La Ticos Académie aimerait bien rééditer 2014 (mais ça va être dur).

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Nous on dit qu’elle bluffe.

Qu’est-ce que nous masquons bien notre jeu, une nouvelle fois. On jurerait que nous sommes vraiment nuls, c’est à s’y méprendre.

Coucou mes chéripounets,

Vous avez vu tous ces petits nouveaux qui arrivent sur Horsjeu ? Ca m’émoustille tout partout, ces petits camarades, j’en ai repéré un ou deux que je me prendrais bien à part dans le local photocopieuse à la prochaine conférence de rédaction. Préparez-vous, Messieurs, j’ai mon billet d’avion, je suis en route, j’arrive.

Mes Ticos d’amour, eux aussi ont franchi l’Atlantique, et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce ne sont pas les certitudes qui ont alourdi leur bagages. Nous nous étions quittés au printemps sur deux matchs de préparation pas folichons. Aujourd’hui, à quelques jours des choses sérieuses, nous ne sommes guère plus avancés.

 

Le groupe

Au moins, les choix ont été vite faits, puisqu’en dehors des héros vieillissants de 2014, c’est le grand désert. Blessé, José Luis Salvatierra ne participera pas à la compétition pour savoir qui sera le moins nul au poste d’arrière droit. Finalement, la seule polémique concerne l’absence de l’attaquant de la LD Alajuelense Jonathan McDonald ; mais comme de toute façon dans la sélection, avant-centre est un poste dédié aux sacrifices humains et non à la pratique du football, ce choix du sélectionneur ne changera pas notre vie.

Boule aux ombres menaçantes.

 

Les derniers matchs de préparation

Bonne nouvelle : à domicile contre une Irlande du Nord absolument nulle, prenant dans la figure le climat tropical et le décalage horaire, nous sommes imbattables. 3-0, une domination de tous les instants, un Campbell intenable et une efficacité redoutable sur corner (buts de Venegas et Calvo, Joel mettant le sien entre temps) : dans ces circonstances, c’est du tout bon.

Mauvaise nouvelle : contre des adversaires un tant soit peu sérieux, c’est le naufrage. Contre l’Angleterre, nous affichons un jeu sans autre ambition que de nous arc-bouter sur la surface en attendant le contre, dans notre 541 traditionnel se muant en 532 dans les moments de folie offensive. Certes, nos adversaires ont peiné à se procurer de nombreuses situations de tir, mais à l’arrivée le tarif est quand même de 2-0 contre nous. Bis repetita contre la Belgique. Totalement remis de sa blessure, Bryan Ruiz nous permet de faire illusion, ouvrant le score totalement contre le cours du jeu d’une belle volée. Malgré tout, emmenés par un Lukaku en mode Panzer et malgré un Keylor keylorgasmique, les Belges nous roulent dessus et l’emportent sur une belle fessée, 4-1.

En conférence de presse, notre sélectionneur Oscar Ramirez achève de nous faire passer pour des idiots en déclarant, je cite : « Leur n°10 nous a fait beaucoup de mal, je ne connais pas son nom. » C’est vrai, quoi, après tout il ne s’agit jamais que de l’inconnu Eden Hazard jouant dans ce petit club dont le nom m’échappe…

Vous l’aurez compris, il n’y a rien, mais alors rien de rassurant dans la manière dont le Costa Rica aborde ce Mondial. Ah, si, une chose tout de même : il faut se rappeler qu’en 2014, notre campagne de préparation fut presque aussi affreuse, avec pourtant le résultat que l’on connaît. L’hypothèse de joueurs émoussés par la préparation physique mais qui sauront se dépasser au moment crucial demeure ; malgré tout, contre la Serbie, le Brésil et la Suisse, il faudra aussi s’efforcer de jouer un minimum au football.

Oui, en 2014 on avait commencé par ceci. Que voulez-vous que je vous dise, les amicaux c’est pas notre truc.

 

L’effectif

Une note globale sur les trois matchs ; entre une rouste infligée et deux autres reçues sans plus de contestation, les performances individuelles sont de toute façon peu significatives.Voyons plutôt dans ces notes une sorte de niveau de confiance à l’approche du tournoi. Pour plusieurs d’entre eux, vous trouverez un « bonus plan foireux » qui démontre la capacité inégalable des joueurs costariciens à se fourrer dans des plans de carrières impayables.

 

Les gardiens :

Keylorgasme (Real Madrid 4/5) : Une petite apparition contre l’Irlande du Nord histoire de prendre congé du public de San José, et deux matchs pleins ensuite. Mais si l’équipe reste aussi apathique, « plein » ne suffira pas : il faudra vraiment être exceptionnel, pas comme, par exemple, sur cette frappe somptueuse de Rashford qui le surprend un peu trop facilement.

