« Au milieu du chemin de notre vie je me retrouvai dans une forêt obscure, dont la route droite était perdue.

Je rencontrai au loin mon guide Umber

fidèle serviteur de la Série A

et mon accompagnateur dans cet enfer. »

Une énorme porte se dressait devant Roby.

 

« Par moi on va vers le stade bondé ; Par moi on va vers l’éternelle allégresse de la victoire ; Par moi on va chez les âmes errantes qui ont été défaites. La Justice inspira mon noble créateur. Je suis l’œuvre de la Puissance Divine, de la Sagesse Suprême et de l’Amour. Avant moi, la tactique n’était pas sinon une mode. Et moi, j’ai organisé votre foot. Vous qui entrez, abandonnez toute espérance. »

Umber rassurait Roby et réussit à le convaincre de passer la porte des enfers, que Roby jugeait très peu accueillante et aux antipodes de la chaleur qu’elle devrait dégager. Après avoir traversé le vestibule où bon nombre d’indifférents lecteurs d’HJ.net se faisaient châtier par trois gros membres, le 1er cercle se découvrit petit à petit : les Limbes étaient à portée de vue. En les traversant, Roby aperçut plusieurs personnes aux formes distinctes mais difficilement perceptibles. Fort heureusement, Roby n’était pas daltonien et parvint à distinguer quelques couleurs, qu’Il Codino tenta d’associer : il vit du jaune, du bleu ciel, du violet, de bleu et rouge (Roby salua en silence ce savant alliage) et du zébré. Umber prit la parole :

« Ici se terrent les âmes aux bonnes intentions, mais qui n’ont pas eu la chance de contempler la gloire de Dieu et qui n’en auront probablement jamais l’occasion. Le jaune indique le Chievo Vérone, qui a engrangé sept points en quatre matches et qui a lavé la honte de la défaite à Parme par une victoire de prestige sur le Napoli. Le bleu ciel fait référence au promu Novara, qui connaît quelques difficultés comptables avec quatre points, mais qui compense par une extraordinaire passion, ponctuée par une superbe leçon donnée à l’Inter lors de la troisième journée. Comme tu l’as sans doute deviné (Roby doit reconnaître que non, il n’avait rien deviné du tout), la Viola est présente également. Malgré une défaite logique à Udine, les Florentins (nb Roby : les potes de l’ancêtre de Roby) ont corrigé Parme et ont obtenu un précieux point à Naples. Le retour du fils prodigue Jovetic y est pour quelque chose, et si le départ de Frey également ? La couleur rossoblu renvoie au Genoa, portée par un superbe Palacio qui semble exprimer sa joie de ne pas avoir rejoint le traquenard intériste à travers une pluie de buts qui place son équipe en haut de classement avec sept points. Et pour finir, des zèbres pouvant en cacher d’autres (nb Roby : sans doute des sodomites, dans ce cas leur place n’est pas ici), Sienne mérite sa place dans ces limbes puisqu’ils totalisent cinq points et des intentions de jeu honorables au vu de leurs modestes moyens. »

Roby demanda alors quel châtiment attendait ces pauvres hères.

« La frustration de ne pas rester en Série A pour les uns, celle de ne jamais toucher du doigt le Scudetto pour les autres ».

La vie est rude, pour certains. Pour d’autres, c’est le chibre qui l’est. Chacun ses merdes.

Roby se calma quelque peu, car il doit reconnaître que la porte des enfers l’avait un tantinet traumatisé. Il craignait de se retrouver dévoré par des joueurs avides de chair fraîche et de contacts humains, mais cette visite des limbes réchauffa son cœur. Umber l’invita à continuer leur excursion. Direction le restaurant « Chez Minos », où étaient jugés et dirigés les pécheurs (NB Roby : à la morue ?). Toutefois, les bords escarpés de l’abîme faisaient naître une bourrasque qui emportait des Palermitains au loin, leurs corps s’écrasant sous le poids terrible de leurs fautes. Pourquoi un tel fléau ?

« Palermo affiche un bilan comptable très satisfaisant avec notamment une belle victoire en ouverture de championnat sur l’Inter et un match nul sur la pelouse de la Lazio, soit de sacrés clients. Toutefois, l’aspect souvent luxurieux de leur jeu qui les fait se regarder jouer et la (future) mort par amour de leur entraîneur Mangia les condamnent à squatter le deuxième cercle ».

 

C’était limpide.

