OM-Brest (2-1) : La Canebière Académie prend la confiance

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Serbice compris.

Aïoli les sapiens,

Depuis les claques reçues contre Paris puis Monaco en coupe du pneu, l’OM s’est subitement mis à éviter tous les pièges disposés sur son parcours, avec une adresse d’autant plus surprenante que nous y tombions à pieds joints les saisons précédentes. Lille, un rival direct ? Ecartés sans ménagement. Lyon, si propice à l’humiliation ? Fessés gentiment, avec un entraîneur que ses supporters rêvent déjà de voir foutre dehors. Les indigestes toulousains et le 0-0 promis ? Digérés avec un petit rot. Et donc, ce Brest humble mais vaillant, du genre à nous fister 0-1 sur leur seule action ? Eh bien ma foi, encore un écueil évacué non sans difficulté, mais avec panache. Car au-delà du résultat brut, nous constatons des duels ardents – à ce sujet, je ne sais plus si je vous ai déjà entretenus de la notion de « couilles », une identité de jeu, des individualités retrouvées, des arbitres moins méditerranophobes qu’à l’accoutumée et, bonus suprême, ces bons coups de chatte au bon moment qui nous ont tant fait défaut par le passé.

Avec ses limites et son rafistolage permanent, l’effectif ne nous autorise pas l’optimisme béat. Raison de plus pour savourer ce rare mois de sérénité agrémenté d’un spectacle ma foi pas dégueu du tout.


L’équipe

Mandanda
Sakai – Kamara – Caleta-Car – Amavi
Rongier– Strootman – Sanson
Sarr (Radonjic, 74e) – Benedetto (Lopez, 80e) – Payet (Germain, 87e)


Alvaro Gonzalez purge son second match de suspension, tandis que le retour de Thauvin semble devoir être repoussé à février. C’est donc Bouna Sarr qui est choisi pour occuper le poste d’ailier droit, alors que Strootman reste en place en sentinelle.

Le match

A l’image du délicat Vladimir Poutine déclarant vouloir aller buter des Tchétchènes jusque dans les chiottes, l’OM affiche d’emblée une volonté d’aller chercher les Bretons jusque sur leur ligne de but. Les délicates relances courtes des Bretons sont ainsi contrariées par notre pressing de char T90, ce qui amène naturellement nos premières occasions. La plus notable d’entre elles est ce pivot de Benedetto autour de son défenseur, suivie d’une tentative bien contrée par le gardien.

Défensivement, on dira pudiquement qu’il vaut mieux compter sur l’alignement de nos bonnes étoiles davantage que sur celui de nos défenseurs : battu au duel, Caleta-Car laisse filer un Brestois à gauche. A la réception du centre, Cardona devance Sakai et Mandanda pour une reprise qui heurte le poteau droit, suit la ligne de but, heurte le poteau gauche et arrive dans les bras de notre gardien. Facétieuse, Erzulie répartit équitablement les moments slipométriques puisque, dans les deux minutes qui suivent, c’est au tour de Sanson de trouver la barre après un centre de Sakai et une feinte astucieuse de Benedetto.


Au terme du premier quart d’heure, le rythme de ce match s’avère déjà très soutenu et montre qu’il est possible en France de construire une équipe de bas de tableau avec d’autres matériaux que des couilles et des moellons. Notre sympathie pour Brest ne fait que ainsi grandir, d’autant que nos adversaires ont l’amabilité d’ajouter à leurs intentions de jeu un volume généreux de ballons rendus dans leur propre camp. Les duels sont écrasés par les Olympiens, le ballon volette agréablement dans les pieds de nos milieux, les tirs se multiplient, bref tout est réuni pour passer une merveilleuse soirée. Tout, à l’exception des buts.

Qui dit manque de buts dit : « Dario, veux-tu nous débloquer tout ça s’il te plaît ? » L’Argentin s’exécute, auteur d’une somptueuse volée sur un centre de Sakai, mais voit son tir filer droit sur le gardien. C’est donc à zéro partout que les joueurs regagnent les vestiaires, pour une pause qui ne change rien au rapport de forces.


