Strasbourg-OM (1-1), La Canebière Académie achève sa monstrueuse parade

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Freak show.

Aïoli les sapiens,

Quand il ne se ressource pas dans les sectes de la garrigue aixoise (voir notre épisode précédent), Jacques-Henri Eyraud dirige une entreprise de divertissement. Faire entrer de plain-pied le football marseillais dans l’entertainment, faire de l’OM ce spectacle à la fois grandiose et familial, héritier de Disney lui-même héritier des cirques géants du siècle passé. Insuffler la disruption dans la tradition, et que partout s’écarquillent les yeux au passage de la caravane bleu-et-blanc, que le moindre geste, le moindre sourire de nos artistes soit sans délai numérisé, uploadé, forwardé, expédié à travers la planète à la vitesse de la lumière. Jacques-Henri se rêve en Barnum du nouveau monde.

Il se rêve en Barnum du nouveau monde comme un patron de cirque déchu, seul dans sa caravane, continue à se bercer d’illusions pour éviter de regarder le revolver posé à côté de sa main droite, sur la pile des relances d’huissier. Alors que la saison des spectacles n’en finit plus de finir, la troupe s’est échouée sur la zone artisanale d’un village vauclusien, n’attendant plus que la saison des pêches pour enfin s’éparpiller dans les vergers gagner de quoi survivre. Le chapiteau est hors d’âge. Les panthères édentées n’attendent plus que l’euthanasie, un jongleur s’est éborgné avec une massue et le funambule a attrapé la phobie du vide. Les camions pissent l’huile, n’en pouvant plus de traîner l’attelage minable à travers des départementales mal entretenues. Pendant que l’écuyère ne pense qu’à se casser à la ville, les spectateurs ne viennent plus que pour les clowns tombés dans l’alcoolisme. Si les pitres font encore sortir les villageois de leurs lotissements, ce n’est plus grâce à leur numéros. Ce sont juste eux, eux et leur déchéance que l’on vient voir, que l’on vient moquer. Depuis longtemps le rire a cessé d’être enfantin ni complice. Il a laissé place à ce sarcasme malsain que l’on éructe en contemplant la décrépitude, simplement pour se rassurer à l’idée qu’il existe plus vil que soi.

Dans les contes, l’amour et la grandeur d’âme peuvent se révéler au tréfonds des pires bêtes de foire, mais là non, tout est pourri. Même la femme à barbe est une salope.

Ruminons, foi de dromadaire, ruminons en attendant que l’année se passe puisque, à part mettre le feu au cirque, c’est la seule chose qui reste à faire.

L’équipe

Mandanda
Sakai – Rami (Amavi, 79e) – Caleta-Car – Kamara – Ocampos
Lopez – Strootman (Njie, 85e) – Luiz Gustavo
Germain – Balotelli (Payet, 79e)

Rudi Garcia (dehors) prend conscience de la nécessité de briser la routine mortifère de ces dernières semaines. Il (dehors) ressort à cet effet ce 352 évoquant les heures les plus sombres de Rolando et Luiz Gustavo en défense centrale, et de « ah-enfin-Germain-et-Mitroglou-sont-associés-ensemble-on-va-voir-ce-qu’on-va-voir ». Les hommes ont changé mais l’ensemble conserve son allure d’expédient de court terme. Ocampos en latéral fera-t-il une Alessandrini (sorti en plein naufrage après 25 minutes de jeu) ? Ce schéma-surprise est-il le meilleur moyen pour que Strootman retrouve la confiance ? Le manque de rythme d’Adil Rami ne nous jouera-t-il pas des tours à un moment ou un autre (ok, la réponse était facile à deviner, sur celle-ci) ?Tant qu’à y aller à fond dans la déconne, est-ce qu’on n’aurait pas pu mettre Radonjic à la place de Sakai et Njie à la place de Germain, juste pour rendre la soirée plus mémorable encore ?

On pourrait se plaire à imaginer Rudi Garcia (dehors) en Néron jouant de la lyre pendant que sa ville brûle, si ce n’était là lui (dehors) prêter une grandeur imméritée. Christophe Castaner jouant du galoubet, à la rigueur…

Le match

Soyons juste, le système tient le coup bien mieux que ce que l’on pouvait redouter, d’autant que des Strasbourgeois en vacances anticipées ne semblent pas décidés à nous infliger une branlée. De leur côté, les Olympiens semblent placer toute leur attention sur la solidité du blocquéquipe. L’objectif eût été louable en début de saison, mais s’avère largement insuffisant dès lors qu’il s’agit d’arracher les 12 points restants avec les tripes, les dents, les couilles, enfin avec tout ce qu’on veut pourvu qu’on gagne, bordel.

Retenons en tout et pour tout un joli mouvement, né d’une récupération de Balotelli et finissant par un tir de Luiz Gustavo, lancé par Germain mais perdant son face-à-face avec le gardien. Mais bon, si l’ambition était d’assurer la qualification pour la coupe Intertoto, oui, nous pourrions parler d’une première période satisfaisante.