 

Après avoir pris une un verre de Sprite au Minos, Roby et Umber se dirigèrent vers le troisième cercle. Roby commençait à trouver le trajet long et se demandait s’il n’aurait pas mieux fait d’emporter quelque chose histoire de se caler l’estomac. C’est d’ailleurs à ce moment-là que Roby entendit un monstre lâcher un râle surpuissant et effrayant, un peu comme si on avait uriné sur La Joconde devant le conservateur du musée du Louvre et qu’il exprimait sa fureur. Alors qu’il imaginait la scène et qu’un sourire se dessinait sur ses lèvres, Roby fut interrompu par les explications de d’Umber.

« Tu aperçois cette pluie de grêle au loin ? Tu vois ces silhouettes allongées sur ce sol boueux sur lequel s’abat (Roby se demanda ce que le Sabbat venait faire ici) cette interminable pluie ? Et bien, ici sont damnées les âmes Napolitaines et Frioulans ! Car la gourmandise est punie en ces lieux, et celle dont font preuve le Napoli et l’Udinese en ce début de saison vaut bien un supplice au moins aussi conséquent que leurs ambitions. Qui plus est, leur projet de jeu basé sur le jeu avant tout et les résultats qui suivent derrière trahissent un goût prononcé pour la révolution. Sept points pour les Azzurri dont une superbe victoire au San Paulo face à l’ogre milaniste, huit pour les partenaires de Di Natale. Oui, définitivement, Guidolin et Mazzarri sont trop gourmands. »

Roby vous passe les détails de son voyage, car s’il venait à s’épancher sur le trajet qu’il doit faire à chaque fois de cercle en cercle, il ne s’en sortirait pas, et puis faut pas déconner, à la base c’était juste histoire de structurer un texte de manière originale, il ne comptait pas créer un remake de la Divine Comédie. Ne lui en demandons pas trop !

Ceci étant dit, la visite guidée pouvait se poursuivre et le 4ème cercle, fief des avares et des prodigues, s’offrit aux yeux de Roby. Umber prit la parole (il commençait à lui casser les couilles au Roby avec son ton de prédicateur) :

« Ici germe le plus grand des paradoxe … Au sein d’équipes comme Bologna, Lecce, Parma ou encore Cesena existe une proportion à se donner corps et âme sur le terrain … mais en même temps, leurs publics respectifs souffrent d’un cruel manque d’allant … Les foules se lèvent rarement … Avares en frissons, prodigues en efforts, ces équipes sont condamnées à pousser de gros rochers en s’insultant les uns, les autres. »

Roby trouvait ça rigolo. Ce qui était moins marrant, c’était le nombre de points inscrits et le classement de ces clubs : un point pour Bologne, trois pour Lecce, trois pour Parme et zéro pour Cesena.

« Le 5ème cercle, sur les rivages du Styx, détient tous les coléreux et les mélancoliques de la Botte. Claudio Lotito, Edi Reja et les supporteurs de la Lazio, de par le triste spectacle qu’ils offrent en marge du terrain méritent de pourrir ici. Peu importe les raisons pour lesquelles ils s’entredéchirent, la Lazio dispose d’une belle équipe, avec un Djibril Cissé vraiment retrouvé et faisant montre d’un état d’esprit toujours aussi exemplaire (NB Roby : Cocorico !), une équipe qui a les moyens de ses ambitions. Mais entre les crises de colère du président, le ras-le-bol du coach, la mélancolie des supporteurs et les démissions remises et refusées, le climat au sein de l’équipe Biancoceleste est nauséabond et nuit à l’entrain affiché à l’intersaison. Cinq points « seulement », surtout après une entrée en matière réussie à Giuseppe Meazza, c’est (trop) peu. »

Finalement, Roby pense que le fait de se frapper et de se mordre férocement, c’est un châtiment plutôt correct.

Arrivé au 6ème cercle, Roby se rendit compte qu’il marchait au milieu de tombeaux enflammés. Umber lui expliqua « qu’ils renfermaient les hérétiques Romains qui ont osés remettre en cause le dieu local, Francesco Totti. Luis Enrique aurait pu faire partie des damnés, mais il a été sauvé de justesse car il a eu la présence d’esprit d’arrêter de le taquiner et de le remettre titulaire. Malgré un jeu brouillon mais ambitieux et qui prend petit à petit forme, le bilan comptable de la Roma laissait à désirer avant la quatrième journée. Mais au final, le plus important en ce début de saison, c’est de cumuler les points et de la confiance, résultat cinq points soit la moitié du total du leader Juventino, et des certitudes sur la possibilité de la mue Romanista ».

