Aïoli les sapiens,

À un moment, camarade Jacques-Henri, il faut revenir aux fondamentaux. Pour se comprendre, il faut parler la même langue, c’est pourquoi l’on ne va ici évoquer ni le football, ni Marseille, auxquels tu ne comprends visiblement rien. On va parler Disney. Tu vois Pat Hibulaire ? Il perd toujours contre Mickey, et tu sais pourquoi ? Parce qu’il tente toujours la même chose, ce con ! Depuis 1930 il tourne avec au maximum trois plans de base, qu’il applique avec la même régularité dans les dessins animés, les bandes dessinées ou les jeux vidéo. À chaque fois il se plante, et à chaque fois il réessaie, mais comme il ne change rien à sa manière de faire, il se plante derechef et passe ainsi pour l’un des plus gros connards de Mickeyville.

Est-ce qu’il y avait Pat Hibulaire, dans tes mascottes, à Marne-la-Vallée ? Non ? Et pour cause. Il y avait Mickey, qui plaît parce qu’il est astucieux. Il y avait Donald, qui ne réussit pas toujours tout mais qui a du caractère. Et même, parfois, Tic et Tac, parce qu’ils sont sympa et plaisent aux enfants. Mais on n’a pas jugé utile de mettre en vedette ce gros con mesquin et antipathique de Pat Hibulaire. Pat Hibulaire espère battre Mickey alors qu’il fait de la merde, et surtout qu’il ne change rien à sa manière de faire de la merde. Il est condamné à l’échec et à une bonne grosse réputation de tocard.

Tu saisis le parallèle avec un certain club du Sud de la France, camarade Jacques-Henri, ou il faut qu’on te fasse aussi une démonstration avec Tigrou et Bourriquet ? À moins que tu ne sois versé dans l’urophilie ? Ce serait donc tout à fait consciemment que tu laisserais le club se faire pisser dessus par toute la France du football, du Paris Saint-Germain à l’Association sportive forézienne Andrézieux-Bouthéon ? Si c’est le cas, là, je l’avoue, le parallèle avec Disneyland n’est pas des plus aisés à trouver.

Récapitulons ces derniers jours où notre Olympique de cœur s’est une nouvelle fois surpassé. Des sanctions disproportionnés infligées à l’OM après l’incident du pétard, il apparaît que ton poids dans les instances s’apparente à un pet du président malawite au cours de discussions sur le désarmement nucléaire mondial. Le mercato s’est quant à lui achevé sur le constat de nullité absolue de votre triumvirat dans ce domaine. Aux côtés de Rudi (dehors) le néfaste et d’Andoni l’inutile, vous avez certes parié sur un renforcement qualitatif au poste d’avant-centre en recrutant Balotelli pendant que Mitroglou allait soigner sa dépression en Turquie. Mais que dire de l’autre poste prioritaire, celui de latéral gauche : non contents d’échouer sans cesse à trouver une doublure à Jordan Amavi, vous avez cette fois-ci réussi à affaiblir numériquement ce poste auquel nous nous trouvions pourtant, pour ainsi dire, déjà à poil.

Fort heureusement, nous aurons connu grâce à vous au moins un beau moment dans cette période difficile, avec cette union sacrée décrétée par les supporters, encore unanimes pas plus tard que la veille pour soulever vos mères. Une réunion longue, profonde et sincère a permis d’aplanir les différends, « de se dire les choses » et, in fine, de souder l’ensemble des composantes du club dans un nouvel élan. Savamment porté à la connaissance du public par Jean-Michel Sourcinterne, préposé aux fuites organisées, ce retournement de vest… de situation chez les supporters, motivé uniquement par l’amour du club on s’en doute, était positivement émouvant. Si si, sincèrement. Je vais même t’avouer, à lire les comptes rendus de cette réunion, je m’attendais à voir sortir Rachid Zeroual costumé en Reine des Neiges pour chanter « Libéré délivré », tellement cet amour retrouvé tenait du conte de fées.

Or donc, puisque tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes et que les supporters poussent désormais leur équipe dans un bel ensemble, on allait enfin pouvoir voir ce qu’on allait voir.

On a vu.

L’équipe

Mandanda
Sarr– Rolando (Amavi, 73e) – Luiz Gustavo– Kamara
Lopez– Strootman
Ocampos– Sanson – Radonjic (Njie, 67e)
Balotelli (Germain, 73e)

Thauvin purge le premier de ses deux matchs de suspension, tandis que Rami et Payet sont toujours blessés. Sakai n’est quand à lui pas encore rentré de sa coupe d’Asie, perdue en finale contre le Qatar. Kamara est bombardé arrière gauche au détriment d’Amavi, Luiz Gustavo prenant place à côté de Rolando faute d’autre arrière central disponible (excepté Caleta-Car, mais il pue de la gueule donc bon).

Notre sauveur Balotelli honore sa première titularisation, bien que non encore prêt physiquement à disputer un match entier (sur un contrat de 6 mois, ce ne serait pas inintéressant qu’il retrouve sa forme assez rapidement, soit dit en passant).

