La Calcio Académie vous raconte la 26e journée de Serie A (2/2)

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Salut à toi l’Italien,

On a la faconde joyeuse à la Calcio Académie. Enfin d’habitude. Bon on s’emporte un peu quand il s’agit de parler racisme (bien trop souvent donc) mais à part ça et quelques blagues difficilement identifiables comme telles on est plutôt jouasses quand il s’agit de parler ballon. Mais la tendance qu’on a vu se dessiner ces derniers jours, aboutissant le 9 mars à la suspension de notre bien-aimée Serie A, a fini par nous ôter toute joie de vivre calciesque. Des gens meurent, des vieux mais aussi des jeunes. Des prisonniers à bout de nerfs se mutinent, et on les comprend. Quand on est mis au ban de la société mais qu’on dépend entièrement d’elle pour survivre et qu’elle nous rajoute une tartine de merde à engloutir de force, que cela semble justifié ou non, on pète les plombs. La bourse dévisse et l’on se surprend à rêver d’une implosion du capitalisme. Le climat ambiant se prête également au fascisme décomplexé en Grèce, en Turquie, en France… partout quoi. Alors le Calcio en devient secondaire. Peu importe que le championnat s’arrête, peu importe la Champion’s League, peu importe l’Euro. Tant que le titre est attribué à la Juventus, le reste on s’en fout.

Ben quoi ? Vous pensiez tout de même pas que Roberto était devenu gentil ?

Juve – Inter (2-0) :

La joie n’a pas besoin de public pour exister. Dans un Juventus Stadium vide (en même temps si c’est pour le remplir par des hordes de fils de putes racistes qui taclent les joueurs sur les résals parce qu’ils prennent position pour les migrants qui meurent en mer ou sous les bottes des nazis à Lesbos, autant jouer à huis clos pour l’éternité) le match n’a pas vraiment eu lieu. On est contents d’avoir pissé à la gueule de Conte uomo di merda, même s’il sera champion avec l’Inter bientôt on le sait. On est contents d’avoir revu un milieu de terrain digne de ce nom (marrant que ça coïncide avec la sortie du XI du sosie nul de Pjanic). On est contents pour Ramsey qui se déride la rondelle au meilleur moment (enfin, ça c’est s’il y avait des matches à jouer) et on est contents de pouvoir dire à nos enfants qu’on aura vu Dybala jouer au foot. Parce qu’il est beau et qu’on l’aime d’amour. Quoi l’Inter ?

Les buteurs : Ramsey (54e) et Dybala (67e) pour les bianconeri.

Sampdoria-Hellas Verone (2-1) :

Dans une ambiance de match amical du mois d’août, la Samp joue gros dans la lutte au maintien face à un Hellas qui fait une belle saison mais qui n’a semble-t-il plus rien à jouer. C’est pourtant les joueurs du club aux nombreux supporters (absents) fascistes qui dominent et marquent les premiers. C’était sans compter sur Quagliarella, 37 ans, toujours aussi classe, bien coiffé, qui plante un doublé et sauve la Samp et Ranieri. L’amoureux du Napoli, lui-même Napolitain, retrouve une seconde jeunesse et un dernier challenge magnifique à la Samp, revêtant ce si beau maillot, qui va si bien à sa coupe gominée.
Ranieri, Quagliarella, la Sampdoria compte sur la maturité pour se maintenir et semble prête à y parvenir. Comme quoi, la vieillesse n’est pas qu’un naufrage.

Buteurs : Quagliarella (77e, 86e) ; Audero csc (32e)

Sassuolo-Brescia (3-0) :

Les Neroverdi ont rempli leur mission. Avec cette victoire facile, Sasol assure sa place parmi l’élite. Ils le méritent. Le président Giorgio Squinzi n’aura pas pu constater le travail et le chemin accompli. L’ancien patron de la Mapei est décédé en Octobre. Il laisse un club en bonne santé, avec des structures saines et solides. En recrutant Boga, Caputo ou bien encore Djuricic, les noir et vert se sont offerts une année de plus. On sera content de les retrouver l’année prochaine malgré leur chant new-pop horrible et leur nom de stade bidon.
Brescia quitte la Serie A avec un sacré gout d’inachevé dans la bouche. Cette équipe avait certainement de la qualité. Sandro Tonali ne devrait pas faire long feu. Pauvre Brescia qui attendait tellement cette remontée, ils se sont tirés une balle dans le pied. Entre les changements d’entraineur, les tribunes huant son propre joueur, des communiqués de presse grotesques et loufoques, on se dit qu’il aurait peut être mieux valu rester en Serie B. On ne sait pas si une hirondelle fait le printemps mais on sait qu’elle est redescendue en Serie B avant qu’il n’arrive (le printemps, on le précise pour les esprits plus lents).