Une large colonie argentine se faisait ébouillanter dans une marre de sang sous les yeux de Roby alors qu’il continuait de s’enfoncer dans les profondeurs de l’enfer. Certains se faisaient dégommer par des supporteurs habillés en rouge et bleu ciel. Umber ne dit rien, alors Roby restait là, contemplant ce triste spectacle en se disant une énième fois qu’il avait faim et que le restaurant de Minos était quand même assez loin … puis soudain, devant le silence de son guide, Il Codino interrogea un supporteur sur la raison de cette punition. « La tradition du club a été bafouée, nos dirigeants ne recrutent plus que des argentins et bien que nous trouvions ça sympathique au début, il ne faut pas plaisanter avec les traditions en Italie ».

Roby regarda ses fiches (commun symbole de Pascal Praud) et constata que Catane totalisait cinq points, ce qui était plutôt honorable malgré tout …

Dans le 8ème cercle, Roby aperçu 10 fosses. Il était content car il avait enfin trouvé un endroit où uriner en toute quiétude. Mais Umber le retint pour lui expliquer que cet endroit abritait les trompeurs divers et variés. Chacune d’entre elles emprisonnait un responsable direct ou indirect de la chute de la Vieille Dame et de son incapacité à se relever sportivement.

– 1ère fosse, les séducteurs : Agnelli, le patron de la Juve, amoureux de son club mais un peu désorienté et incapable de prendre du recul, animé par une haine viscérale de l’Inter. Si seulement il s’occupait de la direction sportive de son équipe en priorité …

– 2ème fosse, les flatteurs et adulateurs : Tuttosport, le quotidien détenu par la famille Agnelli qui passe son temps à publier des Unes sur des « révélations terribles sur l’implication de l’Inter dans le Calciopoli », et la « Grande Juve qui cloue le bec des Milanaises avec un fantastique début de saison et un recrutement cinq étoiles » … ou comment tromper le client …

– 3ème fosse, les escrocs : Luciano Moggi, le seul dirigeant capable de rivaliser avec la doublette Berlusconi-Galliani, un homme qui en connait un rayon sur le foot, mais il est coupable d’avoir plongé la Juve au fond du trou …

– 4ème fosse, les devins et sorciers : Del Neri, l’homme qui devait relancer la Juventus sur le plan sportif, l’aider à panser ses plaies, à récupérer sa place au sommet de la hiérarchie italienne, celui qui était sur de lui et qui prophétisait son succès, au final ce fut l’un des plus gros bidoni de l’histoire de la Vieille Dame …

– 5ème fosse, ceux qui ont bafoué la Justice : le procureur chargé de l’enquête, Palazzi …

– 6ème fosse, les hypocrites : Massimo Moratti, le président de l’Inter et l’ennemi intime du peuple Bianconero, celui qui a le plus profité de la chute de la Juve … l’hypocrisie est expliquée plus loin, dans un autre cercle …

– 7ème fosse, les voleurs : Antonio Giraudo, l’administrateur délégué de la Juventus jusqu’en 2005/2006. Soit le bras droit de Moggi …

– 8ème fosse, les mauvais conseillers : Roberto Bettega, le vice Président de la Juventus à l’époque des faits, il sera innocenté dans l’affaire et reprendra sa place chez les zèbres, mais sa culpabilité demeure assez évidente …

– 9ème fosse, les fauteurs de trouble : La Gazzetta dello Sport, soit le quotidien milanais qui a le premier mis en lumière les implications de Moggi dans ces histoires de fraude …

– 10ème fosse, les charlatans et les faussaires : une frange de supporteurs crédules et vindicatifs, qui – plutôt que de se lamenter sur le triste sort à laquelle leur Juve est reléguée depuis 2008 – préfèrent détourner leur regard et réclamer uniquement vengeance, comme si voir leur honneur (bafoué justement) « lavé » allait leur offrir de nouveau l’ivresse de la victoire … qu’importe le flacon après tout …

 

Roby pense même que la Juve 2011/2012 obtient des résultats trompeurs et que Conte n’est pas le génie annoncé par Tuttosport, mais seul l’avenir nous dira si Roby s’est fourvoyé ou pas. Il avait bien annoncé Katie Holmes dans son lit.

