Malgré un recours immodéré au Baygon arbitral, les lyonnais n’arriveront pas de sitôt à se débarrasser de morpions particulièrement tenaces nommés Olympiens.

Aioli les sapiens,

Après avoir occis jeudi ce vilain taureau qui prétendait kidnapper l’Europe, nos héros se voient assigner des tâches domestiques nettement moins romantiques mais tout aussi essentielles. Tout super-héros qu’il soit, même Superman doit parfois profiter du week-end pour déboucher le lavabo : une mission tout sauf ragoûtante dont l’équivalent footballistique est, donc, le déplacement à Troyes.

Faute d’enthousiasme ou de fraîcheur, c’est armés d’un solide sens du devoir et d’un Clinton Njie en guise de ventouse à chiottes que nous entreprenons de purger la Ligue 1 des menus résidus nous empêchant d’accéder au podium. L’affaire ne fut ni simple ni flamboyante, mais, à force de nous débattre dans la fange, nos guerriers du quotidien ont fini par s’en extraire avec une volonté qui force le respect.

 

L’équipe

Pelé

Sakai – Rami – Luiz Gustavo – Amavi

Zambo Anguissa – Sanson (Lopez, 71e)

Thauvin PayetNjie (Mitroglou, 69e)

Germain (Abdennour, 86e)

Aux blessés de longue date Mandanda et Rolando s’ajoutent désormais Kamara et Sarr, tombés sur le champ européen ; Ocampos est par ailleurs suspendu. Compte tenu de ces contraintes, Rudi Garcia aligne une équipe conciliant performance, inclusion de joueurs frais, et maintien d’Abdennour et Sertic sur le banc parce qu’il ne faut quand même pas déconner.

 

Le match

Toujours occupés à se rouler des pelles depuis jeudi, Rami et Sakai ne s’aperçoivent pas que le match a débuté, depuis 30 secondes et se font facilement disperser. A la réception du centre Troyen, Grandsir domine Amavi pour placer une tête pleine lucarne (1-0, 1re).

Nous sommes bien d’accord, encaisser un but précoce en quart de finale retour de Ligue Europa ajoute à la dramaturgie du moment. En revanche, en déplacement dans la capitale de l’andouillette contre le dix-huitième du classement, une telle entame n’est pas du tout dantesque, elle est ridicule.

Le talent respectif des deux équipes étant ce qu’il est, l’OM sort à peine sa main du slip pour se porter à l’attaque. Sanson récupère et Payet obtient un coup-franc : alors que tout le monde attend la frappe ou le ballon lobé, Dimitri adresse une passe subtile à Njie, qui prend à revers la défense mention au petit coup de vice de Morgan sur le défenseur au passage et égalise d’un intérieur croisé, poteau rentrant (1-1, 10e).

Excepté Dimitri Payet qui distribue les ouvertures aux attaquants comme Macron distribue les cadeaux aux riches, la domination olympienne ne se matérialise guère par du beau jeu. En termes d’occasions, nous retiendrons simplement une tête de Germain sur le gardien après un centre de Thauvin, et une belle lourde d’Amavi claquée sans trop de difficulté par ce même Zelazny.

L’égalisation rapide de l’OM aurait-elle instillé dans l’esprit de nos joueurs la dangereuse impression que tout peut s’accomplir sans forcer ? En joueur d’expérience, Luiz Gustavo sait comment éviter à ses coéquipiers de tomber dans la facilité : d’une passe suicidaire, il met Amavi dans une difficulté que sa réaction de vier marin n’aide aucunement à résoudre. Seul face à Pelé, Grandsir échoue, mais Nivet suit et prend tout son temps pour marquer (2-1, 48e). Voici comment, grâce à l’astuce de notre Brésilien, l’OM doit désormais cravacher et se prévient de tout risque de relâchement.

L’OM repart donc avec les meilleures intentions et, après un coup-franc excentré de Payet boxé par le gardien, Amavi adresse un long ballon à Thauvin. Florian aurait sans doute pu défier le gardien, sans cette rencontre fortuite avec une moissonneuse-batteuse en pleine surface de réparation ces terres rurales sont définitivement pleines de surprises. Devant l’incongruité de la situation, l’arbitre fait appel, comme la semaine dernière, à la VAR (Voice of Aulas Refree), dont le verdict est étonnant : papéno.

