Kansas City – Montréal (7-1) : L’Impact Académie livre ses notes

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Outch.

Week-end légendaire pour l’Impact de Montréal, qui a réussi l’exploit de s’humilier sur et en dehors du terrain. Marquons l’histoire.

On a tous une petite angoisse lors d’un voyage à Kansas City. Ce n’est quand même pas tous les jours, en MLS, qu’on a l’occasion de croiser la route d’une équipe de football. Et ça fait encore plus bizarre après avoir croisé Orlando. Alors, on peut bien se parer de courage, bomber le torse et se dire que tout ira bien, on n’est jamais à l’abri du dérapage.

Bien sûr, personne ne dit réellement non, ou alors à demi-mot, à un lubrique mais délicat doigt dans le fion. À l’occasion, où est le mal ? Mais il faut toujours savoir rester en contrôle : un doigt, ça va, c’est quand il y en a beaucoup qu’il peut y avoir un problème.

Harry Novillo, l’homme nouveau

Nous sommes le vendredi mars 2019. Il est 14 h 15 et Harry, jeune et fringant footballeur professionnel, vient de se réveiller. Il faut dire que Harry est plutôt matinal ces derniers jours. En effet, après plusieurs années d’errements dans des clubs aux quatre coins de la planète, il se sent enfin chez lui. Bien qu’il ne soit à Montréal que depuis quelques semaines, Harry le sait, Harry le sent : cette année sera la sienne. Confiant, il avait d’ailleurs quelques jours auparavant alerté tous ses amis Facebook en publiant le statut suivant : « Cet saison, jvé tt ken, vs êtes pa prêt. » Une phrase qu’il avait conclue par des émoji « biceps » et « poing serré ».

Ce vendredi, assis dans son canapé les pieds posés sur la table basse, Harry est doublement heureux. D’une part, il se régale des Coco Pops de Kellog’s que sa maman a pris soin de lui envoyer depuis la France par palettes entières. Bon, elle aurait pu penser au lait, se dit Harry mâchant ses céréales un peu sèches, tout en étant ravi de pouvoir enfin savourer son premier petit déjeuner depuis son arrivée au Québec. D’autre part, et surtout, Harry sent son heure arriver. Après des petits pépins physiques, notamment car il doit se raser seul le matin, il est prêt à taquiner le cuir. D’autant que l’absence de certains de ses coéquipiers lui ouvre la porte d’une titularisation, voire les clés du secteur offensif. Oui, on n’ouvre pas des clés, mais vous voyez bien le del’.

Born again

Terminant le contenu de son bol jetable, dont il se débarrasse immédiatement dans le vide-ordures, il se voit déjà volant au-dessus des Etats-Unis, puis de la pelouse de Kansas City, virevoltant entre les défenseurs. En plus, le plan comm’ est parfait. Harry vient en effet tout juste d’accorder un long entretien-confession à une radio locale. Son discours a ému. Il y a fait son autocritique, répétant qu’il avait « pris du plomb dans la tête ». « J’ai la maturité aujourd’hui pour savoir qu’à 18 ans j’étais un petit con », lâche-t-il.

Harry en est convaincu, il n’a fait que dire la vérité à ce journaliste. « J’ai 27 ans ! Va falloir arrêter de me prendre pour un branle-bite ! », s’emporte-t-il face à son reflet dans le miroir de la salle de bain, sourcils froncés et regard de tueur à gages. Finie l’époque où il oubliait l’heure du rendez-vous pour la mise au vert d’avant match. Terminée celle où on l’avait affublé du sobriquet de Super Mario car il n’arrivait jamais à enfiler correctement sa chasuble. Harry se remémore tous ses errements passés en s’habillant tout seul des vêtements pliés-repassés fraichement déposés sur son lit par la femme de ménage.

