Arsenal – Tottenham (4-2) : La Gunners Academy livre ses notes

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Ils commençaient presque à faire de l’ombre.

North London is Red. Cette phrase, tellement emblématique de dizaines d’années de supériorité sur nos voisins laborieux, avait perdu de sa force ces dernières années. On la criait avec foi, on l’affirmait avec aplomb sur les réseaux mais le jour du match, on en était venus à croiser les doigts à s’en faire péter un ligament.

Le derby du nord de Londres a cessé d’être cette promenade de santé où un Tottenham triste se faisait systématiquement plier avec style par un Arsenal à 40 kilomètres au-dessus. Entre la morosité des dernières années d’Arsène et la montée en puissance des Spu*s, propulsés par un coach de talent et par des recrutements un peu moins rincés qu’à l’accoutumée, le rapport de force s’est équilibré. Jusqu’à pencher, Jésus-Marie-Joseph, en faveur des Autres. Il était temps de remettre les choses en place. Dimanche dernier, Unai n’a pas seulement remporté son premier derby. Il nous a offert une citerne de fierté, un saint breuvage qui faisait l’objet de grosses restrictions ces derniers temps. Dimanche dernier, Arsenal n’a pas simplement vaincu Tottenham : ils leur ont roulé dessus. Avec du style, de l’orgueil, avec une énergie rare et une vraie générosité. Un truc qu’on n’avait plus vu depuis longtemps – pas question ici de taper sur Arsène, mais il faut avouer que la débauche d’efforts du collectif sous Emery est quelque chose d’aussi neuf que plaisant.

A l’exception peut-être de dix minutes un peu moins safe de part et d’autre de la mi-temps, Arsenal a dominé dans tous les secteurs du jeu. Cette fois-ci, pas de première période foireuse, pas de prise de contrôle diesel. Visiblement, Unai connaissait son adversaire : pas question de laisser Tottenham prendre la confiance. Il fallait déstabiliser, terroriser d’entrée. Compo en conséquence : trident offensif supersonique avec Aubam’, Iwobi et Mkhitaryan. Et pour ne pas se laisser emmerder parles déboulés d’Aurier et les centres de Davies, maintien d’un 3-4-3 hyper versatile, capable aussi bien d’encaisser les coups que de répondre avec des transitions fulguropoing. .
Pris à la gorge très tôt par la vitesse et la hauteur du bloc des Gunners, Tottenham n’a que rarement sorti une balle proprement et n’a donc jamais pu développer son jeu. Porte-étendard d’une équipe suffoquée, Vertonghen a vécu 90 minutes de flippe générée parle souffle chaud d’Aubameyang sur sa nuque. Une performance couronnée par un penalty de grosse courge et un carton rouge dans les dernières minutes, alors qu’il n’y avait déjà plus grand-chose à sauver.

A dire vrai, les quelques maigres occasions obtenues par les Spu*s ont surtout découlé de nos propres boulettes. Elles auraient pu nous coûter cher, c’est vrai. Mais il y a le sentiment avec cette équipe que les matchs ne sont jamais finis. Même mise en difficulté, elle n’explose pas en vol. Elle garde le cap, elle maintient le plan de jeu qui lui a été donné, elle insiste sur ce qui fonctionne. Même à 1-2, on a vu les Gunners continuer les mêmes mouvements, avec application : ces sorties de balles en triangle, ce travail sur la fixation et le renversement, la recherche des latéraux dans des situations de centre en retrait. Aussi imparfaite soit-elle, cette équipe est moins naïve qu’elle ne l’était il y a quelques mois. Emery leur a fait accepter qu’il y a dans un match des temps forts et faibles. Parfois, il ne faut pas hésiter à dégager, pour se mettre en sécurité et peut-être pouvoir coincer l’adversaire plus haut sur le terrain. Parfois, il faut laisser de côté les principes pour saisir une opportunité, dans le jeu long par exemple ou dans les frappes à mi-distance. Transcendée par un cadre tactique cohérent, cette équipe peut laisser parler sa supériorité technique : on a vu Bellerin tenter des geste et des ouvertures ou Torreira aller marquer en angle fermé. Le pragmatisme au service du beau jeu, le voilà le prochain chapitre de l’histoire d’Arsenal.



LENO : 3/5
Il est un peu surpris par la tête à bout portant de cette estrasse de Dier et ses sorties aériennes sont toujours aussi vaseuses. Mais il a aussi dégainé une paire de grosses parades et son jeu de gardien-libéro nous fait un bien fou. Je crois que je suis pas d’accord avec moi-même en fait. Mettez-lui peut-être un point de plus. Nan, ta gueule.

HOLDING : 3/5
Je suis dur avec le gamin parce que mine de rien, se jeter comme un sourd dans sa propre surface, ça n’aboutit jamais à grand-chose de bon. Oui, Mike Dean est une putain de plaie, et oui à l’origine le danger ne vient même pas de son côté. Mais le tacle est quand même un peu gras. C’est vraiment dommage, parce qu’à côté de ça, il dégage une sérénité, c’est épatant…

SOKRATIS : 4/5
Son duel d’hommes-torses avec Kane a laissé l’Anglais complètement exsangue.

