Aïoli les sapiens,

Pire que les regrets de combats homériques anéantis sur des fautes de concentration, pire que les déroutes subies contre un adversaire supérieur en tout points, l’OM a décidé d’innover cette saison dans l’approche de ses affrontements contre le PSG. Non pas en les gagnant, certes, puisque cela nécessiterait une culture de l’ambition et de l’effort dont on serait bien en peine de trouver le moindre bourgeon chez l’être (dehors) supposé conduire le Projet® vers les sommets.

Non, si l’OM innove, c’est désormais en perdant contre un PSG qui n’est même plus motivé pour nous battre ; contre un rival historique qui gère une main dans le slip la corvée de nous rencontrer, avec le même ennui que s’il s’agissait de sortir les poubelles ou d’affronter le Stade Malherbe de Caen. Au match aller, il s’en foutent, ils ont une Ligue des Champions à disputer. Au retour ils s’en foutent, ils ont une humiliation en Ligue des Champions à pleurer. Et malgré tout, avec des absents, des blessés, le regard vide et l’âme zombifiée, ils parviennent à se faire craindre de nous, pleutres, qui tremblons dans nos slips étriqués à la vue de ce laid grenat et bleu, et n’entreprenant rien qui puisse les contrarier. Alors oui, à ce moment-là les mercenaires bâillent, se rappellent qu’ils ont un match à gagner, et délèguent paresseusement un émissaire – Di Maria ce soir – qu’ils chargent de nous enfiler prestement les buts nécessaires.

Et nous en redemandons,d’année en année en année, avec les mêmes discours exaspérants d’après match, nous évertuant à extraire de la bouillie produite aux yeux de la France du foot des parcelles d’autosatisfaction toujours plus improbables. Alors, puisqu’il faut que rien ne change et en attendant que la purge de juin voie enfin nos lests jetés par-dessus bord, sacrifions nous aussi à la tradition :

Je ne sais pas si cela se voit, mais vous commencez tout doucement à nous faire caguer, camarades. Si si.

L’équipe

Mandanda (expulsé, 62e)
Sarr– Kamara – Caleta-Car – Sakai
Thauvin (Radonjic, 77e) – Lopez (Strootman, 69e) – Sanson– Ocampos
Germain – Balotelli (Pelé, 64e)

C’est dans les grandes affiches que les entraîneurs déploient leur audace, inventent des coups de poker tactiques, établissent en grands stratèges ces coups de bluff historiques, qui instillent le doute et la confusion dans les plus profond replis cérébraux de leur rival. C’est au terme d’un plan savamment mûri que Rudi Garcia (dehors) livre sa ruse ultime : essayer de faire croire que Mario Balotelli avait la chiasse, alors que finalement non.

Pour ce qui est de la composition d’équipe, en revanche, c’est la même que d’habitude.

Le match

Premier enseignement, le transit de Mario ne semble pas troublé le moins du monde, ou en tout cas son pied droit n’en est pas affecté : trois minutes de jeu, et belle frappe sèche dans les gants d’Aréola. Un espoir aussitôt suivi d’un autre : quand Mandanda rate lamentablement son contrôle d’une passe en retrait de Caleta-Car, le ballon est miraculeusement dévié à côté du cadre. Pour une fois les erreurs semblent pouvoir être pardonnées.

Le PSG, lui, partage avec Theresa May cette difficulté à digérer correctement ses fantaisies européennes. Attentistes et peu inspirés, les Parisiens semblent s’ennuyer comme pas permis. Tous les Marseillais sont néanmoins censés savoir que même dans cet état, nos rivaux peuvent nous assassiner à tout moment ; tous ? non, les joueurs de l’OM, eux, ont besoin d’une piqûre de rappel. Alors qu’il applique le schéma tactique travaillé toute la semaine à la Commanderie (récupérer le ballon puis foncer tout droit en attendant de voir ce qu’il se passe), Mongan Sanson se fait tacler au milieu de terrain ; meurtrière, la contre-attaque envoie en deux passes Di Maria battre Mandanda d’une balle piquée. Un hors-jeu au centimètre signalé par l’arbitre et confirmé à la vidéo transforme cette flèche fatale en simple avertissement sans frais.