Boule de premier plan.

Lionel Moreira (Herediano NN) : Vu contre l’Irlande du Nord, et donc très peu vu en somme.

Patrick Pemberton (LD Alajuelense NN) : Pas vu du tout, mais il semble donc avoir perdu sa place de n°2.

 

Les défenseurs centraux

Jhonny Acosta (Rionegro Aguilas – 1/5) : Toujours faible au duel, et qui plus est très timide dans la relance, qui est plutôt l’un de ses atouts.

Giancarlo Gonzalez (Bologne – 1/5) : Contre la Belgique, au bout du huitième centre subi dans son dos, une demi-douzaine d’occasions et un but encaissé, il a enfin semblé prendre conscience qu’un attaquant pouvait surgir derrière lui. Après 4 ans en Italie, le cliché de la rigueur tactique transalpine, ce n’est pas pour lui.

Francisco Calvo (Minnesota United – 2/5) : Il arrête un peu plus d’attaquants que ses équipiers. En faisant des fautes de brutes occasionnant des coups-francs bien placés, certes, mais il les arrête.

Oscar Duarte (Español de Barcelone – NN) : Nettement plus rassurant que les autres centraux. Le fait qu’il n’ait joué que le match contre l’Irlande du Nord y est sans doute pour quelque chose.

Kendall Waston (Vancouver Whitecaps – 1/5) : Le héros qui nous envoie à El Mundial ! El Mundial ! El Mundiaaaaaaaaaaaaaal ! n’a pas eu l’occasion de me faire hurler de plaisir lors de son seul match contre l’Angleterre. Pour tout dire, je suis un peu jalouse de Marcus Rashford qui, lui a eu l’air de vraiment prendre son pied avec mon Kendall.

 

Les latéraux

Cristian Gamboa (Celtic Glasgow – 1/5) : Bon contre l’Irlande du Nord, un match que personne n’a regardé. En revanche, Angleterre-Costa Rica et Belgique-Costa Rica étaient en Mondovision, eux. Pas de chance.

Bonus plan foireux : Cristian arrive frais à la Coupe du Monde, avec son total ahurissant de trois matchs joués cette saison. Je veux bien qu’il ne soit pas très bon, mais pour être snobé à ce point par l’entraîneur je le soupçonne en plus de puer de la gueule.

Ian Smith (IFK Nörrkoping – NN) : Plusieurs bouts de matchs où le bizut n’a pas démérité… enfin, il n’a pas été plus nul que le nul titulaire, donc après tout, pourquoi pas…

Bonus plan foireux : un camarade historien m’a prévenue que Ian Smith serait bientôt Rodézien. Alors j’ai vérifié, ce serait un choix mercato assez navrant, puisqu’ils jouent en 3e division française. Au passage, il faudra que je dise à mon collègue que l’on dit « Ruthénois », à moins qu’il y ait un calembour qui m’échappe.

Bryan Oviedo (Sunderland – 1/5) : Pour une fois épargné par les blessures même si, par habitude, il joue comme s’il avait une jambe cassée.

Bonus plan foireux : transféré en 2017 d’Everton à Sunderland, juste à temps pour vivre la relégation du club en Championship. En 2018, il participe pleinement à l’aventure de la relégation du club en League One, un exploit réalisé avant lui par Yeltsin Tejeda au sein d’Evian-Thonon-Gaillard.

Ronald Matarrita (NY City FC 2/5) : Un bout de match contre les Nordahlelandais Nord-Irlandais, un autre contre l’Angleterre. Ronald est clairement le n°2, souffrant sans doute d’une moindre rigueur défensive qu’Oviedo (qui est faible, mais appliqué). A moins de réussir l’objectif de se qualifier par trois nuls 0-0, on aura sans doute besoin de son apport offensif à un moment ou à un autre.

Boules marchant gaiement à la mort.

 

Les milieux défensifs et relayeurs

Celso Borges (Deportivo La Corogne – 1/5) : Noyé dans la faillite collective du jeu costaricien. Celso est beau, Celso joue toujours juste, mais Celso ne peut pas porter à bout de bras une équipe qui subit outrageusement le jeu.

Bonus plan foireux : une simple relégation avec La Corogne, quand on voit ce que vivent d’autres coéquipiers ça fait vraiment petit joueur.