MUSTAFI : 3/5
Son jeu long commence à être intéressant, en particulier quand Aubameyang est en point. Et, bon, on peut pas lui enlever son côté très volontaire. Il va à la cogne, aucun doute. Mais c’est toujours aussi bourrin et peu subtil.

BELLERIN : 5/5
En voilà un autre qu’Emery a sauvé des eaux. Dans un 3-4-3 qui l’avait déjà fait briller sous Wenger, notre gravure de mode maison a livré une performance à la taille de ses t-shirts : XXL. Protégé par Mustafi, il n’a pas hésité à monter lui aussi pour foutre le zbeul et empêcher Son de toucher le ballon très tôt. Des très bonnes situations de centre, des frappes même, un énorme volume de jeu, une aisance retrouvée balle au pied (bien loin du dindon équipé de patins à glace qu’il était il y a encore quelque temps) : on en viendrait presque à admirer son style.

KOLASINAC : 5/5
Unai veut du volume de jeu. Des centres en retrait dans la surface, des dédoublements. Est-ce que le Pape chie dans les bois ?

XHAKA : 4/5
Bon, on attendra la fin de saison pour tirer les enseignements qui s’imposent, en particulier avec ce garçon qui nous a habitués à pas mal d’irrégularité. Contre Tottenham, il s’oublie encore un peu sur le but de Dier. Mais ce serait quand même être obtus, ou un peu con, que de ne pas reconnaître le travail accompli sur ses prestations. Épaulé par Torreira, il a cessé d’être un talon d’Achille et a pu se concentrer sur son travail d’orientation du jeu, terriblement précieux dans les phases de possession.

TORREIRA : 5/5
Quel coup de maître,ce transfert. Passé sous les radars en Europe, l’Uruguayen est entrain de devenir le joueur de la saison. Il incarne tout ce qui manquait au milieu d’Arsenal jusque-là, et y ajoute en plus un niveau technique et une intelligence qui lui permettent de dépasser ses fonctions, de participer aux phases offensives et même, comme on l’a vu dimanche dernier, d’aller marquer un but de finisseur. 30 millions d’euros.

IWOBI : 2/5
Remplacé à la mi-temps, mais essentiellement pour des questions tactiques. A côté de ça, le Nigérian ne fait pas une mauvaise première période, mais son manque d’efficacité dans le dernier geste est toujours aussi gênante.

MKHITARYAN : 3/5
En fait, c’est étrange. Il m’a laissé une bonne impression. Genre un gros pressing, du mouvement, pas mal de combinaisons côté droit, de belles récupérations aussi. Mais il a été remplacé à la mi-temps par Ramsey, et pfiou, plus moyen d’avoir une image de ses actions.

AUBAMEYANG : 5/5
On dirait qu’Aubam’ a enfin trouvé son rythme, son rôle, et un peu de confiance au passage. Il ne sera probablement pas aligné en pointe à tous les matchs – surtout vu la propension d’Unai à adapter son équipe en fonction de l’adversaire – mais contre Tottenham, il nous a lâché une très grosse perf’. Et pas seulement à cause de ses deux pions : je retiens aussi ses efforts au pressing qui ont anéanti Vertonghen et ses replis à fond sur 50 mètres pour fermer la porte à un ailier.



LACAZETTE (pour Mkhitaryan à la 45eminute) : On ne compte plus les remplacements gagnants d’Emery depuis le début de saison. Rentré dans une sorte de 3-5-2 vaguement déformé, le Français a beaucoup impacté le côté droit pour finir parachever l’autre ganache de Dier sur le quatrième but.

RAMSEY (pour Iwobi à la 45eminute) : Je l’aime bien en remplaçant. Il badaboume les deuxièmes périodes quand il rentre. Il donne tout (pour trouver un nouveau club). C’est du concentré de Ramsey. Et comme il a pas beaucoup de temps pour s’exprimer, il se concentre sur l’essentiel, au lieu de tenter des gestes de city-stade.

GUENDOUZI (pour Mustafi à la 71eminute) : A chacune de ces entrées, on a l’impression que l’équipe retrouve des jambes. Capable de donner du volume, mais aussi d’orienter le jeu, c’est une sorte de super joker aux cheveux fous.


EricDier. Merci.

El gran tacticiano Mauricio a pris une leçon et n’a pas bronché. Assurément en perte de vitesse, l’Argentin nous a laissés tranquillement installer notre jeu, alors que les signes de remontée étaient évidents. Zéro ajustement tactique, zéro remise en question. OK.

Grands esprits toujours : un supporter de Tottenham a donc jeté une peau de banane à Aubameyang lors de sa première célébration.Grosse semaine en Angleterre, vu ce qu’il s’est passé ce WE à Chelsea. On a de bien beaux voisins.

Mike Dean a accordé un penalty à Arsenal et filé un carton rouge à un joueur des Spu*s. L’arbitre britannique est évidemment soupçonné de radicalisation.

7 thoughts on “Arsenal – Tottenham (4-2) : La Gunners Academy livre ses notes

  1. Sokratis, je l’ai trouvé moyen tout au long du match jusqu’au moment ou je me suis demandé si Harry Kane était sur le terrain.

    1. Pour le coup, c’est exactement ça. Il a eu un rôle très terne, mais en fait il était là sur chaque ballon de Kane et il l’a bouffé à chaque fois. Un job pas forcément reluisant mais terriblement utile.

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