Une éclaircie en forme d’œil du cyclone survient juste après la reprise, quand non seulement l’OM marque, mais inscrit de surcroît ce but au terme d’un excellent mouvement collectif. Balotelli, encore lui, récupère la balle et se rue à l’avant. Luiz Gustavo le retrouve d’une belle passe longue, que Mario remet instantanément à Sakai monté au cœur de l’attaque. Hiroki décale Germain, qui conclut d’un bel enroulé sans contrôle depuis l’entrée de la surface (0-1, 48e).

La satisfaction de l’instant ne suffit pas à dissiper le léger agacement qui s’ensuit : puisqu’ils sont capables de produire ce genre d’action, pourquoi nos joueurs ne montrent-ils pas plus d’allant offensif, bordel de cul ? Certes, notre but manque de peu d’être suivi d’un second, quand Caleta-Car reprend sur le poteau un service de Germain sur corner. Toujours est-il que, hormis cette embellie de deux minutes, l’OM retombe dans son rythme pépère en se contentant de gérer l’absence d’assaut adverse.

Les Strasbourgeois ne s’affolent pas d’être menés au score, parce qu’ils semblent d’une part n’en avoir rien à battre, et d’autre part car ils savent très bien que des tartines aléatoirement balancées devant suffiront tôt ou tard à mettre notre défense en difficulté. Sur l’un de ces longs ballons, Adil Rami est rattrapé par son âge et par Ajorque, qui résiste à la charge de notre défenseur et se présente dans la surface. De guerre lasse, Adil met un terme à l’action en savatant l’attaquant de la même manière qu’un CRS résout la contestation, d’un coup de matraque dans le cul en espérant que ça passe crème. Évidemment, ça ne passe pas, mais alors pas du tout : sans même le besoin de recourir à la vidéo, M. Miguelgorry inflige à Adil un avertissement assorti d’un pénalty.

La suite de la séquence est d’une analité remarquable, entre nos défenseurs persuadés que de toute façon Steve n’arrêtera plus jamais un pénalty de sa vie, et des Strasbourgeois ronchons à l’idée d’être ainsi tirés de leur sieste. S’ensuit un tir de Martin renvoyé par Mandanda, repris d’une tête piteuse que Steve, toujours au sol, repousse encore, avant que Lala ne conclue enfin sans que nos joueurs n’aient réagi le moins du monde (1-1, 65e).

Les Olympiens semblent alors vaguement effleurés par l’idée qu’une qualification européenne soit à ce moment précis en train de leur échapper. Ils intensifient leur pression en conséquence, doucement le matin et pas trop vite le soir. Luiz Gustavo et Ocampos se procurent quelques vagues situations de frappe, tandis que Payet et Amavi n’entrent que pour offrir à la ligue 1 le coup-franc le plus ridicule de son histoire, depuis la faute du gardien jusqu’à son exécution. Même Mandanda passe près de dilapider le crédit reconquis après son pénalty arrêté en vain, lorsqu’il rate totalement sa sortie aux 16 mètres. Fort heureusement, Thomasson était bien décidé à économiser toute son énergie pour l’apéro-barbecue d’après-match, et ne lève pas suffisamment son ballon pour lober Kamara revenu couvrir le but in extremis.

Finalement, leurs obligations accomplies avec une absence d’entrain palpable, les Strasbourgeois rentrent au vestiaire récompensés d’avoir suivi la maxime de Monsieur Mégot : « Le sportif intelligent évite l’effort inutile ». On pourrait d’ailleurs en dire autant des Marseillais, à ceci près que ce match disputé comme une aimable partie de campagne plante sans doute le dernier clou dans le cercueil de nos espoirs.

Les joueurs

Mandanda (3+/5) : Fait amusant : aucun défenseur n’était prêt à ce que tu repousses le pénalty ; en revanche, quand tu es sorti de la surface dans le temps additionnel, ils étaient tous repliés dans le but en 1/10 de seconde. Je crois que l’on peut ici parler de réputation.

Sakai (3+/5) : Passeur décisif pour Valère Germain, tellement peu habitué à se trouver dans cette position qu’il aurait tout aussi bien pu lui tendre un bidon d’eau à la place du ballon. En s’excusant, Hiroki est vite retourné à sa condition d’équipier modèle sans plus jamais passer une narine à l’avant du peloton.

Rami (1/5) : Époux de la seule satisfaction marseillaise de la saison.

Amavi (79e) : Comme d’habitude, entré pour se faire moquer de lui à cause de ce coup-franc ridicule alors qu’il est surtout victime de la passe infâme de Payet. Puisque c’est ça, la prochaine fois il fera comme tout le monde, il ne tentera rien, tiens…

Kamara (3/5) : Une ligne Maginot : il n’a pas cédé, mais il n’a pas eu non plus à beaucoup combattre.

Caleta-Car (3/5) : Dans un match similaire à celui de son camarade, il s’illustre par deux réflexes : celui qu’il a eu pour reprendre le corner sur le poteau, hélas, et celui qu’il n’a pas eu pour dégager le ballon après le pénalty deux fois repoussé, hélas derechef.

