OM-Monaco (1-1), La Canebière académie fait ce qu’elle peut

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Out of contexte.

Aïoli les sapiens,

Anosmie : nom féminin, désignant la perte totale du sens de l’odorat. Un anosmique est ainsi capable de plonger jusqu’aux narines dans une cuve de vidanges de fosses septiques sans même se rendre compte qu’il y pue la merde. L’anosmique court ainsi un grand risque puisque, faute de percevoir le danger, il peut négliger d’entreprendre à temps les mesures correctives.

Si Jacques-Henri Eyraud et Rudi Garcia (dehors) sont bien incapables de renifler les effluves pourtant putrides dégagés par la décomposition avancée de notre équipe, fort heureusement ne sont-ils ni sourds, ni aveugles. Voici pourquoi, fidèle à leur réputation de solidarité envers les handicapés lourds, les supporters de l’OM choisissaient ce soir de retrouvailles avec le Vélodrome pour les aviser de l’urgence de la situation, avec force signaux visuels et auditifs particulièrement explicites. L’avenir nous dira si cette prise d’information réussira à détourner le Projet® de son cap actuel, consistant pour l’essentiel à enchaîner les prestations toutes plus pitoyables les unes que les autres sans tenter quoi que ce soit.

L’équipe

Mandanda

Sarr– Rolando – Luiz Gustavo – Amavi

Lopez (Germain, 92e) – Strootman – Sanson

Thauvin – Ocampos – Payet (Njie, 74e)

Hormis Sakai toujours éloigné du tumulte grâce à la coupe d’Asie des nations, Rudi Garcia (dehors) dispose d’un large choix pour constituer son équipe. En conséquence, il envoie fort logiquement trois défenseurs centraux sur le banc pour faire reculer Luiz Gustavo, et trois attaquants de même pour placer Ocampos en pointe.

Le match

On se surprend d’abord à croire que « se dire les choses », cela fonctionne vraiment. Après la causerie « intime » du milieu de semaine complaisamment fuitée puis relayée par tous les médias du pays, nous avons visiblement affaire à un groupe sinon ressoudé, du moins excessivement motivé à rappeler aux Monégasques qu’ils ne sont rien d’autre que les avant-derniers du championnat. Les duels sont intenses, la volonté d’aller de l’avant est constante, et Monaco ne voit pas le jour.

Acharné sur le ballon comme un pitbull sur des couilles de facteur, Lucas Ocampos obtient un coup-franc le long de la ligne de touche. Le long centre de Payet est repoussé sur Lopez qui, de l’entrée de la surface, transperce les gants en peau de vier de Benaglio (1-0, 13e).

Sans atteindre des sommets footballistiques, ce début de rencontre montre ce dont est capable une équipe capable de se transcender et de dépasser ses limites par un engagement intense. Le corollaire très fâcheux d’un tel don de soi, c’est que nos gars sont vidés dès la 20e minute, et laissent alors Monaco les compisser abondamment. Le rapport de force s’inverse d’une manière aussi soudaine que radicale : nous ne touchons plus un ballon, nos adversaires multiplient les combinaisons dans notre camp, et l’égalisation en paraît plus alors qu’une question de minutes. Monaco développe depuis notre droite, Rolando est débordé et un centre lobe Amavi pour aboutir à Henrichs. Celui donne en retrait à Tielemans, qui ajuste Mandanda (1-1, 38e).

Les 20 premières minutes n’étaient qu’un trompe l’œil et l’OM se met ainsi à afficher le visage nauséabond qu’on lui connaît en ce moment : absence de collectif, placement aléatoire, duels inexistants. Notre seule chance réside dans le fait que l’Association sportive forézienne Andrézieux-Bouthéon de Monaco fait également partie de ces équipes à qui rien ne réussit. En l’occurrence, après avoir récupéré dans leur camp, les Monégasques produisent une remontée de balle stratosphérique : Ballo-Touré prend Luiz Gustavo de vitesse et décale Golovin, servi seul face à Mandanda après avoir pourtant débuté l’action avec deux mètres de retard sur Amavi. Inexplicablement, l’attaquant manque le but grand ouvert.

