Metz-OM (1-1) : la Canebière Académie fait ses adieux

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On est si bien ensemble.

Aïoli les sapiens,

Si l’enjeu sportif reste théoriquement présent pour ce dernier match de la saison, il faut bien reconnaître que dans les faits, perdre notre cinquième place s’avère absolument improbable, même pour nous. C’est donc un avant-goût de vacances qui plane sur cette rencontre, renforcé par les récentes déclarations des deux entraîneurs reconnaissant à mots plus ou moins couverts que leurs joueurs n’en avaient déjà plus rien à foutre.

Pour autant, l’ambiance n’est pas à la joie et aux pâtés de sable. D’une part, la fin de cette saison calvaire, avare en plaisirs comme rarement, relève plutôt du soulagement. De plus, nous n’aurons pas pu faire des adieux en bonne et due forme à plusieurs joueurs qui, pour têtes à claques qu’ils pussent être, auraient mérité un pot de départ sincère plutôt que ces sorties en catimini. C’est ainsi que Florian Thauvin et Hiroki Sakai ont disputé contre Angers leur dernier match dans l’anonymat d’un stade vide.


On aura tout écrit sur Florian, tour à tour sauveur de match moisis par la grâce d’un éclair de génie, expert des statistiques en trompe l’œil, Totti marseillais attaché à vie à son club de cœur, starlette bloquée ici faute de pouvoir rêver d’ailleurs, plombée conjointement par des prétentions salariales disproportionnées et son incapacité à percer à un niveau supérieur, gamin bougon salopant dribbles sur dribble d’une mine boudeuse pendant les périodes de vents contraires… Il n’aura pas rapporté de titre à l’OM mais son passage à l’OM lui aura permis d’inscrire une coupe du monde à son CV : Florian restera plus qu’aucun autre le symbole* de l’Olympique de ces dernières années, capable d’enflammades aussi spectaculaires qu’avortées dans des cendres qui n’en finissent plus de refroidir. [*cadeau pour le comité, NdA]

Évidemment, si l’on peut dire qu’Hiroki nous aura également marqués, c’est dans un registre différent. Arrivé anonymement d’Allemagne, le Japonais aura nourri cinq années durant la Canebière Académie de blagues rendues aisées par la conjonction d’un niveau et d’une nationalité exotiques. Au fil du temps, il nous aura fallu nous affranchir du cliché du Japonais humble, souriant et travailleur pour découvrir plus objectivement la réalité profonde du joueur et le voir se révéler, contre toute attente, humble, souriant et travailleur. Autant il peut être agaçant pour Ngolo Kanté d’être sans cesse ramené à sa gentillesse en occultant ses talents hors normes, autant on serait bien en peine de trouver dans les prestations d’Hiroki une aspérité nous divertissant de ses qualités sus-mentionnées. Baladé à droite, à gauche, en défense à trois, Sakai aura assuré diverses tâches sans rechigner et au maximum de ses capacités, fussent-elles incertaines. S’il fallait chercher un communsymbole, on pourrait voir en Hiroki ce joueur de devoir indispensable à tout club, mais dont la fréquence des titularisations a souvent révélé les manques de l’effectif : si quelques moments de faiblesse défensive ont pu nous conduire à insulter Hiroki plus que de raison, convenons qu’il s’agissait moins de sa faute que de ceux ayant fait en sorte qu’il doive jouer aussi souvent. Et surtout, Hiroki restera gravé dans nos cœurs pour cette rencontre mémorable d’avril 2018, quand son but clôt une soirée européenne comme les plus jeunes n’en avaient encore jamais connu. L’image d’Hiroki rejoint par Ocampos claudiquant sur ses béquilles restera l’une des émotions les plus marquantes de ces dernières années et, rien que pour cette raison, on imagine qu’il gardera en lui un bout de Marseille autant que l’OM gardera ce moment dans son histoire.


Merci donc à Thauvin et Sakai, ainsi qu’à Valère Germain, également parti sur la pointe des pieds. Entamant son parcours de manière tonitruante avec un triplé contre Ostende, Valère se sera vite trouvé rattrapé par ses propres limites, et celles infligées par ses différents entraîneurs. Ses buts de super-sub auraient pu en faire le Solskjaer de la cité massaliote, ce que l’on aurait été curieux de l’entendre prononcer à voix haute. Faute de savoir s’imposer comme titulaire, Valère aura été baladé à des postes indéfinissables au gré des trous à boucher et des scores à préserver. Notre false-nine-offensive-libero-multitask-defensive-winger a également souffert d’un salaire démesuré (enfin, souffert, c’est une façon de parler, on ne va pas le plaindre non plus), qui l’aura dissuadé de s’orienter vers un autre défi sportif avant la fin de son contrat. Resteront donc ces images de but à Monaco ponctué d’une bosse à la Jérôme Le Banner, saluée sur Twitter par un Eyraud soulagé de voir que ceux qui se font éclater la gueule ne sont pas toujours ceux qui le méritent le plus. Restera aussi cette ultime action contre Amiens la saison dernière, parfait résumé de son passage, où ce pauvre Valère montre assez d’abnégation pour aller au pressing et trop peu de réserves pour ne pas s’y éclater comme une mouche sur un pare-brise. Nul doute que nous nous retrouverons ; et sans doute pas plus tard que la saison prochaine, quand Valère égalisera contre nous d’une tête au premier poteau à la 89e après être entré dix minutes plus tôt.