Les Parisiens abusent du jeu long, que notre défense centrale lit à merveille. Hormis un tir de Meunier, Mandanda n’a guère à s’employer. Le rythme faiblit encore après la demi-heure, quand nos adversaires perdent coup sur coup Daniel Alves puis Meunier : entre des bleu-et-rouge apathiques et nos joueurs qui évoluent malgré tout avec le slipomètre à zéro, certaines phases de jeu se disputent littéralement en marchant. Oui, en marchant ; cette affiche qui jadis se déroulait au son des chocs sur les protège-tibias, cette affiche dont l’histoire se gravait dans les mollets à coups de crampons de 18, ce combat s’est transformé en aimable raout entre gens de bonne compagnie. Or ramener un résultat du Parc des Princes, c’est comme conquérir la justice sociale ou sauver le climat : si ça pouvait se faire en marchant dans les clous et en disant « s’il vous plaît », ça se saurait.

Or, bien que la bête ne soit pas au mieux, nos héros sans saveur répugnent à l’achever, oublient où ils ont rangé les barres de fer et les bombes à merde, et déposent le plan de la manif aux autorités compétentes. Et pour nous le parcours autorisé, c’est le même depuis des années, à savoir prendre un but de con au pire moment. Dans le temps additionnel de la première période un corner offensif est renvoyé : Sarr s’élimine généreusement d’un tacle débile pour mieux ouvrir une contre-attaque, qu’aucune bonne âme n’a l’intuition d’avorter dès sa conception. En conséquence, Di Maria peut être sollicité d’une balle longue, éliminer Sanson d’un très beau contrôle et transmettre à Mbappé qui ajuste Mandanda (1-0, 45e+2).

Notre esprit était rentré au vestiaire trop tôt, celui des adversaires en est sorti trop tard. Le but qu’ils nous rendent est d’un niveau de mongolisme à peu près aussi solide, puisque Kehrer accompagne Ocampos sur une vingtaine de mètres sans avoir l’idée de lui disputer un duel défensif. Parvenu sans opposition au cœur de la surface, Lucas se dit qu’il serait temps de faire quelque chose de la balle, et décale Germain d’une passe légèrement déviée. Au premier poteau, Valère profite de la sieste de Thiago Silva pour glisser très adroitement le ballon hors de portée du gardien (1-1, 46e).

Puisque les Parisiens se comportent comme des viers marins, s’obstinant de surcroît à nous rendre nos cadeaux, l’on commence à se dire que peut-être, sur un malentendu, l’affaire aurait une minuscule chance de bien tourner pour peu que nous haussassions (vous pouvez vérifier) notre niveau de jeu.

Ce malentendu est dissipé dix minutes plus tard quand Ocampos, Sakai et Sanson se mettent à trois pour contrer Di Maria, sans être foutus d’appuyer suffisamment leur duel pour gagner le ballon. Kehrer en profite pour relancer son coéquipier argentin, qui bat Mandanda dans un angle fermé (2-1, 55e). Les esprits se tendent dès l’engagement, quand Verratti sèche Morgan et provoque un début de bagarre. En vieux sage qu’il est, Mandanda se charge de calmer les esprits en anéantissant tout ce qu’il reste de suspense. En effet, alors que Sarr couvre le hors-jeu et permet aux Parisiens de se lancer à trois contre personne à l’assaut du but, Steve effectue la sortie de sa vie et réalise d’une main ferme la parade la plus spectaculaire de ce match. Pinailleur, Anthony Gautier souligne que ce geste magnifique a eu le tort de se situer dix bons mètres devant notre surface de réparation, et exclut donc notre gardien.

Balotelli sacrifié, Yohann Pelé est appelé en renfort en ayant eu à peine le temps de réaliser son échauffement : montée des genoux, étirement des adducteurs, travail des ischio-jambiers, étirement des lombaires pour ramasser le coup-franc expédié au fond des filets par Di Maria (3-1, 66e).

Alors que les PSG-OM alternent habituellement entre le gâchis idiot et l’humiliation en bonne et due forme, cette soirée nous offre les deux à la fois. Sans forcer, Paris gère la fin de match en espérant recueillir les éventuelles offrandes qu’il nous resterait à distribuer. Généreux, Sakai se charge de la dernière tournée, en savatant sans finesse Mbappé en pleine surface. L’occasion pour le prodige français de montrer sa tête de con en s’appropriant le pénalty qui aurait dû légitimement échoir à Di Maria, et à Yohann Pelé de rabattre le caquet dudit petit con en sortant sa frappe d’une belle détente sur sa gauche : la seule et dérisoire satisfaction d’une soirée que nos joueurs, comme leur entraîneur (dehors), n’auront rien entrepris pour rendre plus belle.

Les joueurs

Mandanda (0/5) : Pour montrer qu’on n’est pas rancuniers, on devrait lui envoyer un hareng à chaque fois qu’il fait un truc rigolo avec le ballon. Au Marineland, c’est comme ça qu’ils les récompensent en tout cas.