Angoisse, fausse angoisse

Harry est maintenant presque prêt. Il sait qu’il a rendez-vous dans une heure à l’aéroport pour s’envoler vers Kansas City avec son équipe. Il ne s’en rappelle pas parce qu’il est un homme différent, non ça c’est ce qu’il croit. C’est grâce au concierge qui vient de lui signaler par l’interphone que son taxi l’attendait. Alors que son aide à domicile lui lace ses chaussures, Harry sourit en voyant le nom qui s’affiche sur son téléphone. C’est Rémi Garde qui l’appelle et Harry sait pourquoi.

« Allô, Harry ? C’est Rémi Garde, je t’appelle pour te rappeler qu…
– Que nous avons rendez-vous dans une heure ? Oui coach, je m’apprête à partir pour l’aéroport ! », répond fièrement le jeune homme. Pensant pour lui : « Et hop ! Comment je l’ai mouché ! Ahah, le nouveau Harry va tout ken ! »
« – Parfait, répond Rémi Garde. Je suis content de voir que tu as enfin pris les choses en mains !
– Je vous l’ai dit coach, vous n’êtes pas prêt, s’enorgueillit Harry. Et ça commence dès demain à KC ! Vous allez voir ce que vous allez voir !
– J’ai hâte que tu me prouves que j’ai eu raison de te faire confiance ! Alors à tout à l’heure, Harry !
– Merci coach ! À tout à l’heure !
– Ah Harry, se reprend l’entraîneur de l’Impact, une dernière chose : inutile de te le dire, mais n’oublie pas ton passeport. »

Harry sursaute. « Oh putain, j’ai failli oublier », se dit-il. Évacuant cette petite frayeur, il s’efforce de répondre le plus normalement du monde, tout en ouvrant le tiroir dans lequel il range le précieux document : « Ah ah ah, mais bien sûr que non co… » Les mots de Harry se perdent dans sa gorge. Le tiroir est vide. 
« Oui Harry ? », questionne Rémi Garde.

« Harry ? »

« Tu as bien ton passeport, Harry ?

« Harry ? »


« Je vous rappelle, coach ».

La fête à la saucisse

Quel enfer, les amis. Quel troublant « retour à la réalité », comme j’ai pu fort justement le lire sur les réseaux sociaux. La réalité, c’est rentrer chez soi en toute hâte pour voir l’apocalypse exploser, franchir la porte d’entrée n’importe comment, repousser les responsabilités le temps d’une seconde période et se faire salement escroquer, laisser tomber, hacher menu par une bande de crétins et de charlatans. Si Jésus est mort pour vos péchés, l’Impact de Montréal le fait pour le prix dérisoire d’un abonnement au câble.

Je me rends bien compte que tout ceci peut paraître pathologique, amour et haine entremêlées, bien que je n’aie jamais eu à y penser avant, et je crains que les sous-entendus freudiens ne soient que jeux d’enfants. Mais je ne comprends pas tout ce que cela veut dire. La déculottée ne génère chez moi que frénétique désorientation. Et me voilà impossible de les détester. Pire, ce match a beau me détraquer les neurones, il n’en demeure pas moins indispensable pour entretenir la passion, pour baiser l’ennui sans prévenir, bousculer quelques certitudes formelles. Au fond, la défaite est nécessaire, elle fait partie intégrante d’une passion absurde pour ce sport, d’une persistance purement mécanique. C’est un jalon pour se griller un peu plus la santé, qui vous retourne à ce point l’esprit qu’on peut réellement dire qu’on ne sera plus jamais tout à fait le même.

Branlée expiatoire

Ce n’est pas que la défaite puisse vous détraquer la cervelle, mais plutôt que, si quelque chose doit vous faire grimper aux murs, autant que ce soit une VRAIE branlée expiatoire. Parce que la meilleure branlée est forte, sans appel possible, en apnée. La branlée guide, elle nettoie, elle traverse le temps bien mieux qu’une petite victoire, car elle est la vie même.

Au moment d’écrire ces lignes, les mots ont manqué, la volonté autant. Pourquoi s’emmerder à mobiliser sa prose, aussi approximative soit-elle, pour analyser le néant ? Cette chronique sera donc, une fois n’est pas coutume, d’utilité publique, avec un nouveau concept novateur, imaginé par l’Impact Académie Institute :

Les faits saillants

Boys from Montreal get a Bare Bottom Spanking in Front of Entire Class.