Les Brestois reviennent avec l’obstination d’une militante altermondialiste de 75, ans intransigeante sur ses principes même après avoir subi une douzième charge de CRS dans les gencives. Un combat noble, mais que l’on ne peut s’empêcher de trouver un peu suicidaire au vu du rapport de forces. Pourtant, l’OM n’en profite toujours pas, Caleta-Car ratant par exemple le but grand ouvert à la suite d’un bon coup-franc de Payet.

Après avoir envoyé un Brestois dans les balustrades pour lui apprendre ce qu’est un duel de Ligue 1, Jordan Amavi se mue en ramasseur de balle de José Mourinho et joue une touche ultra-rapide en direction de Payet. Le temps de confirmer qu’en marseillais, « Rhââ Lovely » se dit « extérieur du pied de Dimitri Payet », et Benedetto est lancé vers un nouveau défi avec le gardien adverse. Plutôt que de voir un nouveau tir mis en échec par la sortie ultra-rapide de Larsonneur, Dario feinte et réalise un saut de crapaud au-dessus du gardien. Peu esthétique mais génialement efficace, ce coup lui permet de récupérer le ballon, avant qu’un tacle désespéré de la défense n’écarte celui-ci vers Sarr pour la conclusion (1-0, 56e).


Libérés et portés par l’enthousiasme, les Marseillais pressent encore plus haut, acculant des Brestois qui ne peuvent plus reculer davantage sauf à monter à l’église du Redon. Martyrisé par Rongier, Larsonneur concède un coup-franc dans ses 6 mètres en ramassant une passe à la main. Plus loin encore dans la panique, nos adversaires parviennent à mettre seuls le ballon en corner après un coup-franc en leur faveur. Finalement, le seul qui met de la mauvaise volonté, c’est le ballon lui-même. Alors que les coups-francs se multiplient aux abords de la surface brestoise, Payet trouve la barre à l’heure de jeu. C’est ensuite Valentin Rongier qui, servi par un Benedetto étincelant d’intelligence, voit sa frappe heurter le montant.

Les changements surviennent de part et d’autre dans le dernier quart d’heure, les Brestois se disant que, tant qu’à être restés vivants, autant tirer quelque chose de ce match. Notre équipe s’arme donc pour endurer une blitzkrieg de longs ballons de la part de ce promu qui n’a rien à perdre, omettant alors de prendre en compte un détail qui a son importance : ces cons-là ne sont pas entraînés par Antoine Kombouaré, ils essaient de jouer au foot, eux. C’est ainsi que les Brestois se trouvent entre les lignes, se baladent presque facilement entre Sanson, Strootman et Caleta-Car, pour finalement arriver une main dans le slip devant Mandanda. Cardona devance alors Kamara pour battre notre gardien d’un petit piqué (1-1, 88e).

En moins de temps qu’il ne faut pour écrire « putain de bordel de mes couilles d’enculé de sa race, c’est pas vrai » en se lamentant d’un gâchis si classique chez nous, le Radonjic nouveau fait son entrée en scène. Le Radonjic nouveau n’est plus puceau du but, le Radonjic nouveau a du poil, des couilles, et du poil sur les couilles. Point commun avec le Radonjic ancien, le Radonjic nouveau se saisit du ballon dès l’engagement pour filer à toute vitesse sur l’aile en criant « AAAAAAAAAAAAAAAAH ». Cependant, là où le Radonjic ancien ponctuait cette initiative d’une frappe en tribune après avoir oublié deux coéquipiers mieux placés, le Radonjic nouveau se recentre depuis l’aile gauche et enroule une lourde, mes amis, mais alors là une LOURDE, en plein dans la lucarne de Larsonneur (2-1, 89e).

L’événement, moins d’une minute après l’égalisation, provoque une véritable frénésie collective. Plusieurs personnes sont prises de hurlements convulsifs, des supporters arrachent des sièges pour s’en cogner la tête pendant que d’autres grimpent aux parois du stade pour uriner depuis la charpente, des supportrices déchirent leur maillot et envoient leurs soutien-gorge sur le terrain. En plateau,  Geoffroy Garetier mange sa langue, et il se dit même qu’Yves Moraine a songé à interrompre une soirée chocolat. Bref, c’est le délire.

Sur la pelouse, l’ambiance est à peu près aussi azimutée, avec des Olympiens possédés se lançant dans un hourra-football en désertant complètement leurs postes défensifs. Ici encore, notre inefficacité chronique nous empêche de sceller le score avec trois échecs successifs de Sanson, Rongier puis Lopez dans le temps additionnel.