David Guzman (Portland Timbers – 2/5) : Echappe à la branlée bruxelloise en entrant au moment où tout ou presque était joué, et où les Belges commençaient à se reposer. Titulaire contre l’Angleterre, où on l’a retrouvé toujours âpre au combat, mais dépassé comme le reste de l’équipe.

Yeltsin Tejeda (Lausanne Sports – 2/5) : Mon Tejedounet d’amour est franchement en balance avec Guzman pour la place de milieu défensif. J’ai retrouvé enfin le Yeltsinou que j’aime : agressif, harceleur, tacleur… c’est d’ailleurs lui qui recule en sentinelle lors du passage en 352 contre la Belgique, avec pour effet immédiat de subir un petit-pont assez humiliant amenant le 4e but. Ma culotte a déjà connu des fins de masturbations moins abruptes.

Bonus plan foireux : Après l’ETG en 2015 et 2016, Yeltsin connaît sa 3e reléagation en 4 ans avec Lausanne Sports. Appelez-le porte-bonheur.

Randall Azofeifa (Herediano – NN) : 15 minutes dans une fin de rencontre sans intérêt contre la Belgique et c’est tout. la confirmation de Guzman et le retour de Tejeda (toutes proportions gardées, hein) le relèguent en 4e choix dans la hiérarchie des milieux.

 

Milieux offensifs et latéraux

Bryan Ruiz (Sporting du Portugal – 2/5) : Un éclair de génie très nettement insuffisant, mais utile pour se rappeler que les Costariciens savent jouer au football, et plutôt bien, pour peu qu’ils veuillent bien se projeter à plusieurs dans le camp adverse. De toute façon je l’aime.

Bonus plan foireux : Inexplicablement tricard à Fulham, Bryan avait enfin trouvé le renouveau et la sérénité au Sporting Portugal. Jusqu’à ce que…

Daniel Colindres (Deportivo Saprissa – NN) : L’homme qui ne sourit jamais a eu lo’ccasion de s’amuser au premier match. Mais comme c’était contre des nullités et qu’il n’a pas été aligné pour les deux matchs suivants, eh bien il n’a pas souri pour autant.

Christian Bolaños (Saprissa 1/5) : Remis in extremis d’une fracture de la cheville, il peut reprendre sa place dans la sélection. Il revient délesté de son hideuse coiffure à bandeau, ce qui est très bien, et d’une bonne partie de ses capacités de percussion, ce qui est plus inquiétant.

Rodney Wallace (New York City FC– NN) : Ménagé pour une douleur au dos. Vu le niveau offensif de ceux qui ont été alignés à sa place, espérons qu’il soit remis pour la compétition.

 

Ailiers et attaquants

Marco Ureña (Los Angeles FC – 1/5) : Au Costa Rica, il existe deux métiers particulièrement ingrats : loueur de skis, et avant-centre de la sélection nationale.

Pour que la panoplie d’avant-centre costaricien soit complète, il manque une balle de ping-pong entre les mâchoires.

Joel Campbell (Arsenal – 2/5) : Totalement intenable contre l’Irlande du Nord, où son activité et son efficacité nous font bien facilement pardonner ses quelques sautes de lucidité. Face à des adversaires plus forts en revanche, il s’est montré toujours aussi volontaire mais sans impact dans un collectif en perdition, on aurait dit une gerbille dans un saladier de semoule cuite.

Bonus plan foireux : Rien de particulier, d’autant que sa vilaine fracture de la jambe n’est plus qu’un mauvais souvenir. On attend tout de même le traditionnel moment où le directeur sportif d’Arsenal lance une fléchette au hasard sur un planisphère afin de déterminer la destination de son prêt annuel.

Johan Venegas (Saprissa – 2/5) : Bon et buteur contre l’Irlande du Nord, avant de se montrer aussi inefficace en pointe que sur l’aile gauche dans les deux autres matchs.

Bonus plan foireux : Peinant à s’imposer à l’Impact de Montréal (soupir) puis au Minnessota United (sanglots), Johan a eu la bonne idée d’un retour au pays, en l’occurrence à Saprissa. Bingo : entre ses performances moyennes et son passé chez l’ennemi alajuelense, il surtout ramené sifflets et insultes, ainsi qu’un titre de champion, certes.

La suite

A la lecture de ces lignes, vous ne croyez pas en nous ? C’est voulu. Plus personne ne se méfie. Rendez-vous dans quelques jours pour une surprise monumentale, un nouveau champion du monde accroché à notre tableau de chasse et des inondations cypriniques à vous faire dérailler vos RER. Vous êtes prévenus, mes amours.

Kimberly GutiérrezYigüirro

 

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