Evan Bush (0/5) : Difficile de marquer des points quand on prend une telle branlée. Pourtant, il arrive qu’un gardien qui se mange 30 tirs dans le match ne prenne que sept pions. Ça n’a pas été le cas pour Evan qui a ramassé le ballon dans ses filets presque autant de fois qu’il a subi de tirs cadrés. Il a même parfois filé un coup de main, d’une sortie dégueulasse dont il a le secret ou d’une erreur de jugement qu’il pourra désormais tenter d’expliquer en français.

Bacary Sagna (0/5) : Bonsoir, ça serait pour une couverture défensive. Comment ça vous n’avez « plus ça en stock » ? Vous n’allez quand même pas demander à l’ailier droit de faire le boulot du latéral, si ? Non mais j’ai bien compris, madame, que le reste des défenseurs jouent le hors-jeu dans leurs six mètres. N’est-ce pas là l’occasion parfaite pour un joueur très expérimenté de dire à ses petits coéquipiers qu’ils font de la merde, plutôt que de faire son petit tas de caca dans son coin ? Hm ?

Victor Cabrera (0/5) : Si Victor était gardien de cimetière, les morts baladeraient tranquillement dans nos rues. Si Victor était déneigeur de trottoirs montréalais, l’industrie de la prothèse de hanche serait en plein essor au Québec. Si Victor était cuisinier, il s’enroulerait de croûte croyant nous présenter la recette de la célèbre daube. Si Victor était torontois, nous l’adorerions. Mais Victor est joueur de football à l’Impact de Montréal.

Rudy Camacho (0/5) : Sur un terrain de football, Rudy (Dehors !) (pardon, un réflexe) Camacho me fait penser à ce à quoi ressemblerait la personne sélectionnée pour pratiquer l’escalier de Penrose. Une forme de confusion, de témérité dans la volonté de comprendre l’insondable. Ainsi que l’égarement et l’incompréhension face à ce possimpossible. Et quand il cherche un regard fraternel de soutien, tout ce qui se présente à ses yeux, ce sont ces marches ne faisant aucun sens, qu’un Argentin dévalent et remontent frénétiquement, ne manquant pas de se prendre les pieds dedans à chaque pas.

Daniel Lovitz (0/5) : On a cru qu’il se passait un truc dès les premières secondes, quand on l’a vu débouler dans son couloir jusqu’à la surface adverse. Et puis, passée cette première minute frénétique, il a pris le rythme de ses copains, se faisant ouvrir systématiquement, jamais aidé ou presque par Taïder. La seconde période ne fut qu’un aperçu donné à Danny de ce que signifie vieillir.

Samuel Piette (0/5) : Encore un début de match compliqué, avant de reprendre à nouveau le contrôle de son jeu. Puis d’essayer de prendre celui du match, des efforts réduits à néant par les deux pions encaissés juste avant la pause. Quelques erreurs qu’on ne lui connait pas et, comme pour tous, une très longue seconde période. Ses paroles lucides et intelligentes, à chaud comme à froid, sont l’unique réussite technique de ce week-end à Kansas City. À mettre en application.

Michael Azira (0/5) : L’homme de l’ombre de ce début de saison est devenu, le temps d’un match, l’ombre de l’homme qu’il a été. Ce n’est pas faute de mauvaise volonté, mais il s’est malheureusement mis au niveau de ses coéquipiers après avoir vainement tenté de le relever. Mais il était écrit que tout le monde serait nul face à Kansas City. Sache cependant, l’Azira, que si tu croies que ta vie est là, ce n’est pas un problème pour moi.