Lui-même encore sonné par le moment d’histoire que nous venons de vivre, l’arbitre expulse Mendy pour une faute pourtant très anodine sur Sakai. La vidéo lui permet de corriger sa décision, avant d’envoyer tout le monde essayer de trouver le sommeil en essayant de ne pas se masturber toute la nuit sur l’exploit du génie serbe. Oui, cet OM fait pour l’instant un bien beau deuxième.


Les notes

Mandanda (3-/5) : Battu en 1re période ? Le tir échoue sur les deux poteaux. Battu en seconde période ? Radonjic sort une frappe improbable dans la minute qui suit. Ceux qui ont retapé Steve à l’intersaison ont pensé à lui ajouter une option « chatte » assez inédite chez lui, c’est le genre de geste qui fait plaisir.

Sakai (4/5) : Du tréfonds du Japon ancien, le dit des Heike Monogatari, transporté par le luth des moines aveugles, a soufflé ses mille histoires aux enfants de l’Empire. S’ouvrant au vaste monde, ils ont emporté avec eux ces contes, et c’est ainsi qu’Hiroki-san nous raconte chaque soir le dit de l’Eléphant tourmenté.

Pendant la guerre des Heike et des Gengi, il advint qu’une troupe d’éléphants fut entraînée au combat. Parmi les pachydermes, l’un était plus timide que les autres. Il semblait regretter son labeur d’antan, quand il portait inlassablement des troncs d’arbre dans les forêts brumeuses. Serait-il apte au combat ? Serait-il à la hauteur des exigences de son nouveau cornac ?

Un violent coup de trompe derrière la tête le tira de ses réflexions. C’était le patriarche de la troupe. De son air réprobateur, il lui rappela que la valeur des éléphants s’incarnait dans le collectif. Qu’il suive la troupe et fasse comme elle, et ses états d’âme n’aurait plus de raison d’être.

Dès les premiers assauts de la bataille, les éléphants les plus aguerris chargèrent au cœur des lignes ennemies, de sorte que les suiveurs n’eurent d’autre choix que de leur emboîter le pas, sauf à rester isolés. Le jeune éléphant timide se trouva ainsi par la force des choses plongé dans la mêlée, où il put constater que sa puissance n’avait rien à envier à celle de ses camarades. Tout doute mis à part, il prit même un plaisir certain à voir les crânes de ses ennemis éclater sous ses pattes et leurs entrailles perforées par ses défenses.

Et c’est ainsi que, de semaine en semaine, Hiroki-san applique l’attitude de l’éléphant tourmenté et, remisant ses hésitations au vestiaire, participe gaiement au massacre organisé avec ses camarades dans le camp adverse.

Kamara (3-/5) : Après un match géré une main dans le slip, il se rend coupable de ce retard sur l’égalisation de la 87e. Alors que nous entreprenions une étude approfondie du ralenti afin de déterminer la juste répartition des insultes entre les mères des différents joueurs concernés, comme telle est la procédure en de pareils cas, le but de Radonjic est venu effacer l’ardoise. Donc bon, on s’en fout pour cette fois.

Caleta-Car (2+/5) : Un match pas immonde en soi, mais entre son rôle douteux lors des deux occasions brestoises et  son gros loupé offensif, il a failli nous proposer un Black Friday spécial à -60% de points sur les matchs disputés.

Amavi (4/5) : Modéré sur les cagades et d’une confiance croissante, Jordan fait de surcroît naître l’action du premier but. Je n’affirme pas que Villas-Boas fait des miracles, je dis juste que notre entraîneur serait capable de faire réélire François Hollande.

Strootman (3+/5) : Massif mais particulièrement utile si l’on sait respecter son temps de chauffe, Kevin va faire l’objet d’un documentaire diffusé prochainement sur RMC Découverte, entre le Top 10 des excavatrices minières et la soirée thématique sur les semi-remorques nazis.

Sanson (4-/5) : Un je-ne-sais-quoi d’Ocampos, dans sa manière de pourchasser la bave aux lèvres tout porteur du ballon non vêtu d’un maillot bleu et blanc. Peut-être qu’il devrait tenter plus de retournés d’ailleurs, au point où en est son efficacité devant le but, ce ne sera pas pire.

