Stade rennais / Paris SGEL (2-2, 6 t.a.b. à 5) – La Porte de Saint-Cloud Académie avait besoin de se faire mal

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Champion mon frère cependant.

« Suicidez-vous », qu’ils disaient. « Re-suicidez-vous », qu’ils disaient.

 

Le troquet, désert, fleurait bon la sueur de bière. Le patron essuyait son comptoir d’un air alangui, au rythme lent et ample du concerto austro-truc lâché par le vieux poste de radio rafistolé, au bout du zinc. Dans un coin, un vieil ivrogne cuvait doucement son vin, la clope éteinte encore au bec tandis que sa tête menaçait dangereusement de s’écrouler sur sa table.

La porte s’ouvrit dans un long grincement. L’ivrogne se redressa et entrouvrit ses yeux rouges, pochés par la fatigue, devant le rai de lumière qui sembla inonder un instant le rade glauque. Une silhouette sombre se détacha dans l’embrasure de la porte, et resta là un instant, jugeant peut-être de l’intérêt du bar dans sa quête de liquidités. Les violons grésillèrent de plus belle, à en faire trembler le revêtement brinquebalant du comptoir.

La porte se referma bientôt sur le nouvel arrivant tandis qu’il se dirigeait vers le patron. La tête de l’ivrogne finit par se poser définitivement sur sa table sale, d’un petit « poc » étouffé par le gras de sa joue. 

« Un Picon-bière », annonça Georges devant le barman lugubre. Cliquetis de verres. Ronflement de la tireuse. Tintement de bouteilles. Ronflement de l’ivrogne. L’amère boisson était bientôt là, sous l’oeil éteint de l’académicien préféré des vieux actifs sur la tranche 45-50 ans. Il la porta lentement à ses lèvres, laissant la mousse orangée lui chatouiller les narines avant de descendre goulûment une large gorgée.

Quelques instants plus tard, il ne restait plus rien du délicieux breuvage. Le regard de Georges resta fixé sur le verre vide, seul sur le zinc. De l’autre côté, le patron, appuyé au comptoir, le torchon sur l’épaule, faisait de même. Tous deux semblaient étrangement absorbés par la vue de ce récipient vidé de sa substance. 

« Purée de merde, Boris, » lança Georges. « J’en peux plus de ce boulot, tu sais. » Le patron ne répondit rien, les yeux toujours rivés sur le verre qui trônait entre eux. « Je comprends plus rien à ce club. C’est vraiment à se tirer une balle, parfois. »

Silence, coupé par le bruyant passage d’un camion, dans la rue, au-dehors, et qui fit trembler les verres sur les étagères du rade. Le patron tourna la tête un instant, puis revint au verre vide sur le comptoir. 

« Vraiment, je comprends pas. Un coup y gagnent parce qu’y sont censés gagner, un coup y perdent, toujours parce qu’y sont censés gagner… » Il marqua une pause. « A croire qu’en fait, le fait qu’on se dise qu’y sont faits pour gagner, c’est ça qui les fait perdre, les gusses. » Un temps, plus long. A l’autre bout du comptoir, une voix sourde énumérait les noms des premiers violons, avant de passer aux violoncelles.

« Non parce que, y a deux ans, là. 4-0 qu’y leur mettent aux Espingouins, là, hein. Et crac, six pions dans la tronche, parce qu’y se sont rendu compte que c’était possible. » Un temps. « Et puis, là, 2-0 chez les autres, là. Hoplà, plié qu’on pense ! Ben non, la dèche jusqu’au bout du bout, et le péno… Et tout ça parce qu’y z’ont cru qu’ils pouvaient le faire. Et ça, j’crois qu’ça leur fait peur, au fond. On s’dit, cette fois c’est la bonne, cette fois c’est la bonne, et ainsi de suite… Et chaque fois, on s’dit encore plus que c’est la bonne. Et chaque fois, y se vautrent encore plus, alors que vraiment, c’est pas pour rien qu’on dit qu’y sont censés gagner, hein. On leur ment pas, on leur dit pas des cracs, y sont vraiment censés gagner. Mais c’est eux, aussi, qui nous montrent qu’y peuvent gagner, qu’y doivent gagner, parce que vraiment, y doivent gagner. »

Georges leva les yeux du verre vide, et rencontra l’oeil blafard de Boris, la mine basse, sans réaction. « Et plus on leur dit qu’y doivent gagner, moins y z’y arrivent. Et tu vois, Boris, tout ça, ça commence par une déculottée contre Messi et compagnie, et ça finit par une défaite en finale de coupe contre le Stade rennais. Le Stade rennais, purée de merde. » Il s’affaissa soudain et posa son menton sur ses bras croisés sur le comptoir. « Et bien malin qui sait jusqu’où ça ira, ce bazar. » 

Le bar fut plongé dans un long et profond silence. Dans un coin, l’ivrogne ronflait toujours doucement, affalé sur sa table. Plus près, le poste de radio émettait quelques bribes parasitées d’un quelconque ballet russe. Le patron restait immobile, à l’image de son rade miteux. Les yeux toujours rivés sur son verre vide, Georges renâcla avant de lâcher d’une voix monocorde, étouffée par la manche de son manteau : 

« Mais ce que je comprends encore moins, c’est mon obsession académique pour les ambiances de bars clandos de merde. » Un temps. Le patron se remit à essuyer le comptoir avec son torchon sale, machinalement. « Laisse tomber, Boris, t’esquinte pas. Ca fait partie du truc. » 

Silence.

