Sochaux – AC Ajaccio (1-1) : L’Aiacciu Académie exulte et raconte le déplacement

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Imaginez un supporteur dans son vieux tacot de 1994 qui décide de braver le vent, la pluie, les kilomètres et les menaces de rupture de sa copine pour aller voir Sochaux-Ajaccio. Voici son histoire.

Et on va faire la fiesta, la fiesta !

Quelle idée de faire 1200 kilomètres un 17 janvier pour aller voir jouer Dennis Oliech et Jean-Pascal Mignot ? Surtout lorsque l’on peut tranquillement le regarder chez soi sur BeIn Sports avec un diabolo grenadine et un œuf au plat. Pour ce premier déplacement de l’année, I Sanguinari n’avait pas déplacé les foules. Tout juste un membre avait eu la foi de se rendre dans le pays de Peugeot, de Dominique Voynet et de Pierre-Alain Frau.

Une fois la route avalée et le McDo digéré, il était alors l’heure de se rendre au stade Bonal. Et de se rendre compte de l’incompétence du personnel entourant Bonal. Pour une fois, inutile de demander à 30 stadiers le chemin pour parvenir au parcage visiteurs. Les panneaux et un seul stadier suffiront. Jusqu’ici, tout allait bien. Mais les événements allaient vite prendre une tournure tragique. A 1h du coup d’envoi, et alors que la cargaison d’I Sanguinari comprenait la bâche de 10 mètres et le tambour de 20 kilos, un stadier nous apprend que le parcage visiteurs sera fermé. « Je suis désolé mais on va pas ouvrir le kop. Vous comprenez, ça sert à rien de monopoliser 3 stadiers et 3 CRS pour deux pauvres supporteurs adverses… »

Alors qu’à Ajaccio, les Sochaliens avaient été, visiblement, bien accueillis.

On se résout donc à prendre une place en tribune « normale ». Un déchirement mais ça aurait été con de venir pour rien. Direction la « Forges » en compagnie de Corsicapat, supporteur de l’ACA venu du Jura échoué à Bonal. Nous prenons place au bord des mains courantes afin d’y placer les drapeaux. Force est de constater que l’attirail est bien moins impressionnant que d’habitude.
Même si la déception est là, se retrouver parmi les Sochaliens permet de découvrir une nouvelle culture et de nouvelles insultes. Plutôt que des « arbitre enculé ! » du parcage visiteurs, on entendre des … « arbitre enculé ! » des tribunes latérales. Avec également quelques variantes « Oh l’arbitre, t’as pas chié ce matin ou quoi ? » ou des « Oh arbitre, va chez Afflelou, y’a une paire gratuite ! » et même des « C’est bien l’arbitre, t’as gagné une semaine de vacances à Ajaccio ! » Les joueurs de l’ACA en prennent même pour leur grade. Cavalli d’abord « Oh Cavalli, terroriste ! PD ! » puis Babiloni « Oh Babiloni, donne moi ton carnet de correspondance ! ». Pedretti ne sera pas épargné non plus.
Pendant ce temps-là, on assista à un spectacle surprenant. Et pour cause, quelle surprise n’aura-t-on pas en voyant que le parcage visiteurs était … ouvert et investi par deux énergumènes avec des bandera. Et bah alors, messieurs les stadiers, on aurait changé d’avis ?

ON EST LA !

Toujours est-il que les Sochaliens continuent d’insulter Cavalli, Pedretti et l’arbitre. Pendant ce temps-là, I Sanguinari exulte sur une combinaison de 4 passes d’affilée réussies par l’ACA (une première depuis 1987), puis gueule sur l’arbitre et gueule sur les Sochaliens qui gueulent sur l’arbitre. C’est la mort dans l’âme que nous nous apprêtions à quitter le stade, sur le score de 1-0 lorsque Madri délivra I Sanguinari. Une explosion de joie qui contrastait avec la consternation des Sochaliens. MAIS ON S’EN FOUT ON RAMENE UN POINT LAISSEZ NOUS KIFFER !!!
Coup de sifflet final. Claude Gonçalves, qui avait vu les drapeaux entre deux ballons récupérés, traversa alors le terrain pour venir donner son maillot, grand seigneur.
C’est le cœur léger et le sourire aux lèvres que nous reprenons la route. Avec déjà, dans un coin de l’esprit, le prochain périple, à Tours, dans deux semaines.

