugge, 13 fois champion de Belgique, lorsqu’on évoque le football dans la Venise du Nord. Fondé en 1899, le club des ouvriers brugeois vit en effet à l’ombre du rival bourgeois. En cause, une vitrine qui n’a plus été dépoussiérée depuis de très nombreuses années. Si le palmarès a su s’étoffer avant la Seconde Guerre Mondiale (3 Championnats, 1 Coupe), il est quasiment absent après : on n’y trouve que des trophées mineurs (4 Championnats de D2, 2 Championnats de D3) ne faisant que prouver les difficultés de ce club. On notera tout de même une nouvelle Coupe de Belgique remportée en 1985, dernier trophée majeur acquis. Les occasions n’ont pourtant pas manqué, avec 4 finales perdues depuis cette victoire.

Palmarès
Si les deux clubs se partagent le même stade depuis près de 40 ans, les affluences sont sensiblement différentes : le Cercle a ainsi réuni en moyenne 8500 personnes (7ème affluence du championnat), tandis que le Club Brugge a attiré 23800 personnes (1ère affluence).

Le Cercle est pourtant une équipe historique en Belgique, comme le prouve son nombre de saisons en première division (76) : seuls l’Antwerp (96), le Standard (93), le Club Brugge (89) et Anderlecht (82) ont fait mieux.

En 2003, après six saisons en D2, le Cercle retrouve la D1. Après 4 saisons correctes (entre la 11ème et la 14ème place), le Cercle réalise une excellente saison 2007-2008 : s’il se montre incapable de battre le trio de tête Standard/Anderlecht/Bruges (2 nuls, 4 défaites), il fait un quasi sans-faute contre les autres équipes et termine 4ème. Le Cercle ne confirme pas en Championnat, mais profite de cette expérience pour avoir de nouvelles ambitions à long terme : après trois saisons terminées à la 9ème place, le Cercle enchaîne les bons résultats en 2011-2012 sans joueur réellement connu, sans qu’on puisse réellement comprendre pourquoi. Malheureusement, la pression est trop forte, et le Cercle craque en toute fin de championnat : alors qu’il ne lui manque qu’un point pour être assuré du Top 6 et d’une participation aux play-offs 1, il perd ses deux dernières rencontres. Genk et Courtrai, vainqueurs lors de la dernière journée, passent devant à la différence de buts  (+16 et +3 contre -1) et font chuter nos amis brugeois de la 5ème à la 7ème place. Le Cercle, éjecté des play-offs 1, réussira à se qualifier pour le test-match européen après avoir remporté les play-offs 2, mais sera vaincu par La Gantoise.

2012-2013 : le championnat

Malgré le départ de leur jeune espoir Igor Vetokele (20 ans, 10 buts, parti au FC Copenhague), l’objectif du Cercle est d’atteindre le Top 6. Pour cela, l’expérimenté Tim Smolders (La Gantoise) est recruté.

Rien ne se passera comme prévu. Après un bon nul sur le terrain de Genk lors de la première journée (3-3), les Brugeois vont enchaîner 7 défaites consécutives. Il faudra attendre la 9ème journée pour voir la première victoire (1-0 contre Charleroi).

Le 1er octobre 2012, le Cercle réagit à ce départ calamiteux et engage un attaquant libre : Eidur Gudjohnsen. Le meilleur attaquant de l’histoire du football islandais veut se relancer après une grosse blessure au genou et une expérience mitigée en Grèce. Seulement, il prévient qu’il est à court de forme et qu’il faudra attendre plusieurs semaines avant de le voir à son meilleur niveau. Pourtant, après 4 apparitions et 280 minutes sur le terrain, Eidur a déjà scoré 4 fois. Si les résultats ne sont pas réjouissants pour autant (3 défaites, 1 victoire), le Cercle se remet à y croire. La victoire est en effet intervenue après le changement d’entraîneur (10 défaites en 12 matchs pour un club qui vise le haut du tableau, un changement pouvait effectivement être utile), et Gudjohnsen s’améliore sur le plan physique.