 


LA FINALE


 

Comment ça, pas clair ?

 

Hosanna, Némarre est reviendu parmi les siens. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il a envie de montrer qu’il est indispensable. Au four et au moulin en première mi-temps, le convalescent vient chercher les ballons là où ils sont, sans craindre les représailles d’une fébrile équipe brittonne.

Paris-Saint-Germain-en-Laye est au diapason de son meneur de jeu en ce début de mâche, et notamment Dani, l’éternel side-kick, qui semble rajeunir de dix ans dès que son copain Néné est de retour dans les parages : et pan ! la volée sur corner, avec son meilleur copain au service (1-0) ; et vlan ! l’énième récupération au forceps du vieux péroxydé, qui mène à un contre fulgurant de PSGEL et à la passe en profondeur de l’Ange de Marie pour Némarre, plein axe, qui bat le goal d’un magnifique lob (2-0). La doublette brésiliano-mèches blondes marche sur l’adversaire en cette première demi-heure, qui voit les Parisiano-Saint-Germanois prendre un ascendant complet sur la rencontre, enchaînant centres dangereux et face-à-face ratés par Kiki, tandis que les Rennais se montrent fébriles, agacés, impuissants…

Sauf que ça y est, la tornade est passée et ne reviendra plus. Et les Rougénoirs finissent par s’en remettre, avant la pause : d’abord sur un poteau trouvé par l’avant-centre, qui avait mangé Markiki sur ce coup, puis sur un centre tendu du latéral droit, dans la boîte. Et qui c’est qui vient détourner ce ballon dangereux dans son propre but ? C’est Prunelle, évidemment, roi de la lose jusqu’au bout des pieds (2-1). Un nouveau face-à-face raté de Kiki et une minasse trop enlevée d’Alves plus tard, la pause survient là où on l’attendait, elle au moins.

 

Les grands esprits, tout ça tout ça.

 

Après quelques minutes de flottement en seconde période, les Rénés prennent l’ascendant sur une équipe parisiano-saint-germanoise de plus en plus dépassée par sa propre lose. Sur un corner à l’heure de jeu, c’est l’égalisation d’un coup de tête rageur, sans trop d’opposition (2-2). PSGEL, à court d’idées, s’en remet presque exclusivement à la spéciale « ouverture de Némarre à droite pour le centre de Dani en espérant que Némarre aura le temps d’être aussi à la réception parce que personne d’autre ne se présente ». Le pire, c’est que ça marche, même si la finition n’est pas au rendez-vous. 

On en arrive aux prolongations, marquées par la possession stérile de PSGEL, un poteau de Kiki, et la montée en tension du mâche, qui voit Némarre prendre coup sur coup et voler de plus en plus haut, et Kiki s’exciter tout seul jusqu’à coller un beau pied haut bien dégueulasse sur le tibia d’un défenseur, rouge direct, logique.

Et voilà qu’arrive la séance des tirs au but avec, s’approchant à l’horizon, l’ultralose de Paris-Saint-Germain-en-Laye, à l’identité d’abord floue, et qui prend soudain les traits de Chris Ncoucou pour venir catapulter la coupe Charles-Simon loin, très loin au-dessus des espérances mi-molles de PSGEL. A l’année prochaine, ma jolie. Avec Thomas pour déprimer encore un peu avec nous, espérons-le.

 

Pour le plaisir.

 


LE SOVIET DE LA LOSE


 

Sainte-Aréole (2/5) : J’voudrais pas t’en demander trop, hein, mais c’est quand tu veux pour nous sortir la parade du siècle.

Colin Drogba (3/5) : Franchement, pas mieux.

(Remplacé à la 106e par la Mousse, lui-même remplacé pour réorganisation tactique à la 120e par Ncoucou, entré pour la sortir (… Hein ? Mais vous avez vraiment l’esprit mal placé, vous alors))

 

United colors of têtes de cons.

 

Markiki (2/5) : Pas le plus à blâmer, mais c’est aussi le rôle du capiston de prendre pour les autres. Et puis ça se fait pas de se faire manger par Mbaye Niang comme ça, dis donc. 

Prunelle de Quimperlé (1/5) : C’est plus une mauvaise passe qu’il traverse, c’est un vrai tunnel de merde chiasseuse. 

Dani la lèche (3+/5) : Retour de l’être aimé, guérison de l’impuissance… Faudra me donner le numéro de son marabout. 

Marcoco (3/5) : Imperator de l’entrejeu. 

Juju la Drax (2/5) : Toujours disponible, rarement utile.

(Remplacé à la 91e par le guérillero Eddy, la tête ailleurs)

Jean Bernard (1+/5) : Ben ouais mais bon, bof.

Ange de Marie (1+/5) : Le plus, c’est pour sa passe dé lumineuse sur le deuxième but. Le 1, c’est pour la sombre merde qu’il nous a servie pour le reste du mâche. 

(Remplacé à la 75e par Léandre, pas bien dégourdi)

Némarre (3/5) : Maître à jouer, spécialiste ès vols planés sur tacles de rustres provinciaux.

Kiki Mbappette (1/5) : Allez, dis-toi que c’est bon pour ta gueule.

 

Bien à vous,

Georges Trottais

(N’oubliez pas les gras boutons ci-dessous, et bonne fête du non-travail à tous mes fanzouzs au chomedu (profitez de votre temps libre pour sortir et discuter avec nos sympathiques forces de l’ordre))

 

 

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