Saïf-Eddine Khaoui s’en va également, honnête joueur de complément qui aura été récompensé d’un moment de gloire à son échelle cette année contre Nice. Michaël Cuisance, lui, aura bouclé ses bagages plus vite encore que ses statistiques de ballons perdus : une énigme, donc. Olivier Ntcham, lui, aura accompli une visite encore moins marquante, le climax de son prêt sous nos couleurs étant cette intervention d’André Villas-Boas en conférence de presse déclarant que, de toute façon, il ne voulait pas de lui.

Piliers de l’équipe ou touristes égarés, nombreux sont donc ceux qui ont déjà déserté la Commanderie. Après cette saison marqué par la salutaire et historique Révolte des Cyprès, tout ou presque est à reconstruire à l’aube de cette énième année zéro. Ce soir, tous les regards se portent déjà qui sur le mercato, qui sur les matchs à enjeu du championnat. Le déplacement à Metz relève donc de l’anecdote, que l’on espère tout de même la plus digne possible.


L’équipe

Mandanda
Balerdi– Alvaro – Caleta-Car
Lirola (Dieng, 88e) – Kamara – Gueye – Amavi (Nagatomo, 67e)
Payet
Benedetto (Luis Henrique, 72e)– Milik

Thauvin suspendu et les autres partants déjà envoyés en vacances, Sampaoli compose une équipe associant nos deux attaquants. Luis Henrique fait les frais du retour d’Amavi à gauche, tandis que Kamara et Gueye sont associés au milieu.


Le match

Des matchs sans enjeu de fin de saison, l’observateur distingue deux catégories : ceux où les joueurs n’en ont plus rien à foutre et se lâchent dans un festival de football décomplexé, et ceux où les joueurs n’en ont plus rien à foutre du tout.

Ne te faisons pas l’injure, cher lecteur, de te préciser à quelle catégorie ressortit notre équipe, et passons tout de suite à la seconde mi-temps (la première se limitant à un tir messin consécutif à un dégagement raté de Balerdi).

Cette seconde période s’avère presque aussi anale que la première, et ce des deux côtés. On note cependant une légère emprise des nôtres sur les débats. Amavi perce et obtient un bon coup-franc, qui voit Milik mis en échec par le gardien. Nagatomo réussit un dribble dans la surface adverse, qui a dû lui rappeler ces moments où il courait encore comme un petit jeune de 40 ans. Lirola exécute un démarrage à la Lewis Hamilton qui laisse sur place la défense, mais ne parvient qu’à tirer dans le petit filet. Voilà globalement tout ce que l’on relève d’une partie globalement paresseuse. Le seul éclair de folie pré-estival est finalement à mettre au crédit de Sarr, qui tente de battre Mandanda d’un lob khalifesque de 70 mètres.


Alors que chacun n’attend plus que le coup de sifflet final qui nous libèrera de cette purge, Farid Boulaya tente de s’offrir un dernier plaisir solitaire au cœur de notre défense. Il s’écroule haché menu par un conglomérat indistinct de nos joueurs, ce qui incite l’arbitre à lui accorder un pénalty. Contraints et forcés, les assistants vidéo sont bien obligés de revisionner l’action au ralenti, alors que tout être humain normalement constitué serait déjà acculé au suicide après 91 minutes de Metz-OM à vitesse normale. Ce faisant, ils constatent que si la faute de Gueye est réelle, celle-ci a lieu hors de la surface.