Si la captation vidéo laisse entendre les paroles anodines adressées par Rudi Garcia au quatrième arbitre, nous savons ce qu’il en est de l’intemporelle fragilité des témoignages humains. A quoi se joue un destin… un souffle du vent, une goutte de rosée le long des saules pleureurs, même la voix des esprits se convoque de l’au-delà pour tourmenter oeil et oreille, jusqu’à déposséder l’humain de son fantasme de réalité. Oui, c’est bien un film de Kurosawa qui se joue devant les micros, et là où certains entendent notre entraîneur dire : « expliquez-moi pourquoi vous lui dites pas ce que vous avez vu », Sébastien Moreira perçoit : « allez dire à votre con de chauve de lécher les glaires de sa pute de mère, ça le rendra utile à quelque chose ». Qui a raison ? Qui a tort ? La vérité existe-t-elle seulement ? Bref, Rudi Garcia est prié de prendre un siège en tribune, si tant est que l’arbitrage de cette action lui laisse encore la faculté de s’asseoir.

Certes, cette péripétie nous laisse encore 40 bonnes minutes pour égaliser. Néanmoins, les événements contraires vécus dans ce match semblent avoir raison d’une énergie déjà sévèrement entamée il y a trois jours. Alors que la construction collective s’épuise au profit d’actions sporadiques, Troyes nous met en grand danger sur un ballon en profondeur. Pelé sort à toute vitesse pour contrer l’attaquant : dans la surface ? Hors de la surface ? La question ne se pose guère, puisque Yohann n’a pas touché le ballon de la main. Cela n’empêche pas Jean-Louis Garcia d’arguer du contraire, avec une véhémence qui conduit M. Moreira à exclure derechef l’entraîneur troyen. A dix minutes d’intervalle, les deux homonymes sont ainsi renvoyés du terrain avec une sévérité qui interroge : l’arbitre a-t-il été mordu par un Garcia dans sa jeunesse ? Pour tout dire, j’ai même évité de regarder Zorro avec mes filles le soir de peur qu’il n’apparaisse à la télé pour expulser le sergent.

Hormis par quelques tirs plus ou moins (mais souvent plus) risibles de Zambo Anguissa, l’OM peine à exploiter l’analité défensive adverse. Traumatisé d’avoir effectué son premier bon choix depuis l’automne dernier, Njie est enfin sorti au profit de Mitroglou, tandis que Lopez remplace Sanson. Troyes profite de nos flottements pour ébaucher quelques attaques, mais l’une d’entre elles est proprement finie à la pisse, ce qui autorise un contre. Payet rate son contrôle mais presse et bénéficie d’un contre favorable qui nous offre un net surnombre. Il décale Mitroglou qui se recentre et ajuste le gardien, sereinement, comme un avant-centre en pleine confiance (2-2, 75e).

Au chapitre des résurrections, signalons l’arrêt décisif de Pelé juste après l’égalisation, devant un Grandsir qui venait faire subir à Luiz Gustavo et Amavi un viol défensif en bonne et due forme (rappel des conditions générales de vente de la présente académie : l’usage du mot « viol » est ici une métaphore dont le sens figuré ne fait aucun doute ; l’auteur n’a nullement insinué que l’intégrité des orifices de MM. Gustavo Dias et Amavi pût être remise en cause ; l’auteur ne souhaite en aucun cas banaliser la culture du viol et rappelle aux lecteurs qu’il n’est pas convenable de violer des gens).

L’OM pousse mais, à défaut d’arracher le résultat, Valère Germain nous fait nous arracher les cheveux de la tête d’une zambofrappe remarquablement mal cadrée. C’est alors que Luiz Gustavo passe à la dernière partie de son plan : après avoir multiplié les bourdes pour garder son équipe en alerte, il sait qu’à cinq minutes de la fin le moment est venu pour porter l’estocade. Il percute, donc, et trouve un Jordan Amavi décidément très complice ce soir : le dribble puis le centre de notre latéral sont parfaits, et conclus d’une sublime manière par une volée de Thauvin (2-3, 85e).

Malgré tout, prendre l’avantage si tard n’était pas une garantie de finir le slip immaculé. Nous n’irons pas jusqu’à dire que l’entrée d’Abdennour nourrit la panique, du moins n’a-t-elle pas fait grand chose pour l’atténuer. Rami concède ainsi un ultime corner en prenant le ballon dans la poire. L’arbitre ne prend pas la peine de vérifier l’état de santé d’Adil les gens qui ne s’appellent pas Garcia ne l’intéressent pas. Aussi le corner est-il joué dans une défense désorganisée, aboutissant à une tête de Niane difficilement sauvée par Luiz Gustavo. Seul aux six-mètres, un Troyen catapulte le ballon en tribune et son club en Ligue 2 : victoire au slipomètre pour les nôtres.

 

Les joueurs

Pelé (4/5) : Plus intense que la lutte entre les zadistes et la loi de la République, la lutte qui se joue depuis deux semaines entre le cul de notre gardien et la loi de la gravitation. Yohann a remporté aujourd’hui une victoire décisive dans ce combat, comme un symbole (en tout cas on l’espère).