À la trêve, il y a en effet de quoi y croire : le Cercle est passé d’une dynamique incroyablement catastrophique à un « simple » rythme de relégable (1 victoire, 4 nuls, 4 défaites entre la 14ème et la 22ème journée). Si 13 équipes avancent à un rythme plus rapide, deux voient leur avance fondre face à ce « mieux ». Le Cercle n’a au final que 4 points de retard sur le premier non relégable à huit journées du terme (soit 3 points repris sur cette période).

Trêve

Toutefois, Gudjohnsen va faire un joli coup de pute : après avoir été remis en forme et marqué 6 fois en 13 matchs, Gudjohnsen s’en va. Et pas n’importe où : au Club Brugge. Le Cercle ne s’en remettra pas et va battre son record de défaites consécutives dans la saison : le record avait été placé à 7 entre la 2ème et la 8ème journée, il faut parler désormais de 9 défaites consécutives. Série arrêtée pour cause de fin de championnat, mais on peut aller jusqu’à 10 si on compte la 1ère journée des play-offs 3.

14ème attaque (30 buts inscrits), plus mauvaise défense (65 buts concédés), le Cercle est également la plus mauvaise équipe à domicile. Pourtant, toutes les victoires ont été acquises au Jan Breydelestadion, où le Cercle a pris 86% de ses points. Ne faîtes pas le calcul, je le fais pour vous : ça fait 12 points. Ce qui signifie que les Brugeois n’ont pris que 2 points sur 45 possibles à l’extérieur : un nul à Genk (1ère journée) et un autre au Lierse (20ème journée). C’est historique.

Points2

Avec 14 points en 30 journées (3 victoires, 5 nuls, 22 défaites), les Groen & Zwart marquent l’histoire du football belge et rentrent dans le cercle très fermé des équipes ayant une moyenne inférieure à 0,5 point par match.

C’est en effet la plus mauvaise performance de ces 10 dernières années :

Dernier Points

(Agrandissement possible en cliquant sur l’image. Si ce n’est pas suffisant pour vos yeux, c’est par là.)

Depuis l’instauration de la victoire à 3 points en 1995, on a pourtant déjà vu pire. En 2001/2002, Beveren avait en effet placé la barre très haut (ou très bas) : en proie à des difficultés financières malgré de bons résultats sportifs, Beveren signe un partenariat avec Arsenal et l’académie de l’ASEC Abidjan créée par Jean-Marc Guillou. De nombreux joueurs arrivent donc cette année-là. Si ceux prêtés par les Gunners ne disent pas grand-chose aujourd’hui (David Grondin, Igor Stepanovs, Tomas Danilevicius, Jérôme Thomas, Alberto Mendez), on trouve deux ivoiriens passés par la Ligue 1 : Gilles Yapi-Yapo, et surtout Yaya Touré.[1]

La saison la plus anale d’un club belge donnera des résultats fantastiques : Le KSK Beveren terminera dernier avec 2 victoires, 8 nuls et 24 défaites en 34 matchs (14 points / 0,412 point par match), plus mauvaise attaque (30) et plus mauvaise défense (91 !). Analité suprême, Molenbeek (10ème du championnat) ne reçoit pas sa licence professionnelle, tandis qu’Alost (17ème) sera placé en liquidation judiciaire : les deux clubs sont relégués en D3, et Beveren est donc maintenu en première division.[2]

2012-2013 : les play-offs 3

Vous le savez, en Belgique, tous les clubs sont concernés par les play-offs au terme du championnat. Dans le cas du Cercle, il faut regarder du côté des play-offs 3 pour comprendre la suite :

« Cette dernière partie est terrible. Elle oppose les deux équipes les plus nulles de la saison sur cinq matchs. L’avant-dernier au championnat régulier part avec trois points d’avance et l’avantage du terrain. En cas d’égalité, le nombre de victoires prime. Les 3 points d’avance accordés à l’avant-dernier ne sont pas considérés comme une victoire. Dès que le classement est joué, la compétition s’arrête (au bout de 3 matchs minimum donc). Le perdant est relégué en D2. »