Alors que les supporters s’appliquent à déclamer avec force épithètes tout l’arbre généalogique des joueurs, mais exclusivement dans leur lignée maternelle, les Olympiens se mettent en tête de repartir à l’attaque. Comme ça, paf, aussi brusquement qu’était survenue leur éclipse de la 20e à la 60e. C’est d’abord Rolando qui rate son plat du pied sur un corner dévié avant que, quelques minutes plus tard, Strootman se porte aux avant-postes pour délivrer un centre à ras-de-terre. A la réception, Ocampos et Benaglio se livrent un joli combat de handicapés psychomoteurs pour décider de celui qui foirera le plus joliment son geste. Match nul, sur le coup, les deux s’emplâtrant dans un bel ensemble tandis que le ballon échoit à Thauvin pour une conclusion facile.

C’est alors qu’un abruti du car vidéo, dont l’on ne sait pas grand chose si ce n’est qu’il n’a probablement jamais joué au football de sa vie, se met en tête d’analyser le choc entre Ocampos et Benaglio. Outre l’aspect comique de voir la roulette de demeuré de l’un se heurter à la sortie de gogol de l’autre, les images ralenties voient Ocampos marcher bien involontairement sur la cheville du gardien. D’un choc tout à fait anodin à vitesse réelle, la magie de la vidéo crée ainsi une réalité alternative où chaque geste est décortiqué à l’excès jusqu’à pour en déceler le moindre caractère fautif. Sans omettre les figures imposées nous enjoignant d’insulter l’enculé-de-sa-race-ta-mère-adhère-à-la-République-en-Marche d’arbitre, on gardera à l’esprit que le même dévoiement de la règle nous a par le passé offert des pénaltys, pour des fautes de main tout aussi peu évidentes.

Contre toute attente, cet événement marque le début d’une nouvelle phase de domination outrancière de l’OM. Celle-ci se manifeste principalement par de nombreux centres, ayant le défaut de rarement trouver preneur (il paraît que c’est ce qui se passe, quand on n’aligne pas d’avant-centre). Sur corner en revanche, Luiz Gustavo et Thauvin passent près de cadrer leur tête. La plus belle occasion reste tout de même monégasque quand, à l’entrée du temps additionnel, Tielemans est idéalement servi par Fabregas mais rate piteusement son tir.

Reste ainsi un match bizarre, au cours duquel les Olympiens ont montré de nets progrès dans l’attitude, tout en connaissant un énorme passage à vide leur coûtant la victoire. Le match nul est d’ailleurs un moindre mal, au vu des deux énormissimes occasions principautaires. Sur le plan du jeu en revanche, même dans nos phases les plus dominatrices l’ensemble reste affreusement stéréotypé, entre démarrages individuels et multiplication des centres aériens dans une surface pourtant dépourvue d’attaquants. De ce point de vue, les perspectives d’avenir ne sont guère plus radieuses qu’avant la rencontre.

Les joueurs

Mandanda (3/5) : Peu d’arrêts délicats à effectuer, vu que les attaquants adverses ont salopé eux-mêmes deux de leurs trois grosses occasions.

Sarr (3/5) : Autoritaire dans nos phases de domination, pas le plus à blâmer le reste du temps.

Rolando (2/5) : A déployé tous les talents qu’il est capable de mobiliser en termes de placement et d’anticipation. Peine perdue, à un moment il a tout de même été amené à disputer un sprint, et là ce fut le drame.

Luiz Gustavo (2+/5) : Encaisser un petit pont dans sa surface à la 91e, franchement. Avec ce genre de gestes je vais me remettre à souiller mes draps en rêvant de toi, mais plus de la même manière qu’avant.

Amavi (1/5) : Vous vous souvenez du réceptionniste, dans la Cité de la Peur ? Celui qui, avachi sur son bureau, presse un bouton à intervalles réguliers pour que son enseigne clignote en faisant « bzzt bzzt » ? Je crois que c’est lui qui a pris le contrôle de Jordan Amavi.

Strootman (3-/5) : Il faut encourager les progrès, même modérés. C’est un peu comme le dépressif qui fait l’effort d’enfiler un survêtement pour glander sur son canapé après des semaines passées en slip. Ça ne change pas grand chose à sa situation immédiate, mais c’est un pas important.

Lopez (3/5) : La cruauté de son but, c’est qu’il lui donne droit à l’interview en gros plan à la mi-temps. Ses problèmes de peau ne vont pas en s’arrangeant, dites-moi ?