Buteurs : Caputo (45e, 61e) et Boga (74e)

Parme-SPAL (0-1) :

Parme a eu les occasions mais Gervinho les a gâchées avec une application qui force l’admiration. Comme à son habitude, la SPAL se crée assez peu d’occasions. Ils vont seulement attendre l’erreur parmesane. Et ça n’a pas loupé. Bruno Alves loupe son dégagement dans sa propre surface et dégomme le pauvre Valoti. Petagna ne refuse pas le cadeau et marque probablement son dernier but en Serie A de l’année. On ne se sait pas pourquoi mais on sent bien que le puissant Andrea a déjà préparé sa valise.

Buteur : Petagna (71e)

Petit taureau court sur pattes, allez dire à Petagna que la corrida est une tradition …  

Udinese-Fiorentina (0-0) :

Le silence…C’est quelque chose le silence. Ça en impose. Celui qui prétend ne pas être impressionné par un stade vide n’a jamais fréquenté un stade vide. C’est un truc à devenir un peu fou. Parfois tu oublies que les sièges sont occupés par des fantômes, alors après un centre, tu te mets à entendre les clameurs, les encouragements ou les sifflets. Tu te ressaisis. En réalité, tu entends tout le reste, le souffle rauque du latéral qui peine à revenir, les consignes du coach qui ne cessent de rabâcher, les « Ohhhhhh » du gardien qui sort tout genou devant. Ce n’est ni plus ni moins qu’une sorte d’échographie du foot.
Et ce temps qui s’égrène… Ahhhh tu as le temps de le remarquer celui-là. Tu ne vois que lui. Le clic clac du pendule qui rythme le match et qui nous donne avec une précision irréprochable le temps qu’il nous reste à souffrir. L’Udine et la Viola se séparent sur un match nul, comme un ultime silence avant la saison prochaine.
Et ce n’est franchement pas rigolo.

Milan-Genoa (1-2) :

Le pauvre Giuseppe Meazza doit se retourner dans sa tombe. Après avoir accueilli comme c’est le cas depuis toujours l’Inter et le Milan, voilà que les voisins de Bergame se sont invités dans la maison, sans sonner, sans présumer aucun dérangement. Faut dire que Giuseppe Meazza s’y est fait, à ce nouvel invité, peut être que la couleur du maillot joue un peu … allez savoir. A moins que ce soit le spectacle, cette folie du football qu’a proposée l’Atalanta à un stade qui a plutôt déchanté ces cinq dernières années.
Aujourd’hui, c’est un autre cas que Meazza doit gérer. Celui du huis clos. Ni interistes, ni milanistes, ni tifosi de l’Atalanta, encore moins les visiteurs du Genoa, qui affrontent ceux du Milan aujourd’hui.
Il était peut-être préférable de ne pas ajouter, au physique, une santé mentale mise à mal. Malheureusement ou heureusement, avec la télévision, personne n’y coupe. Pas même à la 7e minute quand Théo Hernandez perd un ballon dans ses 30m, qui amène le but de Pandev, lui qui connait si bien ce stade, ces filets. La diffusion n’aura pas laissé échapper non plus le second but du Genoa, fort similaire au premier, centre de la droite, réception de l’attaquant dans les 6m.
Ibrahimovic pourra bien réduire le score, la défaite et là, encore, mais tout le monde a l’air de s’en foutre un peu. Dépassés par des évènements plus importants, se préparant difficilement à un match qu’ils n’étaient pas sûrs de jouer deux heures avant, tous ont erré dans une ambiance pesante, inadéquate avec le jeu qu’est le football. Loin de moi l’idée de négliger les mauvaises prestations de Théo Hernandez, Ibra et Conti, entre autres, mais le cœur n’est pas trop à une analyse de match en ces moments.

Buteurs : Ibrahimovic (77e) ; Pandev (7e), Cassata (41e)

Qu’il est beau ce stade … Qu’il est triste, vide. 

Le championnat est suspendu dès à présent, sans savoir de quoi demain sera fait.

Patience, le football passe après les raisons sanitaires, et c’est bien la moindre des choses.

On ne sait pas quand on vous retrouvera, nous l’espérons pour tout le monde, en premier lieu les locaux, le plus vite possible.

Ciao ragazzi !

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