Imaginez un peu Brest et Nancy s’affronter 5 fois en fin de saison. Maintenant, imaginez la même chose, mais au niveau du championnat belge.
Le Cercle doit donc affronter le Beerschot. Le 1er match voit le Beerschot s’imposer 1-0. Le Cercle change alors pour la deuxième fois d’entraîneur : Lorenzo Staelens, alors adjoint, est promu. Ce changement sera décisif. Trois matchs plus tard, le Cercle remporte en effet les play-offs 3 grâce à trois victoires. Le dernier match est donc annulé. Le Beerschot est relégué, le Cercle gagne sa place pour le Tour Final.

PO3

2012-2013 : le tour final

Le tour final est un mini-championnat accordant la dernière place en D1 à son vainqueur, comme la Jup l’expliquait début mai.

Aucune équipe de D1 n’a su remporter ce TF : Dender (2009), Roulers (2010), Eupen (2011) et Westerlo (2012) ont tous été relégués après cette compétition face aux clubs de D2.

Pourtant, le Cercle va déjouer tous les pronostics : après 4 journées, les Brugeois comptent 4 victoires et 6 points d’avance sur Mouscron, le 2ème. Il ne manque qu’un point pour rester en D1. Mieux, en cas d’égalité au classement, il est prévu que les confrontations directes départagent les équipes. Zéro point peut donc suffire (c’est assez étrange à écrire), à condition de garder l’avantage pris sur le Royal Mouscron Peruwelz (victoire 1-3). Ce que fera le Cercle : en perdant 1-2 face au RMP, le Cercle sauve miraculeusement sa tête en première division, en profitant de l’absurdité d’un système de championnat qui veut que l’équipe qui perd ses 30 matchs de championnat a encore une chance de se sauver, tout comme celle qui les gagne n’est pas assurée d’être championne. Ils se permettront même de laisser filer le dernier match, avec une défaite 5-0 à Westerlo.

TF

2012-2013 : la Coupe

Malgré cette saison particulièrement anale, le Cercle aura fait bonne figure en Coupe. En effet, le Cercle aura de nouveau été le finaliste malheureux après une défaite tardive contre Genk.

Vous pouvez retrouver le parcours du Cercle en vidéo ici.

Si Genk avait répondu aux attentes en championnat (terminer 2ème m’aurait paru logique compte tenu de la qualité de leur effectif), le Cercle aurait même été européen. C’eût été rigolo.

Bilan 2012-2013 :

Bilan1

Après un championnat minable, le Cercle termine donc la saison avec 25% de victoires, grâce à 7 victoires lors des 10 derniers matchs.

Bilan des entraîneurs :

Bilan2

Après l’excellente saison 2011-2012, Bob Peeters est évidemment confirmé dans ses fonctions pour 2012-2013. Licencié le 27 octobre 2012, il retrouve un poste 4 jours plus tard en signant à La Gantoise. Il en est remercié le 3 janvier 2013, faute de résultats : en 9 matchs, Gand a obtenu 3 nuls et 6 défaites. Il est aujourd’hui sans club, tout comme son successeur Foeke Booy, viré peur après le début des PO3.

Quant à Lorenzo Staelens, ses bons résultats lui ont permis de décrocher un contrat d’entraîneur de deux ans au Cercle.

BONUS : La chanson des supporters.

Chères lectrices, chers lecteurs, n’oubliez pas que vous pouvez me retrouver sur Facebook. On s’enverra des pokes, on discutera de l’entrée dans le Top 10 mondial de nos Diables après les deux victoires de fin de saison (ici et ici), ou de Francky Dury, l’entraîneur de Zulte-Waregem qui était un possible successeur de Rudi Garcia à Lille.

Viendez retrouver notre pote Bart Van den Van Krrr, il se fera un plaisir de vous accueillir. Il a même pensé à ceux qui préfèrent Twitter. Et pour finir, si vous ne l’avez pas encore fait, likez la Jup’ Académie !