Le match

Bon, d’accord, j’ai été injuste en prétendant, dans l’introduction de la présente académie, que l’OM ne tentait rien pour mettre fin à ses maux. Partant ainsi du constat de 20 bonnes premières minutes se traduisant immanquablement par un énorme passage à vide, contre Reims nous avons innové : ce sont désormais 10 bonnes premières minutes, qui précèdent notre passage à vide. Pendant ce temps fort, on a même vu Morgan Sanson remporter un duel à l’épaule, c’est dire si notre domination est outrageuse.

Ensuite, donc, il est inutile de détailler ce que le lecteur sait déjà, sauf à explorer en profondeur le domaine de la fécalité. Nos joueurs ont le mérite de ne pas nous laisser vivre trop longtemps de faux espoirs, puisque Bouna Sarr s’empresse de se faire souiller d’un petit pont. Le centre en retrait qui s’ensuit est aisément contrôlé par Dingomé, qui d’un pas en arrière s’est débarrassé de Strootman. Le Néerlandais intervient juste à temps pour dévier le tir, qui file ainsi sous la barre (1-0, 21e).

Pour situer les rapports de force à l’œuvre dans cette première mi-temps, on signalera qu’Alaixys Romao est particulièrement à l’aise pour mener le jeu rémois au milieu de terrain, ce qui en dit long sur notre implication physique et tactique.

Les choses s’accélèrent néanmoins en fin de première période. Un corner repris de volée par Luiz Gustavo force le gardien à une RAIE d’un bel acabit, avant que la vidéo ne soit convoquée pour un apparent savatage de Lopez sur un Rémois à l’entrée de notre surface. Nous échappons alors au pénalty, et nous procurons une dernière occasion par un centre manqué de Sanson finissant sur la transversale.

Les matchs précédents nous avaient vu montrer des progrès dans l’engagement, à défaut de savoir jouer ensemble au football. Même ces timides éclaircies sont anéanties ce soir, les Olympiens retrouvant au duel cette fameuse âpreté au combat inspirée de l’holothurie frite. Luiz Gustavo puis Mandanda sauvent coup sur coup deux grosses occasions, avant que le match ne sombre dans l’ennui.

Un sursaut se fait jour à l’heure de jeu, mené tout d’abord par Balotelli : Mario se procure seul un coup-franc, qu’il manque de peu de convertir. Un autre coup-franc aboutit ensuite à un beau cafouillage, pendant lequel le gardien adverse sauve une nouvelle fois son équipe en contrant à bout portant une tentative de Strootman.

Ce temps fort est vite gâché par un sabotage digne des plus belles faillites du XV de France, quand un bête six-mètres occasionne un bordel monstre dans le rond central. Un Rémois en profite pour lancer Suk dans la profondeur. Entré depuis vingt secondes à peine, le Coréen dépose un Rolando fautif du début à la fin de l’action, qu’il parachève d’ailleurs en déviant le tir hors de portée de Mandanda (2-0, 68e).


Totalement démissionnaire, l’OM n’évite le troisième but que par la bienveillance d’un Rémois, qui inexplicablement détourne une tentative de son collègue juste avant que le ballon ne franchisse la ligne. Tout aussi inexplicablement, c’est alors que nous nous trouvons au fond du seau de purin que l’espoir réapparaît : Clinton Njie se trouve en effet à point nommé pour reprendre un centre de Lopez d’une tête-épaule on ne peut plus njiesque (2-1 86e).

On découvre alors que si l’OM a la lose plutôt rugbystique, Reims s’inspire en revanche des meilleures défaites de Richard Gasquet. Pendant les 10 dernières minutes, l’OM pousse enfin pour arracher l’égalisation tandis que les Champenois sont soudain réduits à l’état de serpillières tremblantes. Mendy ajoute à son match un nouvel arrêt spectaculaire devant Ocampos, avant que les 6 minutes de temps additionnel ne voient le siège de la surface rémoise. Germain se voit hélas contré in extremis, et l’OM ne peut qu’encaisser cette nouvelle défaite sans honneur ni excuse (hormis bien sûr l’excuse arbitrale invoquée comme de coutume par un Rudi Garcia – dehors – toujours plus puant en conférence d’après-match).

Les joueurs

Mandanda (3-/5) : On pourra ergoter sur ce second but qu’il encaisse une nouvelle fois au milieu de la cage, mais la déviation de Rolando lui offre une circonstance atténuante. De plus, il monte sur l’ultime corner, signe qu’il a enfin écouté son diététicien qui lui conseillait de marcher davantage.

Sarr (1/5) : Après Amavi contre Lille, c’est au tour de Bouna d’encaisser un petit pont amenant un but. On pourrait songer à vous coudre les chevilles, tous les deux : ce sera plus sûr et vu votre production en ce moment le football ne devrait pas trop en pâtir.