Strict minimum à Bonal

Le match :

Dans tout ça, il y a eu un match. Ou plutôt un non-match de la part de l’ACA dans un premier temps. Il faut dire que les fautes dans tous les sens du terme ont vite pris le dessus sur le reste. Begeorgi et Cavalli se faisaient un plaisir de découper les Sochaliens alors que les relances des défenseurs et des milieux étaient systématiquement dans l’axe et pas forcément précises. Du coup, les pertes de balles étaient bien trop rapides et fréquentes.
Le FCSM dominait, avait les occasions, Toko-Ekambi se baladait sur les côtés, se permettant même de faire une roulette pendant que l’ACA n’avait qu’une seule occasion et qu’Oliech se dribblait lui-même. Mais les acéistes ont su faire le dos rond. Butin finira par trouver la faille mais la solidarité et la hargne était de retour chez les Corses qui n’ont jamais baissé les bras. Comme nous le dira Olivier Pantaloni après le match, ses joueurs « ont fait ce qu’il fallait ». C’est un dire un hold-up. A la dernière seconde, sur la deuxième incursion du match dans la surface adverse. Mais on le prend, ce point si précieux. Et si la confiance revenait ? Et si ce point inespéré était le début d’une belle série ? Et si on montait en Ligue 1 ? (bon là, je vais un peu loin)

Compo :
Pour ce qui est de la composition, Olivier Pantaloni avait concocté une petite surprise en préférant Mouaad Madri à Benoît Lesoimier (ou à Marvin Diop) sur l’aile gauche. Le reste de l’équipe était lui plus habituel. Coulibaly et Zubar blessés, c’est Perozo qui était titulaire dans l’axe de la défense, aux côtés de Cédric Kanté, ancien de la maison sochalienne. Ils étaient entourés de Marester à droite et de Begeorgi à gauche. Plus haut sur le terrain, Pedretti, de retour chez lui, et Gonçalves. Johan Cavalli est numéro 10 et est chargé de distribuer des ballons à Fauvergue, Madri et Oliech.

Une compo qui va évoluer au fur et à mesure du match. Premier tournant, le rouge de Begeorgi. Cavalli sort et laisse un trou au milieu – qui sera bouché par l’omniprésent Gonçalves – pour Babiloni, qui vient se poster en tant que latéral gauche alors que Marvin Diop, rentré quelques minutes auparavant prend la place d’Oliech à droite.

Deuxième ajustement tactique, et pas des moindres, à la 91ème minute. Le grand Mickaël Leca remplace le petit Gonçalves. Poste pour poste ? Pas vraiment. Si, dans l’esprit, Leca devait jouer 6, il s’est vite posté devant, pour mettre la tête. Avec le résultat que l’on connaît…

ANNUTAZIONI

Anthony Scribe 3/5 : « Vous êtes en état d’arrestation, vous avez le droit de garder le sile… » a-t-il semblé dire au ballon que venait de frapper Caceres. Mais la balle s’est immédiatement fait la malle pour se retrouver dans les pieds de Butin, qui ouvre le score. Son seul arrêt du match.

Fabrice Begeorgi 0/5 : Son envie débordante légendaire était là, ce qui n’a pas empêché Toko-Ekambi de lui faire danser le zouk pendant une heure, le Sochalien cassant allégrement les reins de notre « Begeo ». Et puis ensuite, Begeo a découpé, découpé et re-découpé les Sochaliens.

Allégorie du match de Fabrice : Begeo découpe

Cédric Kanté 4/5 : On oubliera son erreur d’appréciation sur le but sochalien et on retiendra seulement sa capacité à passer devant ses adversaires pour dégager le ballon. On le croit perdu, en retard et mal placé mais c’est en fait tout le contraire : il est vif et bien placé. Contre Sochaux, il en aura encore sauvé des situations chaudes.

Grenddy Perozo la moyenne/5 : Un Kanté peut cacher un Perozo. C’est comme « Un train peut en cacher un autre » sauf que là c’est quand Kanté passe sans prendre le ballon et que Perozo est là après pour tout rafler. Le problème c’est que Kanté n’a laissé que de microscopiques miettes. Ou presque. A la 87ème, Perozo jaillit devant un Sochalien seul devant le but et évite ainsi le 2-0. On dit merci qui ? Merci Grenddy.

Eric Marester 2/5 : Eric Marester est convoqué mercredi après-midi à l’entraînement des U9 afin d’apprendre à faire des touches : 3 touches mal exécutées, dont une seule vue par l’arbitre. A part ça ? « Putain Marester, colle ton joueur ! » Voici un exemple de ce qu’un supporteur de l’ACA a pu dire à Marester pendant le match. Si Marester a laissé beaucoup trop d’espace(s) dans son dos à ses vis-à-vis, il a paradoxalement bien maîtrisé les ballons au deuxième poteau qui venaient de l’autre côté.

Claude Gonçalves 3,5/5 : Désormais, à la question «Quel objet apporteriez-vous sur une île déserte ? », il faudra répondre « Claude Gonçalves ». Couteau suisse acéiste, Gonçalves sait tout faire. D’où sa grande utilité. Premièrement pour défendre : en position défensive, il multiplie les courses et les efforts. Le meilleur exemple ? A la 64ème minute, Toko Ekambi dribble tout le monde et se retrouve seul face à Scribe, c’était sans compter sur le sprint et sur le magnifique retour de Claude au dernier moment. Deuxièmement, pour attaquer, ou plutôt contre-attaquer : là, il n’hésite jamais à se démarquer pour offrir des solutions de passe à ses adversaires.