Jean-Marie Pfouff.


[1] Les années suivantes, d’autres ivoiriens commenceront leur carrière européenne dans ce club. On peut ainsi citer Gervinho, Arthur Boka, Romaric ou Emmanuel Eboué.

[2] Le résumé de Bruges-Beveren (6-1), 3ème journée : http://youtu.be/RpiCoczQY9w

12 thoughts on “La Jup’ anal-yse la saison du Cercle de Bruges

  1. J’ai tout lu et tout compris.
    Pire, je sais même où est située la belle ville de Péruwielz, à 2 bornes de mon lieu de naissance.
    Bravo bel homme pour ce beau boulot.

    La bise.

  2. Quelle belle idée de que de mettre en lumière les petits derniers (enfin, de la saison régulière, parce qu’après, le Cercle, c’est quand même 2 mini championnats remportés de suite!), pour une fois.

  3. Excellent boulot Jean-Marie ! La question qui se pose c’est : Et ensuite ? C’est clair que le Cercle sera grand favori pour redescendre

  4. Double Merci !

    Je trouvais intéressant de s’intéresser à la saison du Cercle : il prouve (si c’est encore nécessaire) l’absurdité des play-offs. Intéressant aussi parce que les changements avec la saison précédente n’étaient pas si importants que ça. Et même si je n’ai jamais compris pourquoi (même si c’était mérité) ce club avait bien fonctionné la saison passée, je ne comprends pas plus comment on peut se planter à ce point cette saison.

    Et puis le Cercle, c’est quand même un club sympa, il fallait donc saluer leur maintien !

    @Bart : Sharkfoot parlait de repreneurs congolais assez terribles, j’espère que ça ne se fera pas. Si le Lierse pouvait passer à la trappe, ça ne me déplairait pas…Après, faut voir avec Beveren, Ostende. Je pense que le Cercle a ses chances grâce à des équipes encore plus pourries.

  5. Tres interessant, merci pour cet article, Jean-Marie. Ceux-qui ont inventé le systeme de play-offs sont clairement de grands malades…

  6. Pourrais-tu m’expliquer comment le White Star s’est qualifie pour le tour final? D’apres moi ils n’ont termine que 7e de D2. J’ai decidement du mal a comprendre ce systeme

  7. Hello !

    Merci beaucoup !

    Concernant le White Star, j’avais expliqué il y a quelques temps la « logique » de la D2 belge.

    Auparavant, le 1er était champion et promu, et les 4 suivants (de la 2ème à la 5ème place) s’affrontaient sous forme de championnat : le vainqueur était le dernier promu.

    Ensuite, le système a été modifié : le premier relégable de D1 était concerné par le tour final, en compagnie des clubs de D2 classés 2ème, 3ème et 4ème.

    Désormais, c’est plus complexe : le championnat de 34 journées est divisé en 3 périodes appelées « tranches » : Journée 1 à 10 pour la Tranche 1, 11 à 22 pour la Tranche 2, 23 à 34 pour la Tranche 3.

    Chaque vainqueur de tranche remporte sa place au Tour Final. Si le club champion a remporté une ou plusieurs tranches, on offre la/les place(s) aux clubs qui n’ont pas eu cette chance, dans l’ordre du classement. En l’occurence, Ostende a remporté les tranches 2 et 3. C’est pour ça que Mouscron (2ème) et Westerlo (3ème) sont présents au Tour Final sans avoir remporté une tranche.

    Le White Star a remporté la première tranche et a donc gagné dès l’automne sa place pour le Tour Final, au détriment de Saint-Trond, Boussu-Dour ou Lommel, pourtant mieux classés au terme des 34 journées.

    Ce système est une catastrophe : un club pourrait très bien faire en sorte de remporter la 1ère tranche, perdre ses 24 derniers matchs, finir relégable et participer à la montée. On reste évidemment dans le théorique. Mais quand une telle faille semble si facilement accessible, c’est que le système n’est pas bon.

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