Rolando (1/5) : Contre vents et marées, la déesse a absolument tenu à prolonger le sort de titularisation éternelle de Rolando. Il est à craindre qu’elle en fasse une affaire personnelle, dans ce combat de sorcellerie l’opposant au mage qui a réussi à visser Rudi Garcia (dehors) à son banc de touche. Un affrontement qui fera date dans l’histoire du surnaturel, mais dont le football aura bien du mal à sortir vainqueur.

Amavi (73e) : A l’intelligence de se placer idéalement pour recevoir un coup-franc joué en retrait, mais parvient tout de même à être surpris lorsque la passe lui arrive. Comme quoi, la disneylandisation du club n’est pas une vaine crainte : l’aile gauche, c’est déjà le Monde de Dory.

Luiz Gustavo (3-/5) : D’une efficace sobriété en défense, mais l’on se prend à imaginer qu’à son vrai poste, il ne se serait pas privé de discipliner le milieu de terrain rémois de quelques taquets bien appliqués.

Kamara (2+/5) : Si Rudi Garcia (dehors) était médecin, il proposerait des prothèses mammaires à des amputés du tibia, au motif que c’est plus moderne et de meilleure qualité que les jambes de bois. Tant pis pour nous et tant mieux pour le monde de la santé, il (dehors) se contente d’aligner Boubacar Kamara latéral gauche.

Lopez (2+/5) : Avec Kamara, il fait partie de ceux qui ont pris les choses en main dans les dix dernières minutes, avec le concernant une passe décisive à la clé. Si l’on passe sur les 85 premières minutes, c’est un match très correct.

Strootman (1+/5) : Au risque de me répéter, notre milieu de terrain s’est fait souiller par Alaixys Romao, ce qui me paraît suffire à résumer le match de Kévin.

Sanson (1/5) : À peine le temps d’écrire « son début de match est encourageant » qu’il ne faisait déjà plus rien.

Ocampos (2-/5) : Milite pour l’introduction d’un prix de la combativité à l’image de celui du Tour de France (qui récompense le coureur ayant pédalé en tête comme un con toute la journée, mais trop manche pour réussir à gagner l’étape).

Radonjic (1/5) : Rien. Au moins, il nous évite toute enflammade précoce et abusive à son sujet, c’est une manière de ne pas nous décevoir par la suite.

Njie (67e) : La seule satisfaction de la soirée, ce qui est un peu énervant vu que nous comptions sur son entrée pour nous moquer.

Balotelli (1+/5) : Ah oui, on n’a pas forcément prévenu ses coéquipiers : si l’on veut que Mario marque, il faut que des ballons lui parviennent.

Germain (73e) : Il a raté des trucs, ce qui est une manière de se rappeler à notre attention.

L’invité zoologique : Thomas Roquet

Compensant son manque de carrure par une agressivité supérieure, le roquet ne laissera jamais en paix les mollets de tout humain qui serait incapable de lui manifester son autorité naturelle. Débuter sa relation avec un roquet d’un bon coup de latte est le meilleur moyen d’en faire un animal respectueux, voire un compagnon fidèle. Malheur en revanche à qui se laisserait dominer par la bête, il hériterait à coup sûr d’années à se faire casser les couilles en permanence. Le roquet était donc l’invité approprié pour évoquer ce match contre un promu en Ligue 1.

– Les autres : Efficaces quoique pris d’une impressionnante panique après notre but. Mention spéciale à leur gardien Mendy, auteur d’une parade sur Ocampos ayant occasionné une pignolade quasi-générale, ainsi que de deux autres arrêts moins spectaculaires mais bien plus difficiles.

Le classement : Nous tombons à la dixième place, voire plus bas en fonction des résultats de ce dimanche. Et pourtant Rudi Garcia (dehors) est toujours en place.

– Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, et sur Twitter. Didier A. remporte le concours zoologique.

Bises massilianales,

Blaah.

7 thoughts on “Reims-OM (2-1), La Canebière académie replonge

  1. Allez hop pour une fois je viens poser mon coup de gueule à contre courant. Ras le cul du Garcia-bashing. Pareil que le Wenger out qu’on s’est tapé pendant 10 ans. Aujourd’hui tout le monde se pignole sur Emery mais il ne fait pas mieux. L’année dernière on a montré de belles choses et malgré ça tout le monde panique à la première défaite. Mais la 7e place reste largement jouable cette année et avec un peu de moule ça nous envoie en EuropaLigue. Comme Wenger. CQFD.

      1. Hé là, ho, un peu de tenue s’il vous plaît. La douleur n’excuse pas tout.

        1. Nous avons un match en retard quand même. On est à une victoire de la 7e place ! Oh la la qu’est ce que je suis serein. Oh tiens je vais tapoter encore un peu comme ça sur mon clavier. Oh bah oui. Voilà. Bien posé. Pépouze. Virtuellement 7e. Tranquille. Il fait beau. Non il y a des nuages. Mais par dessus il fait super beau. Aaaah la la on s’inquiète pour rien…

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