Le pénalty est donc requalifié en coup-franc alors que le chronomètre accuse 93 minutes. Les très mauvais souvenirs à base d’Edinson Cavani que cette situation nous évoque sont vite balayés par cette supplication à Farid Boulaya : « oh ben écoute, mets-le en tribune ou en lucarne si tu veux, mais tire-le vite par pitié, qu’on en finisse ». Le Martégal de lorraine s’exécute, le ballon finit dans le mur, voilà, on peut aller dodo…. Sauf que non. Les Messins réclament un pénalty pour une main de Payet, et voici que M. Ben El Hadj est derechef conduit à se toucher l’oreillette. L’affaire est entendue mais le retour du car vidéo semble s’éterniser : une diffusion du retour son de l’arbitre, comme au rugby, aurait pu utilement nous éclairer :

Allô les gars, ya péno ou pas ?
*bruits de matériel renversé et éclats de voix étouffés*
Les gars ? Tout va bien ?
Laissez moi sortir putain, je veux pas voir une seule image de plus de ce match de merde, je veux pas rester à Metz, je veux rentrer chez moi !
– Allô ? Il se passe quoi, là ?
Bon écoute Hakim, c’est Jean-Michel, il va pas bien, j’ai dû verrouiller la porte du car pour l’empêcher de s’enfuir mais là il essaie de l’attaquer avec la tête, je peux pas trop m’occuper de toi là. Le mieux c’est que tu ailles voir les images toi-même, OK ?


Or donc, petit footing de l’arbitre jusqu’à la touche, constatation de l’évidence, retour, pénalty et carton jaune pour Dimitri, Farid Boulaya (encore lui, faut croire que c’est le seul Messin qui restait encore sur le terrain) prend Steve à contre-pied, dodo, Monsieur Lapin et à l’année prochaine (1-0, 94e)… Sauf que toujours pas. D’une part, Metz manque d’enterrer le match sur l’action suivante, quand Vagner est lancé seul dans le dos d’une défense à l’alignement de pitres, mais foire lamentablement une dernière passe facile. D’autre part, pour l’une des seules fois de la saison où l’on pourrait leur pardonner de balancer le match, les Olympiens montent à l’assaut du but messin dans le temps additionnel du temps additionnel. L’attaque est désordonnée mais résolue, ce qui nous amène à gratter tous les seconds ballons et à ramener le danger plusieurs fois aux abords de la surface.

Un contrôle trop long d’Alvaro met fin à nos espoirs, malgré l’abnégation de l’Espagnol qui, dans un effort désespéré pour récupérer la balle, subit une semelle d’Udol. « Rien à foutre, cette fois on se casse », réagit l’arbitre qui s’empresse de siffler la fin du match.

Payet se montre récalcitrant et s’apprête à recevoir un second carton jaune, que nos joueurs font cependant ravaler à l’arbitre dans un coup de pression collectif qui ravira les supporters (moins le superviseur de M. Ben El Hadj). A la décharge de l’homme en jaune, celui-ci doit gérer à la fois 11 marseillais râleurs, les équipes de Canal attendant de faire leur résumé alors que les autres matchs sont finis depuis un quart d’heure, et sa propre envie de s’enfiler un whisky-prozac avant de filer à 130 km/h sur la première route qui se présentera pourvu qu’elle le sorte de la Lorraine. Sans oublier, bien sûr, cette petite voix qui l’amène à son troisième tripotage auriculaire depuis la 90e minute :

Allô, Hakim ? C’est Régis, dans le car vidéo. Dis, tu vas rire…
Oh non, putain, pas encore.
Bah en fait, la faute sur Alvaro, elle a l’air un peu grossière et un peu dans la surface, il semble que ça doive faire péno…
Eh merde… t’es sûr ?
– Je peux pas dire, ya Jean-Michel qui a arraché les câbles des moniteurs pour essayer de se pendre avec, faut que tu ailles voir.
Vous faites chier.


Annulation du coup de sifflet final. Pénalty. Milik. Couilles. ET FIN DE CETTE SAISON INTERMINABLE, BORDEL DE MERDE (1-1, 104e).

Ironie de l’histoire, c’est donc par un match nul sauvé sur un coup de Flubupte au terme d’une bonne grosse partie de merde que s’achève la saison, révélant ainsi que Sampaoli est encore loin d’avoir gommé l’héritage de Villas-Boas.


Les joueurs

Mandanda (3/5) : Je ne désespère pas de le revoir arrêter un pénalty de mon vivant.

Balerdi (2-/5) : Pas loin de nous coûter un but sur une nouvelle erreur cocasse. Au prix où les Allemands nous font payer le saucisson, on aimerait ne pas avoir à l’affiner nous-mêmes.

Alvaro (3/5) : Pas toujours serein non plus, il a le mérite de venir mettre l’ambiance dans le camp adverse en toute fin de match.

Caleta-Car (2-/5) : Quelques beaux moments de rienàbranlisme qui trahissaient peut-être la déception de n’avoir pas eu droit à son bon anticipé pour l’aéroport de la part de Sampaoli.

Kamara (3-/5) : Il a besoin d’une vraie coupure (et nous de grosses coupures, mais c’est un autre sujet).