Sakai (3-/5) : Victime pendant la première minute du syndrome de Paris, cette souffrance psychologique qui affecte les touristes japonais confrontés au décalage entre leur imaginaire de la France et la violente réalité qu’ils en découvrent. Ainsi, dans Espérance Troyes Aube Champagne, les Asiatiques ont le tort de retenir « champagne », alors que le mot qui devrait les alarmer c’est « Troyes ».

Rami (3-/5) : A continué à niquer la science, et un peu aussi le gardien adverse sur une charge de brute. Une sorte d’aimable décrassage, quoi.

Luiz Gustavo (1+/5) : De Marseille à Janeiro, mais sans jamais plus passer par Troyes, donc.

Amavi (2/5) : Le Jacques Toubon du match : il n’a le plus souvent fait que de la merde, mais comme il termine par quelque chose de très bien on finit par en rester sur une bonne impression.

Zambo Anguissa (1+/5) : Encore un de ces jours où on ne sait pas s’il essaie de contrôler un ballon ou de pêcher une anguille. Il dispute malgré tout la partie entière et, plus étonnant encore, le club en sort sans aucun préjudice. Ne venez pas me dire que le surnaturel n’est pour rien là-dedans.

Sanson (3-/5) : Aux antipodes du dantesque ; un match marclévisque.

Lopez (71e, 3/5) : Une entrée qui redonne un relatif coup de frais à notre jeu.

Thauvin (3+/5) : A l’image du fêtard, partant en vrille dès le milieu de soirée mais qui garde la présence d’esprit d’aller vomir avant de se coucher : Florian a su, après de longues minutes d’impuissance et de mauvais choix, rassembler ce qui lui restait de lucidité pour finir d’une volée parfaite.

Payet (4/5) : Pour avoir le droit de passer des pieds de Zambo Anguissa à ceux de Payet, le ballon a dû monter un dossier à l’Ofpra.

Njie (2/5) : Conclut dès la dixième minute une combinaison subtile d’une frappe hyper-précise. Ne fait plus rien ensuite, afin de vous laisser le temps de relire plusieurs fois cette phrase.

Mitroglou (69e, 4/5) : Un but impressionnant de sang-froid : un attaquant qui tout au long de l’action sait ce qu’il va faire, sait qu’il va le réussir, et le réussit, c’est une denrée rare.

Germain (1/5) : Signe que le poste d’avant-centre doit certainement être soumis aux vases communicants, tout le stock de confiance en soi disponible à la Commanderie a échu à son coéquipier grec. L’optimiste saluera la capacité de nos attaquants (oui, même Njie) à pallier mutuellement leurs baisses de forme au long de la saison, le pessimiste désespérera de les voir un jour performants tous ensemble.

Abdennour (86e) : Plus efficace qu’un point-presse de François Molins pour nous expliquer quand il faut avoir peur.

 

L’invité zoologique : Benjamin Civette

La civette est avant tout connue pour être la pièce maîtresse d’un procédé gastronomique incroyable : la fermentation par l’anus. Friand de grains de café, l’animal les digère partiellement, de sorte que l’agriculteur peut récupérer dans ses excréments les grains déjà fermentés, et à qui il ne manquera plus que la torréfaction adéquate pour devenir un produit de luxe. Bien évidemment, ce miracle de la nature a été récupéré par l’agriculture intensive, qui voit des milliers de civettes parquées en cages surpeuplées, où elles sont forcées à bouffer et chier du café en quantité industrielle. La civette est donc bien l’invité approprié pour évoquer avec moi ce match, contre une équipe que nous avons abondamment nourrie en buts sans pour autant lui vouloir du bien.

– Les autres : Quels gros naïfs.

– Les images : Elles dureront moins longtemps que celles d’OM-Leipzig, autant donc les partager une dernière fois.

– Le moment MTVMG : Notre désormais traditionnelle rubrique : aujourd’hui, c’est donc à la 52e minute que l’arbitre s’est dirigé vers la touche pour déclarer « maintenant taisez-vous Monsieur Garcia ». M. Moreira a d’ailleurs accompli à cette occasion un geste technique rarissime, le double-MTVMG-avec-double-envoi-des-Garcia-en-tribune : moins spectaculaire que le tacle de Tony Chapron mais tout aussi révélateur de la capacité des arbitres français à se réinventer sans cesse.

– Le classement : Nous restons accrochés au scrotum des lyonnais, à quasi-égalité et revenant à quatre points de Monégasques dont on pourrait finir par espérer quelque chose si le traumatisme subi ce dimanche devait laisser des traces.

– Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, et sur Twitter. Bos Dast remporte le concours zoologique.

Bises massilianales,

Blaah.

4 thoughts on “Troyes-OM (2-3), La Canebière académie est tenace

  1. excellente académie !
    Finalement, la moins bonne académie de l’année, jusqu’à présent, était celle sur le match retour de Leipzig. Comme quoi, les plus belles fleurs ne naissent que sur le purin.

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