Rongier (4/5) : Un modèle de pressing, au sens vestimentaire du terme : il a nettoyé les Brestois à sec, les a essorés, repassés, pliés, et rangés dans leur housse. Les plus chanceux ont même eu le droit de se voir glisser un petit sachet de lavande.

Sarr (3+/5) : Alors que certains joueurs sont qualifiés de « pépite », Bouna est plutôt un sable aurifère. Pour peu que l’on en tamise un volume suffisant, on a une chance d’y trouver quelques traces de métal précieux.  Cela n’est pas très gênant puisque, pour ce qui est du volume de jeu, Bouna ne livre jamais en-dessous de la tonne.

Radonjic (74e) : Il ne savait comment se tenir, car c’était pour lui trop de bonheur. Mais il n’était pas fier. Un bon cœur ne le devient jamais. Il songeait à la manière dont il avait été persécuté et insulté partout, et voilà qu’il les entendait tous dire qu’il était le plus beau de tous ces beaux oiseaux ! Et le sureau même inclinait ses branches vers lui, et le soleil répandait une lumière si chaude et si bienfaisante ! Alors ses plumes se gonflèrent, son cou élancé se dressa, et il s’écria de tout son cœur : « Comment aurais-je pu rêver tant de bonheur, pendant que je n’étais qu’un vilain petit canard et QUE JE NE METTAIS PAS ENCORE DES LUCARNES DANS LA CHATTE À VOS MERES. »

Payet (4/5) : Si la foi s’évaluait au respect avec lequel on traite ses symboles religieux, Jésus se trouverait entre les pieds de Dimitri Payet et pas entre les seins de Valérie Boyer.

Germain (87e) : Lessivés par 90 minutes de harcèlement total, les Brestois ont accueilli l’entrée de Germain avec le soulagement du taureau voyant approcher l’estocade.

Benedetto (4/5) : Porte haut les valeurs d’intelligence et de fierté qui font la renommée de Marseille (hors périodes de campagnes électorales). Mis en échec par Larsonneur en première mi-temps, l’ombrageux Argentin prend sa revanche sur l’impertinent d’une magistrale feinte, qui n’est pas sans évoquer celle de Pelé en 1970 (sauf que nous, on a marqué le but).

Lopez (80e) : Y est allé lui aussi de son occasion manquée.


L’invité zoologique : Gautier Larsonneuràventrejaune

Le crapaud sonneur à ventre jaune se distingue de la masse des amphibiens pustuleux par une certaine élégance des motifs. En tout cas, il s’en distingue auprès des biologistes attentifs. Au-dessus d’une certain puissance installée sous le capot, l’automobiliste, lui, l’aplatit avec la même équité que ses congénères moches. Voici ses observations :

– Les autres : soyons sincères : si eux descendent et pas Toulouse, ce sera un jour noir pour le football français.

– Le classement : Nous allons siroter des pastis tout le week-end durant, contemplant nos adversaire du haut de notre imposant et confortable matelas de points.

– les boutons : as-tu seulement remarqué les boutons qui figurent sous cette académie et qui t’invitent à nous donner respectivement de tes mots et de tes sous. Vois comme ils sont beaux, attrayants et doux au cliquer.

– Les réseaux : Ton dromadaire blatère également sur Facebook et Twitter. Et sur Instagram aussi, tiens, mais voyez ça avec notre chargée de communication, moi je sais pas comment ça marche. Ah, et tant qu’on y est, Dromadame remporte le concours zoologique.


Bises massilianales,
Blaah.

6 thoughts on “OM-Brest (2-1) : La Canebière Académie prend la confiance

  1. Valentin Rongier est indispensable. C’est grâce à des joueurs de cette trempe que nous gagnerons la Ligue des Champions.

    Allez l’OM !!!

    1. Il y avait un petit côté Bielsa à vous voir intransigeants sur votre projet de jeu, même si c’était manifestement suicidaire. Faut voir aussi qu’on vous tresse des (Serge) lauriers parce qu’on venait de se fader le Toulouse de Kombouaré aussi, en comparaison avec cette horreur vous c’est football champagne.

  2. Il est clair que Nemanja Radonji? est un élément indispensable dans l’effectif d’André Villas-Boas. Je suis certain que le Serbe fera encore parler de lui en Ligue 1 cette saison.

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