Gueye (3+/5) : Alors d’ordinaire on peut lui reprocher ses fautes risquées à l’approche de la surface mais cette fois, la sienne était salutaire : en accrochant Boulaya avant son entrée dans la surface, il lui a évité de rencontrer Alvaro et Caleta-Car qui faisaient déjà chauffer le hachoir à viande. Dans le jeu, une petite distribution d’ouvertures proprettes (quoique rarement décisives), et surtout de savoureuses récupérations dont celle qui amène le pénalty final.

Lirola (3-/5) : Dépourvu de sérénité derrière et de solutions devant, il aura eu le mérite de nous faire dire à chacun de ses démarrages sous les yeux des 21 autres spectateurs : « ah mais c’est vrai que ça court à cette vitesse, un footballeur, normalement ».

Dieng (88e) : Quelques minutes grappillées avant de retourner négocier un salaire supérieur à 1800 euros (et qu’il s’estime heureux que Jacques-Henri Eyraud ne soit plus président, il lui aurait proposé un contrat de prestation d’autoentrepreneur).

Amavi (3-/5) : Une belle percée individuelle, rare coup d’éclat d’une rencontre accomplie sur le mot d’ordre : « NesurtoutpasfaireleconNesurtoutpasfaireleconNesurtoutpasfairelecon ».

Nagatomo (67e, 3/5) : C’est dommage que la saison s’arrête, il commence à peine à être chaud.

Payet (2-/5) : Fin de saison ronchon pour un Dimitri peu en réussite, ce qu’a confirmé son interview ronchon d’après match. Ronchon auprès de l’arbitre, ce qui aurait pu lui valoir un carton rouge après le coup de sifflet final (alors qu’en fait il n’y a eu sur l’action ni carton jaune ni même coup de sifflet final, d’ailleurs, mais peut-être était-il ronchon de retarder ses vacances d’un quart d’heure supplémentaire).

Benedetto (2/5) : Pour une fois mis en compagnie d’un autre attaquant, moins pour des raisons tactiques que pour éviter qu’il dépérisse d’ennui, comme on fait avec les poneys.

Luis Henrique (72e, 2/5) : Entré avec une vraie mentalité de dynamiter la rencontre en bon super-sub, mais sans grande réussite. Un moyen-sub, donc, plutôt.

Milik (3-/5) : Infâme pendant 90 minutes mais voilà : avant-centre > but > point gagné. On a eu assez d’attaquants infoutus de se conformer à cette grille d’analyse simpliste pour ne pas applaudir quand il s’en présente un. Et tant qu’à faire, on apprécie aussi la manière de tirer les pénaltys, dépourvue de fioritures : une sacoche à contre-pied et c’est marre, on n’est pas au Sambadrome ici.


L’invité zoologique : Fabien Centaure

Un bourrin à tête humaine, c’est rigolo mais ça évoque surtout l’Antiquité, les déclinaisons latines et toute cette merde scolaire jurant avec l’information principale du soir, à savoir le fait que NOUS VOICI EN VACANCES BORDEL. Il s’agit donc de l’invité approprié pour tourner le dos à une année particulièrement pénible.

– les autres : nanavéranafout’ non plus. Même Frédéric Antonetti était plutôt éteint, nous qui nous réjouissions de l’entendre à la faveur du huis-clos tout le match durant.

le classement : notre club de cœur pour le titre a gagné, notre club de cœur pour le podium également, la joie marseillaise est donc totale. Et notre club tout court, me direz-vous ? Bah… parlons d’autre chose voulez-vous ?

les boutons : les petites choses ci-dessous intitulées « faire un don » et « rejoins-nous » te font de grands yeux attendrissants pour que tu viennes cliquer dessus.

– Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, sur Instagram et sur Twitter. Anthony Ch. gagne le concours zoologique, dont le classement général final sera révélé dans notre bilan à paraître prochainement (ceci est ce que les jeunes appellent un teaser).


Bises massilianales,

Blaah.

8 thoughts on “Metz-OM (1-1) : la Canebière Académie fait ses adieux

  1. quin l’aurait imaginé…mais j’ai crié comme un malade après une égalisation contre Metz…
    quelle saison étrange…

  2. La référence évianthonongaillardesque m’a brutalement ramené à ma condition d’objet fini dans le temps et l’espace.

    1. C’est indispensable, que serait l’Ohème (à prononcer avé l’acceng du sudeuh) sans la Canebière Académie ?
      Et que seraient la ligain et la ligdeu sans Horsjeu.net ?

  3. Pas un mot sur la seule satisfaction du soir à savoir la non qualification en LDC des olymculés ?

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