Dans le neuvième cercle, Roby croise Massimo Moratti, le président de l’Inter, tête de gondole d’un club condamné à voir ses joueurs s’entre-dévorer le cerveau pour cause de traîtrise … envers eux-même, leurs supporteurs et leur club …

« Ici, près du marais glacé de Cocyte, sont sévèrement châtiés les traîtres Intéristes, ceux qui ont tourné le dos à leur entraîneur Gasperini afin de le faire virer car il ne leur convenait pas. Ces mêmes joueurs qui déjà l’an passé levaient le pied afin que Moratti mette Benitez dehors, trahissant leurs couleurs et leurs fans qui devaient subir cette honte. Massimo Moratti devient petit à petit le symbole de cette déchéance, décidant de mettre en place un projet sportif sur plusieurs années avant de le dissoudre des semaines plus tard, refusant de protéger ses entraîneurs et ainsi défendre ses choix et cédant à la dictature des joueurs qui a été mise en place par la colonie argentine avec pour chef de bande Cambiasso. Cela donne un début de saison indigne qui pourrait également être le fait d’un niveau insuffisant de la part de joueurs sur le déclin … ».

Au loin, Umber et Roby distinguent le mont du Purgatoire, un lieu où les âmes viennent se repentir afin d’obtenir le pardon éternel. Umber commença :

« Avec cinq points pris en quatre matches, les Rossoneri déçoivent sur le plan comptable. Ceci dit, l’an passé, ils étaient dans la même situation, c’est là la marque de fabrique de Max Allegri, partir doucement afin que l’équipe atteigne son rythme de croisière au début de l’hiver. Qui plus est, leur calendrier fut absolument diabolique, ils ont du affronter trois candidats au titre (Udinese, Naples et Lazio) ce qui ne leur a pas facilité la tâche, nonobstant la cascade de blessures qu’ils ont subi. Toutefois, au sortir de ces confrontations directes, quelques inquiétudes se dégagent, notamment sur le plan défensif, véritable socle sur lequel Allegri a bâti la victoire de l’an dernier. Les hautes sphères du Milan AC n’ont même pas eu à renouveler leur confiance à l’entraîneur car il n y a aucun doute sur le Mister pour le moment. Toutefois, l’idée de repentance auprès des supporteurs rossoneri est à l’ordre du jour, car après les belles promesses de la saison passée, beaucoup d’espoirs ont été placés dans le Milan actuel. D’autant plus que la concurrence de cette saison est beaucoup plus développée, et qu’Allegri ne débute pas sur le banc Milanista. Pour finir, la fameuse déclaration faite par Berlusconi, qui avait parlé d’amener des joueurs de classe mondiale au lendemain du Scudetto, n’a pas (encore) été tenue, d’où un fort sentiment de déception »

 

Pendant qu’Umber parlait, Roby se demanda s’il ne ferait pas mieux d’en profiter pour se repentir lui aussi, mais lorsqu’il comprit enfin qu’ils n’étaient pas loin du Paradis, il ne put s’empêcher de foncer afin de retrouver sa bien aimée Miss L.D.

Elle était belle, elle était bonne, elle était fraîche, un véritable petit chérubin aux couleur nerazzurre. Comment ça Nerazzurre ? Ben oui, Le Paradis et ses bienfaits était promis aux joueurs de l’Atalanta Bergame. Rendez-vous compte : quatre points acquis en quatre journée. Rien de transcendant ? Certes, vu comme ça … Toutefois, sur ces quatre matches, il y a trois victoires (Palerme, Lecce, Novara) et un match nul obtenu face au Genoa. Mais ça fait dix points ? Oui, bien entendu, toutefois, nul n’est censé ignorer la loi et l’Atalanta a été pénalisée de six points pour son implication dans les paris truqués. Ils ont de ce fait commencé la saison avec un capital de moins six points et s’il n y avait pas eu ce malheureux incident, ils seraient en tête de la Série A. Alors certes, ce ne sont pas des foudres de guerre, mais la confiance accordée aux jeunes talents dont nul ne voulait (Cigarini), leur extraordinaire volonté, leur passion, leur désir de ne pas sombrer et d’affronter la fatalité leur ont ouvert les portes du jardin d’Eden de manière incontestable. Car ils ont véhiculé des valeurs avec une telle générosité, que bon nombre d’équipes de Série A feraient bien de prendre exemple là-dessus …

1 thought on “La Serie A Académie, Journée 4

  1. pfiouu ambition littéraire (ou presque) et foot…je suis sans voix.
    et les joueurs de l’inter, ils sont ou ?

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