Montpellier – Saint-Étienne (1-2) : La Paillade Académie a bu.

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À la Sainté de Nolan Roux.

Et soudain, les dieux souffrirent d’accorder une accalmie sur le Clapas, stoppant alors la chute des eaux pour laisser place au spectacle. L’arène n’était, comme à sa triste habitude, pas pleine. Les hommes avaient fui, lâches, et se terraient dans leur antre, osant à peine allumer leur poste de télévision pour découvrir qu’encore une fois, le Clapas avait failli.
Que se passe t-il à La Paillade ? Quel est ce marasme dont personne ne semble être capable de sortir ? Dirigeants, staff, joueurs, pas un pour redresser la barre, personne pour dévier la proue de cette trajectoire qui emmène le navire droit sur les récifs de la division inférieure. Changer l’entraîneur ? Allons bon, et pour mettre qui ? René Girard ? Antonetti ? Bozo le Clown ? Arrêtons-nous cinq minutes pour analyser la situation, au lieu de penser qu’un simple changement de tête fera quelque chose.
Le groupe, déjà. Il n’est pas mauvais, il devrait largement suffire à maintenir le club, voire un peu mieux en terme de classement. Mais il est nécessaire qu’un chef de rang émerge, un chef de rang autre qu’Hilton, qui ne peut pas porter l’équipe une deuxième saison d’affilée. Le leader doit se trouver sur le front offensif. On pensait que Boudebouz pouvait faire l’affaire. Non, mais vous réfléchissez les gonzes, parfois ? La fuite des joueurs depuis le titre n’a pas été endiguée. Remplacer Giroud par Charbonnier, idée lumineuse. Aller chercher des cakes en Amérique latine, preuve d’un gros flair. Quand on veut construire une équipe pour « revoir les ambitions à la baisse », comme avait dit Nicollin après le titre, donc pour jouer le milieu de tableau, on ne tente pas ce genre de paris foireux. Ou du moins on ne fait pas que ça. Bon, après, on est aussi allés chercher Congré et on a lâché le plus gros chèque de l’histoire de club. Ça aussi, niveau flair…

Il faut donc se rendre à l’évidence : on va sortir les cierges et l’eau bénite, et on va prier en serrant les fesses qu’Hilton ne se claque pas en cours de saison, que Yatabaré va faire une saison de dingo et que Sanson va revenir encore plus fort. Sans ça, ce sera comme samedi soir, des partasses pas mignonnes pour deux sous, et des défaites en collier de nouilles, au mieux des matches nuls sans buts voire des victoires involontaires et imméritées. Et on va relancer tous les attaquants en carence de moral du championnat, jurisprudence Nolan Roux. Et on va marquer des buts inutiles dans les arrêts de jeu par tout sauf un attaquant, affaire Marveaux.

Et la saison sera longue, mes cousines, comme un jour sans pain.
Et nos chants se perdront dans les murmures de nos coeurs,
Honteux de pouvoir encore exister en ces tristes heures
Où on hume partout dans la ville le parfum de la fin.

Ces joueurs là, ceux qui ont essuyé une nouvelle défaite sans montrer un semblant de rébellion dans leurs pupilles, oui, sans montrer une once de volonté de changer le cours du match, eh bien, ceux-là ne méritent pas que je leur accorde une ligne, un mot, un souffle. Ils ne sont certes pas tous coupables, bien au contraire, mais la performance qu’ils réalisèrent samedi ne devrait pas être fixée sur papier. Alors, macache.


Un ivre un jour :

Désormais, chaque académie se clôturera avec le regard un peu flou d’un membre d’horsjeu sur le club de Montpellier. Expression libre, expression ivre, sans tabou ni censure.
Et en ce triste weekend, c’est le Gentil Organisateur le plus talentueux de toute la Drôme, à ses heures perdues  fol adepte du rouge, dans son verre, dans son dos, dans son coeur, qui nous fait l’honneur de chatouiller de sa belle plume le pied de page de cette académie, voici Sir Just Wide, le seul, l’unique, dont les mots ne marchent jamais seuls.

Je suis parti de chez moi à 9h20. Je suis toujours content de quitter ma ville de Saint-Étienne, mais je suis à chaque fois encore plus heureux d’y revenir.

Mon TER était hors d’âge. Il paraît qu’il avait été conçu à l’époque pour être conduit par un chauffeur avant d’être modernisé et automatisé. Maintenant il y a des grilles électriques partout et pas de conducteur ni de contrôleur.

En posant le pied sur le quai de la gare de Montpellier, j’étais content d’avoir suivi les conseils de mon père. La chaleur est accablante et le soleil fait rôtir le bitume comme dans un four à chaleur tournante. J’ai acheté des chaussures à semelles à isolation thermique pour ne pas transformer ma voûte plantaire en steak bien cuit. En sortant de la gare, je me suis retrouvé sur la place François Trinh-Duc. Les régimes des dattiers étaient plein à craquer et des gamins s’amusaient à grimper aux baobabs. Les murs étaient ornés d’affiches de candidats à la mairie. Ils étaient tous asiatiques.

La fournaise était insupportable. Cette année 2052 était affreusement chaude. Mes vêtements censés recharger mes objets connectés et réfléchir les UV semblaient plutôt vouloir fondre sur ma peau. Je levais les yeux, au risque de perdre 2/10ème à chaque œil à cause des rayons du soleil. Le ciel était quadrillé par des dizaines de drones. Je choisis de rentrer dans le seul pub qui n’était pas à thème : bar à chats, bar à slips, bar à fennecs, bar à crevettes, bar à putes.

Le pub était miteux. Seul l’éclat du cuivre des tireuses à bière ravivait l’endroit. Derrière le serveur, un miroir était orné de très vieilles photos. Sur l’une d’elle un moustachu arborait une coupe de cheveux étonnement moderne pour une photo qui datait des années 1990. Je demandais au barman, un vieil arabe.

–      Elle date de quand cette photo ? On dirait une coupe des années 30.

–      2030 ou 2035 plutôt. Se sentit obligé de préciser un autre client.

–      C’est Carlos Valderrama me répondit finalement le vieux. Il a gagné la Coupe de France avec Montpellier en 1990.

–      Et ses cheveux ?

–      C’était un super joueur, très précis, avec une belle lecture du jeu. Il voyait tout avec un temps d’avance. J’imagine que c’était la même chose pour sa coupe.

Il y avait d’autres joueurs sur le miroir. Le serveur me les présenta comme des gloires du club de foot : Bails, Mézy, Blanc, Di Nallo, Milla, Giroud. Je ne les connaissais pas mais Yanga Mbiwa avait un nom rigolo. Un premier ministre s’était appelé comme ça un jour.

J’allais rater mon RDV et j’ai eu peur que les autres clients me parlent des heures de ce « football » que plus personne ne pratiquait. Sûrement parce qu’il faisait trop chaud. Je quittais donc le pub. 

–      God Save the King lançais-je à la cantonade, comme il est de bon ton de le faire.

–      GOD SAVE THE KING ! Répondirent-ils tous, comme un seul homme.


À quand le roman, Just ?

Le bisou vigneron,
Marcelin Albert.

10 thoughts on “Montpellier – Saint-Étienne (1-2) : La Paillade Académie a bu.

  1. « – God Save the King lançais-je à la cantonade, comme il est de bon ton de le faire. »

    Vous ne méritez pas le génie de Just, babde de Nîmois.

  2. En 2052 Just vis donc à St Etienne… C’est en quelle année que ta vie pars vraiment en vrille?

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