Shamit Shome (0/5) : S’est lancé avec un incroyable aplomb dans une représentation de spectacle vivant sur le thème de l’invisibilité. Une performance digne des plus grands. Réussir à passer tant de temps à ce point inaperçu, ça doit demander des heures de non-entraînement. Malheureusement, la sortie de scène fut complètement loupée (pour Clément Bayiha, 54e), Shamit envoyant valdinguer son maillot de dépit, donnant une nouvelle occasion au Twitter impacto-montréalais de prouver ses qualités de réflexion et d’analyse.

Saphir Taïder (0/5) : Le faire débuter sur l’aile gauche était sans doute une erreur. Saphir avait précédemment démontré que faire des allers-retours en sprintant, ce n’était pas vraiment sa tasse de thé à la menthe. C’est donc tout naturellement qu’il a manqué son match, orphelin de Piatti, s’offrant néanmoins un but qui nous évite de passer sous la table. Et qui fait grimper son Audi Index.

Orji Okwonkwo (0/5) : Sans doute le Montréalais le moins nul. On se demande à quoi aurait ressemblé le match s’il avait mis au fond l’offrande des premiers instants. Eh bien l’Impact Académie a la réponse. On en aurait sûrement pris sept derrière pareil. Plus mordant dans la surface qu’Urruti, Orji a également eu à couvrir les montées foireuses de Sagna, intervenant à bon escient dans sa propre surface. Mais bon, ce n’est ni son taf, ni suffisant pour espérer quoi que ce soit de ma notation. Remplacé à la 76e par Raitala.

Maximiliano Urruti (0/5) : L’optimisme, pourtant rare, qui m’entourait à la vue des premières prestations du n°9 commence tranquillement à se dissiper. Mec, t’es un grand malabar, je te conseille donc de te servir de ta carcasse pour essayer de faire la différence sur tes adversaires. M’en vais t’envoyer des cassettes vidéo d’un certain Olivier Giroud, merci de faire tout pareil dans la mesure du possible. Blessé dans son ego de la cheville, du mollet ou de la cuisse je m’en branle, il a forcé Garde à convier AJH à la fête (90e+1). Sympa.

Les substituts

Clément Bayiha (54′, non noté) : Mais que diable est-il venu faire dans cette galère ?

Jukka Raitala (76′, non noté) : Titulaire la prochaine fois qu’on est en galère de centraux, merci.

Anthony Jackson-Hamel (90’+1, non noté) : Pardon.

L’avis de Tony

Vu la gueule du match à Kansas City, on a quand même un petite doute…

Car il est important de laisser s’exprimer les talents émergeants, cette chronique est destinée à accueillir des chefs d’oeuvre dans un style allant du merdico-cubique au débilo-gribouillage abstrait.

Cette semaine, découvre quelle équipe de MLS te correspond le mieux grâce à ce nouvel outil de qualité mis à ta disposition par l’Impact Académie et Horsjeu.net.

Prends en compte le résultat de Kansas City – Impact et fait le bon choix.

C’est tout pour cette semaine et cette branlée historique de l’Impact de Montréal. On se retrouve avec ce très cher Kurtis, samedi à New York, se faire une petite partie de balle, essayer de laver notre âme et panser notre anus.

Ah ouais, dernier truc. Aide Mauricio à vendre son cul et retweete en masse le message de l’Impact de Montréal ci-dessous. Merci.

Retrouve Horsjeu sur les rézosocio, mais également ses fidèles sbires Kurtis Larsouille, aussi rédacteur de la Canuck Academy à ses heures perdues, et Mauricio Vincello

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7 thoughts on “Kansas City – Montréal (7-1) : L’Impact Académie livre ses notes

  1. Matin, quelle branlée !

    Colorado et Houston Dynamo, ca fait envie cette MLS vraie qui a 10 ans de retard.

  2. Qui peut bien préférer une défaite étriquée et injuste à une bonne vieille branlée comme celle-ci, bien nette et sans bavure ? Merci à vous de l’avoir remise au goût du jour, elle le méritait.

  3. Puisse l’Impact nous donner encore des performances stratomerdiques comme celle-ci pour que vous nous régaliez encore de votre prose, messieurs.

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