Benoît Pedretti 3/5 : Les applaudissements et les sifflets lors de sa présentation d’avant-match ont laissé uniquement place à des sifflets pendant la rencontre. Mais il s’est vengé en étant plus viril et plus endurant qu’à l’habitude. Au final, des tacles en débuts de rencontre, une ou deux belles transversales mais surtout un centre décisif pour Leca puis Madri à la dernière minute.

Johan Cavalli 2/5 : Quand Cavalli déjoue … l’ACA déjoue. Pourtant tout était bien parti pour lui. Il n’avait mis que 16 minutes pour se faire huer par les supporteurs adverses et pour prendre un carton jaune pour un gros tacle vengeur. Une partie de son contrat hebdomadaire était donc réussi. Mais l’autre partie, consistant à délivrer une passe dé’ à Fauvergue, ne viendra jamais. Sans doute à cause de son manque de concentration et de ses pétages de plomb à répétition contre l’arbitre et contre les Sochaliens. De la 20ème à la 68ème, son match se résumera à des passes vers l’arrière et à des pertes de balle dans l’axe.

Mouaad Madri 4/5 : Madri a pris des coups, Madri a tenté des accélérations, Madri a tenté des dribbles, Madri a défendu, Madri a perdu des ballons pendant 93 minutes. Mais il n’a jamais baissé les bras. S’il n’avait pas su créer des différences auparavant, il s’est rattrapé à la dernière seconde. Il a d’abord obtenu un coup-franc sur le côté gauche avant d’aller se placer dans la surface et d’égaliser d’une puissante volée. Appelez-le Emil Kostadinov.

Dennis Oliech 1/5 : Il a beau avoir les chaussures de Cristiano Ronaldo, les points communs avec le Ballon d’or portugais s’arrêtent ici. Contre Sochaux, il a dû toucher 5 ballons et en perdre 35. Si Johan Cavalli l’a engueulé en plein match, lui reprochant de ne pas assez prendre la profondeur, c’est parce que le Kényan n’a jamais été ni percutant, ni dangereux.

Nicolas Fauvergue 3/5 : Il y avait du brouillard sur la ligne Cavalli-Fauvergue. Mal voire pas du tout servi par son pourvoyeur de balles préféré, Fauvergue n’aura eu aucun ballon à se mettre sous la dent. Résultat, aucune occasion mais il a fait ce que son entraîneur lui demandait : presser les premières relances sochaliennes et servir de point d’appui pour ses défenseurs et son gardien, qui aiment tout balancer sur lui. Du coup, il a fait apprécier ses grandes capacités à contrôler le ballon de la tête et de la poitrine ainsi que sa protection de balle. S’il n’aura finalement qu’une occasion – une tête à la 35ème minute – c’est dans sa propre surface qu’il se sera le plus mis en évidence. Tout d’abord grâce à un sauvetage sur sa ligne à la 17ème puis avec une belle et grosse main non-sifflée à la 58ème. A la place de siffler penalty, l’arbitre donnera coup-franc et carton jaune pour Vivian.
https://vine.co/v/Oj1jhH5JQvh

I RIMPIAZZANTI

Marvin Diop, 59ème minute, NN : Il a réussi la prouesse de prendre un carton jaune avant même d’avoir touché le ballon, 30 secondes après son entrée en jeu. Tu peux rentrer dans le Livre des records ma gueule !

Paul Babiloni, 68ème minute, NN : Rentré en latéral gauche pour prendre le relais de Begeorgi, il a mieux su gérer Toko-Ekambi que son prédécesseur. Sans doute aidé également par la fatigue du Sochalien.

Mickaël Leca, 91ème minute, NN: Pour l’occasion, il avait sorti son plus beau serre-tête. Et il a bien fait. Rentré à la 91ème minute pour apporter de la taille sur les ultimes centres, ce coaching sera gagnant. A la 93ème minute, sur un centre de Pedretti, Leca détournera in-extremis le ballon du haut du serre-tête. Assez pour trouver Madri derrière qui fusillera Pelé. La suite ? Une joie incommensurable comme s’il venait de marquer un but décisif en finale de Coupe du monde avec la Squadra Corsa. Que c’est beau.

Perfettu Erignacci

1 thought on “Sochaux – AC Ajaccio (1-1) : L’Aiacciu Académie exulte et raconte le déplacement

  1. Comme quoi, même les Corses sont bien accueillis en Franche-Comté.

    N’empêche mon salaud, être en tribune Forge, à 20 euros la place montre bien la richesse de la Corse, grâce au 45000 vaches fictives (sans oublier les cochons). Mais désolé je m’emporte^^.

    Nos supporters rivalisent avec n’importe qui niveau insulte et font preuve d’une grande créativité (j’ai bien rigolé d’ailleurs en te lisant)

    Pour en revenir à la rencontre, Ajaccio a montré qu’un match dure 94 minutes bravo à vous !

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