Ocampos (2/5) : Son placement inédit nous préparait au meilleur comme au pire, et finalement Lucas s’est trouvé proprement éteint par sa fonction de latéral gauche. La Ruditaline, le nouveau remède miracle contre l’hyperactivité.

Strootman (3/5) : Assure son rôle de sentinelle renfrognée, prenant régulièrement des ballons aux Strasbourgeois en leur disant « grunt ». Ce qui en néerlandais signifie approximativement : « vous inquiétez pas les mecs, moi aussi ça me fait chier d’être là. »

Njie (85e) : Le Septèmes-les-Vallons de nos contre-attaques : t’es sur l’autoroute, tout roule et puis t’arrives à un endroit et là ça bloque.

Luiz Gustavo (4-/5) : Une grosse présence sur le terrain,qui en plus de son travail à la récupération l’amène à régulièrement se porter aux avant-postes. Il y fut desservi par une finition clintonjiesque ce soir. À ce propos, puisque l’objectif de Rudi Garcia (dehors) semble être de troller ses conférences de presse jusqu’à se faire licencier, je lui (dehors) suggère de tenter : « Vous voyez que j’ai bien fait de le faire jouer en défense une moitié de la saison, vu les occasions qu’il nous rate. » Succès garanti.

Lopez (2/5) : Je vais vous faire une confession : exceptionnellement, puisque j’avais bu pendant le match, j’ai vérifié sur des sources extérieures si l’absolue invisibilité de Maxime ne résultait pas d’une confusion éthylique de ma part. Bonne nouvelle pour mon moral et mauvaise pour mon foie : Maxime a en effet été très discret et l’alcool n’a en rien altéré mon jugement, ce qui m’autorise donc à encore picoler pendant les matchs.

Germain (4/5) : Une activité indéniable qui tranchait avec l’apathie générale. Ceci dit, avec sa tronche de centriste, ce n’est pas étonnant qu’il soit l’un des derniers à croire encore au projet européen.

Balotelli (2+/5) : Impliqué sur les deux principales actions olympiennes, même si pour un buteur je trouve qu’il a un peu trop joué en repli et en remises… en un mot comme en cent, il a été ce soir le Valère Germain de Valère Germain.

Payet (79e) : https://www.youtube.com/watch?v=lH9e_ddKtlw

L’invité zoologique : Kenny Lama

Ce n’est pas que le lama soit paresseux, mais en revanche il est entêté : quand il n’a pas envie de bouger, il ne bougera pas, point. Et que celui qui vient le titiller prenne bien garde : quand lama contrarier, lama te cracher à la gueule. Voici donc les observations de notre cousin camélidé :

– Les autres : Contrairement à Bordeaux ou au PSG qui considèrent leur saison terminée une fois qu’ils ont battu l’OM, Strasbourg était en vacances avant même de nous recevoir. Une mollesse ahurissante qui ne les a pas empêché de nous coller leur claque sur les fesses, comme tout le monde, et je ne vois pas pourquoi vous vous priveriez c’est la maison qui offre.

Le classement : Avant même leurs rencontres de ce dimanche 5 mai (toujours cette légendaire élégance de la LFP), Lyon et Saint-Étienne paraissent désormais inaccessibles. Nous voici réduits, lors de la prochaine journée, à devoir battre notre ennemi d’aujourd’hui en envoyant notre ennemi d’hier sur le podium. Le camarade Jacques-Henri (dehors aussi) nous le confirmera, mais je ne suis pas certain que l’objectif du Projet® était défini comme tel, à la base.

– Les décisions : La Provence annonce pour ce dimanche « des décisions radicales » de Frank McCourt d’ici au 25 mai. En espérant que la Boston Tisane Party ne soit pas un vain mot.

– Les boutons : lecteur, tu remarqueras quelques lignes ci-dessous de nouveaux et beaux boutons intitulés respectivement « faire un don » et « rejoins-nous ».Tu es cordialement invité à cliquer dessus.

– Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, et sur Twitter. Florent Llrns remporte le concours zoologique.


Bises massilianales,

Blaah.

4 thoughts on “Strasbourg-OM (1-1), La Canebière Académie achève sa monstrueuse parade

  1. Je plussoie la référence a Monsieur Mégot.

    PS , boire devant le match et un facteur de non AVC.

    Bien a vous.

    Blon

  2. je suis supporteur strasbourgeois, ton article est relayé sur un site de supporteurs.. Quel pied de commencer sa journée comme ça! C’est du génie absolu!!! Je suis ultra fan; Bravo pour cette plume, quelle kiff. Le commentaire sur Rami ( que j’aime vraiment bien comme gars..moins comme footballeur et sur Germain , c’est énorme… Sur notre prestation ridicule aussi d’ailleurs… Le paradoxe, en passant, c’est qu’on a grave réussi notre saison, qu’on crie sur tous le stoits qu’on va juste se faire plaisir et faire plaisir à notre public… et on produit le pire football depuis des lustres sur les derniers matchs…)

    Passons, Je vais te suivre, bordel!!

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