Germain (92e) : « Il fallait avoir du caractère pour jouer ce soir, et aussi de la confiance. J’ai estimé que c’était trop difficile pour Valère (…). » Une déclaration de Rudi Garcia (dehors), qui estime donc qu’en revanche, faire entrer ledit Valère à la 92e d’un match où tous les spectateurs n’attendent que le coup de sifflet final pour insulter des mères, ça peut donner un coup de fouet incroyable à son mental.

Sanson (2/5) : L’élégance du taffetas, la consistance du papier crépon.

En fidèle supporter de l’OM, Emmanuel Macron a dépêché un coach mental pour aider Morgan Sanson à se montrer plus ferme dans les duels.

Thauvin (2/5) : Privé par la technologie de son rôle traditionnel de sauveur (et par l’idiot au sifflet, aussi, n’oublions pas que la principale fragilité de l’informatique se situe entre l’écran et le fauteuil). Faute de jouir des statistiques, nous allons donc devoir considérer son influence dans le jeu, ce qui est tout de suite moins flatteur.

Payet (1/5) : Sur l’échelle du brassard-foutage-de-gueule, on n’est pas encore au niveau de Lassana Diarra mais on s’en approche quand même de plus en plus.

Njie (74e) : Entré pour profiter des espaces en contre-attaque une fois le deuxième but inscrit, sauf qu’entre temps la vidéo avait fait son œuvre et ce but était annulé. Il a donc couru, mais sans les espaces prévus, ce qu’il l’a généralement amené à s’emplâtrer dans le premier défenseur venu.

Ocampos (2+/5) : La roulette sur centre en retrait avec bonus emplafonnage de gardien s’ajoute donc à sa panoplie technique, aux côtés de la Madjer et du retourné. A-t-il seulement, ne serait-ce qu’une fois dans sa carrière, repris un centre d’un bête plat-du-pied ?

L’invité zoologique : Esque Fabrégas

Qu’elle soit dure, demi-dure ou molle et quel que soit son mode d’enfilage, l’esque est ce ver usité comme appât pour la pêche en mer. Pour le modeste pêcheur, l’esque est donc un élément-clé pour assurer sa survie en extrayant sa pitance des bas-fonds, un projet qui se rapproche des objectifs monégasques après ce début de saison en apnée.

– Les autres : Pas plus avancés que nous tant le déroulement et le résultat du match furent tordus et peu prompt aux enseignements. Mais eux ont au moins la consolation d’un mercato d’hiver prometteur.

– Le classement : Nous sommes désormais neuvièmes. Peut-on maintenant s’alarmer, ou faut-il attendre d’avoir raté aussi nos deux matchs en retard ?

– Le contexte : Plutôt calme vis-à-vis d’une décision arbitrale à classer pourtant au rayon des enculeries de bon niveau, Rudi Garcia (dehors) a privilégié sa nouvelle excuse favorite : le CONTEXTE. Seul le CONTEXTE permet d’extraire des satisfactions d’un match nul contre l’avant-dernier du classement. Le CONTEXTE vous permet de vous satisfaire de votre médiocrité, le CONTEXTE vous prévient de toute remise en question, le CONTEXTE vous exonère de toute responsabilité. Faites comme Rudi Garcia (dehors), pour vos excuses, choisissez le CONTEXTE.

– Le vrai contexte : Annoncé comme dantesque®, l’accueil des supporters a été plutôt bienveillant, si l’on considère les débordements des années passées pour des situations sportives parfois moins compromises que celle-ci. Il serait souhaitable que les dirigeants mesurent la patience dont ont fait preuve les supporters et dont aucun de leurs prédécesseurs n’a bénéficié sur une telle durée (deux ans de résultats en dents de scie parsemés de branlées aussi nombreuses que mémorables, pour mémoire). Quant à savoir si cette atténuation de la pression populaire est appelée à durer, et si elle est ou non une bonne chose pour le club, je ne saurais me prononcer ; et je n’encouragerai pas plus le camarade Jacques-Henri Eyraud à davantage prolonger l’expérience.

– Les bonnes ondes : Retrouvez-moi aujourd’hui parmi une brochette d’invités de qualité dans l’émission TeCasse du grand Sisko, pour un « spécial OM ». À 16h45 sur Radio Galère (sur 88.4 ou www.radiogalere.org)

– Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, et sur Twitter. Ptixixi remporte le concours zoologique.

Bises massilianales et bon bout d’an,

Blaah.

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