Sarr (1/5) : Une capacité mémoire d’Amstrad 6128 : pour lui entrer la consigne d’être attentif au duel, il a fallu effacer tout le reste.

Kamara (3-/5) : Coupeur de trajectoires, défonceur d’attaquants et pas le dernier à plonger dans les embrouilles. C’est très prometteur pour le futur de nos rencontres contre le PSG, il faudra juste qu’il apprenne à faire ses fautes plus furtivement et plus loin du but.

Caleta-Car (3/5) : Nous dire satisfaits de la défense centrale un soir où le PSG nous colle trois buts, c’est notre destin.

Sakai (1/5) : Par rapport à Amavi, c’est nul : au moins, Jordan se serait trouvé à son vrai poste, et on aurait donc pu l’insulter sans arrière-pensée pour ce genre de prestation.

Thauvin (1/5) : Il a autant pesé sur le jeu olympien que Dimitri Payet, ce soir.

Radonjic (77e) : « Tu veux du temps de jeu ? Allez, je t’ai entendu, cette fois je te laisse tout un quart d’heure pour faire tes preuves, à 1-3 et 10 contre 11 au Parc des Princes. Ne me déçois pas. »

Lopez (2/5) : Toujours aussi propre, dans le périmètre sécurisé où les parisiens lui ont laissé le droit d’évoluer en toute inoffensivité.

Strootman (69e) : Il se voulait force d’intervention rapide, il a eu le rôle du médecin-légiste.

Sanson (2-/5) : Plus entreprenant que Lopez pour un résultat à peu près aussi nul, voire pire à force de pertes de balle suicidaires.

Ocampos (2+/5) : Parfaitement adapté au schéma apparemment mis en place par Rudi Garcia (dehors), qui consistait à serrer les fesses puis à partir tout droit les fois où le ballon arrivait dans nos pieds. Lucas a donc pu s’adonner à sa tactique du gegendribble : péter tout droit dans le premier défenseur venu et tout donner sur le ballon contré qui s’ensuit.

Germain (3/5) : Il a dû se dire in petto : « Si c’est pour que l’équipe fasse cette merde quand je marque dans un match au sommet, c’était pas la peine de m’engueuler quand j’ai raté contre l’Atlético.« 

Balotelli (1+/5) : Ouais, super, il a rappelé qu’on avait une étoile sur le maillot depuis 1993. Et une autre à l’anus depuis 2011, mais ça je suppose que ce n’est pas intéressant ?

Pelé (64e, 3+/5) : Dans l’incapacité de bouger son cul mandandesque sur le but, mais bon, encaisser un coup-franc de Di Maria poteau rentrant sans échauffement n’est pas le plus infamant qui soit. On préférera donc retenir son très beau pénalty arrêté, qui maintient le score dans des proportions un peu moins honteuses.

L’invité zoologique : Juan Bernacle

Crustacé pédonculé, la bernacle appartient donc à la famille des crabes et des homards, si ce n’est qu’elle a choisi de ne rien branler de sa vie en s’accrochant au premier support qui passe et qui lui permet de gagner sa vie sans trop de risques (tronc, rocher, coque de bateau, monarchie esclavagiste, etc.). Un animal insignifiant, donc, mais particulièrement agrippé à son socle : il est illusoire d’espérer le décrocher si l’on n’est pas prêt à faire preuve d’un minimum d’efforts et de patience.

– Les autres : Di Maria et Dix Touristes.

Le classement : Lyon s’éloigne, Saint-Étienne se rapproche, l’embellie de ces dernières semaines n’aura donc pas résisté à notre rouste semestrielle. Paris, Bordeaux, Lyon, pour croire raisonnablement au podium il nous fallait a minima vaincre deux de ces trois bêtes noires. Premier joker gâché, donc.

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Bises massilianales,

Blaah.

7 thoughts on “PSG-OM (3-1), La Canebière académie donne sa vertu

  1. ET ça continu encore et encore, c’est que le début d’accord, d’accord…J’espère que ce qui va tomber sur les lames du plancher c’est la tête de Roudy et de Jacques Henri, marre du même film qui passe….

  2. Je remarque que plan maléfique de Rudi Garcia (dehors) continue : il nous fait croire qu’il est un mauvais coach et d’un coup, crac, au moment le plus important, il va faire un truc qui marche du tonnerre.
    Vous verrez.

    1. * qui marche du tonnerre pour réussir à raccrocher une 4e place inespérée tellement on avait fait de la merde avant.

  3. La note de Balotelli est sublime. Je ris, vous êtes grand Blaah, ce club ne vous mérite pas.

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